jeudi 19 janvier 2017

Nature et Géométrie

 Qu'avez-vous pensé quand je vous ai proposé cette sphère ? banal ?facile ? 


                                                                        Photo Isarde
 c'est beaucoup  plus que cela.

Olivier Michelon nous donne les clés  pour comprendre cette oeuvre.


"Influencé par Rousseau, Friedrich Fröbel (1782-1852) concoit au début du XIXème siècle un projet pédagogique inédit.
Basées sur le jeu et la reconnaissance visuelle, les activités proposées dans le jardin d'enfants (Kinder-garten) dont il est l'initiateur visent à une compréhension du monde par des formes manipulables.
A travers des combinaisons géométriques simples, la méthode de Fröbel ressemble à un manuel de l'abstraction à venir.
Avant le "traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône" de Paul Cézanne, il y a eu les "cylindres, sphères et cubes" de Fröbel.
C'est avec ces éléments que la génération de Piet Mondrian et Vassily Kandinsky a saisi son environnement.
Fröbel est tombé dans un oubli relatif, mais sa méthode est un des socles de nos outils d'appréhension du monde.
Aurélien Froment s'est emparé de la méthode de Fröbel pour concevoir une exposition dans laquelle le pédagogue est autant un sujet qu'un acteur.
Fröbel est "Fröbelé" traduit par ses outils.
C'est à partir de ceux-ci que l'artiste compose ses photographies  et recrée des objets pour introduire l'oeuvre du pédagogue.
Les images photographiques de Froment sont autant de compositions que des représentations.
Dans ce gigantesque jardin d'enfants, joué à l'échelle d'une nef, le visiteur déambule visuellement et physiquement.

 Observez bien cette toile ce ne sont pas des meules de foin mais des rhombicuboctaèdres
      Relais visuels, les photographies forment une grille de lecture que l'on peut poser sur l'ensemble de l'exposition et du bâtiment.
Dans cette présentation sont intégrées des oeuvres de Raphaël Zarka, mais également une peinture de Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819) représentant "Cicéron découvrant le tombeau de d'Archimède".






Sur son tombeau, le scientifique grec (287 av J C -212 av J C) aurait demandé bien avant Fröbel que soit gravée une sphère inscrite dans un cylindre.
Parmi d'autres inventions, Archimède est le découvreur de la vis sans fin, une forme que l'on retrouve dans les "Cénotaphes". que lui a dédiés Raphaël Zarka à partir d'une cheminée Tudor du XVI ème siècle.
 A Archimède l'on doit aussi la première découverte du rhombicoctaèdre, ce volume géométrique qui obsède l'oeuvre de Zarka et dont l'on trouve deux occurences ici.
Les deux grands volumes de bètons et de bois, intitulés "Les récifs", sont des sculptures recueillies.
Abandonnés au bord d'une nationale, ils ont été partiellement restaurés et consolidés par l'artiste.
D'abord inconnus dans leurs usages, ces rhombicuboctaèdres, se sont révélés être des récifs artificiels, une géométrie propre à recréer la nature.




                                   Exposition de poche





 "Théatre de poche d'Auréilen Froment est inspiré des prouesses du magicien Arthur Lloyd, un prestidigitateur de l'entre-deux guerres, dont le numéro consistait à exhiber à la demande toute sorte de documents imprimés.
Lloyd jouait avec les images, mis aussi avec la mémoire.
Il gardait en tête la classification d'un répertoire de plusieurs milliers de documents qui tenaient dans les poches de sa robe.
Ici, un homme manipule une série de cartes face aux spectateurs.
Il positionne des reproductions sur un écran transparent entre lui et nous.
Inspirée de l'interface de Steven Spielberg "Minority Report" (2002), l'action rappelle les balayages d'images que nous réalisons quotidiennement sur nos écrans tactiles.
Froment a réalisé son oeuvre en 2007, l'année de la commercialisation de l'iphone et plusieurs mois avant celle de l'ipad.
Mais l'ouvre trouve ses sources dans un temps bien plus long.
Au XVII ème siècle, Cassiano et Carlo Antonio de Pozzo sous le nom de "Museo cartaceo" (ou musée de papier) une collection de plusieurs milliers de feuillets, un recueil d'images destiné à rendre visible le savoir des hommes.
Au fur et à mesure du film, le magicien s'entoure d'un monde d'images, un aquarium iconographique où se congugent associations et récits à la manière d'un film en plans fixes ou d'une exposition".




                                                                      
                                                                      à suivre

 
 http://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-18e-siecle/pierre-hende-valenciennes.html
 

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