Il est important de préciser en "orfévrerie" puisque je pourrais aussi bien désigner la nef, vaisseau central des églises ou un véritable navire.
Nous en avons eu un aperçu dans la belle collection Oetker mais sans en connaître les destinataires.
Ces objets d'orfévrerie ont une origine très ancienne puisque Froissard (biographe de Phoebus) raconte déjà dans ses chroniques t, IV p 301
" Pierre le cruel ne se croyant pas en sûreté à Séville fit trousser et mettre en nefs et en coffres son trésor ". (1334-1369)
Olivier de la Marche décrit en ses mémoires (1453) un entremets ayant la forme d'une nef à voile levée," moult bien faicte, en laquelle avoit un chevalier tout droict armé, qui le corps avait vestu d'une cotte d'armes des plaines armes de Clèves; et Jean de Troye dans le récit qu'il nous a laissé de l'entrée de Louis XI à Paris (1460) nous apprend que ce prince trouva à la Porte St Denis
"une moult belle nef en figure d'argent, portée par haut contre la maçonnerie de la dite porte......................................................
Ces nefs , nous allons le voir, étaient disposées sur les tables devant les rois ou les reines et utilisées pour y serrer les ustensiles indispensables au repas
"Et y met-on dedans quand le Roy est à table, son essay, sa cuiller son coutelet et sa fourcette "... (Inventaire de Charles V).
Elles pouvaient aussi contenir les assaisonnements et les épices et aussi les épreuves, c'est-à-dire des fragments de licorne ou des langues de serpent permettant de faire" l'Essai."
Non seulement elle jouait un rôle considérable dans l'ornementation de la table royale, mais elle concourait à la sécurité du prince et à sa tranquillité .
Elle éloignait cette préoccupation de l'empoisonnement, fantôme terrible qui fit trembler tout le Moyen Age.
Le site ci-dessous vous donnera le descriptif de la nef d'Anne de Bretagne.
En tout cas cet objet de prestige vaut la peine que je poursuive ce récit en détail.
Ces nefs nous font voyager dans les cours princières de toute l'Europe au cours des siècles, elles ne manquent pas d'être décrites minutieusement lors de banquets de mariage comme celui de Charles le Téméraire avec Marguerite d'York (1468).
Les souverains voyageaient avec leur nef ; c'était au tour d'autres artisans de façonner les étuis en cuir mais aussi les tissus qui entourent et protégent la nef, aussi somptueux que la nef qu'ils devaient transporter.
Il me faut un peu de temps devant moi pour recopier tous ces descriptifs et photographier les dessins.
Cette tradition perdura jusqu'à la fin de la royauté. Mais Napoléon 1er ne voulut pas être en reste et renoua avec cette tradition, sa nef est conservée à la Malmaison.
http://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/objets/nef-de-lempereur/
Un mot encore ce matin sur la nef de Charles Quint.
Nous aurions aussi pu parler de celle de François 1er mais elle a été fondue après la défaite de Pavie; sans doute pour payer sa rançon et le libérer de Charles Quint.
rappel historique : les notables Toulousains riches pasteliers furent récompensés de leur participation à cette rançon par une visite de François 1er à Toulouse,( 1533).
http://www.khm.at/en/visit/collections/kunstkammer-wien/
http://academie-de-touraine.com/Tome_25_files/145-152.pdf
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