J'espère qu'il vous est venu quelque intérêt pour cet oiseau chanteur que René Druart étudie sous toutes ses coutures.
J'imagine le nombre incalculable de documents, livres, qu'il a consultés, pour nous livrer cette mine d' études sur le comportement et les moeurs de cet oiseau que les chasseurs doivent adorer... pour les manger au grand dam de ceux qui le protégent pour leur chant.
Une fois sortis "des cuisines"... nous devrions aborder d'autres chapitres sur son caractère, ses domaines, ses heures et ses saisons.
Encore faut-il que vous ayiez quelque affection pour la poésie et dans tous les cas, la nature.
Il n'était pas chasseur mais poète, j'étais trop jeune pour lui poser la question,
Quelles motivations pour se lancer dans une telle anthologie ?
Nature morte au cygne et aux grives . Jean Weenix. Rijksmuseum Amsterdam.
" Dans Pernelle et bigarreaux , Fanchy déclare à peu près en ces termes:
Qu'y a pas grand chouz d'sangé
Et qu' faut don pas donner congé
Quan rest' l'vin nouveau, marle et grive !
"Oh ! le salmis autour des grives au genièvre " , s'exclame Emile Henriot à propos de gibier ( Almanach de Cocagne pour 1921) . On comprend que l'épicurien Charles d'Eternod, déclinant, ait écrit dans le Thyrse irrité :
Adieu donc , soles à la crème,
Adieu, souples truites au bleu,
Brochets, bars, dorades et brêmes,
Grives sur coussins moëlleux !
Adrien de Prémorel, en confirmant dans : Des bêtes, des bois, des fleurs, que la mauvis est la plus succulente des grives, termine ainsi son chapitre:
"Vous conviendrez, ami lecteur, qu'auprès d'un flacon de vieux bourgogne, l'apparition d'une casserole de terre cuite où des grives à point chantent leur mélopée d'automne a tout ce qu'il faut pour amener aux lèvres du plus sombre des convives un sourire".
Attention pourtant, gourmets, aux contrefaçons ! Joseph Autran, dans sa Vie Rurale p 217, écrit :
Chasseur ouvre la main qu'il vive
N'en déplaise à Toinon qui me le rôtirait
Disant qu'un rossignol chez un homme distrait
Passe au besoin pour une grive.
Antonio Aparisi-Serres, poète dacquois, conte sur le même thème dans ses Fables et Vérités
( Avignon, 1926) la protestation d'un merle blessé par un chasseur :
Ceci n'est pas un jeu
Je ne suis ni perdreau, ni caille, ni bécasse !
- Parbleu, répondit le cruel
A cette réflexion naïve,
Sache donc qu'il n'est rien de tel
Qu'un merle à défaut de grive.
Plus grossièrement un député goulu se laissa tromper par des farceurs qui avaient introduit dans un plat de grives une chouette qu'il prit pour une grive plus grasse que les autres et qu'il s'adjugea (Gérard de Nerval. Voyage en Orient. Druses et Maronites ; Le pope et sa femme).
Terminons cette revue culino-littéraire par une recette en vers :
La grive à l'ardennaise
Dépouillez de son duvet A feu lent
l'oiselet L'oiseau doré se parfume
Mettez à nu la roussette Il faut, laissant mijoter,
Et, du petit croupion Ajouter
Du tendron Sauge, sel poivre à votre aise
Faites aussi la toilette Et voilà, dans ce canton,
Troussez-le, n'entamez pas Comment on
Ses appas Fait la grive à l'ardennaise
Dans le beurre chaud qui fume
Sur le lardon pétillant
Dr Séjournet. Almanach Matot pour 1904
René Druart
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