Taine n'a pas manqué d'en parler dans son introduction aux Ardennes ilustrées.
Dans l'Oiseau, au chapitre du chant, Michelet cite en premier lieu la grive "exacte à nos vendanges", parmi les hôtes des contrées boréales qi nous arrivent en automne.Dans les Oeillets de Kernaz, Theuriet est charmé par les vocalises de la grive.
Verhaeren en fait mention dans ses Blés Mouvants (Ed Crès, p.122). Dans ses Géorgiques chrétiennes, Jammes souhaite
que la grive d'hiver s'en vienne pépier
sur la branche effeuillée par l'habile luthier.
Pour André Mary (Rimes et Bacchanales, p 61 )
La grive et le moqueux entonnent un canon
Louis Vérane, dans Le livre des passe-temps, note "son sifflet brusque" ;
André Payer à son tour, dans ses Ferveurs secrètes," son cri pointu" et dans son Calendrier pour l'Ardenne, "le déclic de son cri".
Noël Ruet déclare dans Figure de trèfle p 59 :
Je guetterai l'appel déchiré de la grive
Quand l'aube lisse au vent sa nouvelle couleur
Tandis qu'André Berry, dans les Esprits de Garonne, p 280, consigne :
A sa chanson toujours interrompue
revient la grive.
La grive , comme tous les chanteurs, ne récolte pas que des louanges.
Fanchy traite la grivette d'embavardie (Pernelles et bigarreaux, p 86 ; Pécheyrand, de piaillarde, (Les Faux feux follets) p 60 et l'accuse de "moduler un solfège brouillon".( Mes amis des bois et des rivières) p 209.
Davantage nous étonnera cette notation impressionniste d'Alphonse de Chateaubriant : " C'était au pays de Bretagne.Tout l'endroit était noyé de vert.. Même les clochettes des digitales étaient vertes.
Le chant de la grive était vert." (Les Pas ont chanté , p 27 )
La littérature, on le voit, s'est compliquée depuis l'époque où l'on se pressait à l'Opéra-Comique pour entendre le "Joli Gilles" de Ferdinand Poisse et son fameux air :
Voici le matin
La grive a chanté
Annonçant un beau jour d'été.
Il y a cependant toujours des abstracteurs de quintessence. Dans ses " "Variatons sur des thèmes virgiliens", Charles des Guerrois termine ainsi sa pièce : Tu ne illum canta ? écrite pour proclamer "la supériorité de la lyre aux sons légers sur le cor au vaste son" :
On entend dans les feuillées
Chez les grives éveilléess
La voix dire : Ho ! le grand cor
Ho ! ho : n'est pas de pur or,
tandis que Charles Le Goffic trace dans ses "Vers dorés" (Poésies complètes):
Tioto totobrix... c'est la grive en forêt.
Scandale ! Au vieux ramier qui brûle et roucoule
Vient-elle pas chanter de son ton guilleret
Que Désir est père aveugle de regret ?
Bon ! bon ! la grive est saoule.
A cette pièce un peu tirée... par les plumes, nous permettra-t-on de préférer cette nouvelle du gentil Theuriet, "Monsieur Chévrefeuille" comme le nommait Jean Lorrain, où le chant plein d'entrain d'une petite grive Bretonne portait chance à un incorrigible joueur ( Nos Oiseaux 1887) ?
A nous aussi, apporte le bonheur, allégre soliste, que ton chant résonne de la Garonne à la Meuse, des pins pyrénéens aux chênes des Ardennes.
René Druart
il me faut bien cela quand le chant d'une rime ne suffit plus à égayer ma copie :
https://www.youtube.com/watch?v=jC7bSRqvlQU :
Nous abordons : Sa Passion des raisins
"Il est plus facile de se faire une mauvaise réputation qu'une bonne.
Si, par suite de leur manque d'intelligente curiosité, les hommes sont injustes pour la grive musicienne par rapport au rossignol, (Concédons qu'en France n'entend pas qui veut la grive musicienne.
En Ecosse, au contraire, où elle abonde, tandis qu'on n'y trouve pas de rossignols, son chant s'impose conne suprême.
Dans "l'Abbé" Walter Scott fait dire à un partisan de Marie Stuart : "Je crois encore entendre la voix de cette reine infortunée, aussi douce, aussi harmonieuse que le chant de la grive.) , comme aussi pour la draine par rapport au merle, la comparaison qui s'impose à eux quand un des leurs est pris d'ébriété, c'est celle de la grive.
Ils l'emploient, cette comparaison, sans même la comprendre. Certains se la sont même fait expliquer.
Mais quels sont ceux qui l'ont vérifiée "de visu" ?
L'origine de la locution est fort ancienne. Elle apparaît dans la littérature en 1486, avec les Cent Nouvelles Nouvelles , où on lit : "nostre yvroigne, plus saoul qu'une grive partant en vigne" (Nouvelle IV).
On la retrouve dans la lettre de Mme de Sévigné à sa fille en date du 3 février 1672 : " Est-il encore question de grives ? Il y avait l'autre jour une Dame qui, au lieu de dire ce qu'on dit d'une grive : elle est saoule comme une grive, disait que Madame la Présidente était sourde comme une grive : cela fit rire."
Dans "Ma France poétique, Francis Jammes écrit (p 159) :
"Le piqueur savetier est saoul comme une grive"
Qu'à cette occasion, Henri Druart nous permette de prélever dans ses Coins d'Europe", cette prose malicieuse :
Les Derniers Grains de Raisin .
"Un aprés midi d'été de la Saint Rémi... l'amateur de raisins visite les plants de vigne, dépouillés de feuilles qui jonchent le sol. Lui, qui n'a pas fit la vendange, cueille une à une les grappes oubiées.
Les grains sont bien ronds, bien mûrs : le jus est sec et froid.
Ivre comme une grive qui grapille, il en oublie la ville et les livres "
Dans l'Histoire du merle blanc Musset prête la parole à un merle en voyage et en quête de logis : "Je m'entendis appeler. C'étaient des grives qui, du haut d'un sorbier, me faisaient signe de venir à elles....Elles me firent place en riant comme des folles... et je ne tardai pas à juger qu'elles avaient mangé plus de raisin qu'il n'est raisonnable de le faire ; elles se soutenaient à peine sur leurs branches et leurs plaisanteries de mauvaise compagnie, leurs éclats de rire et leurs chansons grivoises me forcèrent de m'éloigner."
La poésie: Les Grives, d'Auguste de Chatillon débute par ce quatrain :
Les raisins sont mûrs
Les grives sont saoules
Je les vois en foule
Se heurter aux murs.
Dans la poésie consacrée à la grive par André Theuriet dans "Nos oiseaux", c'est au contraire le dernier quatrain que nous citerons :
Et la grive, prête à choir
Du cep tout à fait grise
Ameute autour de son perchoir
Les geais qu'elle scandalise.
Dans ses Emeaux Bressans , Gabriel Vicaire a comparé plus aimablement "le Bonheur" à la grive :
Hélas ! tandis qu'on le guette
Il est déjà Dieu sait où
Comme une grive en goguette
Il aime à faire le fou
à suivre
il me faut bien cela quand le chant d'une rime ne suffit plus à égayer ma copie :
https://www.youtube.com/watch?v=jC7bSRqvlQU :
Nous abordons : Sa Passion des raisins
"Il est plus facile de se faire une mauvaise réputation qu'une bonne.
Si, par suite de leur manque d'intelligente curiosité, les hommes sont injustes pour la grive musicienne par rapport au rossignol, (Concédons qu'en France n'entend pas qui veut la grive musicienne.
En Ecosse, au contraire, où elle abonde, tandis qu'on n'y trouve pas de rossignols, son chant s'impose conne suprême.
Dans "l'Abbé" Walter Scott fait dire à un partisan de Marie Stuart : "Je crois encore entendre la voix de cette reine infortunée, aussi douce, aussi harmonieuse que le chant de la grive.) , comme aussi pour la draine par rapport au merle, la comparaison qui s'impose à eux quand un des leurs est pris d'ébriété, c'est celle de la grive.
Ils l'emploient, cette comparaison, sans même la comprendre. Certains se la sont même fait expliquer.
Mais quels sont ceux qui l'ont vérifiée "de visu" ?
L'origine de la locution est fort ancienne. Elle apparaît dans la littérature en 1486, avec les Cent Nouvelles Nouvelles , où on lit : "nostre yvroigne, plus saoul qu'une grive partant en vigne" (Nouvelle IV).
On la retrouve dans la lettre de Mme de Sévigné à sa fille en date du 3 février 1672 : " Est-il encore question de grives ? Il y avait l'autre jour une Dame qui, au lieu de dire ce qu'on dit d'une grive : elle est saoule comme une grive, disait que Madame la Présidente était sourde comme une grive : cela fit rire."
Dans "Ma France poétique, Francis Jammes écrit (p 159) :
"Le piqueur savetier est saoul comme une grive"
Qu'à cette occasion, Henri Druart nous permette de prélever dans ses Coins d'Europe", cette prose malicieuse :
Les Derniers Grains de Raisin .
"Un aprés midi d'été de la Saint Rémi... l'amateur de raisins visite les plants de vigne, dépouillés de feuilles qui jonchent le sol. Lui, qui n'a pas fit la vendange, cueille une à une les grappes oubiées.
Les grains sont bien ronds, bien mûrs : le jus est sec et froid.
Ivre comme une grive qui grapille, il en oublie la ville et les livres "
Dans l'Histoire du merle blanc Musset prête la parole à un merle en voyage et en quête de logis : "Je m'entendis appeler. C'étaient des grives qui, du haut d'un sorbier, me faisaient signe de venir à elles....Elles me firent place en riant comme des folles... et je ne tardai pas à juger qu'elles avaient mangé plus de raisin qu'il n'est raisonnable de le faire ; elles se soutenaient à peine sur leurs branches et leurs plaisanteries de mauvaise compagnie, leurs éclats de rire et leurs chansons grivoises me forcèrent de m'éloigner."
La poésie: Les Grives, d'Auguste de Chatillon débute par ce quatrain :
Les raisins sont mûrs
Les grives sont saoules
Je les vois en foule
Se heurter aux murs.
Dans la poésie consacrée à la grive par André Theuriet dans "Nos oiseaux", c'est au contraire le dernier quatrain que nous citerons :
Et la grive, prête à choir
Du cep tout à fait grise
Ameute autour de son perchoir
Les geais qu'elle scandalise.
Dans ses Emeaux Bressans , Gabriel Vicaire a comparé plus aimablement "le Bonheur" à la grive :
Hélas ! tandis qu'on le guette
Il est déjà Dieu sait où
Comme une grive en goguette
Il aime à faire le fou
à suivre
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