vendredi 8 avril 2016

La Grive, suite

 J'aurai aussi vite fait de taper ce texte,  il sera au moins plus lisible, en même temps que je le relis et en illustration un des mes encadrements ; j'ai beaucoup utilisé les papiers "à la cuve" ( j'ai eu moi aussi une longue période "à oiseaux" peut-être un jour aurai-je l'occasion de vous les montrer) 


https://www.youtube.com/watch?v=QCK_IlWHCY8&nohtml5=False


     "Comme avec Chateaubriand et Proust, c'est à un lointain souvenir que nous devons cet hymne à la grive écrit par Claude Flanchet : "C'est quand l'eau a cessé de couler du ciel que le chant si frais, inouï, s'est fait entendre, seul, bien avant les autres. Et alors mon pêre a levé la tête de ses rêves ; "c'est la grive".et a dit
Ce dut être le premier chant parmi la nouveauté du monde. Et il était en vérité plus frais que l'eau, que les feuilles, tel qu'il eut fallu, pour l'entendre, aussi une âme nouvelle.
Et jamais depuis je ne l'ai entendu  - mais si rare, elle n'aime que les bois et les prés  - auprès de la maison sans sentir en même temps l'air devenir plus pur, comme on respirait à l'aube, avant la vie des hommes"
(Almanach des Champs, nov.1930 p 203 )
           Jacques Delamain qui avait mis sa plume au service de.... la gent ailée, range la grive musicienne parmi les quatre grands artistes des champs et des bois, avec le merle, le rossignol et le rouge-gorge et décrit ainsi son chant :
"En mars tandis que la femelle construit son nid d'herbe, son époux articule, sur un rythme vif, ses phrases qui tintent et dans lesquelles il assemble, à sa fantaisie, des notes brèves et heurtées et d'autres aussi pleines et aussi pures que le rossignol." (Pourquoi les oiseaux chantent p 27)
      Le même auteur traite ailleurs du chant des autres grives  : "Par les plus beaux jours de février, les mauvis, ces petites grives aux flancs roux qui arrivent aux vendanges, du nord de l'Europe et de l'Asie, pour passer l'hiver avec nous (en Charente), se sont assemblées, immobiles et invisibles, dans les pins qui leur rappellent la  forêt natale. C'est un choeur de voix liquides et cristalines. Mais un peu plus tard, un jour de mars, lorsque ce choeur s'est éteint, une note pathétique et grave, répétée cinq ou six fois, le prolonge avec un accent nouveau. C'est l'ébauche du chant nuptial du mâle mauvis"
(Pourquoi les oiseaux p 8)
"Dés décembre, par les matinées tièdes, quand souffle le vent d'ouest qui ravive les mousses et les lichens, la grande grive du gui, la draine, lance dans la bourrasque sa phrase éclatante et brève qui sonne comme un défi à l'hiver"
(Même ouvrage p 19 ) Dans: Les oiseaux s'installent et s'en vont, notre auteur reparle "de la strophe courageuse et hardie de la draine "(p 17 et 47).
Enfin dans le premier ouvrage cité, il met en scène "la litorne, la plus belle des grives européennes, gris cendré et châtain profond, dont le tia-tia-tia vigoureux retentit tout l'hiver dans les peupliers des vallées" (p 40 et 150).
       Et voici le témoignage d'un autre spécialiste de la forêt, Jean Nesmy : "Depuis la fin de février quel tumulte de grives ! On entend de tous côtés les triolets de leurs petites flûtes" (Les quatre saisons de la forêt p72)
        Dans "La Féerie des bois" p 15, Nemy reprend et développe ce motif :
"Début de printemps. Dans l'haleine argentée d'un matin, des milliers de petites grives musiciennes, émigrant vers le nord, ont fait leur brève étape au coeur de la forêt, en y donnant de turbulents concerts. C'était le prélude, toute une rosée de sons de flûtes et de hautbois comme dans le matin de Grieg."

 https://www.youtube.com/watch?v=D9YHIE-8QQY

    Un autre passage du même livre semble s'appliquer à la draine ; "L'ouverture du printemps. C'est par des chants d'oiseaux que débute la fête et les premières notes de ce concert, en trois coups de langue indéfiniment répétés, avenantes et prestes, sont données par la grive. Dès que passe sur les bourgeons, en teintes un peu plus vives, la première annonce mystérieuse des jours un peu plus clairs, cette grosse mégère effrontée et bavarde, de la pointe des plus hauts rameaux, où elle fait la vigie, laisse éclater sa joie turbulente et; à l'envi, lance ses commérages" (La Féerie des bois" p 21)

 https://www.youtube.com/watch?v=yGKDTTwFM2U&nohtml5=False
    Adrien de Prémorel, insigne connaisseur de la forêt ardennaise, évoque joliment les mauvis dans son Génie du ruisseau p 88 : "Par bandes les mauvis s'étaient, à leur tour, jetés parmi les branches. Du sol jusqu'aux cimes, ils remplissaient les bois d'appels , de trilles claires et du joyeux froufrou de leurs envols légers".
Dans un autre ouvrage, Des Bêtes, des bois, des fleurs,  il donne la grive musicienne comme un merveilleux chanteur du premier printemps, sans préjudice à la même époque pour les joiles aubades de la draine et les longs cris plaintifs de la mauvie.
      C'est à la draine que vont les préférences de Charles Vaucher dans le Grand livre de la chasse et de la nature (T II p 182).
Il y célèbre "la voix pathétique de la draine " et plus loin "la symphonie des grives et des merles à plastrons".

https://www.youtube.com/watch?v=X1aRTyM821w       la pauvre !! encagée !!

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