mercredi 8 juin 2016

Facéties

 Titre emprunté à "Regards Facétieux" dans la Collection du Château d'eau et Dieu sait s'ils le sont !!
Aprés avoir quiité la place Wilson vous montez les Allées Jean Jaurés, futures "ramblas" de Toulouse, vous passez le canal du Midi, les voies ferrées de la gare Matabiau et vous pouvez enfin vous engouffrer dans l'énorme Médiathèque José Cabanis. et découvrir cette exposition de photos célèbres pour la plupart.

Tout d'abord les photos d'Isarde, plus des instantanés que des facéties ;

  bien dans leur époque, ces jeunes gens ne stationnent pas devant les oeuvres exposées ni ne feuilletent  les documents mis à disposition; ils sont dans leurs portables..

       plus studieuse, peut-être, mais dans son écran,
pas plus que dans les livres.. mais en recherche... les suivantes faisaient "un tour" approche rapide, elles auraient préféré poser de face et n'ont pas bien compris pourquoi je leur demandais de se retourner.


 d'autres se cachent pour mieux se concentrer,   ou pour dormir ?


http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jose-cabanis

                          Venons-en au fait :

Comme à l'accoutumée je vous prosose mes "coups de coeur" ;


                                   André Cros

 Crédits. Le public du stade, finale Lourdes/ Mont-de-Marsan, 1953 / André Cros
Collection du Château d'Eau/ Toulouse

 Né en 1926 dans le Tarn et assistant de Jean Dieuzaide après la guerre entre au Cercle des XII  en 1961.
Il exerce comme photographe et journaliste à Sud-Ouest.
Jean Dieuzaide le décrit comme un "témoin  d'événements importants, dont il capte l'essence, et déterminent le climat d'une époque; il entre dans l' action grâce à des gestes rapides où l'humour, noir ou blanc est toujours présent; prenez la loupe si besoin est, pour le voir. Là il est à son affaire et croyez-moi, c'est un fin psychologue.... pince sans rire, mais sans défaillance".

 Je vous propose  aussi son Garde Champêtre à Mirepoix  (même Crédits )


                                             D'Arthur Tress
 Né en 1940 aux Etats-Unis l'oeuvre d'ArthurTress s'est imposée dans le monde entier à travers de nombreux livres et expositions depuis 1974 et la présentation remarquée de sa série le Collectionneur de rêves aux Rencontres d'Arles par Alain Tournier.
Avec Diane Arbus, Lee Friedlander , Duane Michals, Leslie Krims et Ralph Gibson, il fit partie de la génération de ces photographes américains qui, dans les années 1970, balayérent les stéréotypes.
Ils mirent leur talent au service d'une esthétique inventive et subversive  dont on peut encore aujourd'hui mesurer l'emprise sur la conception post-moderne de la photographie.
Ses images captivent par leur étrangeté, mélangeant la drôlerie et un côté souvent inquiétant.


  Crédits ; Woman with sunglasses, Coit Tower, San Francisco 1964/ Arthur Tress  / Collection du Château d'Eau/ Toulouse

                                                                        à suivre



 


mardi 7 juin 2016

Week-end Baroque

 dans tous les sens du terme,  baroque pour ses musiques, pour  ses rencontres,

facétieux pour ses photos ou ses clins d'oeil, au final éclectique, mais ô combien enrichissant,  pour finir avec la visite d'une galerie  qui présente toujours des oeuvres internationales  de grande qualité... la galerie Alain Daudet, rue de la Trinité à Toulouse et c'est par elle que je commence.

http://www.galeriealaindaudet.fr/paul-beckrich/

Les personnages de Paul Beckrich, somptueux, hiératiques, dans leurs costumes,  vous transportent en un instant dans un orient chatoyant.



les recommandations "ne pas toucher" sont impératives,  vous avez toujours envie d'effleurer des étoffes, des brocards  plus vrais que nature et qui ne sont que métal.

 mais ce n'est pas tout : les toiles  d'Antoni Taulé sont des portes et des fenêtres ouvertes sur des univers enchanteurs: il dit d'ailleurs :

      "Si l'être humain n'est pas connecté avec le Cosmos, il n'existe pas"

 https://www.youtube.com/watch?v=AdKbNjrRBTk

 http://www.ladepeche.fr/article/2016/05/08/2340096-geometrie-descriptive-d-antoni-taule.html

 http://www.antonitaule.com/paintings/.

  Vous pouvez consulter dans un numéro de" Beaux-Arts " un article de Jean-Claude Carrière, écrivain et scénariste, intitulé
                "La lumière, visiteuse du soir" 
                    "J'ai toujours l'impression que la lumière vient rendre visite à Taulé par surprise. Il ne l'attendait pas, en tout cas ce jour-là, pas à cet endroit là, à ce moment là.
Peut-être même  ne pensait-il pas à elle, cela lui arrive.
Elle lui vient en douce "comme un voleur".
C'est pourquoi sans doute nous avons quelquefois l'impression qu'elle le dérange, qu'elle le trouble et que parfois même elle l'éblouit.
Il aimerait tant rester encore un peu dans un de ces couloirs semi-obscurs qu'il affectionne, dans un vestibule, dans un escalier.
Ou même dans le noir.
La lumière est la visiteuse du soir.
Une intruse en quelque sorte.
Dans la vie que nous appelons courante, vient toujours un moment où nous nous disons : "Ah, le jour baisse, il faudrait peut-être un peu de lumière."
Banalement, nous allumons.
Et tout, pensons-nous, devient clair.
Ou bien c'est le contraire.
Fatiguée d'éclairer des banalités, et même, assez souvent des laideurs, la lumière se dit tout à coup  :
"Et si j'allais faire un tour chez Taulé ?"
Sans le prévenir ?
 Elle arrive aussitôt (tout le monde sait qu'elle va très vite) et elle découvre, avec nous, tout ce que le noir, ou le demi-noir, nous cachaient.
Tantôt un personnage, tantôt un arbre en fleurs, tantôt une colline lointaine, tantôt un visage qui semblait attendre un regard.
 Dans certains cas, elle se plaît à nous révéler de simples structures,  avec lesquelles elle joue, elle s'amuse même, un prtique qui se prétend indien, l'ébauche architecturale d'un monument mal défini, un croquis indéfinissable, une géométrie abstraite, une bombe - chargée peut-être.
Les anciens auteurs chinois auraient volontiers imaginé que Taulé peigne minutieusement une grenade chargée de mitraille, et de fasse sauter avec.
 Pas pour une cause révolutionnnaire, non, pour l'amour de l'art.
Ou pour montrer, tout simplement, que l'art est plus fort que la vie.
La lumière de Taulé n'éclaire pas - sauf à de rares occasions - des objets ou des personnages préexistants.
Ses modèles, elle les révéle.
Sans elle, ils resteraient pour toujours dans le vague et le presque invisible, qui sont proches du néant ( paraît-il ), dans cette zone imprécise entre les morts et les vivants que les Anciens nommaient "le royaume des ombres" où les peintres n'avaient pas accès.
Cette lumière donne vie et présence plaisante, ou menaçante, selon les sentiments qui nous animent au moment où elle nous éclaire - à des "choses " qui n'attendaient qu'elle pour apparaître.
Elle est parfois glissante, dangereuse, et même glauque, verdâtre, jaunâtre; inexplicable, elle se tord et s'enroule  sur elle-même, elle aime et elle recherche les approches de l'obscurité, elle se situe aussi loin que possible de ce qu'il est convenu d'appeler la "clarté méditerranéenne".
Elle traque, et même elle pénètre les espaces mal éclairés comme dans un acte d'amour.
Pour les féconder ? ou par simple appétit de la provocation, du plaisir ? Je ne sais pas.
Et je ne tiens pas à le savoir.
Parfois j'ai l'impression d'un viol consenti, mais d'un viol quand même. C'est pourquoi je préfère me protéger.
Nous pouvons aussi, devant ces images apparues oublier les ruses, toutes les manoeuvres souterraines de la lumière, oublier la technique du peintre, le travail de ses yeux, de ses doigts, et ne regarder que ce que nous voyons.
Car nous ne voyons pas la lumière, nous croyons la voir, nous nourrissons même quelquefois l'ambition de la décrire, de la comparer à d'autres lumières, de l' "analyser", opération chimique et odieuse.
En réalité, elle peut se faire presque indiscernable, et même se cacher.
Et dans ce cas nous la cherchons en vain.
Essayons, pour une fois, de ne regarder que l'objet peint, l'escalier, l'enfant,
la porte, la grotte grise, l'arbre au loin.
Est-ce une expérience possible ? Pour un instant peut-être, notre regard accepte de se faire sommaire, comme n'importe quel regard.
Mais très vite nous échappons à l'anecdote et nous recevons la lumière, cette visiteuse silencieuse, humble peut-être (apparemment) , mais reine, ici, des couleurs et des formes.

 Mais Taulé est aussi un photographe .

 http://www.antonitaule.com/photographs/transmutation/

Ce sera l'introduction de mon prochain article .


jeudi 2 juin 2016

Pétales

 Je n'ai pas sombré dans la mélancolie mais contemple mes roses qui pleurent leurs gouttes de pluie..... elles résistent assez bien d'alleurs.

https://www.youtube.com/watch?v=EIgVCU19pjg

Mais je travaille aussi depuis deux jours à retrouver ma documentation sur les marbres de Belesta.
J'ai en effet eu ma période "mabres" et à ce titre rencontré il y a quelques années les spécialistes en la matière.
Par un échange épistolaire une personne qui compulse tous les éléments nécessaires à l'édification d'un mémoire sur les marbres, m'a trouvé  et me demande quelques précisions sur la localisation des carrières.
 De belles appellations qui font rêver  !... Blanc statuaire, Brèche fleurie de la France, Brèche Lazulite, Brèche verte... violette ;  Noir Tumulaire, Rouge de Belesta etc etc......... presque des noms de fleurs.

                                      la Goscinny, en bouton puis éclose




                   Toutes celles dont j'ai (impardonnable) oublié le nom

      le très vieux rosier Queen Elizabeth est particulièrement beau cette année

                Cette période est la plus belle pour les roses

                          la Constance Spry grimpe par-dessus le toit
 et que dire de cette petite violette  ?

     Toute la chaleur de l'ambre dans cet" Orientalia"

                             Quand il faisait beau !!!

  les iris d'eau sont à la fête, de l'eau sur la tête et aux pieds !!!



mardi 31 mai 2016

Préhistoire

 Vous savez bien qu'entre deux inaugurations, les floraisons et autres passions, une d'entre elle reste toujours en exploration : la préhistoire .
Je vais vous parler aujourd'hui d'un petit fascicule "dégoté" je ne sais plus où, il y a quelques années ; l'idée de l'extirper des rayonnages m'est venue en apprenant la "remise" à jour de la grotte du cerf rouge, des jeunesses,.. par rapport aux Aurignaciens que nous avons évoqué récemment.... que -14.000 ans !!
 le titre "Emblèmes attribués à des objets Gallo-Romains 
                          Bases Frontales de bois de cerf
                                Mr Grasset Ainé 
      Fascicule du Musée de la Ville de Varzy  (Nièvre)

 Lequel se révéle une énigme proposée à cette date ( environs de 1834) puisque Grasset fait mention de la visite de Geoffroy Saint-Hilaire, illustre naturaliste, à sa collection.
Le fascicule en ma possession porte aussi la dédicace manuscrite :
 à Monsieur Paul Odent, Préfet de la Nièvre, commandant de la Légion d'Honneur, officier de l'instruction publique, hommage de haute considération, d'un profond respect, de la part de l'auteur.

Enfin, de quoi s'agit-il  ? et j'en finirai avec les apartés... (j'espère que depuis lors, ces meules perforées auront fait l'objet d'études plus approfondies )

 Une dernière suggestion, lisez absolument " Nos ancêtres les Gaulois" de Jean-Louis Brunaux Directeur de recherche au CNRS (Seuil 2008)
 Passionnant !!! il s'appuie sur les écrits du grec Poseidonios,  érudit professeur de stoïcisme à Rhodes qui en savait bien plus sur nos ancêtres pour les avoir fréquentés..

Alors ces meules de cerf perforées ? mais surtout tranchées :  quelle dévotion , quelles protections, quelles destinations, emblêmes ou amulettes ?? la 1 et la II
 ont été découvertes en 1865 la III enfouie parmi les matériaux et décombres d'une villa gallo-romaine "lorsqu'une tranchée fut faite près de Mailly le ville (Yonne) pour l'exécution des travaux de la ligne de chemin de fer d'Auxerre à Nevers et offertes au Musée de Varzy par Anastase Czelinski attaché à la direction de chemin de fer.

Si Mr Grasset a pris la peine d'éditer ce fascicule, c'est qu'à ce moment-là aucun autre exemple  de cette pariie du bois de cerf n'a été trouvé.
 Preuve à l'appui des 43 fragments de bois de  cerf représentés dans les six premières planches de l'ouvrage du savant Boucher de Perthes : - Antiquités celtiques et antidéluviennes, 1er volume chapitre XIV
 Même Mr  l'Abbé Cochet, consulté, n'a pu se prononcer sur leur véritable fonction. Non plus qu'Adrien de Longperier membre de l'Institut de France.

                                                                     document numérisé
https://www.youtube.com/watch?v=SNW81-2is-M


http://www.hominides.com/html/actualites/homme-cerf-rouge-red-deer-chine-14000-ans-0574.php

 Sur la toile, quand on y galope, on trouve toujours au détour du chemin quelque chose que l'on attend pas et que l'on ne veut pas perdre !!!

http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=567

lundi 30 mai 2016

Palette

 Meublez le silence par le tendre "Nuages" de Django Reinhardt, qui m'a toujours fait rêver.   https://www.youtube.com/watch?v=DY0FF4iR9Cw



La nature sait se faire tendre, après la violence des éléments, cherche-t-elle à se faire pardonner ; elle offre tous les gris, tous les bleutés, tous les roses.



Il n'y a pas si longtemps c'était la violence d'un "Colorado" presque inquiétant.
 Tableau mouvant, nuages délicats doucement poussés par un vent enfin apaisé. Instant à saisir avant que le soleil complice ne nous ait donné son" bonsoir".


Il n'a pas été tendre avec les roses du jardin dont les plus écloses n'ont pas résisté.

Rectification faite :  voilà la César
 et les Constance  Spry  toujours somptueuses

Il me restera à vous promener parmi des rhodendrons, les iris d'eau et les vegelia ou l'Orientalia et la Goscinny, jaunes ou orangés.

vendredi 27 mai 2016

Au Château d' Eau : suite

Revenons quelques instants sur ce lieu privilégié où les roues ne tournent plus pour amener l'eau aux Toulousains mais d'autres sources de connaissance, au gré des saisons qui se succédent.



         "Seuls des indices ténus peuvent nous ramener à la complexité des événements produits par l'histoire et maintenant "caché "sous" le paysage naturel.
Bien que dans ces images, on peut reconnaître ce qui reste d'une tranchée, cette photographie est avant tout une image de ce qui n'existe plus ; il est un enregistrement de traces lointaines semblables à la plus ancienne preuve d'archéologique, qui nous parle à travers des fragments de réalités perdues, à travers les ruines.
Paola De Pietri ne travaille pas seulement sur ce qui est marqué en temps proustien comme "mémoire volontaire" qui est, la mémoire activée par la réémergence de données organisables précises ( et donc aussi des données photographiques ) - mais aussi sur une "mémoire involontaire " qui se nourrit de sensations vagues et les plus subtiles des allusions.
L'artiste cependant, ne s'autorise pas à se laisser emporter par de mystérieuses rencontres entre son regard et la scène qui est en face d'elle.


Au contraire, elle formule à priori, une pensée qui peut la guider dans son enquête.
Sa photographie est un projet ; elle est une pensée qui, à partir de la mémoire des histoires de cette guerre lointaine maintenant - histoires entendues dans la salle de classe ou dans la famille - remonte dans l'histoire.
Suivant cette idée, Paola De Pietri, a cherché et vérifié la réalité matérielle des anciens sites de la guerre sur la montagne.
Où il y a un siècle il y avait la guerre, maintenant il y a la nature, et les signes qu'elle a laissé sont mélangés dans la roche de la montagne et dans l'herbe qui recouvre tout.
Si, afin de transformer la pensée en images, Paola De Pietri réalise un travail de conceptualisation, cela ne signifie pas qu'il n'y a pas d'histoire ; mais là encore, il est un genre unique de l'histoire dans laquelle le vide et le silence dominent : un histoire dépourvue de son objet.
Nous avons beaucoup réfléchi, ces dernières années, à la fin des grands récits et à l'aplanissement de la profondeur de l'histoire dans un présent à une dimension, sur la fragmentation, l'impermanence et la discontinuité des langues, la transformation rapide des connaissances, et l'impossibilité de comprendre les principales caractéristiques de l'âge dans lequel nous vivons ou d'imaginer le passé.

Nous nous sommes demandés s'il était encore possible pour l'homme contemporain de réfléchir sur lui-même dans le grand processus de l'histoire en cherchant des traces et des significations possibles de cette histoire dans le présent.
Paola De Pietri a abordé ce problème d'une manière qui est à la fois directe et radicale - frontale, on peut dire.
Elle a choisi d'aller à plusieurs reprises et de manières programmées, avec son corps et ses pas, sur ces hauteurs où les hommes ont construit, se cachant comme leurs ancêtres préhistoriques, ont combattu, tué et sont morts.
Afin de se rapprocher d'un grand récit, elle a engagé son corps pendant plusieurs années, en explorant à fond les montagnes.

      L'histoire, si elle doit être encore perçue parmi les problèmes de notre postmodernité, exige du temps et des efforts."
                                                                       Roberta Valtorta


jeudi 26 mai 2016

Transformer la pensée en image

 C'est le titre d'un long article que Roberta Valtorta consacre, le 6 mai 2011, à Paola De Pietri et dont je vais vous restituer la totalité.

Trouvée au Château d'Eau,


 :
 mes photos de ses photos sont loin de restituer la finesse du grain, le détail infime qui rend compte du bouleversement de la nature sous les coups des canons ou des mines.

Sur les montagnes, où le temps humain s'est arrêté et où seul le rythme de la nature a imprimé sa trace, les paysages naturels sont en fait le résultat de batailles livrées et de vies vécues tous les jours pendant des années par des centaines de miliers de soldats.
                                Paola De Pietri 

 To Face
    "Un charme silencieux, une vue quotidienne de la nature plutôt différente de l'image attendue, basée sur la magnificence et l'émerveillement, image acceptable des montagnes qui est si prégnante dans l'imagination des touristes, et que nous tous créons quand nous sommes en vacances.
 Ce sont des paysages de montagne, certes, mais Paola De Pietri évite judicieusement le risque et la tromperie de la beauté des paysages, des riches et vives couleurs et des lumières attrayantes et remarquables, optant plutôt pour un style de photographie subtilement et délicatement non spectaculaire.
Comme toujours dans le travail de cette artiste rigoureuse, dans "To Face" , une étude récente des zones de montagne qui ont été le théatre de la Première Guerre Mondiale, quelque chose se cache sous l'apparente simplicité ; quelque chose qui est apporté en fait consciemment par les douces couleurs de la beauté.
Car, comme presque tous les paysages contemporains, ce paysage n'est pas tout à fait naturel : il a été modifié par l'homme et façonné par l'action de l'histoire : la Première Guerre Mondiale, la "Grande Guerre" qui a produit le XXème siècle et y a laissé sa marque.

D'une part les hommes ont manipulé les montagnes, les transformant en un lieu équipé d'accessoires nécessaires à la guerre, comme les routes, les tranchées et les dépots d'armes  et de munitions.
D'autre part la guerre a elle-même infligé ses marques au paysage et a changé sa morphologie, la destruction et le remodelage de la substance de la montagne et provoquant des ruptures dans la continuité du paysage.
Mais si l'homo faber construit et détruit, au cours de l'histoire, la nature travaille à réabsorber  ce que l'homme transforme constamment.
En choisissant un endroit où les arbres, l'herbe, la terre et les pierres couvrent les marques laissées par la guerre, Paola de PIetri, comme sur un terrain montagneux, se déplace le long de la crête mince qui sépare la mémoire de l'obscurité de l'oubli.
Nous sommes habitués à penser que la photographie sert de support à la mémoire car elle fixe les informations, et ainsi les préserve.
 Cette pensée est devenue une sorte de certitude, elle nous tient compagnie.
Dans "To Face" , cependant, notre mémoire est stimulée non seulement par cet aspect de l'image qui est claire et visible, mais aussi par ce que nous percevons seulement comme des traces, des ruines, des éléments épars, et aussi par ce qui n'est pas visible et ne peut donc pas être enregistré".

  à suivre