facétieux pour ses photos ou ses clins d'oeil, au final éclectique, mais ô combien enrichissant, pour finir avec la visite d'une galerie qui présente toujours des oeuvres internationales de grande qualité... la galerie Alain Daudet, rue de la Trinité à Toulouse et c'est par elle que je commence.
http://www.galeriealaindaudet.fr/paul-beckrich/
Les personnages de Paul Beckrich, somptueux, hiératiques, dans leurs costumes, vous transportent en un instant dans un orient chatoyant.
les recommandations "ne pas toucher" sont impératives, vous avez toujours envie d'effleurer des étoffes, des brocards plus vrais que nature et qui ne sont que métal.
mais ce n'est pas tout : les toiles d'Antoni Taulé sont des portes et des fenêtres ouvertes sur des univers enchanteurs: il dit d'ailleurs :
"Si l'être humain n'est pas connecté avec le Cosmos, il n'existe pas"
https://www.youtube.com/watch?v=AdKbNjrRBTk
http://www.ladepeche.fr/article/2016/05/08/2340096-geometrie-descriptive-d-antoni-taule.html
http://www.antonitaule.com/paintings/.
Vous pouvez consulter dans un numéro de" Beaux-Arts " un article de Jean-Claude Carrière, écrivain et scénariste, intitulé
"La lumière, visiteuse du soir"
"J'ai toujours l'impression que la lumière vient rendre visite à Taulé par surprise. Il ne l'attendait pas, en tout cas ce jour-là, pas à cet endroit là, à ce moment là.
Peut-être même ne pensait-il pas à elle, cela lui arrive.
Elle lui vient en douce "comme un voleur".
C'est pourquoi sans doute nous avons quelquefois l'impression qu'elle le dérange, qu'elle le trouble et que parfois même elle l'éblouit.
Il aimerait tant rester encore un peu dans un de ces couloirs semi-obscurs qu'il affectionne, dans un vestibule, dans un escalier.
Ou même dans le noir.
La lumière est la visiteuse du soir.
Une intruse en quelque sorte.
Dans la vie que nous appelons courante, vient toujours un moment où nous nous disons : "Ah, le jour baisse, il faudrait peut-être un peu de lumière."
Banalement, nous allumons.
Et tout, pensons-nous, devient clair.
Ou bien c'est le contraire.
Fatiguée d'éclairer des banalités, et même, assez souvent des laideurs, la lumière se dit tout à coup :
"Et si j'allais faire un tour chez Taulé ?"
Sans le prévenir ?
Elle arrive aussitôt (tout le monde sait qu'elle va très vite) et elle découvre, avec nous, tout ce que le noir, ou le demi-noir, nous cachaient.
Tantôt un personnage, tantôt un arbre en fleurs, tantôt une colline lointaine, tantôt un visage qui semblait attendre un regard.
Dans certains cas, elle se plaît à nous révéler de simples structures, avec lesquelles elle joue, elle s'amuse même, un prtique qui se prétend indien, l'ébauche architecturale d'un monument mal défini, un croquis indéfinissable, une géométrie abstraite, une bombe - chargée peut-être.
Les anciens auteurs chinois auraient volontiers imaginé que Taulé peigne minutieusement une grenade chargée de mitraille, et de fasse sauter avec.
Pas pour une cause révolutionnnaire, non, pour l'amour de l'art.
Ou pour montrer, tout simplement, que l'art est plus fort que la vie.
La lumière de Taulé n'éclaire pas - sauf à de rares occasions - des objets ou des personnages préexistants.
Ses modèles, elle les révéle.
Sans elle, ils resteraient pour toujours dans le vague et le presque invisible, qui sont proches du néant ( paraît-il ), dans cette zone imprécise entre les morts et les vivants que les Anciens nommaient "le royaume des ombres" où les peintres n'avaient pas accès.
Cette lumière donne vie et présence plaisante, ou menaçante, selon les sentiments qui nous animent au moment où elle nous éclaire - à des "choses " qui n'attendaient qu'elle pour apparaître.
Elle est parfois glissante, dangereuse, et même glauque, verdâtre, jaunâtre; inexplicable, elle se tord et s'enroule sur elle-même, elle aime et elle recherche les approches de l'obscurité, elle se situe aussi loin que possible de ce qu'il est convenu d'appeler la "clarté méditerranéenne".
Elle traque, et même elle pénètre les espaces mal éclairés comme dans un acte d'amour.
Pour les féconder ? ou par simple appétit de la provocation, du plaisir ? Je ne sais pas.
Et je ne tiens pas à le savoir.
Parfois j'ai l'impression d'un viol consenti, mais d'un viol quand même. C'est pourquoi je préfère me protéger.
Nous pouvons aussi, devant ces images apparues oublier les ruses, toutes les manoeuvres souterraines de la lumière, oublier la technique du peintre, le travail de ses yeux, de ses doigts, et ne regarder que ce que nous voyons.
Car nous ne voyons pas la lumière, nous croyons la voir, nous nourrissons même quelquefois l'ambition de la décrire, de la comparer à d'autres lumières, de l' "analyser", opération chimique et odieuse.
En réalité, elle peut se faire presque indiscernable, et même se cacher.
Et dans ce cas nous la cherchons en vain.
Essayons, pour une fois, de ne regarder que l'objet peint, l'escalier, l'enfant,
la porte, la grotte grise, l'arbre au loin.
Est-ce une expérience possible ? Pour un instant peut-être, notre regard accepte de se faire sommaire, comme n'importe quel regard.
Mais très vite nous échappons à l'anecdote et nous recevons la lumière, cette visiteuse silencieuse, humble peut-être (apparemment) , mais reine, ici, des couleurs et des formes.
Mais Taulé est aussi un photographe .
http://www.antonitaule.com/photographs/transmutation/
Ce sera l'introduction de mon prochain article .
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