dimanche 17 avril 2016

à la Fondation Bemberg

 Prenez connaissance  de ce lien pour apprécier combien une flânerie à l'Hotel d'Assézat est toujours un moment privilégié.
Condensé de toutes les époques, se laisser aller sans but précis, permet de voir ou revoir des oeuvres affectionnées ou bien délaissées dans des visites précédentes :

 http://www.fondation-bemberg.fr/fr/gbemberg/index.asp

 Vous m'accompagnez cette fois-ci et je vous oblige à partager mes stations :

                                                        Salle Venise : Guardi, Canaletto, Longhi












Adam. Bronze.
 Ecole de
Niccolo Roccatagliata

 Italie fin XVI ème.

et j'ai délaissé son

 pendant, Eve  !




  Superbe :  Lucas Cranach : Hercule à la cour d'Omphale. Huile sur panneau.

Lucas Cranach né à Weimar en 1472 doit son nom à sa ville natale.
Il commença à travailler dans le style de Dürer dont il fut, dès l'époque, considéré comme l'un des principaux suiveurs. Plus tard, en 1504, il devient peintre de la cour de l'Electeur de Saxe, à Wittemberg : à cette période il peint la célébre toile "Vénus et Cupidon" dont quatre versions sont connues.






 Hercule et le sanglier d'Erymanthe















 Pour en finir avec le naturalime deux tableaux de chasse










  Beaucoup de difficultés pour éviter les reflets, ces salles soit en vitrines soit en "situation" ne permettaient pas de cadrages qui puissent isoler suffisamment le sujet


















 Après ces bois une belle série ornitologique de porcelaines.
Chine du XVIII ème ( Jingdezhen)
                                   
 https://tel.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/805675/filename/2012_balard_diff.pdf


 l'équivalent est à voir au Musée Guimet à Paris
































http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1908_num_52_9_72341



samedi 16 avril 2016

Suburbain, Structures et Subculture

Nous reviendrons à La Grive, mais dans l'immédiat, mes dernières itinérances..

                                          Pour le suburbain
                 En quelques photos,  des ambiances, une saison, des couleurs,
                   en quelques mots, des sensations:

                                                                            Lauragais


                                         Pour les structures
                 J'y reviendrai longuement, je ne pensais pas que les  nuages                  veuillent s'assortir aux volutes architecturales : je ne l'avais même pas remarqué en prenant le cliché.

                                                                      Chambre de Commerce


                                              Pour les Subcultures ?
                     Ce sont " les Scènes graphiques Toulousaines actuelles"
proposées par l'Espace Croix Baragnon jusqu'au 18 Juin:


 A4 Putevie
Mathieu Bourrillon
Nicolas Delpech
Fräneck
Herbot
Kinder K
Arnaud Loumeau
Benjamin Stoop
Amandine Urruty
100Taur

David Pujol auteur en résidence pour la création du catalogue d'exposition

Je n'ai pas pu monter à l'étage, l'escalier était encore mouillé un quart d'heures avant le
 vernissage, mais je ne pouvais pas attendre.








lundi 11 avril 2016

suite et fin de ce chapître

 J'espère qu'il vous est venu quelque intérêt pour cet oiseau chanteur que René Druart étudie sous toutes ses coutures.
 J'imagine le nombre incalculable de documents, livres, qu'il a  consultés, pour nous livrer cette mine d' études  sur le comportement et les moeurs de cet oiseau que les chasseurs doivent adorer... pour les manger au grand dam de ceux qui le protégent pour leur chant.
Une fois sortis "des cuisines"... nous devrions aborder d'autres chapitres sur son caractère, ses domaines, ses heures et ses saisons.
Encore faut-il que vous ayiez quelque affection pour la poésie et dans tous les cas, la nature.
Il n'était pas chasseur mais poète, j'étais trop jeune pour lui poser la question,

Quelles motivations pour se lancer dans une telle anthologie ?

Nature morte au cygne et aux grives .  Jean Weenix. Rijksmuseum Amsterdam.

                          " Dans Pernelle et bigarreaux , Fanchy déclare à peu près en ces termes:
                           Qu'y a pas grand chouz d'sangé
                                Et qu' faut don pas donner congé 
                                Quan rest' l'vin nouveau, marle et grive !
  "Oh ! le salmis autour des grives au genièvre " , s'exclame Emile Henriot à propos de gibier ( Almanach de Cocagne pour 1921) . On comprend que l'épicurien Charles d'Eternod, déclinant, ait écrit dans le Thyrse irrité :
                                   Adieu donc , soles à la crème,
                                   Adieu, souples truites au bleu,
                                   Brochets, bars, dorades et brêmes,
                                   Grives sur coussins moëlleux  !
 Adrien de Prémorel, en confirmant dans :  Des bêtes, des bois, des fleurs, que la mauvis est la plus succulente des grives, termine ainsi son chapitre:
"Vous conviendrez, ami lecteur, qu'auprès d'un flacon de vieux bourgogne, l'apparition d'une casserole de terre cuite où des grives à point chantent leur mélopée d'automne a tout ce qu'il faut pour amener aux lèvres du plus sombre des convives un sourire".
Attention pourtant, gourmets, aux contrefaçons ! Joseph Autran, dans sa Vie Rurale p 217, écrit :
                           Chasseur ouvre la main qu'il vive
                                 N'en déplaise à Toinon qui me le rôtirait
                                 Disant qu'un rossignol chez un homme distrait 
                                 Passe au besoin pour une grive.
Antonio Aparisi-Serres, poète dacquois, conte sur le même thème dans ses Fables et Vérités
 ( Avignon, 1926) la protestation d'un merle blessé par un chasseur :
                            Ceci n'est pas un jeu
                             Je ne suis ni perdreau, ni caille, ni bécasse !
                             - Parbleu, répondit le cruel
                                A cette réflexion naïve,
                                Sache donc qu'il n'est rien de tel
                                Qu'un merle à défaut de grive.
 Plus grossièrement un député goulu se laissa tromper par des farceurs qui avaient introduit dans un plat de grives une chouette qu'il prit pour une grive plus grasse que les autres et qu'il s'adjugea (Gérard de Nerval. Voyage en Orient. Druses et Maronites ; Le pope et sa femme).

 Terminons cette revue culino-littéraire par une recette en vers : 
                               La grive à l'ardennaise
 Dépouillez de son duvet                        A feu lent
        l'oiselet                                        L'oiseau doré se parfume
Mettez à nu la roussette                    Il faut, laissant mijoter,
Et, du petit croupion                                 Ajouter
    Du tendron                                         Sauge, sel poivre à votre aise
Faites aussi la toilette                         Et voilà, dans ce canton,
Troussez-le, n'entamez pas                    Comment on
       Ses appas                                          Fait la grive à l'ardennaise
Dans le beurre chaud qui fume
Sur le lardon pétillant
                                                     Dr Séjournet. Almanach Matot pour 1904

                                                            René Druart

dimanche 10 avril 2016

La grive en cuisine

Mais quand on est écrivain on parle de  Sa Bonne Chair



                    " Grisez-vous, grives musiciennes, grisez-vous, draines, litornes et mauvis ! Profitez des vignes du Seigneur comme tant d'autres ! Si les pampres sont trop chargés il y aura mévente ! Si la récolte est mince, elle fera prime sur le marché.
Ce n'est pas la quantité mais la qualité qui compte. Le vigneron ne vous a jamais compris dans les ennemis de la vigne.
Les insectes, les chenilles et les vers que vous détruisez vous autorisent à prélever votre dîme, et bien querelleur serait celui qui s'insurgerait pour votre grapillage après vendanges. On vous accuse de vous saouler : cela ne fait de mal à personne. Plus inquiétantes sont ces hécatombes effroyables que perpètre l'homme.
Elles font plus que décimer vos rangs, elles risquent d'exterminer votre race.
Et ce, non pour une raison, comme la vôtre, de subsistance, mais par pure gourmandise.
Quels sont les plus gourmands, vous ou les hommes ?  A celui qui me contredit, je clos...le bec !
 Les anciens qui appréciaient mieux que nous le chant des grives appréciaient, hélas ! davantage encore l'excellence de leur chair.
Dans son De Agricultura, livre III, ch IV, écrit vers 50 avant J C, Varron mentionne que les Romains faisaient en grand l'élevage des grives, dans d'immenses volières.
Cent ans plus tard, Columelle, dans son De Re Rustica, livre VIII ch X, fournit toutes précisions sur les méthodes d'engraissement des grives.
Au IV ème siècle Palladius, lui aussi, dans son De Re Rustica, livre I, ch.XXVI, confirme les dires de ses prédécesseurs quant à l'élevage des grives comme denrée alimentaire. Les Romains faisaient en effet non seulement une grande consommation de grives, mais les tenaient pour un mets absolument hors pair.
Dans ses Epitres (Livre I, épître XV ), Horace donne cette déclaration du dissipateur Ménius : "Par Hercule, je ne m'étonne point s'il est des gens qui mangent leurs biens, car il n'y a rien de meilleur qu'une grive bien grasse

Fresque Pompéienne



Des huit Epigrammes ou Martial a parlé des grives, citons au moins celle-ci : 

                                      DIZAINES DE GRIVES
      "Une couronne tressée de roses te plaît peut-être ; moi je préfère une couronne de grives ".
       Déclaration analogue à celle de notre "Curnonsky", à propos de la tentation de St Antoine " 
       " Moi je n'aurais pas résisté, j'aurais mangé le cochon" !
 L'épicurien Apicius, qui naquit vers 25 av J.C a laissé des livres de cuisine traduits en 1933 par Bertrand Guégan.
On y trouve la recette de divers plats où la grive est servie isolément ou comme accompagnement et toutes sortes de sauces pour accomoder les grives.
Quand Suétone, un peu plus tard, écrivit sa Vie des Douze Césars (Tibère 42)
 il rapporta qu'Apicius avait royalement payé la dédicace  d'un dialogue où Asellius Sabinus montrait l'orange, l'huître, la grive et le bec-figne se disputant la prééminence.

                                  Fresque Pompéienne
En France, du Vieuget, dans son Ode à la goinfrerie , célèbre la grive entre l'ortolan et la bécasse, comme honneur des tables "les mieux coiffées".
Edouard Nignon, ancien chef de cuisine du Tsar; a écrit dans sa retraite dinandoise un Eloge de la cuisine française où il commente un repas magnifique où figurait notre oiseau : "Des grives, nourries dans les cormiers, montait une exhalaison capiteuse. Des adorateurs particulièrement empressés devinrent lyriques en leur présence"
La Vie et Passion de Dodin Bouffant par Marcel Rouff comporte deux évocations culinaires de notre bord : "Adèle apporta le plat chargé de friandises. Il y avait là de minuscules grives froides et désossées bardées de couches d'anchois (p 113). A peine le temps des lapereaux au zéphyr était-il terminé qu'il voyait paraître sur la table bénie les grives à la gendarme ( p 184) ......................................................................................à suivre
                                                                                 René Druart

samedi 9 avril 2016

Récréation

Entre deux giboulées, un soleil très timide qui réchauffe à peine les tulipes pour leur permettre de s'ouvrir, sus au jardin se dégourdir les jambes en écoutant les pépiements  des hôtes du jardin.

                                               
                                                 Quatre tulipes
                                                 Alignées en rang d'oignon
                                                 Sont mortes de froid

                       Ce sont les mêmes avec un éclairage différent

Pour toi François ;

 https://books.google.fr/books?id=CRkOAAAAQAAJ&pg=PP17&lpg=PP17&dq=tulipes+jaune+fris%C3%A9e&source=bl&ots=wQKPUZmNJj&sig=333wAG0Fa4YeqIO7bUdqqM5_crs&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjgvpXW1YHMAhXKDxoKHX8lDTo4ChDoAQgyMAM#v=onepage&q=tulipes%20jaune%20fris%C3%A9e&f=false

 J'avais promis de faire mieux mais je ne suis pas encore satisfaite :

                                     elle me donne du fil à retordre...

                                              Tulipe humilis "Odalisque"

la Grive suite

  "Pus brièvement, nombreux sont les écrivains qui ont évoqué le chant et le cri des grives.
Taine n'a pas manqué d'en parler dans son introduction aux Ardennes ilustrées.
Dans l'Oiseau, au chapitre du chant, Michelet cite en premier lieu la grive "exacte à nos vendanges", parmi les hôtes des contrées boréales qi nous arrivent en automne.Dans les Oeillets de Kernaz, Theuriet est charmé par les vocalises de la grive.
Verhaeren en fait mention dans ses Blés Mouvants (Ed Crès, p.122). Dans ses Géorgiques chrétiennes, Jammes souhaite

que la grive d'hiver s'en vienne pépier
sur la branche effeuillée par l'habile luthier.

Pour André Mary (Rimes et Bacchanales, p 61 )
                                             La grive et le moqueux entonnent un canon
Louis Vérane, dans Le livre des passe-temps, note "son sifflet brusque"

André Payer à son tour, dans ses Ferveurs secrètes," son cri pointu" et dans son Calendrier pour l'Ardenne, "le déclic de son cri".

Noël Ruet déclare dans Figure de trèfle p 59 :
                                                    Je guetterai l'appel déchiré de la grive
                                       Quand l'aube lisse au vent sa nouvelle couleur

 Tandis qu'André Berry, dans les Esprits de Garonne, p 280, consigne :
                                                       A sa chanson toujours interrompue
                                                                     revient la grive.
La grive , comme tous les chanteurs, ne récolte pas que des louanges.
Fanchy traite la grivette d'embavardie (Pernelles et bigarreaux, p 86 ; Pécheyrand, de piaillarde, (Les Faux feux follets) p 60  et l'accuse de "moduler un solfège brouillon".( Mes amis des bois et des rivières) p 209.
Davantage nous étonnera cette notation impressionniste d'Alphonse de Chateaubriant :              " C'était au pays de Bretagne.Tout l'endroit était noyé de vert.. Même les clochettes des digitales étaient vertes.
Le chant de la grive était vert." (Les Pas ont chanté , p 27 )
 La littérature, on le voit, s'est compliquée depuis l'époque où l'on se pressait à l'Opéra-Comique pour entendre le "Joli Gilles" de Ferdinand Poisse et son fameux air :
                                         Voici le matin
                                         La grive a chanté
                                         Annonçant un beau jour d'été.
Il y a cependant toujours des abstracteurs de quintessence. Dans ses " "Variatons sur des thèmes virgiliens", Charles des Guerrois termine ainsi sa pièce : Tu ne illum canta ? écrite pour proclamer "la supériorité de la lyre aux sons légers sur le cor au vaste son" :
                                       On entend dans les feuillées
                                               Chez les grives éveilléess
                                              La voix dire : Ho ! le grand cor
                                              Ho ! ho : n'est pas de pur or,
 tandis que Charles Le Goffic trace dans ses "Vers dorés" (Poésies complètes):

                                       Tioto totobrix... c'est la grive en forêt.
                                       Scandale ! Au vieux ramier qui brûle et roucoule
                                       Vient-elle pas chanter de son ton guilleret
                                       Que Désir est père aveugle de regret ?
                                       Bon ! bon ! la grive est saoule.
                                                    
A cette pièce un peu tirée... par les plumes,  nous permettra-t-on de préférer cette nouvelle du gentil Theuriet, "Monsieur Chévrefeuille" comme le nommait Jean Lorrain, où le chant plein d'entrain d'une petite grive Bretonne portait chance à un incorrigible joueur ( Nos Oiseaux 1887) ?

A nous aussi, apporte le bonheur, allégre soliste, que ton chant résonne de la Garonne à la Meuse, des pins pyrénéens aux chênes des Ardennes.
                                                     René Druart

il me faut bien cela quand le chant d'une rime ne suffit plus à égayer ma copie :

https://www.youtube.com/watch?v=jC7bSRqvlQU :

 Nous abordons :               Sa Passion des raisins

              "Il est plus facile de se faire une mauvaise réputation qu'une bonne.
Si, par suite de leur manque d'intelligente curiosité, les hommes sont injustes pour la grive musicienne par rapport au rossignol, (Concédons qu'en France n'entend pas qui veut la grive musicienne.
En Ecosse, au contraire, où elle abonde, tandis qu'on n'y trouve pas de rossignols, son chant s'impose conne suprême.
Dans "l'Abbé" Walter Scott fait dire à un partisan de Marie Stuart : "Je crois encore entendre la voix de cette reine infortunée, aussi douce, aussi harmonieuse que le chant de la grive.) , comme aussi pour la draine par rapport au merle, la comparaison qui s'impose à eux quand un des leurs est pris d'ébriété, c'est celle de la grive.
Ils l'emploient, cette comparaison, sans même la comprendre. Certains se la sont même fait expliquer.
Mais quels sont ceux qui l'ont vérifiée "de visu" ? 
     
          L'origine de la locution est fort ancienne. Elle apparaît dans la littérature en 1486, avec les Cent Nouvelles Nouvelles , où on lit : "nostre yvroigne, plus saoul qu'une grive partant en vigne" (Nouvelle IV).
On la retrouve dans la lettre de Mme de Sévigné à sa fille en date du 3 février 1672 : " Est-il encore question de grives ?  Il y avait l'autre jour une Dame qui, au lieu de dire ce qu'on dit d'une grive : elle est saoule comme une grive, disait que Madame la Présidente était sourde comme une grive : cela fit rire."
 Dans "Ma France poétique, Francis Jammes écrit (p 159) :
"Le piqueur savetier est saoul comme une grive"

 Qu'à cette occasion, Henri Druart nous permette de prélever dans ses Coins d'Europe", cette prose malicieuse :
                    Les Derniers Grains de Raisin .
   "Un aprés midi d'été de la Saint Rémi... l'amateur de raisins visite les plants de vigne, dépouillés de feuilles qui jonchent le sol. Lui, qui n'a pas fit la vendange, cueille une à une les grappes oubiées.
Les grains sont bien ronds, bien mûrs : le jus est sec et froid.
Ivre comme une grive qui grapille, il en oublie la ville et les livres " 

Dans l'Histoire du merle blanc  Musset prête la parole à un merle en voyage et en quête de logis : "Je m'entendis appeler. C'étaient des grives qui, du haut d'un sorbier, me faisaient signe de venir à elles....Elles me firent place en riant comme des folles... et je ne tardai pas à juger qu'elles avaient mangé plus de raisin qu'il n'est raisonnable de le faire ; elles se soutenaient à peine sur leurs branches et leurs plaisanteries de mauvaise compagnie, leurs éclats de rire et leurs chansons grivoises me forcèrent de m'éloigner."
 La poésie: Les Grives, d'Auguste de Chatillon  débute par ce quatrain :
                               Les raisins sont mûrs
                                     Les grives sont saoules
                                     Je les vois en foule
                                     Se heurter aux murs. 
 Dans la poésie consacrée à la grive par André Theuriet dans "Nos oiseaux", c'est au contraire le dernier quatrain que nous citerons :
                                       Et la grive, prête à choir
                                              Du cep tout à fait grise
                                              Ameute autour de son perchoir
                                              Les geais qu'elle scandalise.
Dans ses Emeaux Bressans , Gabriel Vicaire a comparé plus aimablement "le Bonheur" à la grive :
                Hélas ! tandis qu'on le guette
                   Il est déjà Dieu sait où
                   Comme une grive en goguette 
                   Il aime à faire le fou 
                                                             
                                                                  à suivre

  

vendredi 8 avril 2016

La Grive, suite

 J'aurai aussi vite fait de taper ce texte,  il sera au moins plus lisible, en même temps que je le relis et en illustration un des mes encadrements ; j'ai beaucoup utilisé les papiers "à la cuve" ( j'ai eu moi aussi une longue période "à oiseaux" peut-être un jour aurai-je l'occasion de vous les montrer) 


https://www.youtube.com/watch?v=QCK_IlWHCY8&nohtml5=False


     "Comme avec Chateaubriand et Proust, c'est à un lointain souvenir que nous devons cet hymne à la grive écrit par Claude Flanchet : "C'est quand l'eau a cessé de couler du ciel que le chant si frais, inouï, s'est fait entendre, seul, bien avant les autres. Et alors mon pêre a levé la tête de ses rêves ; "c'est la grive".et a dit
Ce dut être le premier chant parmi la nouveauté du monde. Et il était en vérité plus frais que l'eau, que les feuilles, tel qu'il eut fallu, pour l'entendre, aussi une âme nouvelle.
Et jamais depuis je ne l'ai entendu  - mais si rare, elle n'aime que les bois et les prés  - auprès de la maison sans sentir en même temps l'air devenir plus pur, comme on respirait à l'aube, avant la vie des hommes"
(Almanach des Champs, nov.1930 p 203 )
           Jacques Delamain qui avait mis sa plume au service de.... la gent ailée, range la grive musicienne parmi les quatre grands artistes des champs et des bois, avec le merle, le rossignol et le rouge-gorge et décrit ainsi son chant :
"En mars tandis que la femelle construit son nid d'herbe, son époux articule, sur un rythme vif, ses phrases qui tintent et dans lesquelles il assemble, à sa fantaisie, des notes brèves et heurtées et d'autres aussi pleines et aussi pures que le rossignol." (Pourquoi les oiseaux chantent p 27)
      Le même auteur traite ailleurs du chant des autres grives  : "Par les plus beaux jours de février, les mauvis, ces petites grives aux flancs roux qui arrivent aux vendanges, du nord de l'Europe et de l'Asie, pour passer l'hiver avec nous (en Charente), se sont assemblées, immobiles et invisibles, dans les pins qui leur rappellent la  forêt natale. C'est un choeur de voix liquides et cristalines. Mais un peu plus tard, un jour de mars, lorsque ce choeur s'est éteint, une note pathétique et grave, répétée cinq ou six fois, le prolonge avec un accent nouveau. C'est l'ébauche du chant nuptial du mâle mauvis"
(Pourquoi les oiseaux p 8)
"Dés décembre, par les matinées tièdes, quand souffle le vent d'ouest qui ravive les mousses et les lichens, la grande grive du gui, la draine, lance dans la bourrasque sa phrase éclatante et brève qui sonne comme un défi à l'hiver"
(Même ouvrage p 19 ) Dans: Les oiseaux s'installent et s'en vont, notre auteur reparle "de la strophe courageuse et hardie de la draine "(p 17 et 47).
Enfin dans le premier ouvrage cité, il met en scène "la litorne, la plus belle des grives européennes, gris cendré et châtain profond, dont le tia-tia-tia vigoureux retentit tout l'hiver dans les peupliers des vallées" (p 40 et 150).
       Et voici le témoignage d'un autre spécialiste de la forêt, Jean Nesmy : "Depuis la fin de février quel tumulte de grives ! On entend de tous côtés les triolets de leurs petites flûtes" (Les quatre saisons de la forêt p72)
        Dans "La Féerie des bois" p 15, Nemy reprend et développe ce motif :
"Début de printemps. Dans l'haleine argentée d'un matin, des milliers de petites grives musiciennes, émigrant vers le nord, ont fait leur brève étape au coeur de la forêt, en y donnant de turbulents concerts. C'était le prélude, toute une rosée de sons de flûtes et de hautbois comme dans le matin de Grieg."

 https://www.youtube.com/watch?v=D9YHIE-8QQY

    Un autre passage du même livre semble s'appliquer à la draine ; "L'ouverture du printemps. C'est par des chants d'oiseaux que débute la fête et les premières notes de ce concert, en trois coups de langue indéfiniment répétés, avenantes et prestes, sont données par la grive. Dès que passe sur les bourgeons, en teintes un peu plus vives, la première annonce mystérieuse des jours un peu plus clairs, cette grosse mégère effrontée et bavarde, de la pointe des plus hauts rameaux, où elle fait la vigie, laisse éclater sa joie turbulente et; à l'envi, lance ses commérages" (La Féerie des bois" p 21)

 https://www.youtube.com/watch?v=yGKDTTwFM2U&nohtml5=False
    Adrien de Prémorel, insigne connaisseur de la forêt ardennaise, évoque joliment les mauvis dans son Génie du ruisseau p 88 : "Par bandes les mauvis s'étaient, à leur tour, jetés parmi les branches. Du sol jusqu'aux cimes, ils remplissaient les bois d'appels , de trilles claires et du joyeux froufrou de leurs envols légers".
Dans un autre ouvrage, Des Bêtes, des bois, des fleurs,  il donne la grive musicienne comme un merveilleux chanteur du premier printemps, sans préjudice à la même époque pour les joiles aubades de la draine et les longs cris plaintifs de la mauvie.
      C'est à la draine que vont les préférences de Charles Vaucher dans le Grand livre de la chasse et de la nature (T II p 182).
Il y célèbre "la voix pathétique de la draine " et plus loin "la symphonie des grives et des merles à plastrons".

https://www.youtube.com/watch?v=X1aRTyM821w       la pauvre !! encagée !!