mardi 31 janvier 2017

L'art d'Owo

Cet art mérite que nous lisions encore ses aventures  :  l'art d'Owo est intermédiaire entre celui d'Ifé dont il s'inspire et celui de Bénin qui tenta de s'approprier ses terres en brisant nombre de ses oeuvres d'art.

 
 60 - Tête de personnage XV ème siècle environ
                             Igbo'Laja, Owo. National Museum Lagos
Owo est une ville-Etat presque à mi-chemin entre Ifé et Bénin et dont l'art participe des deux cultures.
Cette tête apaisée et sereine dans la tradition artistique d'Ifé a probablement été exécutée à Owo.
 L'oeuvre présente plusieurs caractéristiques d'Ifé telles que les stries parallèles sur le visage, la paupière supérieure  qui recouvre le coin de la paupière inférieure, le bord de la paupière supérieure souligné par une incision, les commissures marquées en creux et les lèvres entourées d'une ligne en relief.
 Les arcades sourcillères sont plus proéminentes que sur les terres cuites d'Ifé.

    " Owo, autre cité yoruba, est située à cent trente kilomètres environ au sud-est d'Ifé, elle aurait été fondée selon la tradition orale par Ojugbelu, le plus jeune fils d' Oduduwa qui fut lui-même le fondateur d'Ifé.
 On raconte qu'à l'époque où il vivait encore à Ifé, rentrant un jour d'une expédition de chasse, Ojugbelu découvrit que son père avait réparti toutes ses possessions entre ses autres enfants.
Sous le coup de la fureur, il décida d'émigrer et partit avec plusieurs chefs qui l'aimaient bien.
Après avoir erré, ils s'installèrent au sommet de la colline d'Okitisegbo qui domine encore de nos jours la cité d'Owo.
Nous ignorons la date exacte de cette émigration, mais des oeuvres qui remontent probablement au XV ème siècle, mises à jour a Owo, présentent des affinités évidentes avec l'art d'Ifé.
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On a retrouvé des fragments d'une même sculpture très loin les uns des autres ; il semble donc que cette hutte a été détruite avec violence.
 On a retrouvé, notamment, les fragments d'une même tête (n° 60 ci-dessus) éparpillés sur quatre mètres, ce qui laisse supposer que l'oeuvre a e été fracassée.
Tout le tombeau a peut-être fait l'objet d'actes de vandalisme entre Bénin et le peuple d'Owo, qui aurait pu se dérouler au XV ème siècle, quand Bénin tentait d'assujettir Owo.
Les fouilles d'Owo ont produit des oeuvres d'art qui présentaient des affinités non seulement avec l'art d'Ifé mais aussi avec celui du Bénin.


  63. Tête de personnage barbu XV ème environ Igbo'Laja. Owo. N M L.

 Avec son front coupé de rides profondes, ses globes oculaires prononcés, ses narines dilatées et sa bouche volontaire, cet homme renfrogné est un portrait très original et expressif.
La manière dont il porte son bonnet est aussi originale.
La barbe, les favoris et l'oreille sont soigneusement représentés sur le côté droit du visage  tandis qu'à gauche il n'y a pas de barbe et l'oreille est grossièrement modelée.
 Cela indique qu'il ne s'agissait pas d'une pièce isolée, mais d'une partie d'une sculpture plus grande, constituant peut-être une scène. 
 
    "Si nous ne pouvons situer avec précision la date de l'émigration du peuple d'Owo venu d'Ifé, nous savons néammoins qu'il commença à subir l'influence de Bénin, situé à cent dix kilomêtres environ au sud-est, vers le milieu du XV ème.
Même si le peuple d'Owo soutint n'avoir jamais été conquis  par Bénin, l'influence de ce royaume ne peut être niée.
Quand on sait l'expansion que prit au XV ème siècle l'empire de Bénin, notamment sous le régne d'Ewuare, dit Ewuare le Grand, on doute qu'Owo n'ait pas été intégrée dans cette hégémonie qui repoussa les limites du royaume jusqu'à la frontière de l'actuelle République du Bénin, ex Dahomey."

  65. Buste même descriptif 
Le modelé soigné du visage contrastant avec le traitement plus grossier du corps est typique des sculptures trouvées à Qwo.
Ce personnage porte une collerette insolite de perles et de glands et un rang de perles à la taille, où commence le costume qui couvre le bas de corps.
La position des avant-bras ornés de perles et la bouche expressive lui donnent un air vivant peu courant, même si la tête repose disgracieusement sur le buste.


 67. Bras tenant une tête d'animal :  même descriptif

Il est impossible d'identifier avec certitude l'animal ainsi présenté pour le sacrifice par deux avant-bras chargés de perles.
Il peut s'agir d'un bélier ou d'un éléphant.
 Bien que la décoration qui recouvre toute la surface de l'animal rappelle les oeuvres d'Ifé, celui-ci est beaucoup plus stylisé notamment en ce qui concerne les oreilles en forme de disques ornés de triangles gravés en creux. Le personnage qui fait l'offrande devait être de rang royal, à en juger d'après les bras lourdement ornés, même si aucune des têtes trouvées sur le site ne porte de couronne.

 Voici une série de mains qui vont intéresser les naturalistes : ce sont les numéros 70 - 71 - 72  toutes provenent des fouille d'Owo de la même époque et conservées au Musée de Lagos.

 
 Main tenant un bouquet de feuilles d'Akoko.
Certains arbres, leurs feuilles et leurs branches sont sacrés dans la culture Yoruba.
Ainsi les arbres peregun
 (Cracaena fragans) sont-ils généralement plantés autour des lieux sacrés pour indiquer au public leur nature, tandis que les feuilles de l'arbre akoko sont spécialement utilisées lors des cérémonies d'intronisation des chefs et des rois.
 Les arbres akoko sont également plantés dans les lieux sacrés.
Leur pied devient souvent un autel à ciel ouvert où l'on s'adonne à des sacrifices et à des prières.
Ici, une branche feuillue couvre presque entièrement la main qui la tient, dont le pouce avec son ongle triangulaire caractéristique, est cependant clairement visible.

Ce fragment de statue représente une paire de cornes, sans doute de buffle ou d'antilope, tenue par deux mains dont une seule a subsisté.
Les cornes sont souvent utilisées comme récipients pour des substances magiques, soit seules soit par paire.


 Même origine et date pour ces fragments de poteries rituelles.
73 - 74.- 75.
La signification précise de ce motif (un visage avec des serpents sortant des narines), s'est perdue dans la nuit des temps mais on peut supposer que les serpents avaient un rapport avec le souffle que  l'on identifie à l'âme dans de nombreuses régions du monde.


Ce fragment qui devait appartenir à une poterie, représente un poisson de vase (ou un poisson-chat) tenant une queue de crevette ou de langouste dans la bouche.




Ce petit fragment constitue une pièce de grande valeur à cause des quatre petites marques qui figurent au-dessus de chaque oeil et qui sont incontestablement des marques sacrificatoires de Bénin
prouvant qu'il existait un rapport entre ces deux cultures.





" On peut supposer que cet art a pris fin et que les sculpures  ont été réutilisées ultérieurement dans un contexte second ou moderne..............................
Cette hypothèse est étayée par une autre découverte fascinante : au milieu du principal ensemble, on a trouvé un morceau de bois carbonisé sur un trou contenant deux fragments de sculpture en terre cuite portant des traces de cuisson
Or la matière carbonisée extraite de ce trou, qui peut être une fosse est datée du XVII ème siècle.
 Les gens d'Owo découvrirent sans doute les fragments de sculpture en creusant le sol et les réutilisérent dans un contexte moderne.
Ils les enterrèrent ensuite à nouveau dans cette fosse sans savoir ce qu'elle contenait d'autre, et marquèrent l'emplacement avec du bois carbonisé. 


                                      69 - Coq - Owo. XV ème s NML

lundi 30 janvier 2017

L'art d'Ifé suite

    "La découverte suvante d'oeuvres d'Ifé eut lieu en 1938.
Un homme qui creusait les fondations d'une maison  dans le site de Wunmonije, à deux cent mêtres environ du Palais de l'Oni d'Ifé, tomba, à soixante centimètres de profondeur, sur un trésor comprenant dix-huit bronzes extraordinaires.


 45. Buste d'un Oni . Fin Xvè début XVI ème.s.
                                 Laiton à eneur en Zinc h. 37 cm.
                  Wunmonije Compound, Ifé Museim of Antiquitées
daté par thermoluminescence
 42. Tête couronnée d'Oni. XII è - XV ème siècle
        Laiton à teneur en zinc ; h 24 cm Wunmonile Compound . Ifé.
                                                                            Museum of Antiquities.
 Les traits particulièrement délicats de cette tête couronnée, plus petite que grandeur nature, ont conduit d'aucuns à émettre l'hypothèse qu'il pourrait s'agir d'une femme Oni.
L'ensemble des fins motifs qui représentent sans doute une scarification sert également à souligner le modelé délicat des traits.
 Le sommet de la couronne a été brisé.



 44.
 Statuette d'un Oni. h 47.cm
 Début du XIV è  - XV ème. s.
Laiton en teneur en zinc Ita Yemoo.     Ifé               MIA

 Cette statue d'un Oni, datée par thermoluminescence, est la seule statue de "bronze" en pied intacte qui ait été trouvée à ce jour à Ifé.
Il porte les insignes royaux traditionnels ; une couronne, un lourd collier de perles autour du cou, un grand collier de perles plus lourd autour du torse, des rangs plus fins sur la poitrine avec au milieu un noeud double qui semble être un insigne de royauté.
Dans la main gauche, il tient une corne de bélier remplie de substances magiques (appelée ashe) et, dans la droite, un sceptre fait de perles et d'étoffes qui symbolisent sion autorité et son pouvoir.
La tête représente le quart de la hauteur totale de la statue, soit  des proportions caractéristiques de la sculpture d'Afrique occidentale







      " A l'époque, nul n'étudia le site, mais l'Oni conserva la plupart des têtes.
Le professeur William Bascom, qui est désormais directeur du Musée Robert H Lowie d'Anthropologie de l'Université de Californie à Berkeley, en acheta deux et un anglais qui travaillait pour un journal appartenant à un groupe britannique du Nigeria, le Daily Times, en acquit une autre. 
Les deux premières finirent par être restituées au Nigeria à l'instigation de l'Inspecteur des Antiquités, Kenneth Murray.
Quant à celle de Mr Bates, elle fut revendue à Sir Kenneth Clark (devenu depuis Lord Clark) qui en fit don au British Museum où on peut encore l'admirer.
A parrtir de 1938, l'Oni d'Ifé manifesta un certain intérêt pour ces oeuvres.
Chaque fois que l'on en trouvait en construisant une maison, en creusant dans une ferme ou en déplaçant de la terre pour une raison quelconque, on les portait au palais pour les placer sous bonne garde.
L'Oni commença à se rendre en personne dans les sanctuaires et les lieux sacrés où l'on conservait normalement les oeuvres et les ramena dans son Palais.

 47.  Tête XII è - XV ème s. Terre cuite  : h. 25cm 
                         Champ d'Iwinrin. Ifé. National Museum Lagos.
 Cette tête provient d'un champ situé en bordure d'ifé et qui recélait, à l'origine, un nombre important de sculptures en terre cuite parmi lesquelles figuraient plusieurs statues en pied grandeur nature mais a été conçue comme une pièce isolée Elle porte un bonnet analogue à celui des numéros 48 et 49.
La tête est en outre entourée d'un bandeau avec trois ornements semblables à des grelots (l'un d'entre eux a disparu) en relief au-dessus des sourcils.

 49. Tête qui représenterait l'usurpateur Lajuwa.
                                                       XIIè - XV ème siècle
 Palais de l'Oni Ifé. Museum of Ifé Antiquities.
Les sculptures en terre cuite d'ifé sont beaucoup plus nombreuses et variées, sur le plan du style et des sujets, que les fontes en métal.
Cette fine tête, conçue comme une pièce isolée, témoigne du soin particulier apporté à la texture des cheveux et au bonnet.
On raconte qu'elle n'a jamais quitté le palais royal et qu'elle représente l'usurpateur Lajuwa qui s'empara du trône à la mort  de l' Oni Aworokolokin.
Elle ressemble de très près aux têtes de Wunmonije Compound et présente les caractères typiques du style d'Ifé ; la paupière supérieure qui recouvre le coin de la paupière inférieure, le bord de la paupière supérieure souligné par une incision : les lèvres bordées d'une ligne en relief ; les commissures marquées en creux et les rainures autour du cou.

 53.
Même desciptif.    National Museum Lagos 
Comme beaucoup de têtes d'Ifé en terre cuite, cette pièce porte un trou dans le bonnet perlé dans lequel on mettait sans doute une crête, ou peut-être une plume d'aigrette.
Elle est dans un état particulièrement bon

 50. Tête de Reine
                           XII- XV ème s.
                                              Terre cuite 
                                   Ita Yemmoo.Ifé. Museum of Ifé Antiquities.
Cette tête, qui faisait initialement partie d'une statue en pied, est la plus raffinée de toutes les têtes en terre cuite qu' l'on ait trouvées jusqu'à présent à Ifé.
La couronne complexe à cinq étages ornée de perles indique qu'elle représente une reine.
Des traces de peinture rouge et blanche subsistent sur la couronne.
Il reste aussi de la peinture rouge sur les colliers, les lèvres, les oreilles et le front.
La couronne comportait une crête qui s'est brisée.

 " Ces oeuvres d'art constituèrent les premières pièces de la collection du Musée d'Ifé pour lequel l'Oni fit don d'un emplacement à l'intérieur même de son Palais.
Les premières fouilles scientifiques d'Ifé furent entreprises à Abiri en 1949.
Les plus fructueuses eurent lieu en 1953, sous la direction de Bernard Shaw et William Fagg et de John Goodwin qui passérent au crible les lieux sacrés d'Osangangan Obmakin, d'Olokun Walode et d'autres sites où ils découvrirent des fragments de sculptures complètes ensevelies avec d'autres objets de facture plus récente.
Cela leur permit de conclure qu'il s'agissait là de sites secondaires.
La principale fouille suivante fut menée en 1957 à Ita Yemoo ou furent mises à jour une série de sculptures cassées dont l'une représente une reine.
 ( ci-dessus) 
La découverte de ce site fut totalement accidentelle : en construisant un baraquement, des ouvriers trouvèrent un groupe de personnages en bronze  (44 et 46 ci-dessus).
 Le Département fédéral des Antiquitées invita Frank Willett à venir effectuer des fouilles scientifiques sur le site. Willett commença ses recherches au cours de la saison 1957-58 et découvrit,  à proximité de l'emplacement où les premiers bronzes avaient été mis à jour, des sculptures en terre cuite
 ( 50 ci-dessus) dans un sanctuaire dont les murs devaient être en torchis et le toit en chaume.
Le tout avait été vraisemblablement  dô être détruit par le feu lors d'hostilités"

                                                                      à suivre
     
         

dimanche 29 janvier 2017

L'art d'Ifé

 Nous avons vu les poteries de Nok, les bronzes de Igbo-Ukwu et nous passons maintenant aux magnifiques têtes en laiton ou en cuivre d'Ifé.



 41.  Masque qui représenterait l'Oni Obalufon. XII è - XV ème siècle.
Cuivre  : (près de 6 kg) h 29,5 cm Palais de l'Oni. Ifé. Museum of Ifé Antiquities
 Malgré son poids ce masque avec des fentes sous les yeux était clairement destiné à être porté. C'est une oeuvre remarquable en cuivre pur, métal particulièrement difficile à fondre  quand il n'est pas mélangé avec d'autres métaux. Pour obtenir une fonte aussi parfaite, on a dû fixer le moule sur le creuset contenant le métal afin que celui-ci puisse s'écouler en ayant le moins de contact possible avec l'air. Selon la yrdition, ce masque représenterait l'Oni Obalufon qui aurait introduit l'art de la fonte à Ifé.


   "Ifé ou plus excactement Ilé-Ifé est depuis des siècles une cité importante pour le peuple Yoruba.
Selon leur tradition d'origine, le grand Dieu Olodumare envoya sur terre seize dieux mineurs pour y amener la vie, dont Oduduwa, qui fonda Ifé et devint son premier roi ou "Oni".
On ne sait pas exactement quand  ce que nous appelons l'art d'Ifé  a commencé à se développer mais la datation par le carbone 14 fixe entre le XI ème et le XV ème siècle le plein essor de cet art.
Il est intéressant de noter qu'on a aussi trouvé sur les sites qui ont permis d'obtenir ces dates des pavés en tessons.
Selon la tradition, une femme Oni nommée Oluwo sortant avec tout ses joyaux pour se promener par un jour pluvieux fut aspergée de boue.
Cela la rendit tellement furieuse qu'elle donna l'ordre de paver de tessons tous les hauts lieux publics et religieux.
On trouve effectivement des pavés à travers tout Ifé.
On en a mis à jour en plusieurs endroits, notamment à Ita Yemoo, Lagofido, dans le pays Olabara et à Woye Asiri.
Il semble cependant qu'ils ne proviennent pas de rues mais plutôt de cours intérieures et de corridors 
Nous ignorons quand a été découverte le tête d'ifé qui se trouve actuellement au Brooklyn Museum.
Tout ce que nous savons, c'est que le British Museum en a reçu le moulage en plâtre en 1910.




                                  copie de la tête d'Olokun

L'histoire de ses pérégrinations entre Ifé et l'Amérique en passant par Londres reste mystérieuse.
Celui que l'on peut l'inventeur de l'art d'Ifé est Léo Frobenius, ethnologue allemand qui dirigera une série d'expéditions en Afrique au début du siècle.
Il avait entendu parler d'une cité ancienne où l'on vénérait la déesse de la mer
.


39.  Tête d'un Oni
Laiton à teneur en zinc Wunmonije Compound Ifé Museum of Ife Antiquities
Etant très féru de la Grèce, où existe le dieu de la mer, Poséidon, et de Rome, où il s'intéressa   donc à cette divinité africaine appelée Olikun.
Il arriva à Ifé en novembre 1910 pour se mettre à la recherche de cette fameuse tête d'Olokun.
La population d'Ifé lui apprit que les têtes sculptées étaient enterrées au pied d'arbres géants d'où on les exhumait quand on  en avait  besoin pour les rites.
Il passa un arrangement avec eux pour se rendre sur palce et faire des fouilles.
Dès qu'il vit la tête en bronze d'Olokun, il proposa de l'acheter pour six livres sterling plus une bouteille de Scotch et un verre. Ce haut fait parvint aux orilles de l'administrateur du district, Charles partridge, qui se rendit à ifé pour l'empêcher de sortir l'oeuvre du pays.
Frobenius la restitua à ses propriétaires et récupéra ses six livres (nul ne se souvient de ce qu'il advint du Scotch et du verre).
Il réussit quand même à quitter le Nigeria vec une quantité de têtes en terre cuite qui appartiennent désormais au für Völkerkunde de Berlin, en République fédérale d'Allemagne.




  40. Tête d'un Oni XIIè XV ème siècle
                                            Laiton à teneur en zinc h.29,5 cm
              Wunmonije Compound. Ifé Museum of Ifé Antiquities
 Ces têtes étaient utilisées lors des cérémonies de la seconde inhumation peu de temps après l'enterrement du roi.
Cette tête portait la couronne du roi défunt et était fixée sur un corps en bois par deux trous pratiqués  sous le cou. Le ruruel était destiné à montrer que, même si le roi était mort, le pouvoir continuait.
Après les avoir utilisées, on les ramenait sur un autel à l'intérieur du palais.
Au début du XIX ème siècle, le palais fut réduit et un complexe qui porte le nom de l'oni Wunmonije fut édifié sur le site.
 
Mais la tête d'Olokun décrite par Frobenius n'est plus représentée que par une copie.
Nul ne sait où se trouve l'original.
Il est possible qu'il se soit arrangé ultérieurement pour la faire remplacer par une copie."

                                                 à suivre
       
http://www.ankhonline.com/ankh_num_18_19_20/ankh_18_19_20_t_obenga_leo%20frobenius%20et%20l'afrique.pdf


samedi 28 janvier 2017

suite de l'art Igbo-Ukwu

 "Le site d'Igbo-Ukwu est celui qui a été étudié avec le plus de soin et qui a donné lieu au plus grand nombre de publications en Afrique.
De nombreuses années ont été consacrées à assembler les preuves en procédant à des anlyses chimiques et spectrographiques approfondies des matériaux.
Le site sur lequel Isiah Anozie avait  découvert ses premières pièces fut prospecté, de même qu'un autre site sur l'habitation de son frère, Richard Anozie, où d'autres bronzes furent dédouverts. En 1964, lorsque Shaw exerça à l'Université d'Ibadan, il ditigea une troisième fouille chez un autre frère Anozie, Jonah.
Les trois sites ont donc été baptisés Igbo Isaiah, Igbo Richard et Igbo Jonah.



  16. Pot sur pied dans un filet IXème-Xème siècle
                     Bronze à teneur en plomb h.32,3 cm
                        Igbo-Isaiah, Igbo-Ukwu. National Museum Lagos .
Cet élégant récipient a été mis à jour dans les vestiges d'un dépot rituel.
Techniquement, c'est la fonte la plus complexe d'Igbo-Ukwu.
Il se compose d'un pot à eau sphérique allongé fondu sur un pied ajouré tous deux recouverts d'un filet à doubles noeuds aux points de jonction.
La présence du pied, comme celle du piedestal du numéro 15, reflète peut-être une tradition qui a continué à se perpétuer  dans cette partie du Nigeria selon laquelle l'eau sacrée ne doit pas toucher la terre avant d'être utilisée dans les cérémonies rituelles.

   "C'est à Igbo-Ukwu qu'on a trouvé  les autres pièces du principal groupe de bronzes.
On voyait qu'initialement elles étaient disposées en rectangle très près de le surface ; on les avait laissées dans une petite construction spécialement destinée à cet effet, peut-être un autel, mais plus vraisemblablement un dépot d'objets rituels (fig4).
Sur le second site, Igbo Richard, on a découvert la chambre mortuaire d'une personnalité de haut rang.
Le corps avait été assis sur un tabouret.
Il portait une couronne, un plastron et des bracelets et tenait un éventail et un chasse-mouche:







 36. Igbo Richard,

 Manche du chasse-mouche retrouvé dans la chambre mortuaire.

 Le cheval et le cavalier ne sont pas rendus de façon naturaliste mais exécutés avec le même souci du détail décoratif que toutes les oeuvres d'Igbo-Ukwu.

Témoins, le costume et le harnachement du cavalier, sa coiffure, sa ceinture, sa bourse et le chasse-mouche qu'il tient dans la main droite, ainsi que l'ensemble des motifs variés qui ornent le cheval et le manche lui-même.


 National Museum de Lagos
















31
Pendentif représentant une tête humaine.
 IX ème-Xème siècle
Igbo Isaiah Igbo-Ukwu
National Museum, Lagos.

Cette petite tête est une des rares représentations humaines trouvées à Igko-Ukwu.
Elle fait partie de la même catégorie d'objets que les pendentifs représentant deux oeufs et des têtes d'animaux (n° 32,34) Les marques scarificatoires en relief ont une disposition que l'on retrouve sur le cavalier du numéro 36







34.- Pendentif représentant une tête d'éléphant

Ce pendentif en forme de tête d'éléphant arbore un motif décoratif losangique marqué par les lignes de granulations en relief.
la trompe et les défenses ont une courbure accentuée.
La comparaison de cette oeuvre  avec la tête d'éléphant de Nok (n° 13) démontre clairemet que les artistes d'Igbo-Ukwu rerésentaient les formes de la nature de manière schématique mais aussi selon une décoration très raffinée.


  " Ses bras avaient été soutenus par des supports métalliques plantés dans le sol. Une canne avec un crâne de léopard au sommet était posée derrière lui.
On a également retrouvé plus de dix mille perles dont certaines avaient dû orner ses vêtements.
Sur le toit de la chambre mortuaire, cinq corps au moins avaient été inhumés en sacrifice.
 Selon toute apparence, le mort était un personnage important.
Les Igbo actuels n'ont généralement pas de chef politique, mais un ou deux notables religieux.
L'un d'eux est le Eze-Nri.
Or, le site d'Igbo-Ukwu  se trouve dans cette région qur laquelle il exerce cette autorité religieuse.
Il est chargé de veiller à ce que le sol soit fertile et d'aider à trancher les conflits, notamment ceux qui concernent le système de transmission des titres.
Shaw ne pense cependant pas que ce soit la tombe d'un Eze Kri car on les enterrait assez simplement.
Il pense plutôt à un Ozo, détenteur d'un haut titre qu'on inhumait en grande pompe.

32-.  Pendentif aux deux oeufs (même descriptif) 
Ce pendentif insolite représente un oiseau posé sur deux gros oeufs réunis par un arc décoré.
Trois mouches sont représentées sur chaque oeuf .
L'oiseau regarde vers le bas d'un air protecteur.
 Ses ailes décrivent une vaste courbe loin du corps et se réunissent sous la queue.
Les yeux vigilants sont particulièrement proéminents.
Sur la face postérieure de chaque oeuf court, sur toute la longueur, une rangée de boucles auxquelles sont attachées des chaînettes de fer avec des perles et des grelots.

    "Le troisième site, Igbo Jonah, est une fosse ancienne dans laquelle on avait placé une poterie très décorative et donc sans doute rituelle, ainsi qu'une fine chaîne en cuivre, plusieurs bracelets, six ornements de bâton de commandements et plusieurs autres objets.
Où et comment les bronzes d'Igbo-Ukwu et leur technique ont pu être introduits dans cette société reste une  des énigmes de l'histoire de l'art nigerian.
Tous les objets retrouvés ont un dessin raffiné et sont réalisés avec une parfaite maîtrise du procédé de fonte à cire perdue.
Bien que ces oeuvres soient faites dans un alliage de cuivre d'étain et de plomb, on les nomme "bronzes" conformément à la tradition qui prévaut en histoire de l'art.
On parle également de "bronzes" pour les oeuvres en alliages de cuivre dans les environs immédiats.
On pense donc que la traite de ce métal était pratiquée depuis  l' Afrique du Nord, à travers le Sahara, et que l'étain provenait du plateau de Jos.
Ou bien alors que le cuivre, l'étain et le plomb étaient fondus en Afrique du Nord ou en Europe et ce bronze vendu par des marchands venus de l'autre côté du Sahara.
Lers perles avaient certainement une grande importance dans cette culture, car on en a  retrouvé plus de soixnte mille sur le seul site d'Igbo Asaiah.
Elles ont été analysées par des experts qui ont établi que leur composition ressemblait à celle des perles d'Ifé et qu'elles provenaient probablement du monde islamique. A l'époque, ces perles devaient valoir très cher ; les gens d'Igbo-Ukwu échangeaient sûrement les matières utilisées pour leur fabrication contre des esclaves, de l'ivoire, du poivre ou d'autres épices de la région forestière.

  On a daté Igbo-Ukwu du IX ème siècle mais l'une des datations indique le XV ème siècle.
Shaw pense que les quatre datations au carbone 14, qui indiquaient le IX ème siècle, se recoupaient et devaient être acceptées.
Cett date a été contestée par Babatunde Lawal qui pense que la citerne Igbo-Ukwu ne peut antérieure au XV ème siècle pour deux raisons : d'une part, à cause de l'état de conservation des textiles retrouvés avec les objets et d'autre part parce que les manilles ou bracelets trouvés sur le site n'ont été introduits comme monnaie en Afrique occidentale, par les Portugais qu'au XV è siècle.
Une tradition raconte néammoins qu'à l'époque, les populations qui vivaient dans le delta du Niger avaient déjà l'habitude de trouver des manilles dans le fleuve et avaient demandé aux Portugis de les copier.
Si la datation du IX è était confirmée, elle nous donnerait une vision tout à fait nouvelle de l'ouverture de l'Afrique sur le monde extérieur.
En effet, on a souvent affirmé que la ceinture forestière de l'Afrique occidentale était impénétrable jusqu'à l'arrivée des Européens.
Or, si la datation du IX ème siècle est fermement  établie, cela signifie que la région était ouverte au commerce avec le monde oriental, d'une part, mais aussi avec l'Europe méridionale de l'autre.


 37 et 38 mêmes lieux,  mêmes dates : médaillon serpentiforme et support de poterie

https://aaa.revues.org/284

 http://link.springer.com/article/10.1007%2FBF01117219












vendredi 27 janvier 2017

L'Art Igbo-Ukwu

Nous quittons momentanément les poteries de Nok pour découvrir les superbes bronzes  d'Igbo-Ukwu.
L'art  de conter d'Ekpo Eyo fait partie du plaisir du récit :  la découverte, ses circonstances, l'analyse des oeuvres, leur devenir.....

 15. Vase sur piédestal.  IX ème - X ème siècle
                                                    Bronze à teneur en plomb.h 23,cm
             Présumé Igbo- Isaiah, Igbo-ukwu. National Museum .Lagos.
  Les motifs décoratifs du vase sont répétés sur le piédestal : une bande de triangles hachurés et une bande avec des représentations d'insectes (mantes, scarabées et criquets) et des spirales ajourées. La bande plus large, au centre du piédestal, est décorée par un dessin dense de losanges avec des cercles sur un fond granité.
Le récipient à été fondu en deux parties que l'on a assemblées à la bande centrale d'insectes et de spirales, par une nouvelle fonte.

         " Comme toutes les grandes découvertes archéologiques, l'art d'Igbo-Ukwu a été trouvé par hasard.
En 1938, Isaiah Anozie, habitant du village d'Igbo-Ukwu proche d'Akwa, au Nigeria oriental, creuse derrière sa maison une citerne pour collecter les eaux de pluie.
Dans cette région où règne pendant presque toute l'année, une grande sécheresse, on emmagasine souvent l'eau pendant la saison des pluies pour pouvoir l'utiliser plus tard en cas de besoin .
En creusant sa citerne, il tomba sur une série de bronze enfouis à une soixantaine de centimètres de profondeur.


 19. Bol. IX ème-Xème siècle Bronze à teneur en plomb : 26 cm  N M. Lagos
 Ce bronze est de ceux qui furent mis à jour à Igbo-ukwu en 1938.
 L'homme qui l'avait découvert, Isaiah Anozie, l'utilisa pour abreuver ses chèvres jusqu'à son acqusition en 1954, par Kenneth Murray, Directeur du Département fédéral des Antiquités.
Sa décoration, des bandes de motifs quadrilobés, de losanges, de pastilles et de listels, alternant avec des bandes unies, est typique de l'art Igbo-Ukwu.

   "Il ignorait la signification de ces bronzes, ses voisins également, mais ils en prirent tous des exemplaires parce que ils les considéraient comme une "bonne médecine". Encore six mois plus tard, l'administrateur britannique adjoint du district, J.O Field, lui acheta une quarantaine de pièces qu'il montra au Département fédéral des Antiquités.
Le Commissaire du district, F.W Carpenter, se rendit également sur le site et recueillit la plupart des pièces que les voisisns d'Isaiah Anozie s'étaient appopriées.
Carpenter sut reconnaître la valeur de ces bronzes et les envoya à Kenneth Murray qui était à l'époque  Inspecteur des Antiquités de Lagos.
Certaines furent expédiées au British Museum, à Londres, pour y être analysées.
Plus tard Murray se rendit lui-même sur place et récupéra d'autres pièces qu'on peut actuellement admirer dans les muéses nigerians.
Il estimait que le site devait faire l'objet de fouilles scientifiques, mais celles-ci ne commencérent qu'en 1958, sur les instances du Département fédéral des Antiquités, Bernard Fagg qui réussit à convaincre le professeur Thurstan Shaw de venir d'Angleterre pour les diriger.
Shaw travailla de novembre 1959 à février 1960.
 Tous les objets mis à jour sont demeurés la propriété du Département fédéral des Antiquités du Nigeria.

  27. Sommet de hampe.  IXè-Xème s. Bronze à teneur en plomb. 17,5 h

           Présumé Igbo-Ukwu Igbo Isaiah. National Museum de Lagos

Des oiseaux finement détaillés, des petites granulations et des perles de couleurs variées décorent ce grand ornement cylindrique conçu comme partie centrale de la hampe.
Plus de soixante mille perles ont été trouvées dans les fouilles d'Igbo Isaiah
26. Même descriptif
A l'origine, ce sommet de hampe devait être revêtu de perles de différentes couleurs enfilées dans des ouvertures pratiquées dans le métal pour former des lignes soulignant le motif décoratif complexe.
Quatre circonvolutions en forme de serpents tournés vers le haut et vers le bas, en alternance, constituent le détail le plus apparent de ce motif.
Il manque la partie centrale placée au sommet.

                                                                                       à suivre



jeudi 26 janvier 2017

suite de l'art Nok

 Après avoir suivi la lecture du texte d'Ekpo Eyo, je poursuivrai avec les textes de Frank Willett dans la deuxième partie du catalogue ; c'est une vision différente dont Ekpo Yepo nous avait d'ailleurs prévenu.
Je ferai en sorte qu'il n'y ai pas de "redite".
  Vous verrez il y a des récits dramatiques !......

                          Tête d'éléphant : - 500 avant J.C. - 200 ap J C Terre cuite
              Mine Agwazo près de Nassarawa. National Museum, Jos.
L'articulation de cou de cette tête d'éléphant, avec ses grandes oreilles, sa trompe striée et ses yeux stylisés typiquement Nok, suggère qu'elle était rattachée à une colonne vertébrale verticale, ce qui pourrait indiquer que l'animal était aussi assis sur son arrière-train.

    "En ce qui concerne leur religion, nous ne pouvons que nous livrer à des conjonctures.
Divers animaux sont représentés : un éléphant, des serpents, des singes, une tique , etc.
Ces représentations correspondent-elles à une simple description du monde dans lequel ils vivaient ou s'inscrivaient-ils dans un système de croyances ? Le professeur Frank Willett émet dans ce catalogue une hypothése qu'il formule avec uns certaine réserve ! ils avaient peut-être décidé de ne pas figurer les étres humains avec le même réalisme que les animaux parce que ils croyaient à la sorcellerie.
C'est plausible, mais la figuration détaillée des animaux peut également laisser supposer que ceux-ci jouaient un rôle important dans les croyances religieuses de ce peuple, comme c'est le cas pour nombre de civilisations dans le monde.
Le milieu naturel dans lequel cette culture est née n'est à l'heure actuelle pratiquement plus que savane. Il en allait  sans doute de même à l'époque, bien que l'on sache avec certitude que la région forestière du sud s'étendait autrefois beaucoup plus au nord.
Les débris végétaux retrouvés dans les dépôts humidifères permettent de supposer que la région était plus  boisée  qu'à l'heure actuelle ; mais d'autre part les débris végétaux de Nok ayant été trouvés dans les alluvions des lits de fleuves asséchés, on peut également présumer qu'ils provenaient d'arbres qui poussaient sur les rives où vivait ce peuple.

  Nous savons que c'était un peuple d'agriculteurs.
En effet, on a retrouvé plusieurs meules qui servaient à moudre le grain ainsi que deux fragments de terre cuite qui représentent une houe ou une hache placée sur l'épaule d'un cultivateur.
On a également trouvé dans les sédiments de Nok certaines oléagineuses appelées "atili" dans la région. Il est donc possible que les habitants de Nok cultivaient les plantes qui donnaient ces grains pour en extraire de l'huile.
Nous savons en outre que les artisans de ces oeuvres sont les plus anciens fondeurs de fer connus au sud du Sahara.
On a retrouvé des scories de fourneaux et des tuyères en terre prouvant qu'ils maîtrisaient très bien cette technique .
 Les pièces de Nok sont très raffinées.
Le choix et le traitement des personnages et des animaux obéissaient à des critères spéciaux et très complexes.
Les artistes savaient choisir la qualité d'argile appropriée, la mélanger avec les matières qui convenaient et cuire à la perfection les objets avec une solidité qui leur a permis de se conserver plus de deux mille ans.
De plus, ils étaient capables de traduire à la fois leurs concepts et les choses réelles qu'ils voyaient dans la nature en formes concrètes d'une grande puissance et d'une grande beauté.

   12.  Fragment avec personnage : 500 av J.C - 200 ap J C. Terre cuite Kutofo        National Museum Lagos.
  Ce peut-être un fragment cassé d'une poterie  ou un élément décoratif d'une plus grande oeuvre.
Il présente les caractéristiques typiques de l'art de Nok : yeux, narines et oreilles marqués par des trous ; profusion de perles sur les bracelets portés au-dessus du coude, anneaux de cheville et colliers ; coiffure élaborée avec des anneaux au sommet de la tête et des tresses sur les côtés.
La barbe saillante est aussi typisue.
Les colliers sont portés selon le même arrangement et comparés avec la disposition des bijoux sur certaines terres cuites et sur certains personnages en bronze d'Ifé.

 9. Homme agenouillé. 500 avant J.C - 200 apr J.C Terre cuite
                     Bwari près d'Abuja. National Museum. Lagos
En dépit de sa petite taille, ce personnage superbement détaillé illustre l'importance des bijoux dans la culture Nok.
 L'homme agenouillé semble littéralement ployer sous le poids de ses bracelets, de ses anneaux de cheville, de la lourde ceinture qu'il porte autour de la taille, du lourd collier qu'il a autour du cou et des multiples rangs raffinés de perles drapés sur sa poitrine et son dos.
La coiffure se compose de six petites coques et tresses en bas de la nuque.
Le trou percé de bout en bout près de la tête et de la taille suggère que ce personnage peut avoir été porté comme pendentif.

   "Le peuple qui a produit ces oeuvres aimait les ornements. Trois personnages en pied (9.10 et 12) montrent avec quelle profusion les perles étaient utilisées, tout comme à Ifé, plus tard.
Ils accordaient beaucoup de soin aux coiffures; le bandeau strié et les coques en sont de bons exemples.
Ils se paraient aussi abondamment de perles, on en a retrouvé des centaines en quartz, avec le matériel utilisé pour les fabriquer.
Ils employaient une technique très ingénieuse qui consistait à les meuler en forme de cylindres dans des rainures pratiquées dans la pierre et à percer les trous avec des outils en fer.
 Les oeuvres de Nok présentées dans cette exposition datent de 500 av J.C.
Cette datation ne doit pas être considérée comme absolue, dans la mesure où deux dates au moins ont montré que cette culture aurait pu avoir commencé dès l'an 900 avant J.C.
Si cette dernière datation n'est pas unanimement acceptée, c'est pout la simple raison qu'elle a été obtenue à partir de sculptures en terre cuite.
Or le style de ces sculptures est tellement raffiné qu'elles ont nécessité une longue maturation.
A mon avis, la quetion de savoir si la culture Nok peut être plus ancienne qu'on a tendance à le croire reste en suspens.







10. Femme portant une capuche
Milieu du V è siècle avant J
Terre cuite : provenance inconnue National Museum. Lagos.
 Autre statuette en pied, comme le numéro 9, d'un personnage féminin monté sur une base représentant une composition de deux visages, Janus, motif qu'on retrouve sur d'autres pieces Nok.
Le visage a des traits tout à fait Yoruba.
L'ensemble de la pièce a une ressemblance générale avec un masque "epa" utilisé à l'heure actuelle par les Yoruba d'Ekiti.

La femme dont les mains et les avant-bras ont disparu, portait un enfant contre la poitrine et la taille.

Sa tête est couverte d'une capuche qui devait être en peau d'animal et qui tombe dans le dos et est surmontée d'un petit bonnet.
Cette pièce a été datée par thermoluminescence environ du milieu du V è siècle av J.C.

Le professeur Willett insiste sur le rapport existant entre l'art Nok et celui d'Ifé sur lequel nous reviendrons ultérieurement.
Il pense que l'art d'ifé est dérivé de l'art de Nok par le biais d'un culture apparente ou par une autre origine commune, car tous deux produisaient des oeuvres en terre cuite, et en bronze pour Ifé, presque grandeur nature.
Il souligne également qu'il existe des ressemblances de style entre ces deux expressions artistiques.
Il est vrai que certaines oeuvres Nok sont, comme celles d'Ifé, assez naturalistes.
Quoi qu'il en soit, la plupart des objets, et ils sont nombreux, sont très stylisés.
S'il est difficile d'accepter la théorie de la filiation directe de l'art d'Ifé avec celui de Nok, c'est à cause de la distance qui les sépare tant dans l'espace que dans le temps.
Il me semble qu'il manque un maillon entre ces deux cultures sur lequel nous ignorons encore presque tout." 
                                                      Ekpo  Eyo