vendredi 19 juin 2015

Girafawaland

C'est en Afrique occidentale et plus précisément dans le pays qu'on appellera très vite de Girafawaland que le peuple pacifique des Girafawaras vivait en totale symbiose avec la Nature tout en entretenant un lien mystérieux avec les girafes omniprésentes. En 1912, deux aristocrates anglais, Marmaduke Lovingstone et Douglas Pawlette, découvrent cette terre au terme de multiples investigations. Sous fond de choc des cultures et d'amour impossible, leurs aventures rocambolesques sont rapportées au fil des lettres que Lovingstone envoie à Emma Pawlette, restée en Angleterre.


Mais l'émerveillement de la découverte laisse rapidement place aux désirs hégémoniques, à l'exploitation et à la division jusqu'à sombrer dans la folie destructrice.

               Y croyez-vous encore?

Quelques indices ne peuvent pas vous tromper, le nom de l'explorateur, les défenses de la girafe.
C'est un gros gag, une parabole poétique et humoristique de la colonisation, et je vous assure, ceux qui ont monté cette exposition ont dû prodigieusement s'amuser !!!






Je ne pourrai pas tout vous montrer mais ce qui m'a le plus amusé.








 Ma passion pour les vitraux récompensée !!......















Il faut avoir de l'imagination pour penser à une "Girafe de Troie" !!!







et tout à l'avenant, comme on dit !!!









http://www.toulousebouge.com/expositions/agenda-expositions/52975-il-etait-une-fois-girafawaland.html

mercredi 17 juin 2015

Stairs art




Ce n'est plus du street art, c'est plus que cela,
quand on monte un escalier au Museum, en compagnie d'animaux géants et
sympathiques, en route vers une expédition  de "Lovingstone"..........



http://france3-regions.francetvinfo.fr/midi-pyrenees/2014/09/09/le-street-art-s-invite-au-museum-de-toulouse-546946.html




















Demain, nous partirons pour la Girafawaland.




Exploit

                 Se lamenter sur le temps passé?

                                                          le temps perdu?

il y en a qui se retroussent les manches et remontent ce qui s'est écroulé.

Au premier jour c'est "le salaire de la peur" un camion de 10 mètres lancé sur des chemins improbables, qui hisse jusqu'à 1200 mètres, 27 tonnes de matériaux; le lendemain c'est "apocalypse now", cachée sous les arbres pour photographier au plus près les rotations de l'hélicoptère venu de Lourdes.

Non, les orages ne nous avaient pas lâchés et les mânes des ancêtres de cette vallée, que j'avais invoquées ont bien intercédé en notre faveur.

J'avoue que j'aurais aimé savoir danser "la Danse du soleil".

Le camion a pu monter avant que la piste ne soit changée en torrent et l'hélico a volé au moment d'une courte fenêtre de répit.
Il n'y a que les "fous de montagne", les inconditionnels de la solitude, les amoureux des beaux sites ancestraux, témoins de la vie et des travaux des anciens, pour se lancer dans pareilles aventures.

                encore sur la Nationale, 18 mètres en tout avec la remorque                 





premiers virages, la bétonnière sur la remorque du "Défender"











                                     déchargement sur un pré plat et il n'y en a pas beaucoup!

attente impatiente de l'hélicoptère qui enfin arrive


et se pose, plus une minute à perdre après le briefing









 les rotations vont s'enchaîner et la dépose des matériaux 200 mètres plus haut.













Fin réussie du 1er acte

                    en hommage aux anciens disparus, mon petit bouquet de la St Jean



vendredi 12 juin 2015

Résurgences intimes


                                                    lavoir de Gondrin, sans les chemises...

Voilà des artistes qui conjuguent à merveille "Nature et Art"
 Ces trois là exposent à l'Artothèque de Gondrin (Gers)


Eliane Monnin
Jana Lottenburger
Luc Medrinal


on change de département  et dans les prochains jours, j'ai aussi prévu de rendre visite à d'autres céramistes.

Je  ne ferai pas mieux que de leur laisser la parole.

https://www.youtube.com/watch?v=MPBEVe9SSJ8


jeudi 11 juin 2015

Plus de poutous que de prières

                             Mai de potos que de pregarias

 Il faudrait déjà que je vous dise que des poutous ce sont des baisers, et j'aurais beaucoup de mal à illustrer ce chapitre !....
pour ceux que cela offusquerait je rappelle que "la liberté" était relativement élevée dans les Pyrénées centrales en comparaison d'autres régions à la fin du XIX ème et la première moitié du XX ème.
Les divertissements sexuels des célibataires des deux sexes étaient chose fréquente et admise, dans la nuit complice de la St Jean.
 Célébrer les rites de la fertilité donnaient sans doute matière à la mettre en pratique !!!!....
 Je vais donc m'atteler à la rédaction  de ce récit:

      "L'instruction publique populaire touchant l'origine et la façon de faire le feu de la Nativité de Saint Jean Baptiste pour en oster les abus et les supestitions"
fut rédigée en 1665 sous forme d'un catéchisme.
A la question "Qui sont les abus qui se sont introduits en la suite des temps en cette cérémonie?"
la troisième parmi les réponses désigne:
"Lers dissolutions qui se passent dans la nuit à l'occasion du feu, tant en actes qu'en paroles, des jeunes gens abusant de cette lumière pour y commettre avec insolence des oeuvres de ténèbres et de péchés'.
Il faut croire que l'Instruction  est restée sans grand effets dans les Pyrénées Gasconnes où l'on a, semble-t-il, continué à commettre des "oeuvres de ténèbre et de péchés" le soir de la Saint Jean, si l'on en juge d'après les témoignages recueillis.....................................................................................................................
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Lorsque le repas et le bal étaient faits uniquement à usage de la jeunesse, les témoignages sont nombreux qui montrent qu'il y avait joyeux défoulement dans la nuit de Juin. Dans les villages sités vers 700 ou 800 mètres d'altitude, il semble que la jeunesse passait la nuit de Saint Jean plus haut, dans les estives.

Dans le Haut-Nistos, les jeunes quittaient le village car .." je l'ai entendu dire par mon père, ils faisaient un bal à la montagne, même que c'était plus vieux que lui.
Ils appellaint ça la Laque de Moscaro; ça fait un plat" (François Verbizier, né en 1933, Sausset-Nistos).

Les récits concernant les réjouissances ne sont pas toujours franchement explicites. On manie le mot avec précaution en procédant par allusions prudentes. Mais on dit quand même ce que l'on a à dire.
 Ainsi à Jouan d'Araou, en Couserans, j'ai à peine évoqué la présence d'une éventuelle "liberté" pendant la fête nocturne qu'un grand:"Oh oui! Oui Oui!" jaillit de l'assemblée (les grands parents, un oncle- nés en 1909 et en 1910- et les deux petits fils).
Mais c'est avec des hésitations et des petits rires gênés que l'on continue:
" Oh ils faisaient tout, enfin.... tout ce qui fait partie de la vie.
Les contacts entre eux... Bon Eh! Eh!.
Dans l'Aspétois, Jeanne (née en 1903) parle de la liberté solsticiale comme d'un fait banal et son récit n'a rien de la confidence et encore moins de l'aveu
" J'ai perdu mon pucelage un soir de Saint Jean. Et ma mère n'a rien dit parce que c'était la Saint Jean".
La très vieille Lucie Boué, la "Mègno" née en 1871 a cent ans de souvenirs derrière elle.
Ou plutôt en elle, car sa mémoire est bonne.
C'est sur le ton de la sentence qu'elle me répète plusieurs fois:
"On dormait pas beaucoup le soir de la Saint jean. Non, on ne dormait pas. Y avait trop à faire".
et elle répète "Y avait trop à faire" avec un petit rire qui en dit sans doute long pour elle mais qui ne fait que suggérer pour son interlocuteur.(Malvezie, 1972).

Sidonie Saint Martin, elle, née en 1913, jamis à court  d'un dicton ou d'une formulation proverbiale, affirme avec un sourire, sur un ton qui feint d'être offusqué mais qui est jubilatoire:

                "Après eth huec, qu'avio mai de potos que de pregarias"
                                           Après le feu il y avait  plus de poutous que de prières.

http://w3.uohprod.univ-tlse2.fr/UOHBIODIV/ESS03.html

Semaine prochaine chargée, je ne vous oublie pas  et il y aura peut-être des surprises  !!! ? si les orages nous lâchent !

Phytothérapie solsticiale

Restons encore dans les prés, abordons,  suivant les vertus de la rosée, celles des plantes cueillies à cette date.
Nous sommes toujours dans des coutumes et rites proto-historiques , pré-chrétiens, que l'Eglise va s'approprier, à l'instar de la date elle-même.
La Saint-Jean, fêtée au soir du 23 et durant le 24 n'avait été en effet qu'une tentative de christianisation de la célébration du solstice d'été, la fête chrétienne étant fixée au 24 afin de mieux neutraliser les célébrations solsticiales populaires du 21.
Mais ce furent les coutumes solsticiales qui investirent la fête de la St Jean.

Une homélie de saint Eloi, faite au VII ème siècle, recommande, parmi d'autres exhortations, que "nul, à la fête de Saint-Jean ne s'exerce à observer les solstices, les danses, les paroles et les chants diaboliques"!!!.
L'Eglise a ainsi longtemps combattu les fêtes solsticiales.
Mais celles-ci vivaient depuis trop longtemps pour mourir sur commande.
Dans la moyenne montagne, celle où les villages sont à 500, 700 ou au plus, 800 mètres, la flore est riche et diversifiée.
Cependant la Saint-Jean est encore tôt pour une floraison générale, on cueille donc le samuquet (sureau) la grimoenha (aigremoine) la centorè (centaurée),
le hereshe (frène) la huelha de noguer (feuille de noyer) et camomila (camomille).

                                                                  Samuquet
 On trouve des adeptes  du "gui de la St Jean" et de l'aubépine blanche  aux vertus hypotensives mais aussi le bout des ronces, la racine de mauve bouillie utilisée contre les angines (Ht Comminges vallées d'Oueil et du Larboust)
Le "thé vert" l'origan, abondant en étage moyen, tonifiant.
A Marignac, eth pericom, le millepertuis soigne les maux d'estomac mais son huile est souveraine pour les douleurs rhumatismales raconte Pierr Barrère (né en 1912).

Dans le Haut Job, on vante les heureuses influences de la chélidoine sur les fonctions hépathiques, mais nous connaissons tous l'effet de sa sève orange sur les verrues.
Les informateurs du Nistos et de Barousse précisent que les feuilles tendres de noyer cueillies au matin du 24 doivent provenir du noyer qui n'a pas fait de noix.


Rose Bertin (née en 1925 raconte que l'arroder, la renoncule "ramassée pour Sen Joan, c'est bon pour les gens comme pour les cochons".

En Haute Barousse "la fleur de lis ramassée le matin de la Sen Joan puis maçérée dans l'eau de vie c'est bon contre les furoncles " sans oublier le cassis, l'angélique et la "Vicia Faba L" (fève sauvage qui , elle, soigne coupures et brulures).
Nous n'avons pas encore parlé de la reine-des prés avec la rosée de la Saint Jean qui guérit coupures et brulures.



Dans le Nistos et l'Arbas, l'aubépine et le noisetier sont des armes contre les mauvais esprits ou le mauvais sort.   (Isaure les mentionne comme des plantes apotropaïques).
Ce qui nous amène à la confection du bouquet toujours cueilli dans les mêmes conditions:  de la menthe,  de l'origan, de l'aigremoine de la centaurée et du "vert noguèr" deux ou trois fleurs de sureau, du romarin et le bout d'une branche de frêne.

Depuis Ardiège jusqu'à la cluse de Boussens ce sont d'abord les plantes nutritives qui sont d'abord présentées à la rosée fertilisante, bouquet accroché devant la maison tout d'abord puis rentré jusqu'à l'année suivante.(blé et avoine)
 a'th cap dera porta
 Et christianisation oblige, ce bouquet traditionnel joint au bouquet marial où l'on mettait, oeillet  de poète, églantier, lis et rose, était bénit le soir de la Saint Jean quand on bénissait le brandon.( arbre de la St Jean)



mercredi 10 juin 2015

La sueur de la terre

Promenons-nous encore dans cette rosée magique, le feu, les feux de la St Jean sont connus de tous, et nous les évoquerons plus tard:
       
                                   "Pline écrit que la rosée est "la sueur du ciel".
La rosée du 24 juin, elle, est la sueur de la terre dont elle transmet les pouvoirs et les qualités: elle est naissance et renaissance, génération et régénération, fécondité et fertilité.
Ses vertus sont vivifiantes au sens premier du terme pour l'humain, le végétal et l'animal, réunis en un seul genre, celui qui est enfanté par la Terre-mère.
Peut-être est-ce parce qu'elle s'intégrait parfaitement dans le vieux système cosmogonique pré-chrétien de la Haute Vasconnie que la croyance dans les vertus de la rosée solsticiale a perduré avec vigueur jusqu'à nos jours.
Ce vieux système qui fait de la Terre l'origine de tout.
Même du soleil, dont on ne dit pas, en haut-gascon, qu'il "se lève"  mais qu'il "sort".
La rosée et le soleil sont d'ailleurs réunis dans la même définition.
Ils sont tous deux, dans la mythologie vasconne, principe féminin dispensateur de vie.  
 Notons toutefois que, dans leurs récits et témoignages, les informateurs parlent tous de la rosée de l'aube et non celle de l'aurore. La rosée doit être recueillie avant le lever du soleil si l'on veut que reste intacte l'énergie exsudée par la terre".
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                                             Marcher dans la rosée

.... "Tout là-haut, à Melles, sur les franges de cet Aran qui meurt en beauté, où grouillent les isards et où, dit-on passe de temps en temps dans les estives, un des derniers sept ou huit ours des Pyrénées, Joseph, (20 ans) et deux de ses copains écoutent avec un intérêt avide la conversation entre Marthe,  Pascal né en 1910 et Suzanne Desplan, née en 1928.
Alors que Suzanne raconte comment:
"Y en avait qui allaient marcher pieds nus, oui, oui ça porte bonheur!
"Que s'calio anar descausit e lavar sus pès.
"Que cau prene era rosada de Sen Joan.  T'en brembas? Oc bè!.............................

 Mais il est une autre coutume très surprenante, qui me servira d'introduction pour en venir au feu,

                                   Le feu solaire et les serpents
               "Maria Tinè (née en 1902) fut la première à me parler d'une coutume que je n'ai recueillie que sur une aire restreinte: celle qui précède le Val d'Aran (Marignac) jouxtée par la basse Pique attenante (Cierp, Gaud).
A Marignac dit Maria "dans la paille du tchar, qu'i botavon serps.Oc.
(dans la paille du brandon, ils y mettaient des serpents, Oui )
Et quand ça brûlait elles sautaient et se tordaient, une dizaine de couleuvres de belle taille si possible.......................................................................................
L'information est tout à fait plausible car la présence  de serpents dans le brasier est signalée en 1869 pour la Haute-Pique.
La crémation des serpents est-elle un geste prophylactique?
Faut-il y voir un rite de répulsion des animaux maléfiques ou faut-il la rattacher aux rites fécondants? N'oublions pas que la symbolique du serpent l'assimile au masculin procréateur en l'associant aux symboles féminins et que le serpent a donc parfaitement sa place dans la cérémonie solsticiale de la Saint-Jean.
On peut donc voir une identité de fonction du serpent entre celle que révèle la coutume et celle qui apparaît dans l'extraordinaire
"femme au serpent" sculpture protohistorique trouvée à Oo, dans le Haut Comminges:
un serpent sort de son sexe pour venir mordre son sein gauche"..............................

http://www.musees-midi-pyrenees.fr/musees/musee-des-augustins-musee-des-beaux-arts-de-toulouse/collections/sculptures-romanes/anonyme/la-femme-au-serpent/