Mai de potos que de pregarias
Il faudrait déjà que je vous dise que des poutous ce sont des baisers, et j'aurais beaucoup de mal à illustrer ce chapitre !....
pour ceux que cela offusquerait je rappelle que "la liberté" était relativement élevée dans les Pyrénées centrales en comparaison d'autres régions à la fin du XIX ème et la première moitié du XX ème.
Les divertissements sexuels des célibataires des deux sexes étaient chose fréquente et admise, dans la nuit complice de la St Jean.
Célébrer les rites de la fertilité donnaient sans doute matière à la mettre en pratique !!!!....
Je vais donc m'atteler à la rédaction de ce récit:
"L'instruction publique populaire touchant l'origine et la façon de faire le feu de la Nativité de Saint Jean Baptiste pour en oster les abus et les supestitions"
fut rédigée en 1665 sous forme d'un catéchisme.
A la question "Qui sont les abus qui se sont introduits en la suite des temps en cette cérémonie?"
la troisième parmi les réponses désigne:
"Lers dissolutions qui se passent dans la nuit à l'occasion du feu, tant en actes qu'en paroles, des jeunes gens abusant de cette lumière pour y commettre avec insolence des oeuvres de ténèbres et de péchés'.
Il faut croire que l'Instruction est restée sans grand effets dans les Pyrénées Gasconnes où l'on a, semble-t-il, continué à commettre des "oeuvres de ténèbre et de péchés" le soir de la Saint Jean, si l'on en juge d'après les témoignages recueillis.....................................................................................................................
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Lorsque le repas et le bal étaient faits uniquement à usage de la jeunesse, les témoignages sont nombreux qui montrent qu'il y avait joyeux défoulement dans la nuit de Juin. Dans les villages sités vers 700 ou 800 mètres d'altitude, il semble que la jeunesse passait la nuit de Saint Jean plus haut, dans les estives.
Dans le Haut-Nistos, les jeunes quittaient le village car .." je l'ai entendu dire par mon père, ils faisaient un bal à la montagne, même que c'était plus vieux que lui.
Ils appellaint ça la Laque de Moscaro; ça fait un plat" (François Verbizier, né en 1933, Sausset-Nistos).
Les récits concernant les réjouissances ne sont pas toujours franchement explicites. On manie le mot avec précaution en procédant par allusions prudentes. Mais on dit quand même ce que l'on a à dire.
Ainsi à Jouan d'Araou, en Couserans, j'ai à peine évoqué la présence d'une éventuelle "liberté" pendant la fête nocturne qu'un grand:"Oh oui! Oui Oui!" jaillit de l'assemblée (les grands parents, un oncle- nés en 1909 et en 1910- et les deux petits fils).
Mais c'est avec des hésitations et des petits rires gênés que l'on continue:
" Oh ils faisaient tout, enfin.... tout ce qui fait partie de la vie.
Les contacts entre eux... Bon Eh! Eh!.
Dans l'Aspétois, Jeanne (née en 1903) parle de la liberté solsticiale comme d'un fait banal et son récit n'a rien de la confidence et encore moins de l'aveu
" J'ai perdu mon pucelage un soir de Saint Jean. Et ma mère n'a rien dit parce que c'était la Saint Jean".
La très vieille Lucie Boué, la "Mègno" née en 1871 a cent ans de souvenirs derrière elle.
Ou plutôt en elle, car sa mémoire est bonne.
C'est sur le ton de la sentence qu'elle me répète plusieurs fois:
"On dormait pas beaucoup le soir de la Saint jean. Non, on ne dormait pas. Y avait trop à faire".
et elle répète "Y avait trop à faire" avec un petit rire qui en dit sans doute long pour elle mais qui ne fait que suggérer pour son interlocuteur.(Malvezie, 1972).
Sidonie Saint Martin, elle, née en 1913, jamis à court d'un dicton ou d'une formulation proverbiale, affirme avec un sourire, sur un ton qui feint d'être offusqué mais qui est jubilatoire:
"Après eth huec, qu'avio mai de potos que de pregarias"
Après le feu il y avait plus de poutous que de prières.
http://w3.uohprod.univ-tlse2.fr/UOHBIODIV/ESS03.html
Semaine prochaine chargée, je ne vous oublie pas et il y aura peut-être des surprises !!! ? si les orages nous lâchent !