Restons encore dans les prés, abordons, suivant les vertus de la rosée, celles des plantes cueillies à cette date.
Nous sommes toujours dans des coutumes et rites proto-historiques , pré-chrétiens, que l'Eglise va s'approprier, à l'instar de la date elle-même.
La Saint-Jean, fêtée au soir du 23 et durant le 24 n'avait été en effet qu'une tentative de christianisation de la célébration du solstice d'été, la fête chrétienne étant fixée au 24 afin de mieux neutraliser les célébrations solsticiales populaires du 21.
Mais ce furent les coutumes solsticiales qui investirent la fête de la St Jean.
Une homélie de saint Eloi, faite au VII ème siècle, recommande, parmi d'autres exhortations, que "nul, à la fête de Saint-Jean ne s'exerce à observer les solstices, les danses, les paroles et les chants diaboliques"!!!.
L'Eglise a ainsi longtemps combattu les fêtes solsticiales.
Mais celles-ci vivaient depuis trop longtemps pour mourir sur commande.
Dans la moyenne montagne, celle où les villages sont à 500, 700 ou au plus, 800 mètres, la flore est riche et diversifiée.
Cependant la Saint-Jean est encore tôt pour une floraison générale, on cueille donc le samuquet (sureau) la grimoenha (aigremoine) la centorè (centaurée),
le hereshe (frène) la huelha de noguer (feuille de noyer) et camomila (camomille).
Samuquet
On trouve des adeptes du "gui de la St Jean" et de l'aubépine blanche aux vertus hypotensives mais aussi le bout des ronces, la racine de mauve bouillie utilisée contre les angines (Ht Comminges vallées d'Oueil et du Larboust)
Le "thé vert" l'origan, abondant en étage moyen, tonifiant.
A Marignac, eth pericom, le millepertuis soigne les maux d'estomac mais son huile est souveraine pour les douleurs rhumatismales raconte Pierr Barrère (né en 1912).
Dans le Haut Job, on vante les heureuses influences de la chélidoine sur les fonctions hépathiques, mais nous connaissons tous l'effet de sa sève orange sur les verrues.
Les informateurs du Nistos et de Barousse précisent que les feuilles tendres de noyer cueillies au matin du 24 doivent provenir du noyer qui n'a pas fait de noix.
Rose Bertin (née en 1925 raconte que l'arroder, la renoncule "ramassée pour Sen Joan, c'est bon pour les gens comme pour les cochons".
En Haute Barousse "la fleur de lis ramassée le matin de la Sen Joan puis maçérée dans l'eau de vie c'est bon contre les furoncles " sans oublier le cassis, l'angélique et la "Vicia Faba L" (fève sauvage qui , elle, soigne coupures et brulures).
Nous n'avons pas encore parlé de la reine-des prés avec la rosée de la Saint Jean qui guérit coupures et brulures.
Dans le Nistos et l'Arbas, l'aubépine et le noisetier sont des armes contre les mauvais esprits ou le mauvais sort. (Isaure les mentionne comme des plantes apotropaïques).
Ce qui nous amène à la confection du bouquet toujours cueilli dans les mêmes conditions: de la menthe, de l'origan, de l'aigremoine de la centaurée et du "vert noguèr" deux ou trois fleurs de sureau, du romarin et le bout d'une branche de frêne.
Depuis Ardiège jusqu'à la cluse de Boussens ce sont d'abord les plantes nutritives qui sont d'abord présentées à la rosée fertilisante, bouquet accroché devant la maison tout d'abord puis rentré jusqu'à l'année suivante.(blé et avoine)
a'th cap dera porta
Et christianisation oblige, ce bouquet traditionnel joint au bouquet marial où l'on mettait, oeillet de poète, églantier, lis et rose, était bénit le soir de la Saint Jean quand on bénissait le brandon.( arbre de la St Jean)
Curieux mélange de plantes apotropaïques et aux propriétés médicinales ,comme placebos et médicaments de nos jours !
RépondreSupprimerA propos des pratiques du solstice pendant lesquelles on brûlait des serpents : à droite de la porte d'entrée de l'église de Bourg d'Oeil on voit ce qui pourrait être un petit serpent ,seule sculpture du panneau.Comment l'interpréter ?