Les épisodes qui précédent la décision de Jules II de confier la peinture de la
Chapelle Sixtine à Michel Ange, ne manquent pas d'intrigues.
Jules II alias Giulano della Rovere, succède au pape Alexandre VI Borgia célèbre
pour ses débauches et une politique qui avait affaibli la position de Rome et de
l'église : Jules II est ambitieux et n'hésite pas à rentrer en conflit pour rétablir la
puissance temporelle de l'église ; il entend aussi redéfinir la ligne théologique de
l'église en convoquant le Concile de Latran en 1512.
Il sait parfaitement qu'un pouvoir politique se complète par une vitrine culturelle
ostentatoire, Il va la mettre en oeuvre par l'architecture en faisant tout d'abord
appel à Giulano da Sangallo, l'architecte le plus réputé d'Italie qui est un ami de
Michel-Ange, qui le présente au pape, ravi de s'attacher les services du célèbre
florentin. Un autre architecte gravite autour de ce mécène c'est Bramante que
Jules II va préférer à Sangallo, au grand dam de ce dernier.
Jules II, nous l'avons vu, souhaite lancer l'édification de son futur tombeau,
Michel-Ange se jette dans ces travaux, choisit ses marbres à Carrare mais
l'intrigant Bramante s'emploie à le dénigrer et le disqualifier à tel point que
Michel-Ange craignant pour sa vie, plie bagage et repart à Florence.
Sur les conseils de Bramante qui préférait Raphaël, pensant mettre Michel-Ange
en porte à faux, Jules II va confier la peinture de la chapelle Sixtine à Michel-
Ange, mais ce dernier ayant regagné Florence se fait tirer l'oreille pour revenir à
Rome, il envisage même de répondre aux sollicitations du Grand Turc Bajazet II
pour la construction d'un pont sur la Corne d'Or.... Mais il est difficile de résister à
un pape, qui plus est, guerrier !! le 10 mai 1508 par contrat Michel-Ange se
lance dans la peinture de la chapelle ; il va y travailler durant quatre ans et nous
avons lu dans son poème que ce ne fut pas sans mal !!!
Il prouve ainsi que ses talents ne se réduisent pas à ceux de sculpteur.
Il innove et tel les premiers artistes pariétaux de la préhistoire, tire partie des
reliefs de la voute pour y glisser ses peintures. Sur trois niveaux superposés
s'étagent trois cents figures sur la base de la voûte, quarante mètres de long
treize mètres de large, mille mètres carrés, un trésor artistique en quatre années
de travaux.
Il faut avoir vu cela une fois dans sa vie, et je me félicite d'avoir pu l'admirer sans
trop me presser, ni sans trop de touristes.
Il n'était pas seul, entouré par ses meilleurs amis florentins, Granacci, Aristotile
da Sangallo et Bugiardini, il y eut bien des pressions pour habiller Noé, spendide
dans sa nudité au moment de sa création, mais Michel-Ange tint bon et
pour les siècles !!
C'est ainsi qu'il l'avait dessiné :
et c'est ainsi qu'il le peindra
Je rentrerai plus dans le détail de ses oeuvres
https://www.youtube.com/watch?v=qhZ8n5g3DE0