samedi 5 décembre 2020

Michel-Ange peintre

  Les épisodes qui précédent la décision de Jules II de confier la peinture de la 

Chapelle Sixtine à Michel Ange, ne manquent pas d'intrigues.

 Jules II alias Giulano della Rovere, succède au pape Alexandre VI Borgia célèbre

 pour ses débauches et une politique qui avait affaibli la position de Rome et de 

l'église : Jules II est ambitieux et n'hésite pas à rentrer en conflit  pour rétablir la

 puissance temporelle de l'église ; il entend aussi redéfinir la ligne théologique de

 l'église en convoquant le Concile de Latran en 1512.

Il sait parfaitement qu'un pouvoir politique se complète par une vitrine culturelle

 ostentatoire, Il va la mettre en oeuvre par l'architecture en faisant tout d'abord 

appel à Giulano da Sangallo, l'architecte le plus réputé d'Italie qui est un ami de

 Michel-Ange, qui le présente au pape, ravi de s'attacher les services du célèbre

 florentin.  Un autre architecte gravite autour de ce mécène c'est Bramante que 

Jules II va préférer à Sangallo, au grand dam de ce dernier. 

Jules II, nous l'avons vu, souhaite lancer l'édification de son futur tombeau, 

Michel-Ange se jette dans ces travaux, choisit ses marbres à Carrare mais

 l'intrigant Bramante s'emploie à le dénigrer et le disqualifier  à tel point que 

Michel-Ange craignant pour sa vie, plie bagage et repart à Florence.

Sur les conseils de Bramante qui préférait Raphaël, pensant mettre Michel-Ange

en porte à faux,  Jules II va confier la peinture de la chapelle Sixtine à Michel-

Ange, mais ce dernier ayant regagné Florence  se fait tirer l'oreille pour revenir à

Rome, il envisage même de répondre aux sollicitations du Grand Turc Bajazet II 

pour la construction d'un pont sur la Corne d'Or.... Mais il est difficile de résister à

 un pape, qui plus est, guerrier !!  le 10 mai 1508 par contrat Michel-Ange se 

lance dans la peinture de la chapelle ; il va y travailler durant quatre ans et nous 

avons lu dans son poème que ce ne fut pas sans mal !!!

Il prouve ainsi que ses talents ne se réduisent pas à ceux de sculpteur.

Il innove et tel les premiers artistes pariétaux de la préhistoire, tire partie des 

reliefs de la voute pour y glisser ses peintures. Sur trois niveaux superposés

 s'étagent trois cents figures sur la base de la voûte, quarante mètres de long

 treize mètres de large, mille mètres carrés, un trésor artistique en quatre années

 de travaux.

 Il faut avoir vu cela une fois dans sa vie, et je me félicite d'avoir pu l'admirer sans

 trop me presser, ni sans trop de touristes.

Il n'était pas seul,  entouré par ses meilleurs amis florentins, Granacci, Aristotile

 da Sangallo et Bugiardini, il y eut bien des pressions pour habiller Noé, spendide

 dans sa nudité  au moment de sa création,  mais Michel-Ange tint bon et

 pour les siècles !!

          C'est ainsi qu'il l'avait dessiné : 



            et c'est ainsi qu'il le peindra

 


          Je rentrerai plus dans le détail de ses oeuvres

                           https://www.youtube.com/watch?v=qhZ8n5g3DE0

 

vendredi 4 décembre 2020

Michel-Ange sculpteur: suite

 Gigantesque projet que le tombeau de Jules II, avant son décés le 21 février1513

ce prélat légue une somme de 10.000 ducats à l'artiste et Michel-Ange se met au 

travail dès cette année-là. Une quarantaine de statues devaient orner ce tombeau 

mais les deux premières sculptures, deux esclaves, ne trouvent pas leur place

 dans cet édifice, plus tard en 1544 Michel-Ange les offre à Roberto Strozzi , exilé

en France ... esclaves voyageurs puisque celui-ci les offre à François 1er, qui les

 offre à son tour au connétable de Montmorency mais ils ne restent pas sur la 

façade de son château et passent en 1632 sur celle du château  de Richelieu 

puis passée la Révolution, ils reposent enfin au Louvre.

 Je voudrais vous montrer aujourd'hui les dessins préalables à leur sculpture.

 La réalisation de ce tombeau nécessita plusieurs années de réalisation,  jusqu'en 

1545 car entre temps il recevait d'autres commandes, mais les contrats étaient 

régulièrement mis à jour jusqu'au dernier le 20 août 1542 date à laquelle 

justement, l'artiste décide de ne plus intégrer ses eclaves dans la composition du 

monument.

Initialement prévue pour St Pierre de Rome, cette oeuvre, je dirais "contrariée" 

échoue à St Pierre aux liens, le très beau visage de Moïse y figurant en bonne

 place.

 https://www.ac-strasbourg.fr/fileadmin/pedagogie/histoiredesarts/option/Michel_Ange/5.Sculpture_funeraire.pdf

 Dans  cet édifice devait aussi figurer "La Victoire"sculptée en 1532, marbre de

261 cm maintenant à Florence au Palazzo Vecchio.


Esclave Atlas.  Galerie de l'Académie Florence (1519-1530) 277 cm




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/captif

 

 

 

 

Les études pour les "Esclaves" sont pour la plupart au Cabinet des Dessins du 

Louvre

 

 Nu debout 1505 Dessin à la plume 34 X 16,5

 














Etude pour un esclave 1505

 Dessin à la plume 40 X 21





Etude pour un "esclave"  de 1505 à 1524. Dessin à la plume 37,5 X 20 cm





















autre étude même destination 


Dessin à la pierre noire pour "l'Esclave rebelle" British Museum

                                                        1505.  27,5 X 39 cm

 

 

jeudi 3 décembre 2020

Michel-Ange sculpteur

 Avec la bénédiction  du cardinal français Jean Bilhéres de Lagraulas et du

 cardinal Riaro, Michel-Ange s'installe à Rome dès le 25 juin 1496 et par contrat

 avec le cardinal français, deux ans plus tard il commence une oeuvre à prioiri 

destinée au tombeau du prélat, une Pietà. 

Cette représentation de la Vierge recevant le  corps du Christ sur ses genoux est 

un thème favori des artistes du Nord et Michel Ange va ici mettre sous son ciseau 

toutes les interpretations inspirées par des prédécesseurs dont Donatello, que l'on

 peut remarquer dans la fine ciselure des drapés. 

 Ses contemporains s'étonnent du visage très juvénile de la Vierge, ce à 

quoi Michel-Ange répond  à Condivi :

"Ne sais-tu pas , que les femmes chastes se conservent beaucoup plus fraîches 

que les autres ?Encore plus une vierge dont le corps ne fut jamais altéré par le 

moindre désir immodeste"

Michel-Ange voudra affirmer la paternité de cette oeuvre en la signant non

 seulement de son nom mais de son état de Florentin. Il ne tardera d'ailleurs pas

à quitter Rome pour revenir dans une Florence apaisée  après la mort de

 Savonarole


https://www.youtube.com/watch?v=KfTiYvYef6o

 Une autre oeuvre  de son séjour à Rome, c'est un Bacchus que l'on peut

 retrouver à Florence au musée du Bargello,  commanditée par le collectionneur

 Jacopo Galli, ce Bacchus est antérieur à la Pietà ( 1496-1497) et c'est un chef-

d'oeuvre qui apportera une réelle notoriété à Michel-Ange .


         Ce sera un préalable au David qui interviendra quatre ans plus tard

https://www.e-venise.com/musees-florence/bargello/michel-ange-bacchus-musee-bargello-florence-02.html


mercredi 2 décembre 2020

Michel-Ange poète

  Peintre, sculpteur, dessinateur, architecte, artiste complet,  Michel Ange 

s'exprimait aussi dans sa correspondance et son oeuvre littéraire. Dante et 

Pétraque qu'il admirait ont pu l'inspirer mais ses sujets de prédilection  restent

 l'amour, la mort, la lutte de l'esprit et de la matière, le destin inexorable...

 Il ne fut pas épargné par les jalousies, rançon des succés, Bramante et Raphaël 

étant des rivaux qui lui mirent souvent "des bâtons dans les roues".

 Mais il se considérait inspiré et mû par le souhait d'exécuter justement des 

directives divines  ; ceux qui ont eu la chance de visiter la Chapelle Sixtine,

 comme cela fut mon cas, ne peuvent en douter.

Les dessins préliminaires à toutes ces  oeuvres sont nombreux et l'anatomie 

masculine n'avait pas de secrets pour lui, ce qui lui permit d'exécuter de 

magnifiques statuaires, comme le David de Florence


Etude pour la bataille de Cascina. Dessin à la plume et à la pierre noire de 1504

                                       conservé à l'Ashamolean Museum Oxford


 

Sculpté dans un bloc de marbre de Carrare acquis quelques années auparavant

 par la corporation des tisseurs de laine, travail entrepris  dès le 13 septembre

 1501 à la suite du contrat signé le 15 août 1501 ;  4 mètres de haut, achevé en

 avril 1504, Michel- Ange n'a alors que 29 ans. Pour les Florentins ce David 

devient une identification populaire et le symbole de la  cité.

 Mais je voudrais vous proposer encore un poème qui nous permet de rentrer dans

 l'intimité de l'artiste lorsqu'il peint le plafond de la Chapelle Sixtine.

 

                      " A tant trimer me voici avec un goitre

                        Comme l'eau en fait aux chats de Lombardie 

                        (Ou peut-être d'un autre pays, qu'importe)

                         Si bien que le ventre me sort au menton !

 

                         Ma barbe va au ciel et ma nuque, je le sens

                         Descend me faire une bosse. j'ai une poitrine de harpie 

                         Quant au pinceau qui sans cesse dégouline

                         Il fait de ma face un vaste pavage.


                          Mes reins remontent dans ma panse

                          Et par contre-poids mon cul devient bedon

                          Si gros que je n'en puis voir mes pieds.


                         Mon écorce s'allonge par devant

                         Pour mieux se ratatiner derrière

                         Et me voila tordu comme une arche en Syrie.


                          De là tout jugement qui me vient

                          Se trouve filandreux, biscornu:

                          On ne peut viser droit avec sarbacane si torse.

 

                          O Giovanni défends donc cette peinture mortelle 

                          Et mon honneur avec : je ne suis ni à ma place, ni peintre"


On trouve dans ce dessin à la plume de 1501 conservé à Berlin  une étude pour la

 Madone Taddei  mais aussi son profil






 



mardi 1 décembre 2020

Michelangiolo

          Michelangiolo di Ludovico di Lionardo di Buanarroto Simoni

                                  né le 6 mars1475 à Caprese


Voilà un autre monument, pour lequel il ne va pas être facile de faire de courtes 

synthèses. Il va falloir se pencher sur la biographie de Vasari, son contemporain,

 en 1550, mais il semblerait que Michel Ange ait davantage apprécié celle 

 d'Ascanio Condivi, en 1553, son disciple et confident. L'oraison funèbre de   

Benedetto Varchi, permet de résumer la vie de cet artiste qui faisait autorité dans 

toute l'Europe.

           https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54559371.texteImage

 

 https://archiv.ub.uni-heidelberg.de/artdok/643/1/Davis_Fontes23.pdf

 

            Vierge à l'escalier. Marbre. 1489-1492 Casa Buonarroti Florence

 Nous verrons beaucoup de dessins préalables à ses gigantesques réalisations 

mais pour aujourd'hui c'est le poète que nous allons découvrir.

     Poème à Vittoria Colonna, inspiratrice et  amie rencontrée en 1536

          "Bienheureux esprit qui d'un zèle ardent

           tiens en vie mon coeur vieux à en mourir,

           et entre  tant de tes délices et de tes biens 

           me veux saluer seul entre tant de plus nobles.

 

           comme tu fis pour mes yeux, mon esprit

           à son tour tu le viens consoler,

           si bien que l'espoir repousse la douleur

           qui en mon âme s'est mêlée au désir.

 

           Donc trouvant en toi qui parle pour moi 

           la grâce que tu dispenses parmi mes peines, 

           de cette grâce je te rends grâce en cet écrit.


             car ce serait grande et vilaine usure

             que de t'offrir mes très laides peintures

             en échange de tes oeuvres si vives et si belles. "

  

 https://www.wikiart.org/en/michelangelo/portrait-of-vittoria-colonna

 

 https://michelangelobuonarrotietornato.com/2019/03/30/unappassionata-lettera-di-vittoria-colonna/

 

 


lundi 30 novembre 2020

Au Pays de Sault

  et il faut rajouter en 11, car des "Pays de Sault", il y en a plusieurs en France.



20 km, 3 heures de temps !!! quelle aubaine ! on fonce !!!.....................

mais réfléchissons bien  nous voilà revenus avec le couvre-feu en plus, aux temps

 sinistres de la dernière guerre  avec les "laissez-passer" indispensables.  

obéissez, sous peine de mort..... de Covid !

 


                          du brouillard encore que le soleil dissipe


 Alors quel bonheur que cette plongée dans une nature déserte non pas pour

       cause de consignes mais car les campagnes se sont désertifiées.

 

       de l'air pur, un soleil radieux, des cimes enneigées d'une neige fraîche

 


 

                 Observer sur le chemin les vestiges de la dernière tempête

(Pic de St Barthélémy)


  rester à l'écoute d'un appel de buse ou les trilles d'une mésange et un 

          croassement de  corbeau lointain

 

 

                           des sensations, du bonheur, tout court.

 

                             ici la biodiversité est préservée




              et des sapins  à perte de vue : la belle forêt de Belesta

 

 

                                                                          Bientôt Noêl

 Je résiste à la cuillette, ces jolis fruits des sorbiers ne tiendront pas longtemps

 

une mare cachée dans un repli de terrain où viennent s'abreuver les troupeaux

              qui avaient quitté leur étable
 


                 https://inpn.mnhn.fr/site/natura2000/FR9112009

vendredi 27 novembre 2020

La Chute d'Icare

 Je pense que nous avons vu quelques oeuvres majeures de Brueghel et je termine

 par cette chute d'Icare dans l'indifférence totale : plus que les jambes d'Icare qui

 se noie,  c'est la caravelle qui m'a attiré, le vent s'engouffrant dans les voiles,

 promesse de voyage, difficilement réalisable en ces temps qui courent pas plus

 d'ailleurs qu'en avion. La vision de Brueghel était celle de son temps mais nous 

pouvons y trouver des enseignements pour notre époque. En France les musées

ne réouvriront qu'à la mi-décembre.






                      http://bruegel.pieter.free.fr/icare_interpretation.htm

https://journals.openedition.org/ceroart/2953