Peintre, sculpteur, dessinateur, architecte, artiste complet, Michel Ange
s'exprimait aussi dans sa correspondance et son oeuvre littéraire. Dante et
Pétraque qu'il admirait ont pu l'inspirer mais ses sujets de prédilection restent
l'amour, la mort, la lutte de l'esprit et de la matière, le destin inexorable...
Il ne fut pas épargné par les jalousies, rançon des succés, Bramante et Raphaël
étant des rivaux qui lui mirent souvent "des bâtons dans les roues".
Mais il se considérait inspiré et mû par le souhait d'exécuter justement des
directives divines ; ceux qui ont eu la chance de visiter la Chapelle Sixtine,
comme cela fut mon cas, ne peuvent en douter.
Les dessins préliminaires à toutes ces oeuvres sont nombreux et l'anatomie
masculine n'avait pas de secrets pour lui, ce qui lui permit d'exécuter de
magnifiques statuaires, comme le David de Florence
Etude pour la bataille de Cascina. Dessin à la plume et à la pierre noire de 1504
conservé à l'Ashamolean Museum Oxford
Sculpté dans un bloc de marbre de Carrare acquis quelques années auparavant
par la corporation des tisseurs de laine, travail entrepris dès le 13 septembre
1501 à la suite du contrat signé le 15 août 1501 ; 4 mètres de haut, achevé en
avril 1504, Michel- Ange n'a alors que 29 ans. Pour les Florentins ce David
devient une identification populaire et le symbole de la cité.
Mais je voudrais vous proposer encore un poème qui nous permet de rentrer dans
l'intimité de l'artiste lorsqu'il peint le plafond de la Chapelle Sixtine.
" A tant trimer me voici avec un goitre
Comme l'eau en fait aux chats de Lombardie
(Ou peut-être d'un autre pays, qu'importe)
Si bien que le ventre me sort au menton !
Ma barbe va au ciel et ma nuque, je le sens
Descend me faire une bosse. j'ai une poitrine de harpie
Quant au pinceau qui sans cesse dégouline
Il fait de ma face un vaste pavage.
Mes reins remontent dans ma panse
Et par contre-poids mon cul devient bedon
Si gros que je n'en puis voir mes pieds.
Mon écorce s'allonge par devant
Pour mieux se ratatiner derrière
Et me voila tordu comme une arche en Syrie.
De là tout jugement qui me vient
Se trouve filandreux, biscornu:
On ne peut viser droit avec sarbacane si torse.
O Giovanni défends donc cette peinture mortelle
Et mon honneur avec : je ne suis ni à ma place, ni peintre"
On trouve dans ce dessin à la plume de 1501 conservé à Berlin une étude pour la
Madone Taddei mais aussi son profil
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