jeudi 4 juin 2020

Paul Cézanne : Neige fondue à l'Estaque

   Auriez-vous, d'emblée, attribué cette peinture  à Cézanne ?

Elle se démarque  des autres  toiles  de cet artiste, et c'est bien pour cela que je

l'ai choisie, il y avait un petit quelque chose de van Gogh !....


Je ne resterai pas longtemps sur l'ordi, ce matin,  mon ciel est aussi sombre que

celui de l'Estaque et...... l'Estaque, savez-vous où elle se trouve?

                            https://www.youtube.com/watch?v=uNPY7aesITM

       J'ai vécu quatre années à Marseille et je n'y ai jamais eu la neige !!


                                   Vers 1870 - Toile 73 X 92 cm

                    " Cet original paysage d'hiver qui ressemble à une peinture du

XXème siècle est un exemple remarquable d'espace modelé par des sentiments

intenses, comme chez van Gogh quelque dix ans plus tard. Le premier plan -

l'endroit où l'on regarde - est le flanc abrupt d'une colline qui divise en deux la

toile suivant la diagonale, dans sa descente en avalanche de la gauche vers la

droite en direction du toit rouge incliné, et donne à l'image une force de chute.

 Le spectateur ne peut y poser le pied et à ce terrain instable les arbres

s'agrippent par des troncs tourmentés. A cette pente de la colline s'opposent la

fuite du champ central, avec ses lignes ascendantes er convergentes, et l'immense

balaiement horizontal des nuages gris en suspension.

Du feuillage sombre de l'arbre noir, à gauche, part un autre mouvement d'arbres

descendant vers l'intérieur sur la crête de la colline, et allant se confondre avec

l'horizon lointain en un seul rythme d'amplitude croissante. Les lignes diagonales

raccourcies en profondeur sont parallèles aux profils diagonaux dans le plan de la

toile ; le contour sinueux de la terre - toute la base de la scène - est répété dans le

tronc du grand arbre et dans les surprenants zigzags des toits et des routes à

droite. Par ses parallèles, Cézanne unit, en une forme cohérente, les mouvements

opposés dans les différents plans en profondeur. La couleur, elle aussi, est une

force puissante qui relie et maintient le proche et le lointain. Cela est évident dans

le groupement des toits rouges ; mais Cézanne relie aussi le ciel lointain au

premier plan grâce aux lumières froides qui strient l'horizon -  touches qui sont

adaptées avec art à la silhouette voisine formant un halo en zigzag mineur, qui est

centré sur la pointe d'une colline correspondant au point de vue de l'ensemble de

la scène. Cezanne a découvert le dramatique de l'espace, un effet de mouvements

puissants et d'oppositions brusques. La perspective a une urgence irrésistible

dans l'envol rapide des lignes et le rythme non moins rapide  de changement dans

la taille des choses qui va en diminuant.

La couleur et le jeu de la brosse soutiennent la violence d'ouragan de la scène.

 Une teinte noirâtre pénètre le paysage et mêle la neige qui, traitée en ton  pur

 par endroits, semble une associée du noir.

Peint par contrastes vigoureux, avec une furie dominante et presque monotone -

moins pour surprendre l'essence d'une scène que pour exprimer une humeur

mélancolique et désespérée - ce tableau possède quelques couleurs subtiles : les

différents blancs de la neige et les nombreux gris, y compris les tons chauds du

terrain central, posés entre les toits rouges. le goût pour les noirs, les blancs et les

gris froids paraît naturel à l'humeur de Cézanne ; ce goût présuppose l'art élégant

et impassible de Manet dont les tons et la vision directe ont été utilisés ici de

manière émotionnelle et étrangement transformés."


                        https://www.youtube.com/watch?v=8g9oUJWcE0M







mercredi 3 juin 2020

Paul Cézanne : Portrait de Vallier et Vase de Tulipes

Toujours à la recherche des toiles moins connues par le grand public ; ce portrait

du jardinier Vallier est considéré comme un chef d'oeuvre, au même titre que celui

de Patience Escalier peint par van Gogh,  dans la touche et l'esprit.




                                    1906 - Toile 65 X 54 cm

                   " Pendant sa dernière période, Cézanne a souvent peint des gens du

peuple : paysans, servantes, personnages simples, toujours avec un grand respect

 et dans les attitudes et les proportions qui leur donnaient de la dignité et du

poids. Son goût pour les paysans cache un peu la réaction des conservateurs

contre le monde de la cité moderne et le désir d'un ordre de choses plus stable,

plus simple, plus ancien. Nous observons aussi cela chez son ami Renoir qui

abandonna les scènes de distractions citadines pour des sujets familiers et des

types idéalisés de mères et de paysans, dans un style plus formel que celui de son

oeuvre impressionniste antérieure.

Le chef-d'oeuvre, parmi les tableaux que Cézanne  fit de gens modestes, est le

portrait de son jardinier Vallier : l'une de ses dernières toiles. C'est l'image

imposante d'un homme qui représente l'idéal de Cézanne de simplicité et de force

au repos, en même temps que la nature rude et robuste de sa jeunesse

transposée dans le vieil âge.

Pour trouver une pareillle conception de l'homme, on doit se référer à Titien

 ou à Rembrandt. Il s'agit d'une aristocratie qui n'est pas fondée sur le pouvoir ou

la réussite mais sur la force intérieure. Cet homme simple est grand, sans

affectation ni orgueil, en paix avec lui-même, sans aucune amertume.

La silhouette est imposante par sa largeur et sa plénitude. Il y a un retour au

dessin primitif par le choix de la vue en profil et la place claire du corps sur le

fond sombre. Un contour si lumineux et si dense est rare après le XVI ème siècle.

Le corps ressemble à une statue archaïque. Une telle compacité n'est pas

fréquente, même à la Renaissance. Ce n'est pas ici une forme conventionnelle,

mais une solution neuve, unique, inspirée par le sens que Cézanne a de son sujet ;

en bref, c'est une interprétation.

Les moyens de continuité ne sont pas tellement des procédés de composition ou

d'unification mais plutôt d'expression : la barbe se répand sur la ligne de l'épaule

et du bras, comme les bras de rejoignent dans la ligne des manches pour donner

la qualité émouvante de toute la masse sereine du personnage. Les traits sont à

peine étudiés, le caractère réside dans le corps, l'attitude et l'ampleur de la forme.

Cézanne a donné à la forme humaine, et spécialement aux vêtements, toute la vie

de ses derniers paysages. D'un pinceau sûr, avec une liberté qui est grandiose, il

dispose toute sa palette sur des objets monochromes. Aucun impressionniste n'a

peint de barbe aussi multi-colore, ni donné à une manche une aussi merveilleuse

abondance de tons. Les éléments ont une grande impulsion, mais se fondent dans

un ensemble qui reste noble et distant par sa richesse et son éclat. Nous sentons

 dans les limites de cette forme compacte une énergie intense et une chaude

sensibilité, également une magnifique luminosité qui se diffuse sur toute cette

masse ; ce n'est pas une lumière, ou une ombre qui sonde les objets, comme celle

d'un Rembrandt, et elle ne nous engage pas à examiner les traits de plus près,

 mais elle est un caractère de l'être pensant tout entier, qui s'offre calmement et

franchement."
                                                                   Meyer Schapiro

https://www.societe-cezanne.fr/2017/05/13/le-jardinier-vallier-1906-r954-fwn549-rw641%EF%BB%BF/


                                    Vase de Tulipes

                   Entre 1890 et 1894 - Toile, 60 X 42 cm


           " Dans cette belle nature morte les contrastes de formes et couleurs, leur

agencement sont d'une subtilité étonnante.

 Notre oeil associe les deux tulipes rouges aux deux pommes qui se trouvent

dessous ; le jaune des petites fleurs éparpillées dans le bouquet rappelle, de façon

différente, le jaune dense de la pomme qu'on voit derrière le vase ;  et les feuilles

vertes les plus grandes ressemblent en revanche, au grand angle formé par les

bords sombres et chauds de la table. Mais les éléments du bouquet sont des

formes actives, vivantes, charmantes même, une grappe de choses épanouies

dansleur développement, peintes avec une grande liberté ; les pommes et la table

sont des formes fermées, isolées, inertes, silencieuses, un monde clairsemé.

C'est une harmonie d'éléments opposés, un étrange équilibre de qualités

contraires unifiées par des analogies cachées et un jeu de couleurs plein de

sensibilité.

Nous sentons qu'il y a une sorte de conflit humain dans cette nature morte, tout

particulièrement à cause de l'éloignement des pommes, comme si les relations

entre les hommes, leurs désirs et leurs refoulements avaient été traduits dans les

contrastes et les regroupements.

Les champs les plus sévères de la table et du mur sont peints avec des tons clairs

atténués - des tons chauds et froids opposés - d'une délicatesse extrordinaire ; les

fleurs, fraîches, ont des formes angulaires plus ou moins vives avec de gros

zigzags plus accentués que les bords de la table, ils sont rappelés à l'extrême

droite dans la grande feuille vert sombre et dans le vase.

La partie inférieure du vase est de la même couleur que la table, sa silhouette

ronde se rapproche de celle des fruits, et la légère courbure formée par la limite

horizontale de ses deux couleurs répond à la faible convexité du bout de la table.

Entre les pommes et les tulipes, on devine une oblique - ligne d'attraction

évidente  et implicite - qui est parallèle au bord de la table et le relie aux tulipes et

aux pommes. Ces relations, et beaucoup d'autres très belles qui ne sont pas

expressément indiquées, suscitent notre admiration. La forme incurvée, réservée

sur le mur entre les pieds de la table, semblable à l'extrémité d'une feuille ou d'un

pétale, est fascinante.


                 https://www.artic.edu/artworks/14561/the-vase-of-tulips

mardi 2 juin 2020

Portrait du Facteur Roulin

 Lettre à Emile Bernard

....Je viens de faire un portrait d'un facteur ou plutôt même deux portraits. Type socratique, pas moins socratique pour être un peu alcoolique, et conséquentement haut en couleur. Sa femme venait d'accoucher, le bonhomme luisait de satisfaction. Il est terriblement républicain, comme le père Tanguy. Nom de D...! Quel motif à peindre à la Daumier, eh!
Il se raidissait trop dans sa pose, voilà pourquoi je l'ai peint deux fois, la deuxième fois dans une seule séance. Sur la toile blanche, fond bleu, presque blanc, dans le visage tous les tons rompus, jaunes, verts, violacés, roses, rouges.
l'uniforme, bleu de prusse, agrémenté de jaune.


                 
                                              Le Facteur Roulin

                       Août 1888 Arles - Huile sur toile, 81 x 65 cm

Van Gogh, toujours attiré par le peuple, se lia d'amitié avec Roulin, un facteur

d'Arles, et fit de lui plusieurs portraits ainsi que de sa femme et de ses enfants.

Vincent qui aimait sa personne socratique, a décrit sa candeur, son intelligence

et son enthousisme, "sa gravité et sa tendresse silencieuse".

"Sa voix a  une qualité étrangement pure et touchante dans laquelle mon oreille a

tout de suit reconnu une berceuse douce et triste, et une sorte d'écho lointain de

la trompette de la France révolutionnaire".

L'uniforme bleu donne au portrait le ton majeur, mais le caractère officiel de

Roulin n'atténue pas sa qualité personnelle. Au total le bleu devient un attribut de

l'homme, comme ses yeux bleus (qui sont aussi semblables aux boutons dorés !)

Le visage rayonnant, fixé sur nous comme une icône, est d'une fraicheur absolue

et sans la moindre stylisation. La large barbe est un paysage, une forêt renversée

, avec une profusion de jaunes, et de verts et de bruns. La rigidité de la tête est

tempérée par les traits vibrants, animés et les tons variés de la chair. Les mains

grossières sont maladroitement dessinées, mais la gauche demeure puissante et

naturelle. La vaste étendue, presque sans ombre, de l'uniforme bleu -  problème

difficile de la peinture - s'apparie dans une sorte de contraste avec le bleu clair du

fond, parailleurs avec les tons chauds  de la tête et des mains et avec ses propres

boutons et passementeries dorés ; elle devient l'enveloppement le plus actif et le

plus tangible d'un corps humain vrai. Attaché à la réalité précise du costume

comme vêtement porté, van Gogh trace ses contours en vigoureuses lignes noires,

traitées cependant avec discrétion - omises à l'épaule et ailleurs, épaissies par

endroits en masses d'ombre - toujouts irrégulières et suscitées par le corps en

dessous, diverses comme la surface qu'elles entourent, avec sa gradation de tons

froids et chauds dans le même bleu. En apparence simple et directe, l'oeuvre est

profondèment conçue, avec de nombreuses mais discrètes reprises - accords de

couleurs et de formes : le vert de la barbe et de la table, les rouges du visage et

du coin du tableau en bas à gauche, les petits angulants caractéristiques, le coin

de la table, les revers, le devant de la chemise, le siège du fauteuil etc. Et, invite à

l'observateur qui désire comprendre aussi bien que de se délecter : la note la plus

claire du tableau, le triangle de blanc au-dessous de la barbe - ce parti nécessaire

traité avec une justesse infaillible.

                  https://www.youtube.com/watch?v=pzOt_QtEVgg

https://www.youtube.com/watch?v=T750HY_ZcZo

Paul Cézanne : Rochers

                             Entre 1894 et 1898 - Toile 73 x 92 cm

           " Dans les tableaux des époques précédentes, une barrière au premier plan

impliquait une position séparée d'où le peintre était à même de contempler une

vue paisible. Ici le paysage est formé essentiellement par un sol plein d'obstacles,

sans chemin et convulsé - un espace avec des failles et de  profondes  crevasses,

noyé dans un brouillard d'un pourpre sombre.


Les obstacles nous forcent au calme, mais nous ne pouvons les regarder avec

sérénité : ils nous imposent leur violence et leur agitation. Cet espace caverneux

est comme la vision d'un ermite désespéré.

Dans cette peinture sombre et passionnée, saturée d'une atmosphère de

catastrophe, il y a un remarquable développement intérieur. Dans la partie du bas,

les puissants rochers ont une étrange vie par leurs formes courbées et

amoncelées.

Nous discernons un vague profil humain en bas  et à droite et des indications de

physionomie - une tête renversée-  dans le rocher plus lumineux au centre avec

son rebord festonné. Plus loin, à gauche, le sol monstrueux fait des replis et se

tord en profondeur. En dessous de la couleur pourpre dominante se dégage le

caractère sous-jacent qu'elle recouvre, et de ses accents changeants s'élève

l'unique éclairage orange et jaune du rocher central.

De cette région faite de pulsations de formes nombreuses nous passons à une

barrière plus haute de rochers angulaires ; l'un d'eux est suspendu et

particulièrement architectural, ses bords tranchants comme ceux d'une pierre

taillée, ses pentes dirigées en avant et vers la gauche sont en opposition avec les

rochers moins élevés. De leur profondeur cachée s'élèvent des troncs d'arbres, qui

ont un feuillage vaporeux, tacheté, comme la surface en-dessous, et sont

traversés par des branches ressemblant à des nerfs. La quatrième région,

 le ciel, est un vide immatériel, pâle et lointain, dépourvu de soleil, avec une

silhouette qui s'étend de manière fantastique. La rare ligne d'horizon marquant le

point de vue du spectateur est vite perdue parmi les arbres et les rochers.


                                        La Meule

                      Entre 1898 et 1900 - Toile 73 x  92 cm




             " Cézanne peignit ce tableau dans le Midi, près de chez lui, à Aix. 

Une photographie de l'endroit prouve qu'il fut remarquablement fidèle à la scène

qu'il avait vue ;elle lui offrait  un exemple de chaos naturel marqué par l'homme :

les blocs abandonnés de pierres de taille. Les caractères de la peinture sont plus

intenses ou d'un autre ordre que ceux du site original.

 C'est l'image d'un intérieur de nature, comme une caverne obstruée et sans

horizon ni sortie ; un site sauvagement romantique avec quelque chose de

mélancolique et de désespéré mais qui a la fascination d'un désordre formidable.

On dirait la grotte de l'aveugle et violent Polyphène, parsemée de débris humains

et naturels. Seule, la meule, avec sa forme lisse et centrée, curieusement placée

dans un coin, donne une note d'humanité;  grâce à elle nous pouvons mesurer

l'agitation des autres formes. Pourtant sa pureté ou l'abstraction de sa forme la

fait paraître moins humaine que l'âpreté des rochers et des arbres.

L'espace en tant que forme creuse n'est pas bien défini ; le sol en pente se fond

 avec les objets qui s'en élèvent et avec les masses de feuillage, dans un effet

vertical comme les naturers mortes de la même époque. Les lignes rayonnent dans

différentes directions à partir du même axe, ou bien elles se croisent en

mouvements opposés. C'est une peinture construite avec des formes instables,

sans lignes verticales ni horizontales, dont l'esprit est absolument anti-

architectural Cependant c'est une toile puissament organisée, dans laquelle on

découvre une recherche intense de l'harmonie, comme dans les oeuvres les plus

sereines.

L'appariement des éléments est surprenant : arbres, branches, rochers, pierres de

taille, ils vont tous par paire, mais l'oeil qui compose a été attentif au contraste

aussi bien qu'à la variation. La conception des arbres est spécialement belle, ils

sont tordus et divergents à gauche, plus courbés et parallèles à droite.

La trace diagonale sur le sol est une trouvaille intéressante : ligne ombrée à

l'extrême droite, continuée dans les blocs de pierre et se terminant dans une ligne

d'ombre plus lointaine, menée jusqu'à l'autre extrémité de la toile. Par sa pente et

sa belle courbure, par sa couleur changeante et le détail de ses ramifications, cette

ligne ressemble aux troncs des arbres et introduit sur le sol un élément qui

apparaît plus fortement dans les plans verticaux.

La couleur est une harmonie sombre de brun, de violet, de vert et de gris - des

tons mélangés qui appartiennent à un monde fermé et sans soleil. mais cette

gradation est éclairée par un coup de lumière orageux fait de clarté et d'ombre, qui

crée aussi un puissant modelé. Dans les rochers il y a d'audacieuses divisions de

surface modelées avec des contrastes abrupts de couleurs. L'ensemble est peint

avec une sûreté merveilleuse, mais aussi avec une passion approchant la furie.

Elle est rendue comme par un géant pour lequel ces objets feraient partie de son

monde famlilier.

                https://www.youtube.com/watch?v=Qh_kNLVA2do





lundi 1 juin 2020

Pentecôte au Piémont Pyrénéen

Temps estival pour un retour aux sources, théatre de multiples randonnées avec

des générations qui explorent dorénavant d'autres cieux : et plus précisément

autour du lac de Mouzoune : voici quelques images !!












       ne cherchez pas la nature de cet arbre, c'est un lichen tendu à contre-jour

tout comme cette charmante fleurette que je n'ai pas su identifier  et le pissenlit

suivant :













Et on finit par Montségur,  imprenable ?   son histoire tragique a montré que non.


      à l'entrée du village en contre-bas, l'attelage de boeufs reste immuable


 
                     et les orchidées sauvages prolifèrent dans les champs


                  et les papillons ne se posent pas que sur les fleurs !!!




        les fleurs à l'ombre sont moins drôles !!





 très graphique !!!


samedi 30 mai 2020

Paul Cézanne : La maison lézardée





                                                La Maison lézardée

                                                         Entre 1892 et 0894 - Toile, 65 x 54 cm

                     'Voici une peinture romantique, ce qu'un ermite voit de la chaleur, de

la solitude, des ruines dans la nature, un lieu pour le saint Antoine de l'imagination

de Cézanne jeune homme. La disposition verticale du tableau, le sol montant,

incliné, sans perspective, créent un monde étrange : tout nous est proche, nous

sommes enfermés par l'intense ciel vide, l'horizon irrégulier, le sol abrupt et

instable, la maison en ruines. C'est un effet d'intimité et d'effort, d'agitation et de

 silence. Le thème du mur crevassé se retrouve partout dans le paysage : les

lignes noires des fissures réapparaissent dans les formes des troncs des arbres,

dans un sentier sur le sol et dans les marques sur les rochers. Le seul objet

humain,la maison, posée dans la fourche entre la terre et le rocher, repose sur un

seul point, comme les arbres agités, et répète leurs silhouettes qui se ramifient.

Les lignes de la maison, accentuées par les tuiles rouges, sont ajustées à la pente

du sol. Il y a partout une belle fermeté dans le jeu des horizonstales et des

verticales. la fenêtre noire, fortement installée dans l'hexagone du mur, n'est pas

une figure isolée : elle est relièe au sol par deux rochers massifs qui lui

ressemblent."

                  https://www.youtube.com/watch?v=FIbcZmEoenM





                                                    Portrait de Gustave Geffroy

                                                                  1895 - Toile, 116 x 89 cm

                           " Gustave Geffroy fut un des premiers critiques à reconnaître la

grandeur de Cézanne, il écrivit sur lui durant toute l'année 1895.

Ce portrait, de conception si compliquée, fut exécuté pendant une période de trois

mois dans la bibliothèque de Geoffroy. Cézanne désespérait de le finir, bien qu'il

nous semble assez complet et qu'il se révèle un triomphe de composition.

Ce n'est pas une étude révélatrice du visage, mais l'image du bibliophile, de

l'écrivain au milieu de ses objets familiers. Cézanne atténue souvent l'ndividualité

des êtres humains ; il se plait surtout avec des gens comme ses joueurs de cartes,

qui ne s'imposent pas en personne et qui sont parfaitement passifs et réservés, ou

plongés dans leurs travaux. Le portrait devient une gigantesque nature morte. Le

monde des objets absorbe et abaisse l'intensité de la personnalité de l'homme,

mais il le rehausse aussi grâce au cadre riche et multiple. Son activité refoulée se

reporte sur ses livres. Certes, la disposition de ceux-ci; d'abord en commençant

derrière lui, en saillie et en retrait, inclinée différemment d'un rayon à l'autre, puis

dans les volumes ouverts, semble plus humaine que l'homme lui-même qui nous

rappelle un long corps torturé d'un goût classique, comme "l'Esclave de de Michel-

Ange, "au Louvre, oeuvre que Cézanne admirait et dont il exécuta des dessins.

Pour faire contraste, l'homme est palqué avec sysmétrie, les bras étendus et

repliés - s'encadrant dans une pyramide immuable. La chaise et la table entre

lesquelles il se trouve emprisonné composent un autre ensemble de formes

inclinées faisant iune opposition abstraite avec le mur de livres et unies à eux par

des couleurs communes et par des correspondances de lignes surprenantes. Les

livres ouverts, posés sur la table, et les livres fermés, sur les rayons, convergeant

tous vers la tête de Geoffroy, appartiennent à une charpente commune de

directions équilibrées, bien qu'un groupe doive ses inclinaison à la pesanteur et

que l'autre les doive surtout à la perspective. Les différentes nuances d'orangé

dans le rayon et sur la table confirment le contraste des plans verticaux et

horizontaux. Nou pouvons voir le soin que Cézanne a apporté à l'étude des

différentes parties dans les touches chaudes près du sourcil, parallèles au livre

orange oblique près d'elles, séparées par des touches blanches et violettes, et

dans la tache de lumière inclinée qui marque l'épaule droite.

L'ensemble paraît à la fois intensément artificiel et intensément naturel. Nous

passons souvent de l'artifice des formes composées au désordre d'une pièce

encombrée et, de là, nous sommes vite ramenés à l'ordre imposant imaginé par

l'artiste ; le va-et-vient est constant.

 Aucune ligne n'est simplement un procédé de dessin ; elle a toujours le

frémissement de la vie dans la lumière et elle est un produit de la touche sensible

et robuste de Cézanne. Si la petite statuette féminine adoucit la sévérité des livres,

elle est aussi, par son axe et son bras plié, une contre-partie de la raideur de

l'homme ; la tulipe dans le vase vbleu est penchée comme son bras ; et sa main

droite, vivante et délicatement peinte, rappelle les livres éloignés au-dessus.


https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres
/notice.html?no_cache=1&nnumid=1471


https://www.youtube.com/watch?v=ktu2TFvKdzs





vendredi 29 mai 2020

Paul Cézanne

 Il resterait encore à voir de nombreuses oeuvres de van Gogh, mais il est temps
 
de procéder à un changement d'artiste. Je vais avoir du mal à quitter  ce génial

coloriste pour un autre coloriste et rester encore à la même période et toujours en

Provence, Cézanne est tout trouvé.

Avec la même démarche, (le passant ne connaît de Van Gogh que "L'homme à

l'oreille coupée", "les Tournesols") trouver les oeuvres moins célèbres de Cézanne

à savoir ses "Pommes" ou les multiples "Montagne St Victoire".

Mais que faisait Cézanne dans les années 1888 quand van Gogh était à St Rémy ?

il n'était pas loin,  à Aix -en- Provence, dont il était originaire comme Zola que van

Gogh lisait  et qu'était allé faire Cézanne a à Auvers sur Oise ? rencontrer le

Docteur Gachet,  dont van Gogh avait fait le portrait.

 C'est pour l'instant le seul trait d'union que je trouve entre ces deux artistes;

 et je ne vous cache pas que j'ai pour l'instant aussi une préférence pour van

Gogh.

Je  vais chercher à retrouver des analogies dans la peinture,  peut-être  ce "Grand

Pin" où il me semble voir passer le mistral entre ses branches , ce n'est pas le

cyprès de van Gogh .... mais ! que nous en dit Schapiro ....


   

                                Entre 1892 et 1896  Toile 87 x 92 cm
Baissez le son

https://www.youtube.com/watch?v=OuYFgkyMuoM


                         "L'arbre est pris ici dans une conception poétique qui en fait

une individualité géante, s'élevant vers les cieux au-dessus des sommets de ses

voisins plus petits, tordu sur son axe et secoué de grandes forces, mais souverain

par sa hauteur et sa vaste étendue. Sa montée depuis le sol se fait par étapes

dramatiques ; par son vigoureux tronc incliné, plus puissant qu'aucun de ceux que

nous voyons ; par une zone de branches mortes dénudées se découpant sur le

fond du ciel et par la vaste couronne arquée de la cime qui traverse presque tout

le ciel. Les paysagistes de l'école romantique, Huet et Dupré, avaient peint des

arbres aussi héroïques, mais le ciel d'orage et le sol tourmenté de leurs tableaux

sont des causes extérieures évidentes de la souffrance de l'arbre.

 Dans le tableau de Cézanne, le drame réside dans l'arbre lui-même, avec ses

formes  en conflit, luttant contre le vent. Avec une simplicité remarquable, qui

passe souvent pour de la naïveté mais qui est la sagesse du grand art, il présente

l'arbre qu'il voit de la manière la plus simple, en le plaçant au centre de l'espace

qui nous fait face. Mais il sait comment utiliser les éléments environnants pour

supporter le drame. Les pentes du sol et les autres arbres sont inclinés de part et

d'autre du tronc comme s'ils avaient été séparés par le mouvement du géant du

ciel. Nous ne distinguons pas d'autres branches comme s'ils avaient été séparés

par le mouvement du géant du ciel. Nous ne distinguons pas d'autres branches

que celles de l'arbre principal, son supplice et son étendue sont un fait unique.

Le tableau est une harmonie agréable de bleus et de verts dans laquelle des

touches chaudes incidentes dans les branches et le feuillage rappellent la forte

bande ocre de la route.

Simples et parfaitement lisibles, les touches de pinceau confèrent à la toile

beaucoup de vitalité et de mouvement. En quelques lignes, elles créent par ses

directions changeantes un mouvement perpétuel dans l'espace, des courants

pleins de remous, des souffles de vent et de l'agitation, qui consistent pourtant en

quelques larges masses de couleurs.

L'attachement de Cézanne à ce grand arbre date de sa jeunesse. Dans une lettre à

Zola datée de 1858, il écrit : "... te souviens-tu du pin qui, sur le bord de l'Arc

planté, avançait sa tête chevelue sur le gouffre qui s'étendait à ses pieds? Ce pin

qui protégeait nos corps par son feuillage de l'ardeur du soleil, ah ! puissent les

dieux le préserver de l'atteinte funeste de la hache du bûcheron !..."

 Et dans un poème de 1863 :

Et l'arbre, secoué par les vents en fureur,

Agite dans les airs comme un cadavre immense

Ses rameaux dépouillés que le mistral balance...