mardi 4 septembre 2018

Le Portique de la Gloire

 Il faut être déjà un peu "branché" en matière de sculpture romane pour

 apprécier à sa juste valeur l'exceptionnel "poème de pierre" de l'entrée de la

 cathédrale de St Jacques de Compostelle. On pense que le maître Matthieu s'est

 représenté au pied du portique dans la posture d'un "orant", les galiciens l'ont

 nommé "el santo dos Croques". On sait peu de choses de lui hormis qu'il a bien

 oeuvré dans cette construction puisque un document en date du 23 février 1168

 mentionne qu'il reçoit une pension de Fernando II de Galicia ainsi qu'une

inscription dans les dentelles du Portique qui mentionne aussi au 1 avril 1188

 son travail depuis "los cimientos"

J'oserai dire, préparez vous si vous y allez, vous n'aurez que 20 minutes de

contemplation pour aller à l'essentiel et si l'on cite souvent le sourire de l'ange

 de Reims  vous n'aurez pas le temps de lire toutes les expressions de la forêt de

visages figés là pour l'éternité. Oui bien sûr ! car le temps ne les détériorera pas

étant donné  les protections dont on les entoure.

 Dans l'attente qui précéde l'ouverture sur la merveille un film défile et j'en ai

saisi quelques images.



 La profonde restauration est l'oeuvre de la Fondation Barrié ; corriger les

 infiltrations d'humidité, récupérer la polychromie d'origine conservée sous la

 poussière et la saleté : c'est ainsi, comme cela l'est encore dans les grottes

 préhistoriques que le nombre de personnes "à la fois" est réglementé.




Mateo développe un vaste programme iconographique au contenu

apocalyptique et salvateur centré sur la vision de la Jérusalem céleste en

 contemplant l'histoire du salut des hommes. Figure le monde terrestre éclairé 

par les astres (dans les clés des voutes) puis au contraire la nouvelle

 Jérusalem. 

Le bestiaire médiéval est largement représenté :  ours, loups, lions et animaux 

fantastiques.



 Tout est représenté, les anges,  le Jugement dernier, le pilier des prophètes 

l'apôtre St Jacques, les Bienheureux dans la Gloire.





     Le roi Nabucodonosor entre les bêtes, l'Arbre de Jessé



            le chapiteau des Tentations du Christ 



            les Evangélistes

 avec toutefois un oeil sur ce qui se passe sur la place notamment l'arrivée des 

pélerins à cheval


http://museoperegrinacions.xunta.gal/sites/default/files/pdf/PDF_FRANCES/SALA-7-FRANCES-2011.pdf






Le Christ Rédempteur et les symboles de son triomphe sur la douleur et la mort

L'individualisation des visages et la complicité entre les personnages 

constitue un des premiers apports du Maestro Mateo à l'histoire de l'Art.

 On verra demain l'intérieur de la cathédrale si semblable au St Sernin de 

Toulouse et de ce que j'ai pu en voir ... ! un vrai hall de gare, un brouhaha  !!! 

il aurait fallu un concert d'orgue à tout casser pour faire taire toutes ces 

conversations.



      En quittant le portique.  On ne voit là que la moitié de la file,

 il était temps de penser au petit déjeuner ............... 9 heures!

vendredi 31 août 2018

St Jacques de Compostelle

" le Champ des étoiles "... je le vois, vous ếtes nombreux attirés par ce titre 

comme l'est la foule des voyageurs rencontrés

les poètes aussi, je citais hier Machado aujourd'hui Otero Pedrayo qui parle de 

la façade principale de l'Obradoiro en ces termes "automne las et doré "....il 

découvre dans cette réussite sculpturale l'esprit de la" Summa Theologica" de 

Saint Thomas ou de la "Divine Comédie" de Dante.

 quant au fameux" Portail de la Gloire" du maître Matèo qu'on ne peut pas

photographier non plus, c'est un "poème de pierre".

 Pour Miguel Unamuno, cette merveille ionique d'Espagne respire l'art et la

piété du Moyen Age, la jeunesse entière du granit.

Pour ce matin quelques conseils ; rendue dès sept heures du matin devant cet 

édifice ce fut la surprise de découvrir une file d'attente qui va se révéler être  

plus d'une heure de patience avant de pénétrer par petits contingents sur 

l'espace dédié au visionnage filmé du Portail de la Gloire désormais clôt par

une femeture préalable.



 L'encadrement de surveillance est rôdé au timing et à la 

surveillance. Ce sera un choc l'après midi de voir cette file traverser la place 

presque.. aussi grande que celle de la Concorde, au bas mot cinq ou six

heures d'attente. On rentre par groupe de vingt à peu près. Je vais vous parler

de tout cela en détail. Mais, vous savez, c'est long, très long  ! et il faisait froid 

!!, avec l'estomac vide.

J'étais rentrée là il y a quelques années comme on dit "comme dans un moulin"

en compagnie de quelques pélerins rencontrés sur le chemin, assez choquée 

d'ailleurs de leur comportement, "elles" s'étaient jetées à plat ventre par terre 

dans un geste d'adoration que je n'avais pas très bien compris puisque je m'en 

souviens encore.  Cette file n'est pas la seule, l'autre, dans la cathédrale

 concerne l'apôtre uniquement  et comme à Montserrat pour toucher le 

reliquaire. Mais pour rentrer dans la cathédrale ce sera par une autre porte.

 J'ai eu le temps de voir le soleil se lever sur St Jacques !!! belle illumination !!!


  J'étais à l'ombre de ces tours de 70 mètres  "Croissez, lis jumeaux d'audace, 

croissez, poussez, tours de Compstelle". Gerardo Diego.

  J'ai pu  monter enfin les escaliers, ... presque libérateurs....


              
          et de là assister à l'arrivée de pélerins à cheval, belle allure !!




 Contempler encore un St Jacques à cheval sur le faîte du Palais Rajoy en face.

sur lequel se projette en partie l'ombre de la cathédrale



sur le frontispice de la bataille, gagnée par les chrétiens, de Clavijo : pour ceux 

qui ne connaîtraient pas bien l'histoire,  il y est apparu.

 Il était en Hispanie au premier siècle des évangélisations pour avoir reçu en 

charge l'évangélisation de cette lointaine contrée. Reparti en Palestine il y fut 

exécuté et ses disciples  sachant sans doute combien ce pays lui avait tenu à 

coeur renvoyèrent son corps décapité sur les terres de Galice. 

On verra cela en détail.

 Mention faite des ouvriers d'art qui ont travaillé à l'élévation de ce monumnt

  Fernàndez, Vaamonde, Gambino, Nogueira, Lens, Pose, Lopez et Ramos.  et 

pour rappel, si le génial architecte de l'époque romane fut Màteo c'est Casas y 

Novoa qui fait exécuter ce ballet de pierres, la difficulté venant d'un équilibre à 

trouver avec la tour des cloches du XVII ème conçue par Pena del Toro, qu'il 

obtient en concevant à son tour la tour de la Crécelle (Carraca).

 Après cela, il y a les "impressions", ce mendiant jeune, à genoux,  pieds nus 

sous  la pluie, de quoi émouvoir les passants: le lendemain, ces fraiches notes 

du  biniou galicien, égrénées sous le passage qui descend à la cathédrale par 

un galicien en costume du pays. (la gaita gallega)

                  https://fr.wikipedia.org/wiki/Ga%C3%AFta

  ce n'était pas  celui-là
                                              https://www.youtube.com/watch?v=6n0_sZeQMM0

https://www.youtube.com/watch?v=8hZOxvpjYNg


                                                                                       à suivre

Si vous voulez visiter les toits il faut acheter vos billets au préalable

mercredi 29 août 2018

Santiago de Compostelle

Arrivée tard, le soir,  sous la pluie et un changement de température pas

 vraiment agréable car passer de 35 degrés à 15 degrés n'est guère plaisant.

Et c'était pourtant une bonne reprise de contact, loin de la foule, immense, du

 lendemain; le temps de refaire lentement le tour extérieur de la cathédrale, 

de raviver des souvenirs et surtout de photographier las "platerias" romanes

avec des éléments de sculpture du premier édifice du Maître Mathieu.

  Certes, la façade de l'obradoiro  construite en 1750 par Fernando Casas 

dont je vous ai déjà parlé à la cathédrale de Lugo), est somptueuse, 

imposante, vous la verrez telle que je l'ai redécouverte le lendemain matin

dans les circonstances que je vous relaterai plus tard.

Telles d'ailleurs qu'elles m'ont fait fuir sur le littoral... mais je vous raconterai...

pour l'instant il faut saisir le peu de lumière qui reste, prendre la mesure du 

bâtiment avec son poids historique, son pouvoir d'attraction ; être parvenus au 

but vers lequel tant de pélerins depuis des siècles ont cheminé.

 Et cela au fond, se passe de commentaire, chacun,  selon son ressenti ...










la Tour de l'Horloge

  érigée par

 Domingo de Andrade

entre 1676 et 1680




et la

 Fontaine des Chevaux
















une petite éclarcie se dessine  au-dessus  du Portique Royal projeté par Vega 

et Verdugo et exécuté par José de la Pena del Toro



          ici on ne parle pas du Maître Mathieu mais du Maître Mateo
 
 qui entreprend le chantier en 1168 auparavant c'était Bernard le Vieux qui 

avait oeuvré à la suite des interruptions du chantier des années 1088 et 1124

On retrouve à St Jacques les influences de Sainte Foy de Conques et de St 

Sernin de Toulouse . oserais-je dire que c'est pourquoi je me sens un peu chez

 moi !!!...

 Venons-en à ce Portail des orfèvres ou des Platerias si vous préférez..

 Manuel Machado parle des nuances "de gris jusqu'au topaze" et il a raison,

  cette belle porte romane est ma préférée!

          Frontispice                                
 






















le Roi David et sa viole












La création d'Adam

 Les parties plates sont sculptées en bas-relief de scènes juxtaposées selon le

 procédé de Sangüesa et de Leyre (voir mes archives)


  au centre : le Sauveur

Les statues de la Porte Sainte sont une série de sculptures provenant du "Coro"

 roman du Maître Mateo : apôtres, patriarches ou prophètes, assis.



  Saint Jacques et ses deux compagnons













































































 peut-être aimerez-vous plus tard que je revienne plus en détail sur la 

fondation de Saint Jacques, les tenants et les aboutissants de sa découverte,

 les doutes, car il y en a :  comme lorsque l'on vous raconte que la bataille de

 Clavijo n'a jamais existé et pourtant Saint Jacques trône toujours sur les

 sculptures chevauchant  son cheval blanc. Ce qui n'est pas de la légende c'est

Al Mansour qui a incendié cette ville en 987  et les Normands qui lors de leurs

 attaques atteignent l'évêque Sisnando II.

 mais tout ceci est plus de l'histoire que de l'art mais comme je l'ai déjà

 souligné l'Art est le livre d'image de l'Histoire.



Lugo : folklore

  Je préférerais Art et Traditions populaires puisque je vous montre ce matin 

une collection de cadrans solaires et la reconstitution d'une cuisine  comme on 

peut encore en trouver dans quelque région reculée de la Galice.

Quelques beaux blasons aussi :



 on revient donc au musée provincial, ancien couvent de San Francisco.








































 Pizarra: ardoise

 http://redemuseisticalugo.org/cartafol.asp?mat=12&id=105

 petit exercise de lecture galicienne où mes amis portugais auront moins de

 mal ; l'essentiel est de savoir que cette collection de cadrans solaires est la 

plus complète que je puisse avoir vu, que les cadrans épousent de multiples 

formes et le plus souvent en granit. (plus de quarante )

 
Marmol : marbre


 le plus original : on aime bien le temps qui passe avec cette gracieuse 

"porteuse d'heures"( numérotation en arabe)

La cuisine galicienne : foyer à même le sol, évacuation des fumées par le toit

bancs près de l'âtre




 les heures ont passé,  il est 21 heures, le musée va fermer, mais il va encore

 faire jour jusqu'à plus de 10 heures.




                      https://books.openedition.org/pur/11708?lang=fr

mardi 28 août 2018

Lugo romane





 Romane pour sa cathédrale aux influences françaises... oh!

 quel plaisir de rentrer enfin dans une église sans ticket ni réservation et de

joindre ma prière  de "pélerine" au premier office du matin célébré par un prêtre

 si vieux, si courbé  !! que cela en était émouvant.



 Célébre pour ce Christ en Majesté dans sa "mandorla" reposant sur un

 chapiteau représentant la Cène.
 (vous remarquerez qu'il ne repose sur rien)

Le soleil ne dore plus les pierres où règne le granit galicien, c'est aussi le 

portail nord sans grande luminosité.


 je vous ai longuement abandonnés à la recherche du"curriculum vitae" de 

Cornélius de Hollande qui a sculpté  en 1531 le retable du transept  de droite 

et je voulais m'assurer que c'est bien que celui que j'ai photographié.

























































 La Vierge aux grands yeux
chapelle de Fernando de Casas
inscrite aussi dans une mandorla où les angelots vont et viennent



 https://tabernacofrade.net/web/nuestra-senora-de-los-ojos-grandes-lugo/


                                           Voilà pour le sacré
                                                         revenons au profane.

 les archéologues ne savent exactement quelle attribution donner à ce bain

 romain proche de la grande place qui n'oublie pas sa romanité.


             en sous-sol protégé par une épaisse vitre au ras du pavement.

les arbres sont taillés en parasol, au cordeau.


             ces deux romains sont descendus de leur char






les poètes s'en donnent à coeur joie





 et les Lugonien dorment encore derrière la belle façade de leurs maisons.




https://es.wikipedia.org/wiki/Ram%C3%B3n_Mar%C3%ADa_del_Valle-Incl%C3%A1n

 http://www.colindavies.net/Meakin.htm.


                            Mais nous avons encore à voir,  à Lugo.