dimanche 3 décembre 2017

Ritels grecs: le symposion

 voilà un mot grec"le symposium" utilisé sans notre langage courant :
assister à un "symposium", selon la définition du Larousse est un ensemble de travaux se rapportant à une même question et dus à des auteurs différents ( par analogie avec le dialogue de Platon intitulé "le Banquet", où divers auteurs parlent tour à tour de l'amour).  Par extension, Réunion, Congrès.

 Toutes choses qui ne ressemblent plus en rien à ces réunions masculines polysensorielles où règne Dionysos .
Je ne suis pas certaine non plus que nos modernes banqueteurs coupent leur grands crus avec de l'eau....!!

  
  Ce "symposiaste" en terre cuite conservé au Musée du Louvre date de 450 
à Tarente en Italie du Sud.
Un diadème est posé sur sa chevelure et il tient à la main un canthare.
Ces figurines de banqueteur étaient la spécialité des ateliers de "coroplathes" en Grande Grèce ou à Tarente au V ème siècle avant notre ére.

Il en est de même pour cette figurine d'acrobate sans doute une "hétaïre".
Nous avons parlé de polysensorialité, plaisirs visuels, olfactifs, auditifs et tactiles .... et je ne précise pas lesquels.



 Pas grand-chose de changé ... pour les amuse- gueules ...  de nos apéritifs !

        je n'ai pas non plus testé cette moderne "kliné"


 Tous les vases utilisés pour le banquet évoquent les scènes de cette réunion




                                                                    à suivre

samedi 2 décembre 2017

Rituels grecs: le sacrifice. suite



 Ce relief votif dédié à Déméter ou à Aphrodite est de toute beauté, conservé au Louvre, il est en marbre du Pentélique.
Les dix personnages masculins vêtus de leur "himation" se dirigent en cortège pour apporter une chèvre en sacrifice à la déesse reconnaissable à sa stature plus importante, comme le sont d'ailleurs les deux premiers pour afficher leur statut de prêtres ou de magistrats.
 Le couteau sacrificiel est dissimulé dans le "kanoun" qui contient les céréales dont on dispersera les grains sur la tête de l'animal avant le sacrifice.


   La déesse verse le contenu de la "Phiale" sur le feu ou la tête de l'animal.

                Ce marbre datant de 340-320 avant JC  est conservé au Louvre.


La scénographie des salles est particulièrement soignée:











































On pourrait essayer la recette du vin au coing , ces fruits n'ont peut-être pas encore été tous transformés en pâte ou en gelée.




 Ah ! le cochon animal sacré ! que l'on pouvait être offrir à Déméter vivant en sacrifice ou en statuette comme celle-ci conservée au département des Antiquités grecques et romaines au British Museum de Londres.
 Celui-ci est en marbre carien







 Ce" thymiaterion" est d'Apulie en Italie du Sud,( IV ème s) c'est un petit autel portatif en terre cuite dont la coupelle permet de  recevoir l'encens complété sur le côté par une petite lampe à huile.
Il est conservé au Musée St Raymond.

La frise qui court en bandeau  est une vignette décorative et très explicative.




vendredi 1 décembre 2017

Rituels grecs ; le sacrifice

Mais je préférerais "les sacrifices", en effet, toutes les occasions sont bonnes pour s'attirer les faveurs des Dieux.
 Comme pour le mariage, les requérants se déplacent en cortège de préférence vers le "temenos" le sanctuaire, soit un bâtiment dédié ou bien dans la campagne pourvu qu'y soit construit un autel.
 Autre condtion impérative, la purification : nous l'avons vu pour le mariage, il en est ainsi pour tout ce qui a trait à la cérémonie du sacrifice, sanglant, qui est nécessaire pour l'harmonie du "Kosmos".
 Fumigations, offrande variées,  de fruits, de céréales,  le sang qui coule, (bovins, ovins ou même gallinacés selon la fortune)  le vin offert en libations suivi des effluves des chairs grillées que les vivants partagent avec les dieux, sont avec la musique l'occasion de fêtes "homériques".
 Au fait, l'expression vient-elles de ces descriptions qu'Homère relate ?  dans son Odyssée.
 J'ai beaucoup tourné autour de l'olivier ou des tissus sont aussi accrochés, autour  des offrandes de céréales....
Je vous l'ai dit, c'est un temps "d'immersion" dans toutes ces coutumes que vous vivez au sein de cette exposition ; la musique vous accompagne en permanence,  pour un peu vous invoqueriez  Déméter !!!


 Une fois encore les scènes qui figuent sur les contenants nous renseignent sur les modalités des sacrifices et ils  sont nombreux.

Cette statuette conservée au Louvre provient de Mysie en Turquie trouvée dans la nécropole de Myrina lors de Fouilles de l'Ecole Française d'Athènes en 1883.
 Cette jeune fille en terre cuite verse l'huile parfumée de son alabastre sur un petit brasero garni sans doute de fruits : cette libation fera monter au ciel le parfum de son offrande..



Il en est de même pour la suivante, en provenance du Louvre aussi , cette terre cuite est d'origine de Béotie, on n'en sait pas plus, mais la phiale et l'oenochoé de part et d'autre  dans chacune de ses mains renseignent parfaitement sur les objets utilisés pour les libations.


 Sur la grande hydrie présentée derrière elle contenant de l'eau ,on peut voir le large autel d'où s'élèvent des flammes : c'est à un couple  qui s'adonne à cette libation sans doute pour obtenir les faveurs d'un dieu  à leur encontre.
 Elle appartient au Musée St Raymond et vient d'Attique.








 Celle qui trône au centre de cette photo est magnifique, sans doute pour la finesse de son décor très descriptif elle a été l'objet de toutes mes attentions.
Identifiée comme issue d'Etrurie en Italie à Caere (Cerveteri).
On l'attribue au Peintre ionien du nord installé en Etrurie dit Peintre du Louvre.
Il va me falloir me pencher sur ces identifications de peintre comme ici Peintre du Louvre comme nous avons vu Peintre de Léningrad.
Qui ? pourquoi ?
 Bref ce vase porte par sa "facture " la signature de ces peintres ioniens qui s'installèrent en Etrurie aprés la guerre Greco-Etrusque et la bataille d'Alalia. 
Son descriptif détaillé nécessitera de ma part un certain temps .

                                    Voyez-le déjà au travers de ses dessins.







             Attention !! 
le prêt est consenti par le Museo Nazional Etrusco di Villa Giulia, Rome


  
                              J'imagine les précautions d'emballage et de transport !!























Ce descriptif, je vous le donnerai dans la journée.
Si ces vases me plongent dans l'univers chaleureux de la Méditerranée, j'ai  ce matin les pieds dans la neige.
Je me demande si j'aurai envie de verser sur mon feu quelques huiles odorantes.
Je pense plutôt à quérir la
 couronne de l'Avent dont j'allumerai Dimanche la première bougie dédiée à notre Dieu.

 Mais ne fallait-il pas un autre sacrifice,  que le sang coule,  en réconciliation avec le dieu du ciel  et nous nous préparons à fêter la naissance de cette victime concentante.



             c'est bien un labyrinthe qui figure sous chaque anse.
Le cortège est conduit par Hébé qui incite Héraclès à prendre place sur le char pour l'arracher à sa condition humaine : Hermès messager de Zeus et psychopompe  se retourne vers Iris messagère d'Héra que l'on peut identifier à ses longues ailes. Cortège nuptial s'il en faut car Hébé est la future épouse céleste d'Héraclès.
                                                                   à suivre

jeudi 30 novembre 2017

Rituels du mariage : suite

Une étude plus précise des scènes représentées sur les hydries, les Lébès gamikos ou les péliké n'auraient pas suffi : il faut lire les auteurs grecs tels que Hésiode dans sa "Théogonie" ou Eschyle et son" Prométhée enchaîné", Ménandre et "La Samienne", Antipater de Sidon et son "Anthologie palatine"  ou bien encore Lucien de Samosate dans les pages de son "Banquet" entre beaucoup d'autres, tous auteurs des siècles avant JC (pour donner un ordre d'idée à ceux qui ne situeraient pas bien, la Grèce antique)

 Revenons sur quelques précisions,  entre autres le rôle du safran qui teinte le voile de la mariée : le crocus sativus était bien connu des grecs pour ses propriétés tinctoriales (Krokos). On l'a utilisé pour vêtir de la "crocote" les jeunes Athéniennes qui s'isolent dans le sanctuaire d'Artémis  avant de se considérer en âge de se marier.
Mais aussi pour ses vertus médicinales.
Le parfum fait aussi partie de la fête  (Aristophane dans" l'Assemblée des femmes" souligne   "une femme ne se fait-elle pas baiser sans parfum".




         L'aryballe à écailles ci-dessous à droite est d'origine corinthienne






 La cruche à anses ci-dessus est une Oenochoé attique. Manière du Peintre de Maidias


Gros plan sur l 'amphore attique à figures noires. Les femmes portent sur leur tête des "liknon" paniers utilisés dans diverses circonstances, ici pour porter les cadeaux de la mariée, mais aussi lors des fêtes dionysiaques ou pour porter les objets du sacrifice.
Les deux personnages masculins  sont imberbes et vêtus de "l'himation" et du "chiton", les chevaux tirent un bige, signe de richesse de l'époux

Les sacrifices aux Dieux sont aussi un pan important de la vie des grecs anciens, nous aborderons ce sujet demain.

Commissariat général : Evelyne Ugaglia.
 Conservateur en chef du Patrimoine.  Directrice du Musée Saint Raymond .

Claudine Jacquet : Assistante principale de conservation du Patrimoine
Régisseur des collections, musée St Raymond

 Commissariat scientifique : Adeline Grand-Clément
Maître de conférences en Histoire grecque.
Université de Toulouse 2 Jean-Jaurès 
Laboratoire PLH-ERASME

Amandine Declercq : Médiatrice scientifique, membre associé de PLH-ERASME

Ghislaine Vandensteendam : Professeur de musique et d'histoire de la musique
musicothérapeute : membre associé PLh-ERASME et IRPALL université Toulouse 2 Jean-Jaurès 

Cette exposition a reçu le label Exposition d'intérêt national avec la participation exceptionnelle du Musée du Louvre.