J'ai pris la peine de lire hier tout ce qui a trait aux XVII et au XVIII éme siècles en matière d'orfévrerie.
Hormis de longues listes d'orfèvres et des représentations d'argenterie soupières, pichets etc très beaux certes, je ne trouve plus ces pièces d'exception que nous avons pu voir aux siècles précédents.
Il faut le souligner encore beaucoup ont été fondues pour subvenir au payement des armées.
Une interdiction majeure était faite à cette corporation des orfèvres, celle d'utiliser autre chose que de l'or et de l'argent et encore des plus purs !!
"Nus orfèvre ne puet ouvrer d'or à Paris, qu'il ne soit à la touche de Paris ou melleur, la quele touche passe touz les ors de quoi on oevre en nulle terre"
Au passage,... la touche est une pierre où l'on a préalablement frotté l'or qui doit résister au liquide posé dessus. (jaspe noir et acide).
A Paris les Registres de la taille de 1292, mentionnent cent dix maîtres bien et dûment établis.
Sur les Registres de la taille de 1313 nous en relevons cent cinquante-six, parmi lesquels figurent trois orfavresses.
Bien mieux, dans un autre de ses chapitres, Rabelais nous montre le héros de son livre allant voir travailler les orfévres, et prenant à cette contemplation un extrême plaisir.
Il est peut-être intéressant de se pencher sur leurs statuts.
On verra aussi le rôle des poinçons et leur obligation; poinçon de maître et poinçon de "au seing de la ville"; les dits poinçons conservés par des gardes eslus à ce faire.
Nous pouvons considérer que parmi cette corporation, furent plusieurs Confréries qui dotaient les chapelles, les couvents et autres oratoires d'éclatantes parures.
Dans ses Noëls nouveaux, le poète troyen, Nicolas Pourvoyeur,
était donc fondé à leur réserver une place à part parmi les bourgeois qui allèrent saluer le Chrit naissant :
Les orfèvres remplis de zèle,
Se sont montrés trés généreux,
Non pas de la simple vaisselle;
Ils ont offert au Roy des cieux
C'étoit une belle couronne
de pur or et de diamans,
et mieux que docteurs en Sorbonne,
Ont fait à Dieu leurs complimens.
DOUZE ARTICLES S'ÉGRÉNENT:
L'article 1er nous apprend que le métier était libre pour celui qui veut faire le set, à condition de se conformer aux usages et coutumes admises.
Les articles 2 et 3 réglaient l'aloi du métal à employer.
Par l'article 4, il était défendu à tout orfèvre d'avoir plus d'un apprenti étranger; mais de sa famille ou de celle de sa femme, il pouvait en avoir autant que bon lui semblait.
La durée de l'apprentissage était fixé à dix années (article 5)
L'article 6 portait à défense de travailler la nuit, si ce n'est pour le roi, la reine leurs enfants ou l'évêque de Paris.
Par l'article 7 les orfèvres étaient dégrévés de tout impôt directs, dispense qui leur était commune avec plusieurs autres industries de grand luxe.
Il leur était interdit (art 8) d'ouvrir leurs boutiques les jours de fêtes des apôtres et le dimanche ; toutefois en ces jours fériés, une boutique devait à tour de rôle rester ouverte à la condition que le bénéfice réalisé par le vendeur serait déposé dans une boite spéciale ( en laquelle boiste on met les deniers de Dieu, que li orfèvre font des choses que ils vendent et achatent ); le produit de cette boîte servait chaque année, au Jour de Pâques, à offrir un dîner aux pauvres à l'Hotel-Dieu.
L'article 9 obligeait les orfèvres à jurer d'observer le réglement de leur profession.
Par l'article 10 ils étaient exemtés du guet, mais soumis à toutes les autre redevances.
L'article 11 réglait la nomination de prud'hommes ou Gardes du métier, au nombre de deux ou trois restant en fonction trois années et ne pouvant être réélus que trois ans après la sortie d'emploi.
Enfin l'article 12 établissait les pénalités qui frappaient l'orfèvre fautif et récalcitrant, pénalités qui pouvaient s'élever jusqu'à trois ou six ans de banissement.
Je voudrais terminer par l'évocation des jouets de Louis XIII dont un petit navire à roues, cadeau de la Reine Margot, un petit panier et un marmouset en métal précieux.... cela va s'en dire !!!