mercredi 12 octobre 2016

Peintures murales romaines de Narbonne

Je précise bien de Narbonne car dans ce domaine on pense toujours à Pompéi.
 Ici, elles sont issues pour la plupart  du Clos de la Lombarde, ou de la Maison au Génie.
Cet ensemble remontant à la charnière des II ème et III ème siècles de notre ère est à ce jour le plus complet et le plus riche de sens en France.
La présentation dans le musée s'attache à les placer, certaines  en vitrine, mais pour la plupart dans les  hauteurs initiales.











 Une autre salle donne toutes les explications nécessaires à l'élaboration de ces peintures ; choix des pigments, exécution des tracés préparatoires, méthode de confection des faux-plafonds à peindre à fresques etc.
sans oublier les sols en toutes sortes de mosaïques ou d'opus sectile.













































  Ce magnifique décor mural, par contre, provient de la salle à manger (tricliniom) de la Maison au Génie, représenté ci-dessus tenant une corne d'abondance, à droite, un militaire en armure et au-dessus, un buste d'Apollon lauré.



 Celle-ci  : la peinture au paon de l'avenue Frédéric Mistral.













on repart dans la maison au Génie pour la peinture au cerf et aux candélabres à ombelles.







 Remarquez ce ravissant dauphin jouant avec un cerceau  (45 de notre ère )











 centaure de la Maison au Génie



 ce visage jaune très évocateur, aux traits épurés, est issu du Clos de la Lombarde;  tous ces éléments souvent retrouvés face contre terre,  détachés des murs ou des plafonds, sont d'une grande fraîcheur.

                         faux marbre entourant un fin paysage.
 Mais je ne saurais quitter cette romanité par encore quelques pièces extraordinaires et pour marquer ce passage des peintures  aux éléments lapidaires, voici la  borne milliaire  du Rieu de Treilles qui porte la plus ancienne
  inscription latine de notre pays (vers 120 avant notre ère).
 Trouvée en 1949,  le long de la Via Domitia à 20 milles romains de Narbonne.

                        au nom de Domitius Ahenobarbus

Et nous ne sommes qu'à la veille d'autres découvertes, chaque jour au cours des fouilles préventives de l'INRAP, préalables à de nouveaux aménagements du territoire, l'on met à jour d'autres vestiges.
 Il faudrait que je disserte encore sur les différentes phases de la peinture romaine, définis dans les années 1882 par l'archéologue August Mau , mais.......
tous mes lecteurs ne sont pas passionnés par l'archéologie  !!

 Voici une reconstitution en 3 D qui donne bien l'idée de cette décoration murale,
en Italie :
http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/des-chercheurs-ont-reconstitue-en-3d-une-maison-de-pompei_107306

mardi 11 octobre 2016

et petit retour en arière

 Je ne saurais me tourner vers l'avenir, ce que j'ai pourtant déjà fait, sans revenir encore un peu à Narbonne.... trop représentative de notre passé, un passé toujours présent d'ailleurs. autrement que dans des vestiges conservés dans les Musées.
Je ne vous propose pas une visite scientifique ni didactique mais plutôt ludique ; c'était d'ailleurs l'ambiance qui régnait ce matin-là avec la visite d'une classe de collégiens "lachés" dans ce grand palais des Evêques, heureux de se retrouver pour discuter entre eux au coin d'une salle ou de galoper dans les escaliers en s'amusant beaucoup ; ils se figeaient parfois en me rencontrant mais mon sourire amusé avait vite fait de les mettre à l'aise.

 La chapelle de la Madelaine située dans le donjon primitif du Palais donne bien le ton. Son aménagement remonte aux années 1272-1284 sous l'épiscopat de Pierre de Montbrun. La décoration peinte médiévale conservée se mêle aux éléments archéologiques dans un mélange que je trouve harmonieux.









 Belle décoration peinte, anges thuriféraires et autres allégories.

















 Le dolium qui trône au centre de la chapelle provient de l'oppidum de Montlaurès, site  primitif  de Narbonne. Ces grandes jarres étaient destinées à la conservation du grain ; celle-ci est considérée comme très précieuse.















 les dolia pouvaient aussi contenir du vin.




















 Sans chronologie, je vous présente encore ce matin les "Lucernae" ces lampes à huile trés originales dont celle-ci est en forme de pied.


 Avant de passer demain à un large éventail de fragments de décorations murales parmi les plus célèbres, je voudrai vous faire lire deux éloges de Narbonne par deux grands écrivains de cette époque. (traduits du Latin)
Sidoine Apollinaire et Ausone.

http://www.cosmovisions.com/Sidoine.htm
http://www.noctes-gallicanae.fr/Ausone/Ausone%20biographie.htm

 complétés par deux gravures XIXème, les portes de Narbonne, avec les réemplois antiques et leur destruction définitive.



dimanche 9 octobre 2016

Retour à la nature

 La voilà, cette promenade du Dimanche après - midi ; petit vent coulis descendant des montagnes sur le chemin de Delalaygue  (du bord de l'eau) et soleil jouant à cache-cache.
L'Hers est au plus bas, il ne s'écoule plus d'eau sur la "païchero" joli nom de par ici pour désigner une chaussée qui préside à la prise d'eau d'un moulin ou d'une scierie.
 Ce brusque changement de temps va accélérer la coloration de la forêt, de belles images à venir.

                    Le vieux platane a d'ailleurs commencé ce festival de tous les jaunes, ocres et rouges des merisiers, tableaux piquetés du vert sombre des sapins.


Plus bas,
                                    la rivière s'étale doucement:

Néfliers, pommiers ou poiriers  qui  laissent tomber quelques fruits ... bordent le chemin.
 Mais au coin d'une sente qui part à l'assaut de la montagne,  la reine du pommier, seule, bien ronde et bien grosse, perchée au milieu d'un pommier entourée de ses verts sujets,  reste inaccessible.


           un rayon de soleil vient se glisser sur un rameau de lagerstroemia.
















il est temps de rentrer doucement, de saluer au passage le platane tutélaire,
















             et de profiter encore un peu des dernières fleurs de mon jardin.



Expressions

 Je ne sais si vous auriez préféré une promenade en forêt, ce Dimanche, toujours est-il que je préfère traiter le sujet de  cette romanité avant de passer à beaucoup d'autres choses et de partager encore un peu avec vous, mon admiration pour ces sculptures.

 Sentiments exprimés d'un seul trait : la colère,


  le chagrin :
le satyre :
                le bonnet phrygien :

          bien avant la révolution française : l'esclave affranchi,

 http://www.contreculture.org/AT_Bonnet_Phrygien.html

 et sans esprit de révolte les taureaux.
 à remarquer qu'une figure de Mithra sacrifiant un taureau porte aussi un bonnet phrygien, très prisé par les légionnaires romains:
Plusieurs siècles après,  expressions de béatitude  dans les visages qui supportent les arcs de Notre-Dame de Lamourguier.







































 Et nous repartons au début de notre ère avec ce griffon : animal psychopompe ou comme gardien du monde des morts.


vendredi 7 octobre 2016

Les Pulvinaria

 Mais qu'est-ce que ce nom "barbare" ?  une occasion au détour de cette phrase pour rappeller que barbare ne veut pas dire sauvage mais "étranger" lorsque les Romains parlaient des Gaulois ; au fil des siècles,   cela devint "cruel, sauvage sans foi, ni loi".
 Je n'ai pas l'intention de vous communiquer l'intégralité du dossier constitué de tous ces éléments lapidaires mais je veux encore vous montrer ces pulvinaria, qui sont en pierre , ( précisément dans un calcaire fin) la copie des coussins  des lits funéraires.

 une occasion, aussi de parler de cette autre superbe frise de feuilles d'acanthe qui court au-dessous de cette sculpture, même datation, moins dix plus dix de notre ère
L'amour ailé est tourné vers la niche circulaire qui supporte le visage du défunt
 ( 1er siècle de notre ère)

 Mais je ne résisterai pas à quelques autres figures de taureaux, j'en ai dénombré au moins une dizaine avec ou sans naseaux... trop beaux !!!

 Pour ce matin , quelques aigles...encore ..


 ce chapiteau, splendide, malheureusement photo  un peu floue.
 Je crois que vous pouvez maintenant faire la différence entre la sculpture sur calcaire au trait appuyé et qui a plus ou moins bien  résisté aux intempéries et le marbre éternel qui se prête à un travail plus fin, plus diversifié .
Si ce matériau a tant été utilisé par les Romains qui l'ont extrait de tout l'Empire, c'est pour son caractère immuable ; il devait représenter quand même à l'époque un certain prix .

provenance ;  Temple du Forum.
http://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1956_num_14_1_1452

Frise augustéenne et bornes milliaires

 Cette frise est remarquable par ses dimensions, huit blocs de calcaire formant 6 mètres 95 de longueur, et pour son époque, Haut Empire, soit courant du 1er siècle
 Cette frise n'est qu'un seul côté d'un mur d' enclos funéraire  ( maceria): une fois de plus  extrait en 1869 des fortifications du XVI éme siécle.
Le décor est exhubérant, chargé de fruits, de fleurs, d'oiseaux, d'amours ailés et de faunes inscrits dans des merlons à sommet arrondi.



 La longue frise d'armes date du changement d'ère  (plus dix à moins dix ); elle est de dimensions similaires, 8m96, constituée de neuf blocs à peu près jointifs. Les bandeaux paralléles sont assez frutes mais le descriptif est varié ; casques de différentes formes, cuirasses complètes, boucliers circulaires ou en écus, avec au centre un umbo saillant ou une arête médiane ou une tête de Gorgone; des boucliers d'amazone, une enseigne avec un sanglier, des flêches, lances, poignards, épées ou haches à double tranchant.















 https://www.youtube.com/watch?v=C9LxZ9-_qwg

Il y a déjà une bonne quinzaine d'années que je découvrais les bornes milliaires exposées au Musée de Lattes. Sur les deux présentes dans ce musée de Narbonne se portent la mention de la trente sixième puissance tribunicienne de l'Empereur Auguste (13-14 de notre ère ). La premiere réutilisée dans le village de Peyriac-de-Mer serait à mettre en relation avec la Voie Domitienne toute proche.
  la seconde est moins bien conservée, signalée en 1848 dans l'église du village de Saint Couat à 30 km de Narbonne, elle indique la distance de 20 milles romains soit 30 km environ et montre que la borne se dressait à l'origine non loin de son lieu de découverte et qu'elle jalonnait l'autre grand axe de la province de la Narbonnaise : la voie ves l'Aquitaine, par Carcassone et Toulouse.
 Ces bornes milliaires sont nombreuses  on peut en voir une autre dans l'église de Baziège réemployée comme poteau de supplice pour un chrétien.



  Je pense que vous avez eu votre lot de pierres; en souhaitant qu'elles vous intéressent... il y en a beaucoup d'autres  à venir, très représentatives.

 Comme il faut toujours sortir pour  respirer.......

http://voies.archeo-rome.com/voies04.html