La montagne des grottes et la montagne sans grottes.
" Dans la partie calcaire qui est, de par sa nature même, le monde des grottes, la version la plus fréquente du retour des Morts se construit autour du thème du linge et de celui des "hados" bénéfiques.
Le monde souterrain est familier à ceux qui voient quotidiennement, dans les falaises et les bois qui les entourent, des entrées de grottes et des ouvertures de gouffres.
(Je vais vous décevoir mais je me suis souvent penchée sur l'entrée de Fontestorbes, les anciens d'ici m'avaient dit que les hadas y battaient leur linge avec des battoirs d'or, mais je n'ai jamais entendu que le bruit des flots qui en jaillissent.
La verticalité du gouffre, toutefois, fait peur, alors que l'horizontalité de la grotte rassure : les êtres qui y vivent ne peuvent qu'être proches des humains...
Et puis, il arrive souvent que la grotte soit une résurgence, une source qui apporte l'eau.
Elle est alors appellée : era boca (la bouche), celle qui donne la vie qui sort du ventre de la terre.
Pourtant , même dans la montagne calcaire, le blanc du linge étendu est souvent celui du linceul.
Il est à la fois la couleur de la féminité porteuse de vie et la couleur du vêtement des morts.
Les morts comme les "hados" arrivent de l'ailleurs du monde souterrain et, dans la mémoire populaire, le retour des défunts se mêle souvent à celui des êtres mythiques bénéfiques.
Car les témoignages montrent qu'il s'agit là du retour des morts protecteurs si l'on a su les honorer, et non celui de la Mort implacable et destructive de toute vie.
La Toussaint retour des ancêtres, rejoint, dans sa symbolique, le mythe des "hados" féminines qui sortent de l'au-delà de leur demeure chtonienne pour conseiller et guider des humains avec qui elles parlent et à qui elles ressemblent parce qu'elles viennent du même univers.
Il faut être sur les schistes puis, au-dessus des métamorphismes marbreux, sur les zones primaires granitiques de l'amont des vallées, là où les cavités n'existent plus, pour que le monde mythique de l'au-delà souterrain, réveillé par le linge étendu le jour de la Toussaint, soit celui des "hantaumas" redoutées.
Dans ces hautes vallées sans grottes, tout ce qui vient des ténèbres incompréhensibles du monde chthnonien, ne peut qu'être la "différence", le non-humain maléfique.
Dans la Haute-Pique, la vallée d'Oueil et le Larboust, la même unanimité assimile le linge étendu le jour de la Toussaint au monde inquiétant et fangereux des hantaumas, ceux qui reviennent pour tourmenter et non pour aider."
http://www.cds09.com/Topos/Corbeaux.pdf
http://fontestorbes.canalblog.com/albums/la_beaute_de_la_fontaine_sous_le_soleil____/index.html