mercredi 17 mars 2021

Manufacture de la Savonnerie

  Il ne s'agit pas de savon ... mais de tapis d'exception 

             un privilège des lieux de pouvoir

                        https://www.youtube.com/watch?v=PdqephQ0Ea4

 Les tapis anciens de la manufacture  ont été tissés avec les cartons de Charles le

 Brun aux commandes des Gobelins comme nous l'avons déjà vu.

En 1628 la première manufacture royale de tapis est fondée en France, la 
 
Savonnerie tire son nom d’une ancienne maison de savonnerie à Chaillot, dans
 
 laquelle elle est transférée en 1631. Elle est alors spécialisée dans la fabrication
 
des  tapis veloutés auxquels on adjoignit par la suite des tapis copiés de l’Orient.
 
  Pierre Dupont (1560 1640)  et Simon Lourdet 1590-1667) en sont les deux 
 
premiers associés suivis par leur descendants  et en 1826, elle est rattachée aux
 
 Gobelins. 
 
 Il est admirable que ce savoir-faire soit encore d'actualité

                https://www.youtube.com/watch?v=TCT5xG9zO_U
 
  Exemple parfait !


consécration pour le lot phare de la vente du 22 octobre à la Galerie Charpentier, quand le représentant de l'Etat a préempté (1), sur l'enchère de 2.200.000.€ ce magnifique tapis aux armes de France. Sorti des métiers de la Savonnerie sous le règne de Louis XV, il ira compléter le décor fraîchement restauré des appartements privés du Roi à Versailles.
À un peu plus de deux millions et demi d'euros frais compris, l'acquisition est aussi une bonne affaire pour l'état qui a laissé passer deux fois l'occasion chez Christie's: une fois à Londres en 1994 où le tapis s'était adjugé 1
.321.500.£ l'équivalent de 2 M€, une autre fois à New York en 2000, lors de la vente Riahi où il avait été poussé à 4.406.000.USD, soit cinq millions d'euros. au taux du dollar à l'époque.Ça valait donc la peine d'attendre, d'autant plus qu'à Paris, l'Etat peut user de son droit de préemption, ce qui n'est pas le cas à Londres et à New-York.
Juste retour aux sources ? Si les armes de France (d'azur à trois fleurs de lis d'or) au centre de la composition attestent une commande royale, le tapis n'était pas forcément destiné à Versailles.

Tout magnifique qu'il est, il n'est d'ailleurs pas unique. On en connaît au moins six, existant ou ayant existé, du même modèle créé par l'ornemaniste Pierre Josse Perrot, auteur de la plupart des modèles créés à la Savonnerie entre 1725 et 1750.
L'un se trouve toujours dans la chapelle de Fontainebleau à laquelle il était destiné. Un autre est à Chambord, un troisième au musée Camondo et un quatrième au musée de Cleveland. Un autre encore, assez usé, est passé aux enchères à Monaco, en 2000, dans la collection Lagerfeld, adjugé 6
.100.000.F (environ un million d'euros).Le Journal du Garde meuble de la Couronne répertorie en outre sous le n°318, à la date "dudit jour 28 février 1735" …. pour servir sous la table de la salle à manger du Roy dans le Salon du château de La Muette… un tapis d'ouvrage de laine de Savonnerie…" dont la description minutieuse et les dimensions correspondent exactement à celui qui vient d'entrer à Versailles.
Cinq ans plus tard, le 6 février 1740, un tapis identique est livré à la Couronne (n°325) pour la salle à manger du château de Choisy, que l'on retrouve dans l'inventaire de 1789
"avec des couleurs passées"
Il ne peut donc s'agir de celui de la vente du 22 octobre, qui nous est parvenu au contraire dans une fraîcheur étonnante : l'éclat des rouges, la vivacité des bleus, l'intensité des jaunes, la vigueur des contrastes…. montrent qu'il a été le plus souvent préservé de la lumière, peu ou pas utilisé.
En dehors de son exceptionnel état de conservation et de sa provenance royale, l'intérêt de ce tapis réside surtout dans la qualité de son décor rocaille où s'entremêlent rinceaux, feuillages, coquilles et guirlandes. Qui en font
"un des plus beaux tissés en France" précise le commentaire de Sotheby's où Brice Foisil, directeur du département mobilier se réjouit: "que l'un des plus beaux témoignages de la décoration intérieure au XVIIIe siècle puisse être prochainement admiré au château de Versailles."

Françoise Deflassieux



 A lire" 'Notices historiques sur les manufactures impériales de tapisserie des
 
 Gobelins et de tapis de la savonnerie"

            https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k206106m/f3.item

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire