Ne quittons pas encore l'Italie et plus précisément Rome et le palais Farnèse
https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-4874_1909_num_29_1_6997
où ont résidé plusieurs cardinaux, Alessandro, Ranuccio et Odoardo de 1573 à
1626. Le mobilier qui nous intéresse aujourd'hui étant probablement celui de ce
dernier, encore que les armes figurant sur le buffetto (nom donné aux tables
pliantes) prêtent à confusion entre Alessandro et Odoardo, la présence de
griffons généralement absents dans la hiérardique consacrée et plus courante
dans les armes des empereurs, sème le trouble.
le piètement en forme de tréteaux est pliant
décor géométrique parsemé de petites fleurs, médaillons d'ivoire toujours de face
en tournant autour de la table.
Toujours est-il que cette table pliante vendue plus tard est remarquable pour (on
dirait aujourd'hui son design) sa composition d'ébène incrustée de médaillons
d'ivoire, les "favole" représentant les épisodes des Métamorphoses d'Ovide. Les
archives nous en signalent trois du même type et c'est grâce à l'une d'entre elle
que nous pouvons situer les dates de leur fabrication (1599) leur commanditaire ,
le duc d'Orbino à l'occasion de son mariage avec Livia della Rovere et son
attribution au maître Giorgo Tedesco.
Mais pourquoi ce raffinement suprême de médaillons d'ivoire ; il faut partir à
Naples pour essayer de comprendre ... Naples est à cette époque sous domination
espagnole, laquelle reçoit de sa Nouvelle Espagne bois précieux et ivoires. Ce
meubles n'est pas le seul, il faut aller au musée de Philadelphie pour remonter la
filière de ces "intaglatiore d'avolio " ; Giovanni Battista de Curtis est l'un d'eux et
pourrait bien avoir été l'auteur de cette ébénisterie. Une autre piste est le cabinet
qui est au musée de Hambourg daté de 1597 mais qui, lui, porte la signature de
Gennaro Picicato. En 1594, Jacobus Manganiello de Neapoli, intagliatore ,
d'avolio reçoit une commande de Jacobo Fiamengo scrittorista et Petrus pax
alemanus en reçoit une autre en 1596.
Métmorphoses d'Ovide "Mios et Scylla
Ces ouvriers étaient des ouvriers d'origine flamande ou allemande. Il est certain
que sous les fresques d'Annibale Carrache on ne pouvait se permettre n'importe
quel mobilier, d'autant plus que c'était la mode, aussi bien en Allemagne qu'à
Naples. Toujours est-il que graver des plaques d'ivoire n'est pas à la portée de
n'importe quel artiste.
et ces tables se trouvaient présicément dans le "camerino"
https://www.treccani.it/enciclopedia/de-curtis-giovanni-battista_(Dizionario-Biografico)/
une autre
https://www.sothebys.com/fr/auctions/ecatalogue/lot.4.html/2010/treasures-aristocratic-heirlooms-l10307
https://www.anticstore.com/cabinet-dapparat-ebene-ivoire-grave-naples-debut-xviie-siecle-67573P
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