Modigliani comme d'autres dessinateurs de l'Ecole de Paris, dans les années 1880,
a suivi les conseils d'Ingres " Le dessin est aussi l'expression, la forme intérieure,
le plan, le modelage... ce que vous pouvez craindre c'est la tiédeur, et accentuez
la tournure frappante d'un modèle même, si besoin est, jusqu'à la caricature".
Amedeo qui avait travaillé à Livourne a déjà récolté auprès de son professeur
Giovanni Fattori (qui était professeur de Micheli), un prix pour un dessin au
fusain.
Il utilise aussi bien le fusain mais aussi le crayon affûté à l'extrême, le crayon
bleu, le pastel mauve ou l'encre.
C'est une grande perte que ses dessins aient été soit déchirés par lui-même ou
transpercés d'un clou et suspendus dans des toilettes...
Les grands musées américains ne s'y sont pas trompés et en conservent
quelques uns. S'il y en a bien eu un qui a perçu la grande maîtrise de Modiglaini
en cette matière c'est Claude Roy et nous tous pouvons déceler au travers de
seulement deux ou trois coups de crayon, la personnalité de son modèle.
"Si quelque cataclysme avait privé le monde de tous les tableaux de Modigliani
et avait épargné les dessins, ces derniers lui auraient certainement assuré une
place prépondérante en tant qu'interprète superbe des corps et des visages
humains...Modigliani est l'un de ces êtres extrêmement doués qui semblent tout
dire avec presque rien, dans les oeuvres de qui une simple ligne, une brève
allusion, un geste faiblement indiqué suffisent à nous transporter devant la
profusion infinie, incroyable de la vie humaine"
Cocteau, qui a beaucoup dessiné, Lipchitz ou Zborowski savaient déjà apprécier
la fermeté du contour continu de la ligne, sa précision.
Le clin d'oeil noirci du "Nu couché sur le dos", au fusain, en dit long sur la
personnalité du modèle..
Ses portraits d'hommes, généralement de ses amis, ont les mêmes
qualités :
Picasso
Kissling
Soutine
Paul Guillaume
Zborowski
Etude pour un portrait de Cocteau
mais nombre de ses études pour des toiles sont déjà des huiles.
à suivre