Manet et son ami Théodore Duret parcourent l'Espagne : ils s'étaient rencontrés
à Madrid, fréquentent les cafés et les courses de taureaux, une occasion pour
Manet d'esquisser une foule de croquis qui deviendront des peintures à son
retour à Paris. Ils iront jusqu'à Tolède sans doute pour voir les oeuvres del
"Greco".
Théodore Duret était admirateur de Manet comme de Courbet, fondateur de
"La Tribune" en 1968, il avait écrit un livre "les Peintres français en 1867" que
j'aurais bien aimé vous trouver en PDF. A défaut, plongez-vous dans la thèse
remarquable d'Oriane Hébert, si ses recherches sont orientées vers la peinture
de guerre, (je désespérais un peu d'y trouver ce que je cherchais !... j'ai
attendu les pages 80 - 82 - 88- 89 pour y trouver des mensions faites à Duret
et Castagnary de même que des références à Zola qui ne se privait pas de
commentaires surtout favorables à l'égard de Manet ; puis aussi mention faite
de Castagnary que j'ai beaucoup "fréquenté" quand je travaillais aux articles
consacrés à Courbet.
Si je vous propose des articles que l'on pourrait considérer de "vulgarisation" le
travail en amont est beaucoup plus conséquent.
Je vais sûrement trouver le tableau "de guerre" qu' Oriane mentionne mais
pour l'instant voyons le portrait de Théodore Duret :
que vous pouvez voir au Petit Palais à Paris : il date de 1868
(peinture "bourgeoise"). Il y est allé par petites touches, le portrait en pied, lui
a paru finalement un peu .... raide ? un peu sombre ... ? alors il le fait revenir,
va rajouter du grenat sur le tabouret, du vert avec le livre négligemment jeté
sous celui-ci, la transparence de la carafe sur le plateau laqué et puis le verre
et puis le couteau et puis il manquait du jaune, c'est alors un citron sur le
verre.
Duret commente :
"Je l'avais regardé faire ces additions successives, assez étonné,
lorsque me demandant quelle pouvait en être la cause, je compris que
j'avais en jeu, devant moi, sa manière instinctive et comme organique
de voir et de sentir"
Repartons au soleil d'Espagne, cela va me réchauffer (je vais bientôt mettre
des mitaines...)
"le Combat de taureaux" peint en 1866 : accroché à Chicago à l'Art Institute
restitue parfaitement l'ambiance tauromachique, les couleurs, voilà ici
"l'Impressionisme", instant suspendu avant la mort du taureau, la fine lame
du torero, encore brillante, son port de tête majestueux, le cheval du picador
qui gît éventré, les peones en attente, prêts à intervenir s'il je faut, les autres
attentifs derrière la talanquera, les spectateurs dans l'arêne qui
s'agitent mais se taisent avant d'exploser en applaudissements si le torero
termine sa "faena" avec succés.
Durand-Ruel, le grand marchand qui a si souvent sauvé de la famine les
artistes de cette époque, a vendu cette toile à l'Art Institute 70.000 francs
(faites le calcul, en euros ou en dollars)
pas tout à fait en Espagne... car la Compagnie de Lola de Valence est alors à Paris
Lola de Valence de 1862 est toujours à Paris
Baudelaire est sous le charme : (il n'est pourtant pas tendre avec lui habituellement)
"Inscription pour le tableau d'Edouard Manet"
Entre tant de beautés que partout on peut voir,
Je comprends bien, amis, que le désir balance ;
Mais on voit scintiller en Lola de Valence
Le charme inattendu d'un bijou rose et noir.
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01674242v1/document
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