Seulement huit années séparent la période faste des séjours en Allemagne,
(Sedan est passé par là), l'épisode tragique de la commune, son exil, sa ruine
et sa mort en 1877.
Son amitié pour un autre Jurassien natif de Besançon, ancien typographe de
son état, et philosophe Pierre Joseph Proudhon, l'incline à soutenir les mêmes
idées politiques ; elle va faire son malheur.
Très rapidement rappelons l'ouvrage de Proud'hon "De la justice dans la
révolution et dans l'église", ce philosophe semble être l'inspirateur de Bakounine
et l'un des prophètes de l'anarchisme. Courbet l'estime et le rejoint dans son
anticléricalisme ; Proud'hon ne l'a-t-il pas soutenu lors des critiques qui ont sui
vi l'exposition de "Retour de la conférence".
Le 6 septembre 1870 Courbet est élu président d'une commission installée au
Louvre, avec vocation de protéger les oeuvres d'art menacées par les
bombardements prussiens, et c'est en cette qualité qu'il adresse une pétition des
artistes en vue du déboulonnage de la colonne Vendôme. ( abattue le 17 avril 1871)
Il ne pouvait, après ses années bavaroises que se lancer dans des projets de
réconciliation dans des" Lettres ouvertes à l'armée allemande et aux artistes
allemands". il propose un monument à la Paix représentant un canon la gueule
en l'air reposant sur trois boulets et coiffé du bonnet Phrygien.
Il expose son programme de réorganisation des arts selon des principes
démocratiques, le 6 avril 1771 dans le grand amphithéatre de l'Ecole de
médecine.
Le Salon serait libre de toute intervention gouvernementale. Il serait régi par
les artistes eux-mêmes, les récompenses, les médailles seraient abolies et ceux
qui refuseraient le jugement de leurs pairs disposeraient d'une salle spéciale
pour exposer ; on supprime aussi l'Académie des Beaux-Arts, les élèves éliraient
leurs professeurs, des délégués voteraient des prix permettant d'aller étudier
l'art à l'étranger; il n'est pas seul dans cette commission, Corot, Manet, Honoré
Daumier, Bracquemont, Armand Gautier.
Il est arrêté le7 juin 1871 et le 14 août le Conseil de Guerre qui siège à
Versailles le condamne à six mois de prison et cinq cent francs d'amende ; de
tous les chefs d'accusation, celui d'avoir provoqué la destruction de la Colonne
Vendôme, restera le plus ancré dans la mémoire populaire. La ruine viendra
quand Mac-Mahon l'assignera à payer la reconstruction de la Colonne
Vendôme. (1873)
Il est temps de revenir à la peinture !! pas facile l'histoire de France !!!
Le portrait de Proud'hon se trouve au Petit Palais et date de 1865.
Libéré il retourne chez lui à Ornans, il "refait surface" si l'on peut dire: des
fidèles viennent le rejoindre, Armand Cornu, Marcel Ordinaire et Cherubino Pata
qui accourt du Tessin et devient son secrétaire,
http://www.galerie-langelus.com/courbet.htm
Trois truites de la Loue
1871
Kuntsmuseum
Berne
Grâce à Durand Ruel les Etats-Unis et Vienne réclament des toiles : les choses
semblent se rétablir mais l'assignation à rembourser le rétablissement de la
colonne Vendôme lui porte un coup de grâce : il fait passer des tableaux à
l'étranger, lègue une partie de son héritage à ses soeurs et se réfugie en Suisse à
La -Chaux - de - Fonds.
De mémoire il peint ses sujets de prédilection, mais aussi, beaucoup, le
Château de Chillon (ci-dessus au Musée d'Ornans. 1874) donne
l'impression d'avoir retrouvé un certain équilibre ; il n'en est rien, il paye
certains excès et sa maladie en prison. La vente à Drouot des tableaux saisis
n'obtenant que 10 pour cent de leur valeur, l'achève .
C'est à Ornans que l'on peut s'incliner sur sa tombe, et visiter son musée.
Coucher de soleil sur le lac Léman. 1874
http://www.museejenisch.ch/fre/musee/collections
Un géant de la peinture du XIX ème s'est éteint.
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