On ne sort pas de Courbet sans une certaine réflexion : j'aurais bien parlé de
Pissarro, à sa suite, mais je me suis souvenue que je lui avais consacré un
article le 7. 6. 2017 ; il n'est pas incongru de faire succéder Manet à
Courbet. Ils ont en commun d'être contemporains, de se connaître, de se
parler et de se critiquer. Ecopant ensemble des critiques aussi grossières de la
part des gazetiers et des mêmes refus du Salon. Tous deux décident d'un
pavillon personnel de présentation, traité de "baraquement", lors de
l'Exposition Universelle. (1867) Pourtant ils sont très différents, le brun
Courbet, jurassien et le blond Manet, parisien jusqu'au bout de sa fine
moustache.
Je ne vous montrerai pas non plus la superbe "Olympia" qui fit scandale et
repose au Louvre, elle est de toutes les biographies. Sans doute serez-vous
choqués de savoir( si vous ne le savez déjà) que dans le Grand Journal,
Amédée Canteloube la traite de " Gorille femelle, de grotesque en caoutchouc"
La presse du 28 mai imprime sur le" papier" de Paul de Saint-Victor ;
"La foule se presse, comme à la morgue, devant l'Olympia faisandée de M.
Manet. L'art descendu si bas ne mérite même plus qu'on le blâme .... il peint
des femmes vertes avec des pinceaux à vaisselle "
Pourquoi tant de vulgarité et de haine ?
Manet décide de s'éloigner et part pour l'Espagne comme Courbet est parti
pour l'Allemagne.
Ce sont ces peintures que je vais choisir de prime abord.
" Le Chanteur Espagnol "est peint en 1860 : c'est le Metropolitan Museum of
Art de New-York qui l'abrite 147X114 cm. Les critiques disent qu'il se rapproche
là, de Courbet. Théophile Gautier qui l'a vu exposé au salon de 1861 est
"emballé".
Voilà ce qu'il en dit, mais les traditionalistes déclarent "intolérable" ce
"Guitarero".
Moniteur universel du 3 juillet :
"Caramba" !! voilà un guitarero qui ne vient pas de l'Opéra -Comique et qui
ferait mauvaise figure sur une lithographie de romance. Mais Vélasquez le
saluerait d'un petit clignement d'oeil amical, et Goya lui demanderait du feu
pour allumer son papelito..
Il y a beaucoup de talent dans cette figure de grandeur naturelle, peinte en
pleine pâte, d'une brosse si vaillante et d'une couleur très vraie".
(la petite nature morte à ses pieds est d'ailleurs l'élément de sa toile qui
rappelle Courbet).
Je ne suis pas encore "rentrée" dans l'oeuvre de Manet comme dans celle de
Courbet sans doute en raison de ces toiles de nature cynégétique, mais je suis
sûre de trouver de bonnes raisons de l'aimer autant.
à suivre
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