Luis de Morales

 Luis de Morales est un peintre espagnol qui s'est spécialisé dans les sujets

 religieux,natif de la commune de Badajoz en Estremadura. Le "Calvaire" que je 

vous propose est noté de l'école de celui que ses contemporains appelaient "el 

Divino". Il  m' a particulièrement intéressé. Influencé par les maîtres de la

 Renaissance, tels que Raphaël (1483-1520) et Léonard de Vinci, la vérité de ses 

œuvres et  la spiritualité qu'elles transmettent m'ont touché.

Au cours de sa carrière, il travailla surtout à Badajoz et il déploya un style très

 personnel qui assemblait des accents espagnols, italiens, flamands et portugais 

aussi. En dehors de l'influence des maîtres italiens, le style de Luis de 

Morales montre un fort ascendant de l'art néérlandais. Il a peut-être séjourné à 

Séville,  auprès du peintre maniériste flamand Pieter de Kampeneer, dit Pedro de 

Campaña. Les éléments de son art ont fait de lui un personnage qui dépassait les 

bornes du style Renaissance.

 Les ""Uffizi" n'ont pas hésité à y exposer son "Christ portant la croix".

C'est surtout son "Saint Jean" au style très maniériste qui trahit le pinceau de

Morales : le Christ n'étant peut-être que signé par ses élèves : le paysage est aussi

 caractéristique de cette période de 1560 où Morales a peint donc partie de cette 

oeuvre.

 Je pense que vous allez être surpris comme moi par le visage de saint Jean, la 

paume de sa main largement ouverte et par ses très surprenants deux chérubins de

 part et d'autre de la croix..

Au Monastère del Santissimo Cristo de la Victoria. Càceres

file:///tmp/mozilla_blibli0/0211-0636_1_27.pdf

pages 36 et 37

Luis de Morales a aussi peint beaucoup d' "Ecce Homo" , celui-ci, où on lit toute la

 détresse du Christ, fait partie de la collection Francisco Marcos.

Les épines de la couronne ont transpercé le front , cette minutie et ces détails 

trahissent l'influence flamande. Cette huile sur bois est de 1556 signée par le

 peintre, deux autres peintures du même sujet sont conservées au musée du Prado 

et dans le Musée National de Catalogne.

https://www.museunacional.cat/es/colleccio/ecce-homo/luis-de-morales-el-divino/011547-000

 

Nous verrons deux autres oeuvres de Luis de Morales conservées dans la 

cathédrale de Plasencia.

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Luis_de_Morales_-_Ecce_Homo.jpg

 et même  au Chili !!!

 file:///tmp/mozilla_blibli0/Dialnet-ElEcceHomoDeLuisDeMoralesSantiagoDeChile-107438.pdf

El Greco

  Il n'est pas utile de présenter ce grand peintre  dont la toile du Couronnement de la

 Vierge  se trouve au monastère royal de Guadalupe.

  Cette huile sur toile de Domenikos Theotokopoulos  est datée des années 1591-1592

Le Concile de Trente, qui venait de s'achever en 1563, dans ses décrets  sur la 

doctrine favorise une réelle transformation de l'Eglise qui s'exprime dans le style 

barroque.

La figure de la Vierge Marie s'y affirme en opposition avec la réforme.

 Cette toile était la commande pour trois cents ducats de la population de Talavera

 la Vieja pour un retable. Cette toile une fois restaurée ne revint pas dans son lieu

 d'origine, Talavera ayant été engloutie sous un barrage .

Les historiens s'accordent à remarquer trois périodes majeures dans les oeuvres du

 Greco tout d'abord les grandes compositions  antérieures à 1591 puis les 

compositions religieuses où les couleurs s'affirment et au final les images de

 dévotion peintes  de façon automatique.

Le rôle médiateur de la Vierge entre terre et ciel est particulièrement mis en scène 

avec ce groupe de saints où le buste de Saint Jean l'évangéliste occupe le premier

plan, Saint Sébatien atteint d'une seule flèche, saint Paul avec ses amples 

 vêtements aux couleurs vives. L'Esprit Saint couronne la toile comme le Pére et le 

Fils couronnent la Vierge, le tout dans un mouvement ascendant.

El Greco a réalisé au moins cinq versions de ce couronnement , celle qui se trouve 

au musée du Prado pouvant être la plus aboutie.

Presque d'influence byzantine son  "Jésus Salvador" fait aussi preuve de modernité.

 Plusieurs versions aussi de ce thème, existent dans divers musées mais celui-ci est

 le modèle  plus archaïque proche des images byzantines du  Christ Pantocrator.

 

                              Vous pouvez le rencontrer au musée de Càceres, puisqu'il y est 

revenu après avoir été dérobé.

                        https://planvex.es/web/2019/05/el-greco-museo-caceres/

Entre deux rêves

 Tel est le titre donné à cette peinture anonyme de 1530, qui veut représenter

 Christophe Colomb. Plus qu'un rêve, j'y vois surtout un vertige, une interrogation

 devant un projet fou, que les rois catholiques soutiendront. Ils ne le regrettèrent

 pas ; ce fut une découverte majeure dont nous pouvons regretter certains aspects, 

une christianisation forcée de ces populations considérées comme des sauvages,

 poursuivie par une inquisition qui, elle, était véritablement sauvage.

Si vous revenez à mon article de cet été à Guadalupe, la fontaine qui trône devant la

 basilique est en réalité le bénitier où  Ferdinand et Isabelle ont fait baptiser les 

deux premiers amérindiens ramenés en Espagne.

         Plus archaïque ce bois magnifiquement orné de polychromies

encore un anonyme de la fin du XIII ème siècle, représentant Saint Thomas, un 

ange tenant un phylactère à ses pieds. ( Dans la région de Càceres, dans l'église 

de  la paroisse de San Pedro  Aldeanueva de la Vera)

 Les traces du gothique voisinent avec certains détails tardoromans, comme la

 sculpture de la chevelure et de la barbe.(lI en est de même pour le visage assez

 peu expressif, proche des oeuvres du  Maestro Mateo).

 Cette sculpture, restaurée pour la main droite, n'a toutefois  pas retrouvé sa 

deuxième  main qui devait tenir un livre.

L'ange dépourvu d'ailes, est gracieusement courbé vers l'apôtre et son phylactère

 rappelle les propos du Christ à son encontre "Suis moi" .

 Les spécialistes pensent que cette sculpture devait se trouver dans un ancien 

ermitage de Saint Mathieu, proche, mais disparu. On sait toutefois qu'elle fut déjà

 restaurée en 1630 par Pedro de Torres  et en 1746 par le doreur Agustin Rayo. 

Elle devait être considérée avec attention puisque supposée du Maître Mateo.

Les foules se pressent à Saint Jacques de Compostelle , comme moi, pour admirer 

son "Portail de la Gloire". ( Des heures d'attente même au chant du coq) 

Le  Maître Mateo était un sculpteur et architecte qui a travaillé dans les royaumes 

chrétiens médiévaux de la péninsule ibérique au cours de la seconde moitié du XIIe 

siècle. Il est surtout connu aujourd'hui pour le Pórtico de la Gloria de la cathédrale

 de Saint-Jacques-de-Compostelle.

 https://journals.openedition.org/cem/14535

 

Les Rois Catholiques

 Ces statues orantes des rois catholiques  de Pedro de Mena y Medrano en cédre 

et polycromies d'or, peuvent être admirées dans la chapelle de la Vierge des rois 

catholiques à Màlaga. Cette Vierge fut offerte par ceux-ci peu après leur

 reconquête de la ville en août 1487, son auteur est inconnu.

 Pedro de  Mena les sculpta en 1658, avec un contrat de 11.000 "reales".

 Il y revêt Ferdinand d'Aragon de son armure finement ciselée , agenouillé sur un 

double coussin de brocard, ses yeux sont en cristal. 

Le visage d'Isabelle la Catholique est serein et son vêtement  où paraissent les 

 symboles castillans et les grenades est une des caractéristiques de ce sculpteur qui

 accordait beaucoup d'importance à ces détails . Ses yeux sont aussi en cristal.

Ils se font face de part et d'autre de l'autel.

Du même sculpteur toutes les statues des stalles du Choeur de la cathédrale.

https://www.youtube.com/watch?v=yITBHf0XYPM

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/647704

https://malagaenelcorazon.com/la-historia-de-la-virgen-de-los-reyes-de-malaga/

Cathédrale de Plasencia 2022

 Restons encore et pour plusieurs jours sur ce "Transitu", avec cette  "Sainte Trinité"

de la fin du XV ème siècle, en albâtre avec quelques traces de  polychromie

 conservée au musée de Càceres et issue de l'église paroissiale de Herrerà de 

Alcantara. Présenté comme le "Trône de Grâce"; les autorités ecclésiastiques de 

cette exposition ne manquent de faire référence à l'Epitre de Saint Paul aux 

Hébreux pour justifier de cette appellation.

 Un seul Dieu en trois personnes , cette représentation ne pouvait que faciliter la

compréhension des fidèles à cette affirmation traitée dans plusieurs synodes et

 conciles. L'origine de cette représentation peut remonter  à une verrière de Saint

 Denis ou une miniature de l'Evangile de Perpignan, dans tous les cas elle n'est pas

 unique ; j'avoue cependant n'en avoir jamais contemplé auparavant.

 

 

 Le sculpteur est anonyme mais on le pense originaire d'Espagne influencé par les

 nouveaux mouvements de la renaissance, ceci perceptible grâce à quelques détails

 Je ne pensais pas qu'elle m'entraînerait dans les carrières d'albâtre anglaises!

 https://www.bizkaia.eus/fitxategiak/04/ondarea/Kobie/PDF/4/Kobie_11_BA_LA%20_TRINIDAD_%20DE%20LEKEITIO_%20UN%20NUEVO%20ALABASTRO%20INGL.pdf?hash=f6c91643ea3c44e2b132071c8830baf9

Retour à Plasencia

 Au cours des quelques journées passées à Plasencia, souvenez-vous, je vous ai dit

 que la visite de sa splendide cathédrale était inaccessible en raison d'une

exposition regroupant les oeuvres d'art de l'Extremadure. 

"Intitulée "Las Edades  de los Hombres" et Transitu" comme " "Time to Hope" en 

2002 à New York.

 Imaginez qu'en une de vos provinces, l'Occitanie par exemple, le Conseil général

 élabore dans une des cathédrales de son territoire une vaste rétrospective de "l'Art"

 profane ou religieux.  

 "todo lo que se quiere debajo del cielo tiene su hora"  extrait du Livre des 

Eclesiastes

 repris par l'Evêque d'Avila dans sa présentation. Toutes les oeuvres présentées

 sont issues d'ermitages, de paroisses, de basiliques, de cathédrales ou de musées 

et je prendrai soin de vous fournir leur provenance.

 Le secrétaire de la Fondation "las Edades del Hombre" écrit " la culture et la foi,

l'art et la spiritualité, un sentiment d'appartenance à une communauté ; cela est 

identité".

 

                 https://www.youtube.com/watch?v=O5w5PhKZtdg

Pour cette présentation commençons par  cette belle vierge de bois 

 recouverte d'argent rehaussé d'applications dorées.

Datant de 1270, travail de la seconde moitié du XIII ème à l'influence  de

 la région du Léon. 

Sise à la cathédrale de Plasencia.

 D'autres spécialistes lui donnent des influences françaises dont la Sainte

 Foy de Conques, similaires à d'autres vierges du XIII ème siècle comm

 celles de Salamanque, de Roncevaux ou de Tolède.

 

 Sans doute donation royale puisque on peut identifier la héraldique de

 rois de Castille et Léon.

Dans les rues de Mérida

  Encore un peu de chaleur avant de plonger bientôt dans l'hiver, et d'aborder de 

nouveaux sujets.

 

et pour le dîner