dimanche 14 février 2021

Les lipizzans déplacés

  Des haras possédant d'aussi nobles et précieuses montures,  ne pouvaient

 qu'attirer les convoitises des soldats de Napoléon qui  traversent la Carinthie et la 

Styrie dés 1796.

 On va donc évacuer  ces nobles animaux le 22 mars 1797 en quatre groupes, et 

quarante jours de marche, les trois cent chevaux, trouvent refuge  à 

Stuhlweissenburg.

Sans perdre de temps  les saillies suivent leur cours, poulains  et juments sont 

ensuite acheminés près du lac Balaton à St György  et le reste des effectifs 

s'achemine vers la Hongrie à Tihany  En cours de route quelques juments mettent 

bas, mais tout le monde arrive à bon port! 

 

 en 1805 ce sera dans le village de Karjad et en 1809 à Pecska au bord de la

 rivière Maros. Il faudra attendre la paix de Campoformio le 17 octobre 1797 

pour que toute la troupe retourne au bercail et se retrouve au complet  au 11 

septembre 1798.

 Il fallut alors reconstruire les bâtiments détruits, une occasion d'agrandir les 

locaux et d'acheter d'autres terres à Schickelhof  où l'on mettra "au vert" les 

étalons de deux ans et les hongres de trois ans. Mais les péripéties ne s'arrêtèrent

 pas là. Il faut attendre l'exil de Napoléon en 1815 pour que François-Joseph 1er 

 remette tout en état, assurant ainsi le renouveau  de ce célèbre haras aidé en

cela par quelques reproducteurs prestigieux comme l'étalon Maestoso.

 Lorsque la Grande Guerre va éclater en 1914, ce n'est plus "à pattes" que les 

lipizzans vont s'exiler à nouveau, vers la Bohême. Des transports sont organisés 

mais les conditions sont sans doute différentes puisque l'on enregistre un 

pourcentage de pertes importants aussi bien  chez les poulinières que les poulains.

 Les italiens profitent de la victoire pour exiger la restitution des 179 chevaux et le

 gouvernement tchécoslovaque refusait de rendre les lipizzans qui avient été 

transportés en Bohëme. Il fallu négocier, le baron Eugen Beck von Mannagetta

und Lerchenau s'en charge ainsi que von Straten et Emil Finger : on va partager

 les dix-sept familles de juments de Laxenburg  : 107 chevaux iront à l'Italie et 97

 à l'Autriche et malgré que l'Istrie Lipizza  échoie  à la Yougoslavie en 1945.

On verra ce qui va se passer à Piber.


 

samedi 13 février 2021

Haute Ecole Espagnole de Vienne

  Avant même de s'intéresser à l'art du dressage, il conviendrait de s'intéresser à

la monture elle-même. Le néophyte se demandera déjà pourquoi ce terme 

"d'espagnole"  alors que l'on se trouve en Autriche, et il faut pour cela "remonter

  la filière" et des lipizzans actuels, retrouver leurs ancêtres.

 Ils furent importés d'Espagne où  ils étaient le fruit d'un croisement de barbes,

 d'arabes, et de lourds chevaux Pyrénéens, sous la domination des Maures. 

Il avait toutes les qualités, élégant et docile, vigoureux et intelligent, courageux et

 gracieux. Mais ce n'est pas tout ! quel merveilleux mélange européen, étalons 

italiens, allemands, danois, espagnols s'occupaient des juments et c'est un arbre 

généalogique bien tenu depuis le XVIII ème siècle qui fait foi de cette lignée. Les 

chevaux italiens venaient de la région du Pô et de Naples mais l'étalon nomé Lipp

 acheté en 1717 était issu des environs de Lipp-Brückeburg de l'ancienne souche

 espagnole, ancêtre de toute une lignée des plus fameux reproducteurs.

Le plus célèbre d'entre eux était "Siglavy" en 1816.

 Europérens ! mais déjà le Brexit,  Lipizzans et pur-sang anglais ne s'entendirent 

jaamais !!!

 Il faut se remémorer que l'Empire des Habsbourg comprenait l'Espagne, ce fut un

 long voyage, en 1580  pour ces chevaux, de traverser Espagne et France jusqu'au

 village de Lipizza, actuellement en Slovénie. C'était l'héritage de Charles II et il y

 crée  son haras, cette contrée avec Aquilée était connue depuis l'Antiquité pour

 l'élevage des chevaux. Les destriers du Moyen Age avaient été élevés par les 

Vénitiens. Le socle de cette race était constitué de neuf étalons et vingt-quatre 

juments ibères pour lesquels on aménagea le terrain; lorsqu'il s'avéra trop 

exigu on expédia les chevaux aux écuries impériales de Vienne et aux écuries

 princières de Graz, Le "maneige"espagnol" dans cette région,le karst (qui

 représente bien ces terrains rocailleux dénués d'eau) est déjà mentionné en 1572.

 Ce mélange de races évitait toute consanguinité , d'autant plus qu'au début du 

XVIII ème d'autres chevaux ibéro-arabes parvenaient dans les écuries.

 La Cour de Vienne était très concernée par cet élevage et ne manque pas

 d'adresser à Peter Franzen Rainer, grand-écuyer, vingt-trois articles avec toutes 

les instructions pour "régir son attitude". Sous le règne de Marie-Thérèse à 

Prestranegg  en 1728 on compte cent cinquant étalons et autant de reproductrices.

 C'est en 1772 qu'arrive l'étalon danois "Pluto" et deux ans plus tard c'est le 

napolitain" Conversano "qui seront les pères d'une descendance nombreuse et 

prestigieuse. Nous verrons demain que leur existence ne fut pas dénuée de 

complications et de déménagements.


 https://books.google.fr/books?id=aV8vm1ZV8b0C&pg=PA307&lpg=PA307&dq=george+Hamilton+peinture+Haras&source=bl&ots=IOS2DcfcGZ&sig=ACfU3U2qwCLmR5FYfD17NTX91uEzcTP05Q&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiSwoD7sefuAhXo0eAKHQadBKIQ6AEwDnoECBEQAg#v=onepage&q=george%20Hamilton%20peinture%20Haras&f=false

 

 

 

 

mercredi 10 février 2021

L'art equestre en Allemagne

 

 

 

 Bronze exécuté sous la direction de Léonard de Vinci 

                                           Musée des Beaux Arts de Budapest

 

 Georg Engelhard von Löhneyssen publie son ouvrage "Rapport approfondi sur le

 harnachement et la répartition correcte des mors et des brides" en 1588. 

 

 https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1930_num_27_11_6922

 

Il se fait le spécialiste de tout ce qui a trait à l'équitation dans " Della cavlleria sive

  de arte equitandi, exercitiis equetribus et torneamentis.

Je me suis laissée embarquer dans la manière de monter à Cheval de Nuno 

Oliveira où je retrouvais toute la méthode suggérée par Löhneyssen,  la douceur !

(article précédent)

"Une règle fondamentale est que l'art équestre ne doit jamais, si peu que ce soit,

 être contraire à la nature. Il convient même d'imiter celle-ci, de la suivre et de

 tâcher de l'améliorer pour autant que faire se peut" 

"Il ne fait pas de doute qu'une bonne selle, bien faite et profonde, soit de première

 importance. Le cavalier doit éviter toutefois de s'en servir trop longtemps ou trop 

fréquemment, afin de ne pas s'y habituer. Sinon il risquerait de n'être plus en 

mesure de monter un  cheval différent, à moins qu'il soit sellé de la même façon ;

 le cavalier devrait alors réapprendre à nouveau, pour ainsi dire"

Louis Seeger au milieu du XIX ème siècle rédige "Système de l'art équestre"

disciple de Max von Weyrother maitre-écuyer de l'Ecole espagnole de Vienne. Il est

 "très remonté" contre les méthodes brutales du français François Baucher et écrit

 "Observations sérieuses à l'adresse des cavaliers allemends. Il fut suivi du baron

 von Oyenhausen, probablement élève de l'Ecole Espagnole de Vienne dont nous 

verrons l'évolution.

 Son ouvrage " Fil conducteur pour le dressage du cavalier et du cheval" date de

 1848


 Sanguine de Léonard de Vinci


mardi 9 février 2021

L'art équestre en Espagne

 Maravilloso!

                https://www.youtube.com/watch?v=BbycYdlR7bQ. 

Le duc de Newcastle (qui s'y connaissait ! )  disait que Charles Quint  était le 

meilleur cavalier de son royaume.

 

 

 Charles Quint à la bataille de Mülberg par le Titien

                                                                            et à sa suite

 


  Philippe III sur son cheval andalou, Velasquez. Prado

 Vous ne m'en voudrez pas d'être partie me renseigner aux sources ; hormis 

d'Aquino et Vargas qui ont été sans doute des élèves de Grisone, je n'ai trouvé

que ce texte de  Tamara Gonzalez Lopez qui cite, si vous ne voulez pas ouvrir son

 site ;

de Pedro Pablo Pomar "Memoria en queta de los caballeros en Espana" 1784

 de Francisco Laiglesia y Darrac 1818 "Elementos de equitacion militar para uso de

                                                            la caballeria espanola"

 de Dionisio Bernad "Plan y constitusiones de la nueva escuela de Equitacion" 1789


LaEquitacionYLosUsosSocialesDelCaballoATravesDeLos-6410670-1.pdf

 Il ya lieu effectivement de voir l'équitation comme un exercice normal et un art 

comme l'on peut l'admirer au début de cet article . Il n'y eut pas que Charles 

Quint qui savait monter correctement à cheval,  Velasquez  a magistralement 

peints ses successeurs sur leur monture,   Il faut aussi prendre en compte l'art de 

toréer à cheval  comme l'exerce aussi les portugais. (et ce n'est pas sans danger)

                https://www.youtube.com/watch?v=D5Zib000zhI

 

 

                                                               Philippe IV . Velasquez. Prado
 

 Magnifique document: Nuno Oliveira

                        https://www.youtube.com/watch?v=SaYRTj_GsHQ

lundi 8 février 2021

William Cavendish : l'art équetre en Angleterre

  Avec tout le respect que l'on lui doit , ne se" poussait-il pas un peu du col" ?. 

Ayant reçu toute sa science de notre napolitain Pignatelli,  le  comte de Saint 

Antoine précède Cavendish, duc de Newcastle, fort de l'enseignement de ces 

maîtres, à leur suite, il entend bien être considéré  comme le premier véritable 

écuyer d'Angleterre, et cette gravure en fait foi !!!

 Toute l'écurie s'incline !!


 Il était cependant considéré comme le meilleur cavalier de son temps et sa

 réputation était bien établie outre-manche puisqu'il ouvrira un manège à Anvers. 

En 1628, il n'était que comte et précepteur du prince de Galles futur Charles II :

le roil dut s'enfuir de Londres lorsque des émeutes éclatèrent à la suite  de sa

lutte contre ses principaux opposants,  Cavendich eut alors tout loisir de faire

 preuve de ses qualités de cavalier lors de la guerre civile qui s'ensuivit en 

combattant  aux côtés des royalistes. Exilé à Anvers il y crée son manège et

 reviendra à Londres lorsque Charles II recouvra la couronne  en succédant à son

 père exécuté. Bénéficiant en 1647 du titre de marquisat, il devient alors duc pour

  la postérité en 1665. Il ne manque pas de joindre ses écrits dans sa "Méthode et 

invention nouvelle de dresser les chevaux" où il se démarque de La Guérinière par 

quelques inventions punitives à l'égard de ses montures où la douceur est exclue 

!...

 Très imbu de lui-même  il se consacra à l'équitation jusqu'à sa mort.


 Gravure sur cuivre

Il vante les mérites du cheval andalou et sait une fois encore se mettre en vedette 

dans son édition du "Cavalier parfait".

 


 

 Préalable à l'article consacré à l'équitation espagnole,  passez un peu de temps 

avec cette monture

                      https://www.youtube.com/watch?v=cEcHcQHcntQ

vendredi 5 février 2021

L 'équitation classique en France

  C'est en 1733 que La Guérinière pose en France la base scientifique de l'art 

équestre détaillé dans son livre" L'Ecole de Cavalerie conprenant la connaissance,

 l'instruction et la conversation du cheval" donnant ainsi à la France à  ce moment

là, la prépondérance à son pays. Sa grande innovation étant la figure "l'épaule en 

dedans".   ci-dessous 




 Avant lui,  nous l'avons vu, Antoine Pluvinel de la Baume avait créé sous Henri IV 

, à Paris, une académie d'équitation. Eléve de Giovanni Pignatelli à Naples, tout 

d'abord écuyer du duc d'Anjou,( les mousquetaires du roi ont sans doute fréquenté

 cette école  tout comme le futur roi Louis XIII), c'est pour lui l'occasion de rédiger

 "Le Manège royal en 1623 qui est un dialogue entre Louis et lui-même. Il est 

illustré par Crispian de Pas le Jeune..


  Diplomate avec les chevaux pour lesquels il ne voulait que la douceur,  les 

caresses et les récompenses pour obtenir leur soumission  et diplomate comme 

ambassadeur du roi en Hollande, Pluvinel a inventé sinon renouvelé la coutume

 des piliers pour attacher les chevaux:



 Mr de Pluvinel a changé de bras sur cette gravure pour tenir son chapeau et le roi

 agé de 16 ans est à sa gauche.

 Mais revenons à La Guérinière il a reçu sa formation équestre d' Antoine de

 Vendeuil qu'il mit à profit dans la guerre de Succession d'Espagne : à son terme 

c'est le comte d'Armagnac qui lui fournit les subsides nécessaires à la fondation de 

son académie d'équitation à Paris en 1717, mais pas suffisament sans doute 

puisqu'il dut la vendre en 1729. Fort heureusement Charles de Lorraine, Grand 

Ecuyer, rétabli pour lui le Manège Royal des Tuileries où il exerça les fonctions 

d'Ecuyer ordinaire de la Grande Ecurie du Roi jusqu'à sa mort. Il écrit 

" Le sentiment de ceux qui comptent pour rien la théorie dans l'art de monter à

 cheval, ne m'empêchera point de soutenir que c'est une des choses les plus

 nécessaires pour atteindre la perfection. Sans  cette théorie la pratique est

 toujours incertaine. Je conviens que dans un exercice où le corps a tant de part, la

 pratique doit être inséparable de la théorie, puisqu'elle nous fait découvrir la

 nature, les inclinations et les forces du cheval"

 Les doctrines de La Guérinière ont fait date, portées encore de nos jours par 

l'Ecole Espagnole de Vienne.

 En France au contraire la Révolution les a rejetées, François Baucher en édictera 

d'autres.



jeudi 4 février 2021

La chevalerie

  Au Moyen-Age avant que  Grisone ne découvre  les textes antiques c'est Godefroy

 de Preuilly qui codifie le réglement des tournois où l'aristocratie se mesure dans

   des joutes ( quelque fois fatales !! ) exercice de divertissement mais qui peut

 servir d'exercises pratiques que l'on exercera sur les champs de bataille ; il y en 

eut de célébres!

 Il y avait trois sortes de joutes : le "behort"où deux cavaliers s'affrontent sans

 armure avec lance et bouclier ou la "joute"  où les adversaires sont recouverts

 comme leur monture par de lourdes armures (inconvénient majeur lors des 

batailles où le chevalier désarçonné était alors à la merci de son adversaire) et le 

"piquer", les lances y sont de 3 mètres 50, pour s'en parer, bouclier et armure.

  Maximilien Ier  en cavalier de 1508 gravé par Burgkmair

 Lorsque les armes à feu vont faire leur apparition  c'est Walhausen qui va écrire

 'l'Art militaire à cheval" en 1616. Le  tout est de garder une bonne assise ! que 

les cavaliers asiatiques  ont peut-être de façon innée avec leurs arcs.


  Comme d'ailleurs les peuples africains et amérindiens. Nous verrons cela un peu

 plus tard. Pour l'heure, suivons l'évolution de l'art équestre par pays européen.

En France c'est donc Antoine Pluvinel de la Baume  qui s'illustre dans cet art.

 Il écrit en 1623 le "Manège Royal" suivi en 1688-1751 par François Robichon sieur

 de la Guérinière qui devient en 1715 écuyer académiste et ouvre l'académie

 équestre qui porte son nom.

 L'Angleterre n'est pas en reste ce seront d'ailleurs ses chevaliers et ses archers

 qui mettront à terre la cavalerie française. Ici c'est le duc de Newcastle,  William

 Cavendish qui prend les rênes en main  avec sa "Méthode et invention nouvelle de

 dresser les chevaux". en 1658 et l'ouverture à Anvers de son manège.

 


  En Espagne, ah ! en Espagne ! son célèbre cheval andalou !... Au milieu du XVI

ème siècle c'est Paolo d'Aquino et Vargas qui s'illustre, sans doute après avoir été

 l'élève de l'académie napolitaine.

                    https://www.youtube.com/watch?v=nkqm95noySA

Au Portugal, qui, entre autre, a la particularité de toréer à cheval sans mise à 

mort c'est Carlos de Andrade qui écrit  Luz da Liberal et Nobre Arte da Cavallaria,

 paru en 1790.

Et pour évoquer la création de la Haute Ecole Espagnole de Vienne pourquoi pas

 un petit galop !!

                    https://www.youtube.com/watch?v=6JOEfvE8i24

 La première mention d'un "Manège Espagnol à Vienne date de 1572

 Leurs maîtres-écuyers ont fait date : Christopher Edler von Regenthal de 1710 à 

1729, suivi de Adam von Weyrother de 1729 à 1740.

 et Max von Weyrother de 1754 à 1760 en tout cas pour le XVIII ème siècle 

Au siècle suivant, en Allemagne parait le" Système de l'Art équestre" de Louis

 Seeger en 1848.

 Oyenhausen rédige le "Fil conducteur pour le dressage du cavalier et du cheval".

Et en 1895 Steibrecht compose "le Gymnase du cheval". 

Autant de pistes de recherche si vous vous intéressez à ce sujet, dans vos langues 

et pays  respectifs. 


                                                                                                               à suivre