vendredi 17 août 2018

Cathédrale de León

Vous savez déjà que je ne suis pas une adepte de l'audiophone et que le face 

à face avec l'oeuvre peinte ou sculptée  est toute personnelle  : je sais ce que 

je vais voir  et je ne laisse à personne le soin de me donner le descriptif, c'est 

mon ressenti qui compte et je peux vous dire qu'ici c'est une stupéfaction 

admirative qui m'a saisie.

  ce qui me permettra par la suite de réunir le plus de documentation possible :

 125 panneaux, 57 médaillons qui s'échelonnent du XIII ème siècle au XV ème siècle

 des légendes aussi comme celle de la taupe qui, circulant dans les sous-sols 

de la cathédrale bâtie sur d'anciens thermes romains, donne l'explication d'une 

instabilité qui date des premières années de sa construction à l'époque 

wisigothe, suivie  d'une cathédrale romane au XI ème puis au XII ème sous 

l'impulsion de Manrique de Lara d'un bâtiment plus ample : la collaboration 

d'Alphonse X le Sage et de l'évêque Martin Fernàndez  au XIII ème en 50 ans

 achève ce joyau dont  un distique latin prétend qu'il faut admirer la cathédrale 

de Séville pour sa grandeur, celle de Tolède pour sa richesse, celle de

 Compostelle pour sa force et celle de Leon pour sa perfection.




 Aucune photo ne peut restituer vraiment cette atmosphère de majestueuse

 clarté ; il n'est pas possible non plus à une telle hauteur de détailler le 

descriptif de chaque médaillon dont les uns narrent l'Ancien Testament et les

 autres le Nouveau avec l'Arbre de Jessé.



  très déçue de mes photos au téléobjectif  : j'en ai toutefois réussi une











































vitraux contemporains








            La grande rosace de la façade était en cours de restauration

 Ce nouvel orgue installé en 2013 a été construit par la manufacture allemande

 Klais  : un des plus grands d'Europe, 5 claviers, 5.000 tuyaux. 64 registres.

 C'est notre grand organiste Jean Guillou qui l'inaugura.

 D'autres grands artistes de la Renaissance   prirent part à l'élévation de cette

 cathèdrale : Juan de Badajoz el Mozo + 1552, Juan de Malinas et Diego Copin,

 Pedro Manuel (1523-1534) en image  (hiéroglyphes)  d'Estebàn Jordàn

les quatre phases de la vie spirituelle humaine suivant la vision philosophique 

néoplaticienne  de Marsilio Ficino, les sculpteurs Juan de Juni et Esteban Jordàn 

: Bautista Vàsquez pour la triomphale statue de l'Assomption de la Vierge.

Pour les maîtres verriers : Diego de Santillana, Rodrigo de Herreras,Alfonso Díez : Valdovín, Annequín, Escalante et le Bourguignon Nicolás Francés





            http://nosgustaleon.com/las-vidrieras-de-la-catedral-de-leon/


Mais il faut sortir de cette cage de cristal, revenir à la réalité bien triste, aux 

dégats provoqués par les orages et contempler avec affliction ma montagne 

grillée "bouffée" par la pyrale du buis et dorénavant couleur "pain grillé" sur des

 hectares. Les troncs de ces buis étaient gros comme des bras, végétation 

implantée dans le massif karstique.

                  Rien ne dure hormis les cathédrales !!!! 




jeudi 16 août 2018

De Sahagùn à León






                                      La cathédrale de León

 Je m'attendais à retrouver sur ses toits mes chères cigognes ; c'était un

 souvenir vivace de ma première visite, il y a quelques dizaines d'années, il n'en

 fut rien, mais pourquoi se souvenir de cigognes alors que les verrières de cette

 cathédrale sont époustouflantes, des bleus de Chartres ! des végétaux d'une

 modernité stupéfiante.

         Mais commençons par y rentrer :



  Lorsque les "jacquets" qui venaient des Pyrénées parvenaient à León ils 

étaient à la moitié de leur chemin, ce qui n'est pas mon cas, puisque je vous 

aménerai jusqu'aux rives de l'Atlantique.

Les Français qui venaient de Reims n'étaient pas surpris de pénétrer dans une

 cathédrale dont le plan est identique à la leur, non plus que ceux venant

 d'Amiens, les élévations pouvant aussi se comparer à celle-ci, non plus 

d'ailleurs que les jacquets de Chartres ou de Bourges. Rien d'étonnant à cela !! 

Parmi les maîtres d'oeuvre, Maître Henri qui venait d'achever la cathédrale de 

Burgos,et Guillaume de Rohan !!

 Nous sommes alors au XIII ème siècle.

 Je vous laisse le choix d'admirer tour à tour les trois portails d'entrée, une 

merveille de composition et de technique , un avant-goût du portail de la Gloire

 de St Jacques de Compostelle  que l'on ne plus photographier !!!... je vous 

raconterai,  alors profitons-en.






















                  Quelques éléments intérieurs, une très originale crèche :



                              l







            et ce capiteux amour qui soutient une colonne du triforium.

Je consacrerai, le prochain article aux 1.200 mètres  carrés de vitraux.

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_de_Le%C3%B3n_(Espagne)

 https://www.turismocastillayleon.com/fr/art-culture-patrimoine/cathedrales/cathedrale-leon

mercredi 15 août 2018

Mon chemin de St Jacques de Compostelle






 C'est un long voyage et par conséquent un long récit, vous n'arriverez pas de 

suite à Saint Jacques et ce ne sera pas le regard d'un "jacquaire", tout voué à

 sa destination, ni d'un touriste au sens propre du terme, ce sera

  effectivement "mon" "Camino Francès".

Passées les Pyrénées en laissant de côté toutes les autres étapes des années 

passées, le Somport, la Pierre St Martin , Jaca, Santo Domingo de Silos,

 Carrion de los Condes ou Fromista,  Puente de la Reina, Estella, où il avait

 aussi fait bien chaud !!! en voici de nouvelles.
 
Dépassé aussi Burgos tant de fois visité, pour faire connaissance avec Sahagùn.

 Le profane et le sacré, le cocasse ou le sérieux, l'architecture et la nature, 

tout ceci en un condensé qui, je l'espère, vous donnera envie d'en savoir plus.

  Le vrai "camino" passe par Sahagùn; l'abbaye clunysienne San Benito 

implantée  par Bernard de la Sauvetat d'Agen au XI ème siècle était  une 

des plus importantes du nord de l'Espagne; des miliers de moines vécurent là 

autour des reliques de San Facundo et San Primitivo.

 Je  sentais ce passé, auprès de ces ruines veillées par quelques

 cigognes bravant les 35 degrés à l'ombre. Je sentais aussi l'ombre de 

Charlemagne qui  y adouba  Anséis "roi d'Espagne et de Carthage", avec son 

épée Joyeuse. Mais ce ne sont plus  que des ruines et j'avais du mal à m'en 

détacher pour prendre la route de León  ( chanson d'Andéis de Carthage) 

http://www.chanson-de-geste.com/anseis_de_carthage.htm




            Elles souffraient  de la chaleur et laissaient leurs becs ouverts pour mieux se ventiler.










 On trouve à Sahagùn un heureux mélange de pierre et de brique comme à San Tirso, exemple du style Roman-Mudéjar


  Mais les contingences matérielles font surface : il faut croire que je souffrais aussi de la chaleur !!!.....

  en route pour la Plaza Mayor, toujours animées, ces places  !! à l'heure du 

déjeuner, avant le calme des siestes de l'après midi.









https://es.wikipedia.org/wiki/Monasterio_Real_de_San_Benito_(Sahag%C3%BAn)

lundi 30 juillet 2018

Gerhard Richter et Vincenzo Dandini



https://www.youtube.com/watch?v=tutIedglCiM



  Je terminerai le parcours de cette exposition avec le portrait d'homme au 

crâne qui appartient au Musée de la Chartreuse de Douai oeuvre de Vincenzo 

Dandini qui a déjà été exposé à Paris lors d'une exposition à la Fondation de 

Pierre Bergé en 2010 "Démocrite rieur" d'après Alain Tapié. On peut parler 

d'école florentine puisque Dandini y travaillait avec son frère Cesare, son neveu

 Pier et ses fils Ottaviano et Vincenzo le jeune (1607-1675)


  Mais je ne quittrai pas l'Hotel d'Assézat  sans un clin d'oeil à mes Cranach

préférés ; attardée aussi sur les dernières acquisitions du Musée mais qui vous

ont  été présentées dans le dossier de presse que vous avez sans doute ouvert.


  et le très beau Zurbaran

 j'ai rarement vu une découpe de cadre semblable !!!




 Les expositions de la Fondation Bemberg sont toujours exceptionnelles, après 

les Majoliques et l'Orfévrerie  Allemande que vous trouverez dans mes archives

( 26 10 2016) celle-ci a revêtu une originalité qui peut ne pas plaire à tout le monde .























 Départ pour d'autres découvertes sur un fameux "Chemin" je vous en dirai plus à mon retour

dimanche 29 juillet 2018

Vanités d'hier à la Fondation Bemberg : suite

Est-il nécessaire de rappeller ce que sont les vanités, allégories du temps qui 

passe et de l'impermanence de la vie humaine, sujets que les modernes ont 

aussi traité comme nous l'avons vu mais qui est plus représenté dans la 

peinture flamande du XVII ème, notamment au sein de la Réforme pour

 laquelle il est moins question d'associer ces vanités à la vie des Saints ; ce sont
 
 alors une multitude d'objets qui figurent sur ces tableaux.

Voici toutefois pour débuter un Saint Jérôme méditant

 de Marinus van Reymerswaele (1495-1567)


 et j'ai bien failli ne pas vous la proposer tellement ces doigts de "grippe-sou" sont assez peu compatibles avec la nature de St Jérôme mais vous allez en avoir l'explication



 Peu de choses sont connues de la vie de Marinus Claeszoon Van Reymerswaele. Attesté à Reymerswaele en 1509, il y est alors en apprentissage. En 1567, s'il ne s'agit pas d'un homonyme, il est chassé comme iconoclaste de Middleburg, et son art archaisant, torturé et ironique (formes tourmentées, visages outrageusement expressifs)  semble témoigner de ses convictions. On n'a pas pu prouver s'il fut l'élève de Quentin Metsys auquel était autrefois attribué ce tableau, mais il fut sans aucune ambiguité l'un de ses imitateurs les plus directs. Il a exécuté de nombreuses variations d'une composition présentant telle une scène de genre, collecteurs d'impôts, banquiers, usuriers ou prêteurs de basse mine. Il reprit en fait plus précisément le thème de Metsys du "Prêteur et sa femme". Dans ses tableaux, il aborde le thème de l'avarice de manière exarcerbée et caricaturale, et, paradoxalement, malgré le sujet, dans le "Saint Jérôme méditant du Musée de Douai ; on retrouve cette outrance qui fait écho à une tendance inaugurée par Bosch et Metsys dans la peinture du Nord. Van Reymerswaele a été fortement influencé par Dürer.




 Vanité aux livres et au crâne.



Anonyme
 ancienne attribution Jacques Albert Gérin
dernier quart du XVIi ème siècle. Naples.

Nantes, Musée d'Arts

On retrouve sur cette toile tous les symboles  classiques des vanités, la bougie éteinte, les fleurs qui vont se fâner et l'incontournable crâne













Franciscus Gysbrechts : Vanité seconde moitié du XVII ème siècle. 

                                                                 Musée des Beaux Arts de Rennes

 Dans cette vanité, les objets représentatifs des activités humaines, rehaussés par de somptueuses étoffes aux franges d'or, sont juxtaposés au crâne, évocateur du triomphe de la mort mais qui par sa couronne d'épis (symbole eucharistique) promet la résurrection. D'un fond sombre et mystérieux, émergent des symboles des différentes dimensions de l'existence humaine : les plaisirs (ceux de la musique avec la flûte) la gloire des armes et du pouvoir (avec la trompette) mais aussi la vie contemplative ( avec le livre ).




  Attention de ne pas "m'emmêler les pinceaux" ...

 Voici un autre Gysbrechts mais il s'agit de Cornelis le père, celui que nous avons déjà vu  qui est membre de la guilde de Saint-Luc à Anvers : Franciscus en faisant aussi partie, au titre de "membre parent".. 
Difficile, même pour les spcécialistes de faire la distinction entre la palette du fils et  celle de son père : mêmes allégories surtout la draperie
pourpre frangée d'or













 ne vous vient-il pas à l'esprit  la comparaison avec ce thème traité par les

 modernes mais sans les attributs dédiés au sujet, sans grande originalité,

 toujours les mêmes, il est vrai que les supports ont changé et que ces toiles

 étaient sans doute des commandes.

 Donc..... la toile ci-dessus est l'oeuvre d'un Ardéchois (coeur fidèle.... non je plaisante, vous n'avez plus qu'envie de plaisanter après tant de contemplations si peu réjouissantes..  oui, l'Ardéchois coeur fidèle était une série télévisée relatant le Tour de France d'un Compagnon du Devoir de Liberté)

 Bref,... Sébastien Bonnecroy a peint cette vanité en 1641  exilé à Anvers et à la 

Haye, protestant français de souche ardéchoise, la lettre pliée, sur sa toile, porte

 son identification.

        Allez !!! encore une :

                 vous serez imbattables sur le sujet.  


                                Joannes Cordua (Bruxelles 1630- Prague 1702)

                                                                          conservé au Musée de Pau

 Et pour finir l'on sort des Flandres pour l'Italie avec le

                                                                  Putto endormi sur un crâne
 d'un anonyme d'après Miradori dit il Genovesino 

                             conservé au Musée Lambinet de Versailles


 Cette oeuvre anonyme fut réalisée d'après une peinture de Luigi Miradori dit il Genovesino. Pour Lia Bellingeri qui a consacré une monographie à l'artiste, Luigi Miradori est la personnalité artistique la plus importante à Crémone au XVII ème siècle, mais l'un des protagonistes les plus intéressants du Seicento lombard.  Certainement originaire de Gènes, c'est là probablement que Miradori est formé avant d'être actif à Milan et sutout à Crémone où il s'installe autour de 1635-1637. C'est à cette dernière ville qu'il reste principalement associé malgré son surnom de Genovesino.
Il est fait mention d'un nombre  important de ses oeuvres dans les inventaires des collections de Crémone mais malheureusement, il est impossible de retrouver la trace de la plupart d'entre eux. Sur un plan stylistique, on note dans son oeuvre parmi d'autres influences celle de la peinture génoise, mais aussi les influences caravagesques qui avaint été introduites à Gènes par Gentileschi. l'original du Putto endormi sur un crâne a été présenté en 1974 à Milan et d'autres versions avec variante sont présentes au Musée des Beaux-Arts de Caen et au Musée Calvet d'Avignon.