mercredi 28 décembre 2016

Au XXème siècle

Où l'on voit que les diamants n'ont pas perdu la cote et que des joaillers comme Cartier, Bulgari, Boucheron, Asprey ou Frost à New-York sont déjà d'actualité dans les toutes premières années de ce siècle.
Une innovation majeure est l'apparition du platine qui remplace l'argent dans la monture des diamants : il faudra attendre 1918 pour qu'éclate véritablement la renaissance de la joaillerie après une guerre où l'on a plutôt fabriqué des canons.
 A cette période donc, on assiste à deux productions celle des" grandes maisons "que je viens d'évoquer et celle des artisans, petits ateliers qui seront très créatifs.
Je vais donc passer en revue une nouvelle période, l'entre-deux guerres". 
 celle de 14-18 et celle qui débutera en 1939.
 Les années 30, dites les années folles donneront lieu à quelques productions qui marqueront leur époque comme l'a marqué l'art nouveau précédemment.

                                      or, émaux diamants. 1930.
  S'afficher avec des bijoux faisait preuve d'une certaine prospérité.
Mais c'est à Weimar en 1919 que  né le Bauhaus; Walter Gropius souhaite former une "communauté de bâtisseurs"  regroupant architectes, sculpteurs peintres comme  Kandinsky ou Klee : ils influencèrent la joaillerie qui se manifesta par des lignes géométriques avec notamment Paul Brandt et Jean Fouquet.

 Broche onyx corail et diamants en pavé. Boucheron d'aprés un dessin de Massé. vers 1925

Le bijou n'était plus forcément un investissement de valeur mais une preuve  de créativité. où s'illustraient Fouquet, George Bastard, Wiwen Nilsson, et quelques autres.

                     Platine, brillants, émaux 1925 Raymond Templier

Mais survient la crise économique de 1929 qui se répercute sur la joaillerie  suivie d'une nouvelle stabilisation de l'économie en 1936 mais de courte durée puisque survient la guerre de 1939.
Il fallut bien une quinzaine d'années après 1945 pour que la situation se rétablisse et c'est alors que surviennent des artistes de renom comme Calder et Giacometti qui produit un temps des boutons et des bagues. 

Alexandre Calder expose pour la première fois une série de bijoux qui se caractérisent par une interprétation originale dénuée d'intérêt pour la valeur intrinsèque des matières, Il sera suivi par d'autres peintres et sculpteurs qui s'essayent à leur tour à la joaillerie, Man Ray, Tanguy, Arp, Cocteau, Chirico ou Dubuffet.
Mais deux d'entre eux s'adonnent à la joaillerie sans réserve :ce sont Georges Braque et Salvador Dali.

Georges Braque avait un collaborateur en la personne d' Henri-Michel Heger de Löwenfeld.
Braque avait une prédilection pour les sujets de la mythologie ; or, lapis-lazuli ,rhodochrosites, or filigrané ou poli ou bien encore érodé supportent des papillons en diamants, butinant des fleurs en rubis.



 Le retour d'Icare à Lacédémone réalisé par Heger de Löwenfelf  pour Braque en 1963 : diamants sur fond de jaspe et or
Dali, aussi, se passionna pour la joaillerie avec cette originalité que nous lui connaissons dans sa peinture.
C'est la Owen Cheatham Foundation qui conserve sa collection de bijoux.

 " L'homme ne peut échapperà son temps ni le changer.
L'oeil voit le présent et le futur"
 commentaire de Dali pour cet "Oeil du temps" platine émaillé, diamants en baguette et rubis.
Cette intervention d'artistes issus d'autres formations artistiques présentait  un inconvénient pour la réalisation technique de ces oeuvres dont ils n'avaient pas "le métier" des orfèvres professionnels.
La liberté d'expression était ainsi privilégiée laissant la porte ouverte à tous les jeunes créateurs qui ne se souciaient pas d'utiliser des matériaux de qualité.
 Les choses sont peut-être différentes pour d'autres pays que la France .
Nous avons déjà vu que les Expositions Internationales sont un moyen de promouvoir plusieurs productions.
En ce qui concerne la joaillerie  celle de 1961 organisée à Londres par  Graham Hughes où vingt-huit pays exposent plus de mille pièces relance l'intérêt du public.
Je retrouve souvent dans les "CV" de ces artistes une formationn précédente d'ingénieur : souvent dessinateurs, c'est le cas d'Andrew Grima, exposant , déjà dans le métier au sein de la H.J Company qu'il crée en 1946.



Ce dernier base sa fabrication sur des débris  d'or qu'il fond en y plaçant des pierres précieuses mais il sait aussi être commerçant et vend lui-même sa production dans la Jermyn Street à Londres.
John Donald se spécialise dans le sertissage de cristaux naturels  sur monture d'or qu'il crée pour la Goldsmiths'Company.
 Mais à l'exposition de 1961 c'est aussi une femme, née à Innsbruck de parents autrichiens, venue s'instruire à la St Martin's School of Art, qui expose : Gerda Flockinger met en oeuvre des bijoux ou filigranes ou ajours entourant des pierres en cabochon.
 Récompensée par une exposition au Victoria and Albert Museum en 1970 ,elle ne sera pas la seule.
Il se trouve que la plupart des plus célèbres designers contemporains sont des femmes dont Patricia Tormey originaire de Dublin qui se distingue par des techniques très personnelles (bombardements d'or fondu sur plateaux de lentilles ou compositions qui en y regardant bien sont plutôt d'inspiration érotique).
 D'autres aussi Gillian Packard et Catherine Mannheim aux figurations très opposées.
 Mention doit être faite de Louis Osman qui fabriqua la couronne du Prince de Galles.
 Mais si vous allez à Londres  partez à leur recherche chez  Andrew Grima, à l'Electrum Gallery, chez Hooper Bolton ou à l'Oxford Gallery etc 
Demain nous partirons en Italie

mardi 27 décembre 2016

Fin du XIX ème

 De cette fin de siècle au XX ème, déjà dépassé !!!!, fleurit une brève mais riche période que l'on peut délimiter à peu prés entre deux guerres, une fois de plus :  1870 avec Sedan et la nouvelle, 1914- 1918 c'est  l'Art Nouveau.
En 1895 s'ouvre à Paris "La maison de l'art nouveau" pilotée par Samuel Bing :  ce concept voit le jour en Belgique en 1884.
Toute l'Europe se l'approprie en des termes différents, mettant en scène les mêmes motifs, floral, nouille, anguille :  en Allemagne, c'est le Jugendstil, en Autriche, le Sezessionsstil ; en Italie, le Liberty stile ; en Espagne, l'Arte joven.
En France, l'on se partage entre Modern style, Belle Epoque, fin de siècle.
 Walter Crane dans la revue anglaise Art Nouveau Illustrated souhaite une renaissance des arts appliqués ;;les artistes devenant artisans et les artisans devenant des artistes.



                                  or émaux brillants . George Fouquet

De grands artistes contribuent à cette nouvelle approche des arts.
Toulouse Lautrec et Alphonse Mucha font des affiches, Bonnard et Vuillard peignent des meubles ; s'illustre aussi dans l'art  des affiches, Aubrey Beardsley.
 C'est cette volonté de promouvoir les arts appliqués qui  est en réalité à l'origine de cet "art nouveau". William Morris souhaitait donner une dimension sociale à ses créations,  en façonnant des objets utiles,  présentant un caractére artistique à un prix modéré.
  Etoffes, meubles, présentent des influences diverses, souvent orientalistes, reflets des échanges commerciaux avec le Japon ou découverts lors des Expositions internationales.




Mais venons-en aux bijoux ; en 1888, C.r Ashbee, architecte mais orfévre veut tester les idées de Morris  et crée la Guild of Handicraft. Ses créations sont particulièrement caractéristiques  de cette période.
C'est toutefois à Paris que s'affichent  les paons , les lys, ... que ce style  s'épanouit avec des noms  d'artistes célèbres comme Lalique, Fouquet et Vallin (pour les jardins, il faut évoquer Majorelle et son célèbre jardin marrakchi ).



  Lalique or, ivoire, émaux, perle baroque, brillants

Si Lalique est plus souvent connu pour ses verres  il partage avec Fabergé les honneurs de l'Exposition universelle de 1900.  Dans sa conception du  bijou,  la valeur commerciale ne doit pas intervenir ; il va de ce fait utiliser le verre chaque fois qu'il jugera sa présence utile en union avec les métaux dont il devient l'utilisateur  privilégié  (émaux de plique - à - jour ).
La tendance naturaliste est donc au goût du jour ; animaux variés, poissons, plantes ou insectes, réalistes ou stylisés. mais très, très ....prisés : mille cinq cent francs de l'époque déboursés par le Kunstindistrimuseet de Copenhague pour une broche à chapeaux.
Mais il n'y a pas que du verre or, argent, opale, verre, corne et diamants !!!
  Lalique  va chercher son inspiration dans les estampes japonaises et orientales, même si les formes de la Renaissance figurent encore.
Au salon de Paris de 1896 le thème central du bijou devient le nu en ivoire.
Si nombre de bijoux de la période précédente sont la propriété du Victoria and Albert Museum c'est à Lisbonne qu'il vous faut aller pour admirer la plus belle de ces collections d'art nouveau, à la Fondation Gulbenkian.
 Un autre orfèvre est aussi de renommée mondiale c'est Fouquet qui collabore avec Mucha, Lalique : le plus célèbre d'entre ses bijoux est celui dessiné pour Sarah Bernhardt dans  son rôle de Cléopâtre.


 trois tours de poignets en or et émaux pour ce serpent,
tête en opale avec des yeux de rubis. 

Un autre artiste,  Henri Vever nous permet d'avoir un regard "éclairé" sur  le style Art Nouveau, grâce à son livre "La Bijouterie française au XIX ème siècle".

Il inspira peut-être les Danois dont Georg Jensen et la découverte  de ses bijoux vous amènera à Copenhague à la Direction Centrale Jensen.

La Norvège n'est pas en reste avec ses émaux "pique-à- jour".

En Belgique le "Cercle des Vingt"  s'était donné pour but de rompre avec le passé et de réagir en même temps contre la mécanisation. 

 On peut citer Morris, Mackmurdo mais aussi Van de Velde qui toucha à tous les arts   appliqués en se rapprochant du Baunhaus Allemand.

 Wolfers, avant de se consacrer définitivement à la sculpture, s'illustra comme joailler de la Couronne






ravissante orchidée de Philippe Wolfers 
or, diamants, rubis.




 C'était un survol de cette période, très marquée par une inspiration végétale aux formes très caractéristiques que l'on rencontre encore en architecture au détour d'un chemin.
 J'ai été "emballée" par la Sécession à Vienne.
 Il faudrait que je scanne quelques photos de ce voyage, n'est ce pas Annette? 


                                                               Georges Fouquet or et émaux


http://www.maglm.fr/post/2015/04/05/au-temps-de-klimt-la-secession-a-vienne-pinacotheque-de-paris/
                                                                                  à suivre

vendredi 23 décembre 2016

Le XIX ème

 Je vais traverser  ce siècle, sans Napoléon,  jusqu'à l'aube du XXème en suivant comme les articles précédents, le fil de l'histoire, où modes vestimentaires et parures sont le reflet des changements de pouvoir, des vicissitudes financières ou autres influences et qui sont aussi la marque de quelques artistes sachant imposer leur notoriété.
 Mode aussi  de quelques "locomotives" (expression peut-être un peu surprenante pour mes lecteurs étrangers mais qui veut bien dire qu'il s'agit de personnes qui entraînent des modes ou favorisent des lieux) telle que la duchesse de Berry, arbitre de la mode et ardente partisante de la tradition.
Louis XVIII n'était pas intéressé  par la joaillerie, sauf pour effacer la marque napoléonienne en faisant remodeler les emblèmes impériaux par le bijoutier Bapst.
Les techniques semi-industrielles,( dont la "cannetille" ) importées d'Angleterre n'étaient pas du goût de la duchesse.
Plusieurs influences marquent ce siècle : dans les années 1830 le goût romantique  transforme la parure  vestimentaire  qui  de ce fait modifie le port des bijoux ; dès 1824, sous Charles X, revient à la mode le "gothique" et vers 1850 apparait la crinoline.
Les nouvelles coiffures, raie au milieu et boucles pendantes de chaque côté du visage, empèchent ou rendent inutile le port des boucles d'oreilles, au profit de la "ferronière" . ( déjà à la mode du temps de Léonard de Vinci )
Puisque j'évoquais la notoriété des artistes  il faut citer François Désiré Froment -Meurice qui à l'instar de ses prédécesseurs dessine des bijoux : d'inspiration gothique,  préférant laisser à ses collégues le soin de réaliser ses inventions, comme Massé,  lui aussi parisien.
Contrairement à d'autres qui ne se privaient pas de copier purement et simplement  des réalisations qu'ils pouvaient voir dans les Musées qui font leur apparition.
Il fut la vedette de la Grande Exposition de Londres en 1851.
L'italie n'était pas en reste avec Pio Fortunato Castellani, célèbre à Rome dès le début du siècle.
C'est avec son collègue Michel-angelo Caetani  qu'il cherche à comprendre les techniques des artistes étrusques sans parvenir à percer le secret de leur soudure.
Ses fils Augusto et Alessandro trouvèrent d'autres solutions puis se lancèrent dans la fabrication des bijoux d'inspiration bysantine ou grecque utilisant émaux et mosaïques.
Naples n'est pas en reste avec Giacinto Melillo qui reprend le procédé de "fonte à cire perdue.
 Un autre napolitain du même nom Carlo  Melillo produit  à Londres des modéles,  cette fois, d'inspiration Renaissance.

                                                                   Carlo Giulano
Luigi Valentino Brugnatelli, en résidence  aussi en Angleterre invente le "plaqué or" largement exploité par Wright et Elkington.
La disparition prématurée du prince consort Albert et le chagrin profond ressenti par la reine Victoria mettent en vogue la bijouterie de jais.
Je retrouve là une fabrication qui fut aussi célèbre dans nos vallées Pyrénéennes précisément le Pays d'Olmes ; en Angleterre c'est sur les plages de Whitby que cette pierre noire se découvre ; la main d'oeuvre anglaise était aussi nombreuse que celle de nos exploitations françaises. (nous avons eu récemment une conférence d'un de nos universitaires, Bruno Evans qui a nous a conté la prodigieuse ascension d'un marchant d'objets en jais (chez nous, le jayet en occitan) jusqu'aux Amériques).


                                   collier anglais en jais sculpté

Vingt cinq ans après le décès de son mari,  la reine Victoria décide de mettre un terme à son deuil ; fini, les bijoux de deuil, voici venus des bijoux d'amour aux formes de coeur, en émaux ou turquoises.


 
                                                          




Les bijoux de corail ont eux aussi fait leur apparition.






 mais c'est d'un artiste à la réputation toujours vivante que je veux vous parler, il s'agit de Gustav Fabergé. 
Cette famille huguenote originaire de Picardie, les Fabergé, quitte la France lorsque Louis XIV, sous l'influence de Mme de Maintenon révoque l'Edit de Nantes et se fixe en 1842 à Saint - Pétersbourg. 
Mais c'est Karl qui, après un appentissage aussi bien en Allemagne, qu' en France ou en Angleterre, prend les  rênes de l'affaire, encore très jeune.
Leur suprématie est totale, sept cent artisans  travaillent dans cette entreprise qui posséde en outre,  plusieurs succursales à Moscou, Kiev, Odessa ou Londres.
Leur succés est particulièrement remarquable à l'Exposition panslave de 1898 et atteint son apogée avec celle  de Paris en 1900.



La tradition des tsars d'offrir "les oeufs de Fabergé" à Pâques  et d'autres commandes donnent lieu à une collection de cinquante-sept oeufs,
 tous aussi originaux et célèbres.
 Ce commerce prit fin en 1918.
 Par manque de temps, je ne m'étendrai pas sur la période du Second Empire où, nous l'avons vu précédemment, l'impératrice Eugénie, était aussi passionnée  de bijoux, avec une prédilection pour le style XVIII ème.

C'est avec Melchior, Gaspard et Balthasar qui apportent leur trésors au pied de la crèche que je vous souhaite un Joyeux Noël.
Je vous retrouverai chque fois que cela me sera possible,  pour poursuivre cette  "récapitulation" d'un art qui ne cessera sans doute jamais  de s'exprimer.


                                                                                 Albrecht Altdorfer

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 https://www.google.fr/?gws_rd=ssl#q=la+belle+ferronni%C3%A8re+l%C3%A9onard+de+vinci

http://dona.ek.la/collection-des-oeufs-faberge-de-la-famille-romanov-c18261184

http://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/iconographie/portrait-de-limperatrice-eugenie-commande-a-gustave-le-gray-par-ismail-pacha/

 http://www.drouot-estimations.com/html/fiche.jsp?id=3482976

 http://www.exponaute.com/magazine/2017/05/19/medusa-une-histoire-de-bijoux-au-musee-dart-moderne-de-paris/

jeudi 22 décembre 2016

de l'acier au fer

 Rassurez-vous, si j'entame le XIX éme siècle avec Napoléon et surtout Joséphine grands amateurs de bijoux .... en or et pierres précieuses (au point d'utiliser les joyaux de Charlemagne)   c'est justement parce qu'ils sont responsables de l'émergence de la fabrication en Allemagne des bijoux en fer.
 Le tout premier atelier fut à Berlin en 1804, la Fabrique royale : tels les joaillers anglais pour l'acier, les fondeurs de fer allemands  font évoluer leur production vers des produits plus décoratifs que les gardes d'épées, les boucles ou les châtelaines.
1806 est une date importante qui met un terme au Saint Empire romain germanique au profit de la Confédération du Rhin ; Napoléon surgit en 1808 et s'empare des moules utilisés pour la fabrication des médaillons pour les expédier en France qui met cette fabrication nouvelle au goût du jour.
En Allemagne,  l'effort de guerre demandé à la population  pour lutter contre l'envahisseur l'incite à l'échange de tous les bijoux en or contre cette nouvelle joaillerie de fer.
(Gold gab ich für Eisen. Ein Ein Gest auscht zum wohl des Vaterlands sont gravés parfois sur les nouveaux bijoux de fer du généreux donateur. 
Inutile de préciser que la majeure partie de ces  bijoux se trouvent à Londres au Victoria and Albert Museum !!...
Même après la chute de Napoléon, ils restèrent en vogue dans les deux pays.
Il faut dire qu'ils n'avaient rien à envier aux supports en or avec ces délicates réalisations de fils entrelacés et émaillés de noir, aux formes néo-classiques en vogue en Europe à cette période.

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Mais nous allons aussi voir  la production française ..en or,  sous l'impulsion du 1er Empire, aprés la période troublée de la Révolution française..
Les événements tragiques de cette époque donnent lieu à des modes un peu... spéciales: les femmes se coiffent "à la victime" cheveux tirés sur la tête et ruban rouge autour du cou et les boucles d'oreilles prirent la forme de guillotines en miniature.
Pour remémorer les martyrs de la Révolution, on voit apparaître  les bagues "à la Marat".
 Les" merveilleuses" portent des chemises sans manches, légéres et transparentes d'inspiration grecque, resserrées sous la poitrine, coiffure à la grecque aussi, spartiates aux pieds  et rien de bien nouveau hormis les "poissardes" très longues boucles d'oreilles pendantes ; et peut-être aussi les sautoirs.

 En 1792 nous l'avons déjà vu le Trésor Royal fut volé et en partie retrouvé)

Mais avec l'accession de Bonaparte au Consulat, les choses commencent à évoluer, dés 1799, la stabilité financière retrouvée, les joailliers en cessation d'activité retrouvent du travail sans toutefois utiliser les diamants, insulte à la démocratie. Ce qui donne lieu à la fabrication massive des camées  mélés de perles.

Les diamants sont remplacés par des cristaux ;  à chaque doigt une bague y compris sur le pouce ou le gros orteil.

                                               broche avec camée
Ceci  pour la généralité, mais la nouvelle impératrice qui raffolait des bijoux n'hésitait pas à se parer des bijoux de la Couronne, désormais à sa disposition depuis 1804.
 Les tiares sont en vogue et l'on peut admirer cette nouvelle joaillerie sur les portraits de François Gérard, de Joséphine :




 ou bien de Robert Le Févre (1806. Pauline Borghèse au Château de Versailles). 



                   ou Marie-Caroline reine de Naples par Vigée le Brun


             Robert Le Févre  a aussi fait d'autres portraits comme celui-ci.


Napoléon se présente à son sacre avec une couronne de lauriers "à l'antique"
 las  !!! pas plus que certains empereurs romains, son régne ne sera pas très long.!!!
https://www.histoire-image.org/etudes/sacre-empereur-napoleon-ier-oeuvre-cle

mercredi 21 décembre 2016

suite du XVIII ème

 Après un tour d'Europe des portraits officiels, j'ai été un peu déçue de ne trouver que peu de bijoux  sur les gorges des reines, la mode avait changé.
Par contre les tissus sont  somptueux, satins, soieries brodées et bientôt gilets fleuris de broderies à faire rêver.
Il faut remarquer que la mode justement, est à ce moment là au
 "devant-le-corsage" .
C'est un corsage  qui se termine en pointe et sur le portrait de la reine Charlotte de Mecklembourg-Strelitz en 1792 peint par Allan Ramsay, vous pouvez voir que le 'collier de chien" autout du cou est en diamants et que ce devant -de-corsage est aussi cousu de diamants. L'aigrette est aussi fixée par un bijou.

 Le portrait d'Amélie de Saxe, en est un autre exemple : cependant, elle ne porte pas d'aigrette mais des boucles d'oreilles et plusieurs  rangs de perles à ses bracelets
 J'en ai retenu quelques autres  parmi les plus représentatifs tel que celui de Mathilde Querini qui cumule, l'aigrette, la petite broche de diamant au-dessus de l'oreille, les trois broches de chevelure et l'autre broche aigrette qui relève les deux rangs de perles.
 Je ne ferai aucuns commentaires sur la beauté de ces personnes ....


 L'infante Maria Ludovica porte, tiare, bagues et bracelets et son portrait l'immortalise au Kunsthistorisches de Vienne peint par Mengs.
Le portrait officiel d'Elizabeth 1er de Russie  est encore plus démonstratif.

à noter l'absence de collier, de bagues ou de bracelets mais elle porte la tiare et son corsage en pointe s'orne de bijoux en pendentifs: le noeud de ruban en taffetas est retenu par une broche en diamants.

 Si je vous parle de Woodstock ce n'est pas pour évoquer le célèbre festival  (USA) mais une petite ville d'Angleterre, spécialiste de la fabrication des bijoux en acier : lequel concurrence le pinchbeck, la pyrite et la marcassite.
 Les joaillers se sont aperçu que l'acier taillé à facettes pouvait produire le même effet que les pierres.  D'autres ateliers se trouvaient à Salisbury mais n'avaient pas la renommée  de ceux de Woodstock.
Il y  avait dans cette autre fabrication,  les   mêmes inégalités de traitement, lorsque les décorations ajourées atteignaient des sommes faramineuses.
Le joaillier de Marie-Antoinette ( Granchez) se plia à cette mode et fabriqua à son tour des bijoux en acier plus chers que l'or.
Napoléon lui-même ne pouvant offrir à Marie-Louise tous les bijoux qu'il aurait souhaité,( Joséphine ayant conservé les siens) commanda une parure en acier. Mais restons encore dans ce siècle.
Les bijoux d'acier sont aussi variés que ceux faits d'or et le thème floral reste prédominant. L'inventivité des joailliers anglais pour en faire le support d'autres pierres que celles dites précieuses est sans limite au point que cette industrie devient la première dans les échanges commerciaux avec l'Europe et l'Amérique.
 Josiah Wedgewood et Boulton s'associent pour produire des montures d'acier ornés de camées.




 La Révolution française met, momentanèment,  un frein à cette exportation vers la France mais cette fabrication  se fera encore jusqu'au début du XX ème siècle.
C'est toujours au Vctoria and Albert Museum que sont conservés le plus de bijoux.
https://www.vam.ac.uk/collections/jewellery




mardi 20 décembre 2016

Le rococo


 C'est avec l'avénement de Louis XV que s'impose le "rococo" ; la mode vestimentaire évolue avec les perruques poudrées, les "mouches" sur les visages féminins, les jabots de dentelles et les culottes collantes pour les messieurs et si l'on peut dire, une démocratisation des bijoux qui ne sont plus l'apanage des classes privilégiées de la société.
Les réunions dans les salons de l'époque donnent naissance à l'éclosion d'une grande diversité de bijoux qui ne sont pas les mêmes le soir que dans la journée.
Leur "design" est plus léger  et  les diamants sont toujours à la mode,  surtout le soir où, à la lumière des chandelles, ils brillent de tous leurs feux.
Tout était fait pour "luire" mais, de cette époque, peu de bijoux subsistent et c'est une fois de plus,  par les portraits que nous les connaissons.
 Jusqu'en 1740, le thème du "neud" est toujours d'actualité, même pour les bagues:

                                                                                rubis et diamants
 mais ce sont les émaux qui décorent en majorité les tabatières, les petites boîtes miniatures, les montres et les "châtelaines" .
 Mais qu'est ce donc qu'une "châtelaine" ? c'est un bijou aussi bien féminin que masculin accroché à la taille ou au gousset pour y accrocher la montre et la petite clé destinée à  remonter le mécanisme .
Cette fonction "pratique",  très répandue, a donné naissance à des châtelaines plus ordinaires, plusieurs d'entre elles  sont parvenues jusqu'à nous.
Vous pouvez en trouver une au Musée des Arts décoratifs à Paris, celle-ci décorée d'émaux et de perles fines.

 Il faut le préciser, car la multiplication des bijoux a donné lieu à l'emploi de fausses perles ou de faux diamants.
  C'est au travers de cette différenciation des matériaux utilisés que les classes sociales se distinguent.
 Nicolas Beets dans sa "Camera Obscura"raconte, parlant de deux voyageurs:

Tandis que le premier avait des lunettes rondes en argent, une boîte à cigares en argent, un crayon en argent, une montre en argent, une broche en argent
 et naturellement des boucles en argent sur les chaussures, d'après quoi je déduisis qu'il devait s'agir d'un argentier, l'autre portait une broche en cuivre sur son foulard, une tabatière en cuivre, une chaîne en cuivre pour sa montre autour de la taille, ce dont je pus facilement déduire qu'il devait être au moins chef boulanger".
Exemple de broche florale où les pierres  sont .... "précieuses "
 C'est toutefois dès le siècle précédent que les pierres précieuses artificielles ont existé grâce à un chimiste britannique, George Ravenscroft.
En 1676 il découvre un nouveau type de verre à base d'oxyde de plomb (glass of lead) qui permet une taille en "brillant", bientôt rejoint par Joseph Strasser qui crée un cristal de plomb très lumineux que l'on baptisa" Strass" du nom de son inventeur.
On raconte que dans les années 1767, à Paris, trois cent quatorze artisans fabriquaient des bijoux en pierres  fausses.... même les maisons royales en possédaient ! comme en témoignent les joaillers de la cour d'Angleterre, Wickes et Netherton .



Les marcassites et les pyrites, les fragments de cristal de roche étaient taillés à facette comme les diamants : mais leur base pouvait être aussi faite d'acier ou d'un alliage de 17% de zinc et de 83% de cuivre, inventé par un autre anglais, Christopher Pinchbech.
Mais revenons aux bijoux qui font réver et ce sont dans leur majorité des bijoux Russes ou Espagnols.
La cour de Russie en 1762 devient le centre le plus important de Joaillerie avec des tailleurs venant de toute l'Europe.     Catherine  II la Grande  fit exécuter par un artiste suisse, Pauzier, qui vivait à St Pétersbourg, une de ses couronnes qui servit pour le sacre de ses successeurs.
On trouve au Victoria and Albert Museum, une "rivière" russe de douze émeraudes avec ses boucles d'oreilles assorties.


C'est une forme de collier caractéristique où le chaînon est aussi incrusté de petits diamants avec une sertissure  à jour sur griffes en forme de croix.
 Ce qui m'amène à vous conter une autre histoire qui a déffrayé la chronique et qui a valu à Marie- Antoinette, pourtant innocente dans cette affaire, une détestation plus grande encore : ce collier étant aussi une "rivière".
 Goethe ira jusqu'à dire, "l'affaire du collier a ouvert la préface de la Révolution française"
 L'affaire du collier de la reine:
 Commandé par Louis XV pour sa favorite "la du Barry" (par ailleurs  épouse du comte du Barry, gentilhomme Toulousain) à Boehmer et Bassenge,  joaillers de la cour, ce collier était constitué  de dix sept diamants gros comme des noisettes pour le premier rang suivi de trois festons ornés de pendentifs en diamants taillés en forme de poire et d'étoiles multiples qui retiennent deux triples rangs qui se nouent et s'unissent pour retomber sur la nuque et le décolleté du dos.
Description très succinte qui ne donne qu'une vague idée de ce bijou extravagant  et somptueux, mais Louis XV décède et les joaillers qui n'allaient pas le " garder sur les bras"  le proposent à Louis XVI qui juge le prix exhorbitant (un million six cent mille livres) et le refuse.
 C'est alors que la femme d'un officier Jeanne de la Motte monte une histoire ingénieuse pour se l'approprier.
Elle se présente aux joaillers avec en main des lettres du Cardinal de Rohan, stipulant que la reine voulait acheter ce collier à l'insu du roi.
Le cardinal acheta le collier à crédit et le  confia à madame de la Motte pour le remettre à la Reine; mais le cardinal de Rohan n'était qu'un "intermédiaire" et n'ayant ni l'intention ni les moyens de l'acquérir,  les joaillers présentent alors la facture à la reine qui "tombe de son haut" n'ayant jamais entendu parler de cette commande.
L'affaire fait grand bruit le cardinal de Rohan et les époux de la Motte sont emprisonnés.  L'histoire ne dit pas comment les joailliers furent remboursés ou en eurent pour leur frais.
Mais le collier avait déjà disparu, envoyé en Angleterre par Madame de la Motte dès qu'elle l'avait eu en main, démonté et vendu en pièces détachées.

Un autre collier n'eut pas eu plus de chance ; expédié par Marie-Antoinette en Belgique pour le sauvegarder, il fut récupéré par la duchesse d'Angoulème en 1798, passa par les mains de la princesse Massimo puis vendu à Londres en 1937 à un Anglais qui l'emporte en Inde où il disparaît.
On aurait presque envie de conseiller de ne pas  s'intéresser aux bijoux !!


peut-être à ces boucles d'oreilles hispano-portugaises du milieu du XVIII ème. girandolles, or ajouré , émeraudes et pendentifs en goutte, modèle "à la mode" dans presque toute l'Europe... ?
 et pour les boucles des chaussures qui avaient remplacé à cette époque les rubans, n'hésitons pas, prenons  de l'argent ( 1770).


Il me faut partir à la recherche de quelques tableaux, on verra la suite demain !!



                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         

lundi 19 décembre 2016

Les Moghols

  Je viens de revenir sur l'article précédant que je n'avais pas eu le temps l'illustrer hier et ce matin sur quelques uns des autres diamants remarquables qui ont parcouru le monde ;  leur histoire m'amène à étudier un peu plus ces Moghols.
Nous avons vu que les plus gros des diamants venaient d'Inde ou d'Afrique du Sud, que les tailleurs en faisaient des "brillants" mettant en valeur grâce àux facettes ainsi obtenues, toute leur superbe luminosité.

Lors d'une de mes visites au Smithsonian Institute de Washington, j'avais pu admirer " l'Eugénie Bleue" Eugénie pour le nom de l'impératrice qui le portait et bleue pour la pierre de 31 carats.


 Je n'ai jamais vu le Tiffany issu des mines de Kimberley en Afrique du Sud, 128 carats.. 
C'est Sir Ernest Oppeinhemer, propriétaire de la" de Beers Consolitaded" qui a donné son nom à l'Oppeinhemer diamant jaune  de  253 carats mais qui est resté brut, non taillé au Smithsonian de Washington. Sorti de la mine en 1964.

 Il faut rappeller aussi l'Earth Star (coll privée)  qui, lui, se distingue par sa couleur café foncé, taillé en forme de poire, 111 carats.


 Une belle occasion de se souvenir que les diamants peuvent être de plusieurs couleurs.
 C'est donc J B Tavernier voyageur infatigable qui a ramené des Indes nombre de ces diamants, mais j'aurais dû en réalité vous parler plus tôt de cette civilisation de l'Indus  au III ème millénaire avant notre ére où les Sumériens n'ensevelissaient pas non plus leurs morts avec leurs parures.
Et c'est peut-être pour  cela que peu d'entre eux nous sont connus ; ils sont sans doute transmis au cours des siècles, de famille, en familles.
 Les bijoux royaux sont connus par les inventaires  et toutes les autres parures s'exposent dans les Musées.
 Ceci pour dire que les Moghols n'avaient pas attendu les échanges commerciaux et leus contacts avec l'Occident pour posséder leur propre joaillerie.
Celle-ci se distingue par la couleur, facile à obtenir grâce à la présence sur leurs terres, de gisements de pierres précieuses .
Mais c'est au XVI ème siècle avec la consolidation de leur empire que les Moghols donnent à leur joaillerie tout son essor, mélant leus techniques ancestrales à celles de la Perse.
Comme tous les autres monarques au début du XVII ème siècle, Jahàngir et Shàh Jahàn se parent de bijoux et si Louis XIV arborait de sublimes plumes à son chapeau, ceux-ci ornent leur turban de pierres précieuses. leur "kalgi" (aigrette) qui soutenait celui-ci, lui-même orné de pierres précieuses et d'émaux comme celui que l'on peut voir à Londres au Victoria and Albert Museum.

 Pour les illustrations il faut se référer aux fresques d'Ajantà, du V ème aprés J C qui donnent un petit aperçu de la magnificence des parures,  de la tête aux pieds, dirons-nous, puisque les jambes des femmes se couvrent de bracelets et les têtes de turbans cousus de gemmes et et d'or.

 Ou bien au récit détaillé de Rosita Farbes en 1939:

 " Dans un palais indien du Sud, j'ai vu la maharàni habillée en grand apparat.
Le poids de ses bijoux était tel qu'elle ne pouvait pas se tenir debout sans l'aide de deux serviteurs ; ses bracelets de cheville, en or incrusté d'émeraudes, pesaient cent onces chacun  (une once 28 gr) et ils étaient évalués à mille quatre cents livres sterling.
Sur ses pieds fragiles, elle portait des rubans en or, reliés par des chaînes aux anneaux précieux du gros orteil.
Le même métal précieux recouvrait le dos de ses mains et était maintenu par des ponts de diamants reliés à ses bagues et ses bracelets.
 Elle ne pouvait pas même plier ses coudes car ses bras étaient complètement recouverts, des poignets aux épaules, de bracelets de pierres précieuses.
Sur sa poitrine scintillaient des diamants, et sous sa taille était accrochée une multitude de chaînes.
 Son cou était entouré de colliers d'émeraudes et de rubis.
 De ses cheveux, complétement tressés, pendait une sorte de queue de poisson décorée de bijoux, large de près de huit centimètres dans sa partie supérieure et se terminant dans sa partie inférieure par un diamant en forme de poire".

 Au British Museum, cette plaque centrale de bracelet : émeraude sculptée, pierres précieuses et émaux (XVIII ème).

 Ce pendentif est bien simple !!! (Moghol du Rajasthan) que...  émaux, et en goutte, une émeraude non taillée..




Mais lorsqu'il n'y avait plus de place on pouvait aussi les accrocher aux trônes!!! où en décorer les armes d'apparat.

http://www.notesprecieuses.com/lemagazine/2014/10/08/le-bijou-indien-moghol/