mercredi 21 décembre 2016

suite du XVIII ème

 Après un tour d'Europe des portraits officiels, j'ai été un peu déçue de ne trouver que peu de bijoux  sur les gorges des reines, la mode avait changé.
Par contre les tissus sont  somptueux, satins, soieries brodées et bientôt gilets fleuris de broderies à faire rêver.
Il faut remarquer que la mode justement, est à ce moment là au
 "devant-le-corsage" .
C'est un corsage  qui se termine en pointe et sur le portrait de la reine Charlotte de Mecklembourg-Strelitz en 1792 peint par Allan Ramsay, vous pouvez voir que le 'collier de chien" autout du cou est en diamants et que ce devant -de-corsage est aussi cousu de diamants. L'aigrette est aussi fixée par un bijou.

 Le portrait d'Amélie de Saxe, en est un autre exemple : cependant, elle ne porte pas d'aigrette mais des boucles d'oreilles et plusieurs  rangs de perles à ses bracelets
 J'en ai retenu quelques autres  parmi les plus représentatifs tel que celui de Mathilde Querini qui cumule, l'aigrette, la petite broche de diamant au-dessus de l'oreille, les trois broches de chevelure et l'autre broche aigrette qui relève les deux rangs de perles.
 Je ne ferai aucuns commentaires sur la beauté de ces personnes ....


 L'infante Maria Ludovica porte, tiare, bagues et bracelets et son portrait l'immortalise au Kunsthistorisches de Vienne peint par Mengs.
Le portrait officiel d'Elizabeth 1er de Russie  est encore plus démonstratif.

à noter l'absence de collier, de bagues ou de bracelets mais elle porte la tiare et son corsage en pointe s'orne de bijoux en pendentifs: le noeud de ruban en taffetas est retenu par une broche en diamants.

 Si je vous parle de Woodstock ce n'est pas pour évoquer le célèbre festival  (USA) mais une petite ville d'Angleterre, spécialiste de la fabrication des bijoux en acier : lequel concurrence le pinchbeck, la pyrite et la marcassite.
 Les joaillers se sont aperçu que l'acier taillé à facettes pouvait produire le même effet que les pierres.  D'autres ateliers se trouvaient à Salisbury mais n'avaient pas la renommée  de ceux de Woodstock.
Il y  avait dans cette autre fabrication,  les   mêmes inégalités de traitement, lorsque les décorations ajourées atteignaient des sommes faramineuses.
Le joaillier de Marie-Antoinette ( Granchez) se plia à cette mode et fabriqua à son tour des bijoux en acier plus chers que l'or.
Napoléon lui-même ne pouvant offrir à Marie-Louise tous les bijoux qu'il aurait souhaité,( Joséphine ayant conservé les siens) commanda une parure en acier. Mais restons encore dans ce siècle.
Les bijoux d'acier sont aussi variés que ceux faits d'or et le thème floral reste prédominant. L'inventivité des joailliers anglais pour en faire le support d'autres pierres que celles dites précieuses est sans limite au point que cette industrie devient la première dans les échanges commerciaux avec l'Europe et l'Amérique.
 Josiah Wedgewood et Boulton s'associent pour produire des montures d'acier ornés de camées.




 La Révolution française met, momentanèment,  un frein à cette exportation vers la France mais cette fabrication  se fera encore jusqu'au début du XX ème siècle.
C'est toujours au Vctoria and Albert Museum que sont conservés le plus de bijoux.
https://www.vam.ac.uk/collections/jewellery




mardi 20 décembre 2016

Le rococo


 C'est avec l'avénement de Louis XV que s'impose le "rococo" ; la mode vestimentaire évolue avec les perruques poudrées, les "mouches" sur les visages féminins, les jabots de dentelles et les culottes collantes pour les messieurs et si l'on peut dire, une démocratisation des bijoux qui ne sont plus l'apanage des classes privilégiées de la société.
Les réunions dans les salons de l'époque donnent naissance à l'éclosion d'une grande diversité de bijoux qui ne sont pas les mêmes le soir que dans la journée.
Leur "design" est plus léger  et  les diamants sont toujours à la mode,  surtout le soir où, à la lumière des chandelles, ils brillent de tous leurs feux.
Tout était fait pour "luire" mais, de cette époque, peu de bijoux subsistent et c'est une fois de plus,  par les portraits que nous les connaissons.
 Jusqu'en 1740, le thème du "neud" est toujours d'actualité, même pour les bagues:

                                                                                rubis et diamants
 mais ce sont les émaux qui décorent en majorité les tabatières, les petites boîtes miniatures, les montres et les "châtelaines" .
 Mais qu'est ce donc qu'une "châtelaine" ? c'est un bijou aussi bien féminin que masculin accroché à la taille ou au gousset pour y accrocher la montre et la petite clé destinée à  remonter le mécanisme .
Cette fonction "pratique",  très répandue, a donné naissance à des châtelaines plus ordinaires, plusieurs d'entre elles  sont parvenues jusqu'à nous.
Vous pouvez en trouver une au Musée des Arts décoratifs à Paris, celle-ci décorée d'émaux et de perles fines.

 Il faut le préciser, car la multiplication des bijoux a donné lieu à l'emploi de fausses perles ou de faux diamants.
  C'est au travers de cette différenciation des matériaux utilisés que les classes sociales se distinguent.
 Nicolas Beets dans sa "Camera Obscura"raconte, parlant de deux voyageurs:

Tandis que le premier avait des lunettes rondes en argent, une boîte à cigares en argent, un crayon en argent, une montre en argent, une broche en argent
 et naturellement des boucles en argent sur les chaussures, d'après quoi je déduisis qu'il devait s'agir d'un argentier, l'autre portait une broche en cuivre sur son foulard, une tabatière en cuivre, une chaîne en cuivre pour sa montre autour de la taille, ce dont je pus facilement déduire qu'il devait être au moins chef boulanger".
Exemple de broche florale où les pierres  sont .... "précieuses "
 C'est toutefois dès le siècle précédent que les pierres précieuses artificielles ont existé grâce à un chimiste britannique, George Ravenscroft.
En 1676 il découvre un nouveau type de verre à base d'oxyde de plomb (glass of lead) qui permet une taille en "brillant", bientôt rejoint par Joseph Strasser qui crée un cristal de plomb très lumineux que l'on baptisa" Strass" du nom de son inventeur.
On raconte que dans les années 1767, à Paris, trois cent quatorze artisans fabriquaient des bijoux en pierres  fausses.... même les maisons royales en possédaient ! comme en témoignent les joaillers de la cour d'Angleterre, Wickes et Netherton .



Les marcassites et les pyrites, les fragments de cristal de roche étaient taillés à facette comme les diamants : mais leur base pouvait être aussi faite d'acier ou d'un alliage de 17% de zinc et de 83% de cuivre, inventé par un autre anglais, Christopher Pinchbech.
Mais revenons aux bijoux qui font réver et ce sont dans leur majorité des bijoux Russes ou Espagnols.
La cour de Russie en 1762 devient le centre le plus important de Joaillerie avec des tailleurs venant de toute l'Europe.     Catherine  II la Grande  fit exécuter par un artiste suisse, Pauzier, qui vivait à St Pétersbourg, une de ses couronnes qui servit pour le sacre de ses successeurs.
On trouve au Victoria and Albert Museum, une "rivière" russe de douze émeraudes avec ses boucles d'oreilles assorties.


C'est une forme de collier caractéristique où le chaînon est aussi incrusté de petits diamants avec une sertissure  à jour sur griffes en forme de croix.
 Ce qui m'amène à vous conter une autre histoire qui a déffrayé la chronique et qui a valu à Marie- Antoinette, pourtant innocente dans cette affaire, une détestation plus grande encore : ce collier étant aussi une "rivière".
 Goethe ira jusqu'à dire, "l'affaire du collier a ouvert la préface de la Révolution française"
 L'affaire du collier de la reine:
 Commandé par Louis XV pour sa favorite "la du Barry" (par ailleurs  épouse du comte du Barry, gentilhomme Toulousain) à Boehmer et Bassenge,  joaillers de la cour, ce collier était constitué  de dix sept diamants gros comme des noisettes pour le premier rang suivi de trois festons ornés de pendentifs en diamants taillés en forme de poire et d'étoiles multiples qui retiennent deux triples rangs qui se nouent et s'unissent pour retomber sur la nuque et le décolleté du dos.
Description très succinte qui ne donne qu'une vague idée de ce bijou extravagant  et somptueux, mais Louis XV décède et les joaillers qui n'allaient pas le " garder sur les bras"  le proposent à Louis XVI qui juge le prix exhorbitant (un million six cent mille livres) et le refuse.
 C'est alors que la femme d'un officier Jeanne de la Motte monte une histoire ingénieuse pour se l'approprier.
Elle se présente aux joaillers avec en main des lettres du Cardinal de Rohan, stipulant que la reine voulait acheter ce collier à l'insu du roi.
Le cardinal acheta le collier à crédit et le  confia à madame de la Motte pour le remettre à la Reine; mais le cardinal de Rohan n'était qu'un "intermédiaire" et n'ayant ni l'intention ni les moyens de l'acquérir,  les joaillers présentent alors la facture à la reine qui "tombe de son haut" n'ayant jamais entendu parler de cette commande.
L'affaire fait grand bruit le cardinal de Rohan et les époux de la Motte sont emprisonnés.  L'histoire ne dit pas comment les joailliers furent remboursés ou en eurent pour leur frais.
Mais le collier avait déjà disparu, envoyé en Angleterre par Madame de la Motte dès qu'elle l'avait eu en main, démonté et vendu en pièces détachées.

Un autre collier n'eut pas eu plus de chance ; expédié par Marie-Antoinette en Belgique pour le sauvegarder, il fut récupéré par la duchesse d'Angoulème en 1798, passa par les mains de la princesse Massimo puis vendu à Londres en 1937 à un Anglais qui l'emporte en Inde où il disparaît.
On aurait presque envie de conseiller de ne pas  s'intéresser aux bijoux !!


peut-être à ces boucles d'oreilles hispano-portugaises du milieu du XVIII ème. girandolles, or ajouré , émeraudes et pendentifs en goutte, modèle "à la mode" dans presque toute l'Europe... ?
 et pour les boucles des chaussures qui avaient remplacé à cette époque les rubans, n'hésitons pas, prenons  de l'argent ( 1770).


Il me faut partir à la recherche de quelques tableaux, on verra la suite demain !!



                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         

lundi 19 décembre 2016

Les Moghols

  Je viens de revenir sur l'article précédant que je n'avais pas eu le temps l'illustrer hier et ce matin sur quelques uns des autres diamants remarquables qui ont parcouru le monde ;  leur histoire m'amène à étudier un peu plus ces Moghols.
Nous avons vu que les plus gros des diamants venaient d'Inde ou d'Afrique du Sud, que les tailleurs en faisaient des "brillants" mettant en valeur grâce àux facettes ainsi obtenues, toute leur superbe luminosité.

Lors d'une de mes visites au Smithsonian Institute de Washington, j'avais pu admirer " l'Eugénie Bleue" Eugénie pour le nom de l'impératrice qui le portait et bleue pour la pierre de 31 carats.


 Je n'ai jamais vu le Tiffany issu des mines de Kimberley en Afrique du Sud, 128 carats.. 
C'est Sir Ernest Oppeinhemer, propriétaire de la" de Beers Consolitaded" qui a donné son nom à l'Oppeinhemer diamant jaune  de  253 carats mais qui est resté brut, non taillé au Smithsonian de Washington. Sorti de la mine en 1964.

 Il faut rappeller aussi l'Earth Star (coll privée)  qui, lui, se distingue par sa couleur café foncé, taillé en forme de poire, 111 carats.


 Une belle occasion de se souvenir que les diamants peuvent être de plusieurs couleurs.
 C'est donc J B Tavernier voyageur infatigable qui a ramené des Indes nombre de ces diamants, mais j'aurais dû en réalité vous parler plus tôt de cette civilisation de l'Indus  au III ème millénaire avant notre ére où les Sumériens n'ensevelissaient pas non plus leurs morts avec leurs parures.
Et c'est peut-être pour  cela que peu d'entre eux nous sont connus ; ils sont sans doute transmis au cours des siècles, de famille, en familles.
 Les bijoux royaux sont connus par les inventaires  et toutes les autres parures s'exposent dans les Musées.
 Ceci pour dire que les Moghols n'avaient pas attendu les échanges commerciaux et leus contacts avec l'Occident pour posséder leur propre joaillerie.
Celle-ci se distingue par la couleur, facile à obtenir grâce à la présence sur leurs terres, de gisements de pierres précieuses .
Mais c'est au XVI ème siècle avec la consolidation de leur empire que les Moghols donnent à leur joaillerie tout son essor, mélant leus techniques ancestrales à celles de la Perse.
Comme tous les autres monarques au début du XVII ème siècle, Jahàngir et Shàh Jahàn se parent de bijoux et si Louis XIV arborait de sublimes plumes à son chapeau, ceux-ci ornent leur turban de pierres précieuses. leur "kalgi" (aigrette) qui soutenait celui-ci, lui-même orné de pierres précieuses et d'émaux comme celui que l'on peut voir à Londres au Victoria and Albert Museum.

 Pour les illustrations il faut se référer aux fresques d'Ajantà, du V ème aprés J C qui donnent un petit aperçu de la magnificence des parures,  de la tête aux pieds, dirons-nous, puisque les jambes des femmes se couvrent de bracelets et les têtes de turbans cousus de gemmes et et d'or.

 Ou bien au récit détaillé de Rosita Farbes en 1939:

 " Dans un palais indien du Sud, j'ai vu la maharàni habillée en grand apparat.
Le poids de ses bijoux était tel qu'elle ne pouvait pas se tenir debout sans l'aide de deux serviteurs ; ses bracelets de cheville, en or incrusté d'émeraudes, pesaient cent onces chacun  (une once 28 gr) et ils étaient évalués à mille quatre cents livres sterling.
Sur ses pieds fragiles, elle portait des rubans en or, reliés par des chaînes aux anneaux précieux du gros orteil.
Le même métal précieux recouvrait le dos de ses mains et était maintenu par des ponts de diamants reliés à ses bagues et ses bracelets.
 Elle ne pouvait pas même plier ses coudes car ses bras étaient complètement recouverts, des poignets aux épaules, de bracelets de pierres précieuses.
Sur sa poitrine scintillaient des diamants, et sous sa taille était accrochée une multitude de chaînes.
 Son cou était entouré de colliers d'émeraudes et de rubis.
 De ses cheveux, complétement tressés, pendait une sorte de queue de poisson décorée de bijoux, large de près de huit centimètres dans sa partie supérieure et se terminant dans sa partie inférieure par un diamant en forme de poire".

 Au British Museum, cette plaque centrale de bracelet : émeraude sculptée, pierres précieuses et émaux (XVIII ème).

 Ce pendentif est bien simple !!! (Moghol du Rajasthan) que...  émaux, et en goutte, une émeraude non taillée..




Mais lorsqu'il n'y avait plus de place on pouvait aussi les accrocher aux trônes!!! où en décorer les armes d'apparat.

http://www.notesprecieuses.com/lemagazine/2014/10/08/le-bijou-indien-moghol/

dimanche 18 décembre 2016

Le XVII ème siècle

 On ne peut franchir le siècle sans rendre hommage à quelques artistes : en Allemagne, Erasmus Hornick, si créatif, à Nuremberg, qu'il imposa une nouvelle forme de broches dt de pendentifs ; puis à Anvers, Hans Collaert qui adjoint  au milieu de ses compositions, les monstres mythiques ou des personnages qui chevauchent des animaux, reprenant là des thèmes déjà exploités par Virgil Solis.
Nous voici au XVII ème avec Daniel Mignot, joaillier français, qui travaille en Allemagne et affectionne les perles pendantes, l'ensemble du bijou en forme de poire.
 Deux évolutions majeures émergent, en Espagne c'est "l'églomisation" technique qui décore un morceau de verre ou de cristal de roche à son envers figurant des scènes religieuses en émaux noirs, monté en pendentif ; à Prague, c'est "l'émaillage transylvanien" fils d'or courants sur une pierre noire donnant naissance à un dessin aux motifs floraux ou géomètriques ; Venise remet au gout du jour le filigrane mince.
Avec le XVII apparaît le "baroque" terme issu du siècle précédent qualifiant une perle déformée de "baroque".


  pendentif en forme de dragon ; perle baroque
Ce siècle n'est pas facile et nous avons déjà vu que guerres ou conflits influaient sur la prospérité du moment.
L'instabilité amenant à la destruction des objets de prix à des fins de financement guerrier..
Malgré cela l'esprit créatif ne se perd pas et met au jour l'horlogerie avec l'invention du balancier et les médaillons.
La montre de gousset n'est pas loin....
 Un artistes français se distingue encore dans ce domaine, Daniel Bouquet.

 L' art floral devient à la mode, avec une prédilection pour la tulipe qui, si ma  mémoire est bonne, représente en langage des fleurs, une déclaration d'amour. 

 Les catalogues se multiplièrent, répandant dans toute l'Europe la mode des motifs floraux  '"Livre de fleurs propre pour Orfèvres et Graveurs, Vanquer 1680"..



Dans un autre catalogue , celui de Gilles Légaré en 1663 , on trouve à reproduire " la broche Sévigné" formes de noeuds, rubans entrelacés, pierres pendantes en girandolles dans les boucles d'oreilles.




 Louis XIV couvre ses maîtresses de bijoux à défaut de la reine qui n'en raffolait pas ; le cardinal Mazarin, lui, était grand amateur de diamants taillés, ayant amassé une partie des bijoux de Christine de Suède lorsqu'elle  se défit de sa royauté puis ayant mis plusieurs tailleurs de diamants à son sevice, il crée la "taille Mazarin" que toute l'Europe imita, et pas seulement sur les diamants mais aussi toutes les pierres, émeraudes , saphirs, topazes etc.
 (taille" brillant triple" cinquante six facettes et deux tables )
(Il faut se remémorer l'affaire des ferrets de la reine sous Louis XIII  qu' Alexandre Dumas met en scène dans ses "Trois Mousquetaires")
 Dans un article précédent, j'avais évoqué les jouets princiers dont les "Marmousets" de Louis XIII , son fils Louis XIV jouait aussi avec des soldats en argent et de petits canons en or.
C'est l'époque de la vaisselle royale en or mais aussi du diamant de Guise et du gros "diamant Hope" bleu, rapporté des Indes par Tavernier, miracle qu'il soit resté en France ainsi que le "diamant Hortensia, que ...20 carats...
Louis XIV  aimait se parer et jusqu'aux boucles de ses souliers, ployant quelque fois sous le poids de ses bijoux, il refusa toutefois de les sacrifier quand les finances de l'Etat étaient au plus mal. Sa magnificence fut copiée jusqu'aux Indes.
Héritier des collections de Mazarin,  Louis XIV pouvait tout à loisir varier ses parures.
 Mais l'expanison coloniale se faisait aussi dans l'autre sens et acheminait vers l'Occident les plus légendaires des diamants.
 De belles histoires se rapportent à ces pierres voyageuses dont le "Grand Moghol" issu de la mine du Gani, en Inde dans les années 1650 : on pense qu'il pesait alors 787 carats, ce qui est énorme.
Tavernier raconte qu'il l'avait vue dans le trésor du grand Moghol de Delhi, mais les choses se compliquent lorsqu'il est envoyé à Ortensio Borgis, à Venise, un concurrent de Vincenzo Peruzzi.
Ortensio l'abime  en le réduisant à 280 carats, véritable catastrophe ; retaillé en d'autres brillants, on dit que le fameux diamant "Orlov" en est issu et que les autres se seraient perdus pendant les invasions perses en Inde. 
Le diamant Hope, cité plus haut, ne porta chance à personne : Tavernier qui l'avait donc vendu à Louis XIV mourut en mer lors d'un voyage de retour vers l'Inde ; La "Montespan" l'aurait portée lors d'une messe noire censée lui conserver l'amour du Roi; Marie Antoinette d'Autriche reine de France, le possédait jusqu'à la Révolution où il disparut mais on soupçonne qu'après avoir été volé à ce moment là, il ne soit réapparu à Londres, retaillé et acquis par Henry Philip Hope ( d'où son nom) qui l'offre à son fils, lequel fait faillite.
Le diamant "Orlov"  qui serait donc issu nous l'avons vu  du "grand Moghol)
aurait été par la suite placé sur une statue du temple de Brahma volé, vendu aux enchères en Angleterre ;  parvenu à Amsterdam  il est  acquis par Grigori Orlov pour obtenir les grâces de Catherine de Russie.
Il est maintenant propriété de l'Union Soviétique.
Une dizaine  d'autres diamants sont célèbres ; les relations de la Couronne d'Angleterre avec les Indes expliquent leur possession par les monarques anglais .
 C'est le Koh-i-Noor,  offert à la reine Victoria qui le fit retailler par Voorsanger à Amsterdam et ne fait plus maintenant que 108 carats.
Cet énorme diamant est mentionné pour la première fois en 1304 losqu'il est la propriété du rajah de Màlwa ; deux siècles plus tard le fondateur de l'Empire des Grands Moghols de l'Inde, le sultan Bàber en est le propriétaire.
 Lorsque le Perse Nàdir Shàh saccage Delhi en 1739 ,il s'exclame en voyant le diamant,  Montagne de lumière, "Koh-i-Noor" !! Pas de chance non plus, il est assassiné lors de son voyage de retour. Plus tard  ce diamant est vendu à la Compagnie des Indes orientales en dédommagement des guerres du Pendjab.

Un autre diamant indien  a bien voyagé aussi c'est le Sancy.
Rapporté de Constantinople par l'ambassadeur d'Henri III en Turquie, Nicolas Harlay de Sancy , il aurait ét taillé par Louis de Berqum pour Charles le Téméraire ), la France ne disposant pas de fonds suffisants pour former une armée, il quitte la cour pour faire office de garantie à un prêt bancaire .
Le porteur assailli par des brigands ne fait ni une ni deux et l'avale,  ce qui lui  valut le poste de colonel de régiment.
Mais par souci d'argent encore, la pierre est vendue à Elizabeth 1ère : passée en la possession de Charles 1er elle revient en France, rachetée par Mazarin, Louis XIV en hérite puis reste conservée au Garde- Meuble national  à Paris où elle est volée en 1792.
On la retrouve mentionnée comme gage de financement de la bataille de Marengo en 1800 et Goya le peint sur le portrait de Marie-Louise. En 1906 il est acheté par William Waldorf Astor.
Le Régent a aussi une histoire dramatique ; dissimulé sous ses pansements par un esclave qui le trouve dans une mine en Inde dans les années 1700 , un marin propose à l'esclave de l'embarquer pour aller le vendre  à l'étranger mais le marin tue l'esclave dans le voyage et le vend au gouverneur de la forteresse de Saint Georges pour mille livres sterling. Plus tard acquis par William Pitt, gouverneur de Madras, celui-ci le vend  au duc d'Orléans régent de France.
Lui aussi volé au Garde Meuble national en 1792 retrouvé dans un appartement à Paris, replacé au Trésor national , engagé  par Napoléon pour rétablir les finances publiques, il échappe encore à la vente aux enchères des Bijoux de la Couronne française, à l'occupation nazie ...... Ouf!!!

Sur le chapeau de Charles le Téméraire on a pu admirer le Florentin diamant couleur jonquille qui le perdit pendant une bataille ( mais certains l'attribuent à Tavernier) toujours est-il qu'il appartint au grand duc de Toscane, Ferdinand 1er qoi le fait tailler pour entrer dans le trésor de la famille royale d'Autriche Toujours à Venise au moment de la secondes guerre mondiale, puis ... ???.

Le diamant "Shah" 90 carats conservé au Kremlin il intrigue par sa forme faite de facettes taillées et d'autes naturelles 
Mais avant d'atterir au Kremlin il est passé  dans les mains de Burhan II Nizam de Golconde en 1591, de jehan Shah de Delhi en 1641, de Fath Ali, Shah de Perse en 1824, tous noms gravés sur trois de ses faces.

Le Cullinam  (trois mille cent six carats bruts) de la mine Premier en 1905 en Afrique du Sud, il a été taillé en neuf pierres et quatre-vingt seize  petites. le Cullinam I s'appelle le Great Star of Africa,  il fait 530 carats et orne le sceptre brirannique ; le Culinam II se trouve sur l'Imperial State Crown d'Angleterre (310 carats) et les Cullinam III et IV ornent la couronne de la reine Mary .
Et ce n'est pas fini !!! les diamants sont éternels ! n'est ce pas Mr Bond ? 
                                                             (à suivre )

mercredi 14 décembre 2016

La Renaissance (suite)

Je n'aurai pas le temps ce matin, de rentrer trop en détail sur ce XVI éme siècle ;
mais je poursuivrai, à mon retour, ce tour des siècles des parures.
 Cependant je veux vous conter l'histoire de ces trois rangs de perles qu'Elizabeth 1er arbore sur ses portraits, qui est bien significatif des changements de propriétaires de ces bijoux qui passent de main en main au gré des héritages ou des ventes.  S'ils pouvaient parler !!! 
 Ce collier de perles, donc, avait été donné à Catherine de Médicis par le pape Clément VII lorsqu'elle épouse Henri II, roi de France.
Lorsque leur fils François II, se marie avec Marie Stuart, Catherine le leur offre et à la mort  prématurée de François II, Marie Stuart regagne l'Ecosse en emportant le collier.
 Son fils Jacques en hérite qui le vend alors à Elisabeth 1ère pour la somme de trois mille livres sterling.... de l'époque.
Mais le voyage de ces perles  ne s'arrête pas là, elles deviennent par la suite la propriété des maisons  de Hollande, de Bohème et de Hanovre.
Les perles étaient très en vogue à la Renaissance et surtout les perles baroques; bien qu'étant recherchées depuis l'Antiquité.
Un pendentif célèbre a bien voyagé lui-aussi  et dort encore au Victoria and Albert Museum, on l'appelle le bijou de Canning du nom du lord (1er vice-roi des Indes) qui l'acheta aux Indes.
C'est un prince Médicis qui l'offrit à un prince Moghol vers 1580.

 la perle baroque tient lieu de buste à  ce triton qui cumule perles , rubis (des vrais) et des diamants, joaillerie typique de l'Italie de la Renaissance.
 D'autres ateliers d'Europe fabriquèrent des pendentifs similaires mais cet autre est aussi une production italienne et s'expose au Musée de l'argenterie de Florence.


 " Argenterie" me fait remémorer des nefs qui sont, au fond, responsables de tous ces articles, orfèvrerie, joaillerie ; on les retrouve aussi en pendentifs !!!



   et à Londres.
 or, émaux et pierres précieuses
 fin XVIème





Je ne sais si vous préférez voir un bijou dans une vitrine ou sur un portrait.
En ce qui me concerne je préfère les voir "en situation" sur un portrait.





 En voici quelques autres :

 Ursula Rudolphin Stüpf, toile de Barthel Behann en 1528 (Collection Thyssen Lugano) .
 mais aussi ce portrait d' Antoine Caron où figurent aussi, chaînes et pendentif;

                                                                                   à Munich
 ou bien encore 
Claude de France, première épouse de François 1er


 toile de Joos Van Cleve, représentative du port de la chaîne sur les épaules..

En Espagne, détrompez-vous, ce n'est pas un aigle, mais un perroquet ;  je me demande bien comment il a pu échouer à Cambridge au Fitzwilliam Museum...


 A retenir donc de cette période, le maniérisme et le luxe du costume qui avec les coiffures,  font étalage d'une recherche et d'une magnificence hors du commun, entraînées par le gout immodéré pour la parure de monarques comme François 1er ou la reine d'Angleterre.

 La Russie n'est pas en reste !!

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Marina_Mniszek#/media/File:Marina_mniszek.jpg

http://www.getty.edu/art/collection/artists/423/antoine-caron-french-1521-1599/

http://www.wga.hu/frames-e.html?/html/c/cleve/joos/index.html

 http://www.artcyclopedia.com/artists/beham_barthel.html

http://www.louvre.fr/en/oeuvre-notices/portrait-francois-i-king-france-1494-1547

http://www.musee-jacquemart-andre.com/sites/default/files/dp-mja-florence-medicis.pdf

La Renaissance

 C'est au XVI ème siècle  que la Renaissance impose sa marque sur la joaillerie.
Il faut souligner que nombre de sculpteurs ou de peintres étaient d'abord passés par les ateliers de joaillerie.
J'ai toujours entendu dire que François 1er avait été ébloui par les fastes italiens de cette période,  en preuve, Benvenuto Cellini dont je vous ai déjà parlé.
Et si nous pouvons toujours admirer l'architecture renaissance,  les bijoux de cette période n'ornent jamais les corsages des femmes de notre époque.
Il va donc falloir repartir dans les musées.
Quelques oeuvres sont représentatives de la prédominance des pierres enchassées , dont les ateliers de Rome, Florence ou Milan étaient les spécialistes.
Piero de la Francesca,  dans quelques unes de ses célèbres peintures nous en a "dépeint" quelques uns.
Si la Vierge, dans le Retable de Montefrede ne porte qu'un "serre-cheveux" discret, les anges par contre, portent des bijoux remarquables.
 (Je ne peux m'empécher d'opposer l'attitude un peu raide  de tous ceux qui sont debouts,  hormis le commanditaire du tableau,  Frédéric III duc d'Urbino, à genoux,
 à l'enfant Jésus, que della Francesca met en avant sur les genoux de sa mère, sans le tenir et on a envie de le retenir  tellement sa pose est périlleuse !!....)







C'est d'ailleurs plus, hasard, dans les peintures que dans les vitrines des musées que je vais vous  entraîner ce matin.



  Vous verrez plus bas une vidéo des portraits du duc et de la duchesse d'Urbino.


 Botticelli, aussi, parait  de bijoux, les personnages de ses peintures.  
 Alfed Dürer était fils d'orfèvre et Filippo Brunelleshi orfèvre lui-même.

Pour suivre toujours le fil de l'évolution et de l'inspiration pour ne pas dire de
 l'influence, disons que la mythologie est toujours présente.
 Médaillons et pendentifs d'ailleurs décrits dans les Mémoires de Cellini  sont  avec les fermoirs, les boucles de ceinture, des ornements  aussi bien masculins que féminins.
On peut souligner la virtuosité de ces artistes qui savaient s'exporter, Hans Holbein chez Henri VIII, Cellini chez François 1er.
 Des graveurs comme Virgil Solis  à Nuremberg ou Etienne Delaune à Strasbourg possédaient des catalogues qui parcouraient l'Europe entière servant  de modèles à mettre en exécution.

 Les camées étaient alors en vogue, François 1er ou Henri VIII avaient leur propre tailleurs de camées.
Les émaux sont aussi utilisés pour les portraits.


                        Camée de Charles Quint. Vienne Kunsthistorisches Museum 

  Par contre je trouve les émaux moins précis,  encore que.... au même Musée portrait en émail de Charles Quint aussi en 1520.

  Et je trouve intéressant de faire une comparaison avec un camée du XII ème siècle pour examiner de plus près les évolutions,  un travail  d'or au repoussé qui ne posséde pas de pierres ni d'émaux.

 Il était plus facile de faire circuler ces portraits  en médaillons, plus faciles à transporter.
Dans le grand portrait d'Henri VIII peint par Holbein (conservé à la galerie  nationale de Rome ) on voit apparaître les grandes chaînes, spinelles et perles.
 Elizabeth 1ere conservera cette idée avec de grands colliers de perles.


Mais il me reste à vous dire beaucoup sur cette "renaissance" qui n'est pas l'apanage des cours françaises ou anglaises.
Renaissance, étant d'ailleurs un terme très approprié pour désigner une époque ou la montée des bourgeoisies se détache, grâce au commerce, des impératifs religieux et des lois royales.
 Les chaînes que nous avons évoquées à l'instant, portées plus facilement sur l'épaule par les femmes, possédaient un fermoir entre  les chaînons d'où l'on pouvait extraire un élément qui pouvait servir à un règlement.

  Le portrait d'Elizabeth 1ère par Nicola Hilliard conservé à la National Gallery de Londres nous montre les divers emplois  des perles, cousues ou en ceinture ou  intercalées avec d'autres gemmes.
  et cet autre, le fameux "trois rangs"






                                                                               anonyme
 pour plus de simplicité, un charmant portrait:










 Emilie de Saxe par Hans Krell à la National Gallery








https://www.khanacademy.org/humanities/renaissance-reformation/early-renaissance1/central-italy1/v/piero-della-francesca-portraits-of-the-duke-and-duchess-of-urbino-1467-72

https://www.khanacademy.org/humanities/renaissance-reformation/early-renaissance1/central-italy1/v/piero-della-francesca-portraits-of-the-duke-and-duchess-of-urbino-1467-72

lundi 12 décembre 2016

Gothique (suite)

 Je poursuis  le survol de cette évolution des styles qui  suivent la mode  des époques,  exprimées tant dans l'architecture que d'autres formes artistiques;
 deux impacts majeurs;   les carcans  des lois promulguées par la royauté qui, à cette époque encore, limitent le port des bijoux et les formes vestimentaires qui donnent tour à tour la prééminence aux colliers ou aux bracelets..
Nous l'avons vu, si beaucoup de parures ont disparu, on peut en retrouver la trace soit dans les textes (inventaires royaux) soit sur des gravures ou des peintures.
De cette période gothique, il faut retenir la mode des broches dont la plus représentative est conservée au  New College d'Oxford  depuis 1404, donnée par son fondateur William of Wykeham.
  Ce M lombard est un dérivé de la calligraphie du Moyen Age, les espaces  entre les "jambes" de la lettre présentent  la forme caractéristique des fenêtres gothiques, exemple même des liens entre les arts figuratifs.


 Les coiffures princières devinrent très élaborées et deux peintures nous les montrent :
celle de Marguerite de Danemark reine d'Ecosse sur une toile de van der Goes en 1476 (Scottish National Gallery d'Edimbourg by courtesy of S M Queen of England)


 https://fr.wikipedia.org/wiki/Retable_de_la_Trinit%C3%A9

 cette autre, d'un autre tryptique, cette fois du Maître de Moulins vers 1498.
(Cathédrale de Moulins) Anne de Beaujeu 


http://www.allier-auvergne-tourisme.com/bourbons/sites-touristiques-bourbons/triptyque-du-maitre-de-moulins-326-1.html

 Dans les lois de 1331 et de 1335, il ne fut plus possible d'utiliser de fausses pierres précieuses,  elles limitent  aussi l'usage des perles d'orient et celui des lames de verres colorées enchassées derrière les pierres pour accentuer leur teinte.
Ces lois aussi qui laissaient à la noblesse l'exclusivité du port de bijoux, s'accentuent encore en Angleterre sous Edouard III en 1363 : exception est faite pour les  gentilshommes campagnards qui possédaient des terres louées à plus de deux cent ducats ou les marchands ayant un chiffre d'affaires supérieur à cinq cent livres sterlings (payairent-ils des impots, justificatifs d'une telle mesure ? il y avait sûrement des raisons !)
On assiste à une  évolution majeure dans la taille des diamants qui jusqu'à cette époque étaient utilisés sans taille, c'est la" taille en table " qui évoluera encore plus tard..
Evolution aussi dans la confection des broches qui après avoir figuré des aigles vont être représentatives des ordres ou corporations ou profession de ceux qui les portent, Toison d'or en France, Jarretière en Angleterre.
on peut aussi montrer sa flamme en offrant des broches en forme de coeur (fin XIV ème début du XV ème).

                                                                       British Museum
 On peut aussi porter des chapelets en guise de colliers, très décoratifs avec des grains qui peuvent s'ouvrir sur des émaux.

                                                                     Musée du Louvre

Mais il semble que la mode du pendentif en forme de croix soit très suivie, la mode étant aux décolletés généreux.


                                                       Victoria and Albert Museum. Londres.

Un peu plus tard ce sont les bracelets qui ont la faveur du costume, les manches s'étant resserrées et vers la fin du siècle les bijoux sont remplacés par des gemmes cousues sur les vêtements ; nous verrons cela avec Henri VIII ou Elisabeth 1er.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_de_la_Toison_d'or
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_de_la_Jarreti%C3%A8re
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_de_chevalerie