Donner la première place aux techniques me semble primordial car on les retrouve chez tous les peuples de l'Antiquité que j'égrennerai par la suite.
Nous abordons aujourd'hui les émaux qui découlent du cloisonné et viennent à leur tour égayer les parures par leur couleur.
En me plongeant dans les textes je m'aperçois que les orfévres n'avaient le droit de ne se servir que de l'or et de l'argent et qu'il en va de même pour les joailliers avec une dérogation pour les objets de culte qui pouvaient être montés sur cuivre.
C'est la réponse trouvée à cette interrogation que j'avais émise à la suite de ma tentative de visite du trésor de l'abbaye de Grandselve où j'avais appris que ses éléments étaient montés sur cuivre.
De ces émaux, en ce début d'article, deux très beaux exemples : la broche à aigle de l'impératrice Gisèle en or et émaux du milieu du IX ème siècle que l'on peut admirer au Mittelrheinische Landesmuseum de Mayence :
On peut y remarquer une influence bysantine et le goût pour la représentation de l'aigle. (Gisèle de Souabe ( 995 - 1043 ), reine consort de Germanie, impératrice consort du Saint-Empire, fille du duc Hermann II de Souabe et de Gerberge de Bourgogne, fille du roi Conrad III de Bourgogne.
L'émail suivant est un émail de Limoges du XVI ème siècle conservé au Louvre ; je l'ai choisi car les émaux de Limoges sont célèbres et je vais en parler longuement.
Mais des émaux nous en trouverons à toutes les époques et jusqu'en Inde ; sans oublier l'emploi régulier des émaux dans l'ancienne Gaule, souligné dans un texte de Philostrate ;
"On dit que les Barbares voisins de l'Océan étendent des couleurs sur l'airain ardent, qu'elles y deviennent aussi dures que sur la pierre et que le dessin qu'elles représentent se conserve"
Une remarque au passage, cessons par pitié de considérer ce terme "barbare" d'une façon péjorative : les barbares sont simplement des étrangers aux yeux de Rome et non des êtres incultes.
Il est temps d'énumérer les différents procédés employés par les émailleurs :
Les Emaux cloisonnés.
Les Emaux champlevés ou en taille d'épargne
Les Emaux translucides sur relief ou de basse taille
Les Emaux peints
Pour les émaux cloisonnés ( je vous donnerai comme exemple le bassin émaillé cloisonné du trésor de Conques), ils sont fondus dans d'étroits compartiments formés par de petites lames métalliques rapportées une à une, placées de champ, disposées de manière à constituer un dessin plus ou moins compliqué et soudées ensuite à une plaque de fond.
Lorsque les compartiments sont prêts à recevoir l'émail (substance fondante composée de sables siliceux avec adjonction d'oxydes de plomb, de soude et de potasse que l'on colore avec d'autres oxydes métalliques et qui réduite en pâte malléable se solidifie en passant par le feu) on emplit les diverses cases obtenues avec cette pâte en variant les nuances et en prenant soin qu'elle affleure la partie supérieure des cloisons et on soumet le tout au feu jusqu'à fusion et adhérence.
émail cloisonné
Les Emaux champlevés ou en taille d'épargne: même principe que le cloisonné
sauf que l'on ne rapporte pas de petites plaques sur la base de métal mais que l'on creuse la plaque principale avec des alvéoles plus ou moins profondes remplies par la suite de la même façon et cuites:
émail champlevé
La difficulté viendra pour moi, par la suite, d'identifier sur les bijoux de quel émaillage il s'agit....!
Les émaux translucides sur relief ou de basse taille, se rapprochent des émaux champlevés en cela que le métal est évidé par la gravure préparatoire mais la gravure au lieu de se borner à creuser de petites cuvettes entame le métal de façon à figurer une espèce de bas-relief ce qui procure un effet plus contrasté.
difficile d'apprécier la "translucidité" sur un dessin en noir et blanc pour ce coffret donné pour être décoré d'émaux translucides !!!
Les émaux peints sont ceux dont la plaque est entièrement recouverte d'une couche d'émail sur laquelles les contours et le modelé du dessin sont obtenus par les procédés habituels de la peinture. et où figureront portraits et miniatures ou paysages.
Dans les bijoux du XV ème siècle on trouvera surtout des émaux en ronde bosse.
Au même musée, cette broche du XV ème siècle sur laquelle nous avons à la fois les émaux en ronde bosse (relief) les pierres précieuses enchassées, l'or repoussé et les perles.