Vous savez maintenant à quel point, les premiers siècles de notre Narbonnaise m'intéressent :
Comme
à son habitude, Luc Long n'est pas rentré les mains vides de sa
campagne de fouilles. Il faut dire qu'en plus d'être l'un des experts
les plus respectés et expérimentés dans le domaine, cette année les
conditions météorologiques ont permis à l'Arlésien d'adoption et son
équipe de travailler dans des conditions optimales. "On pouvait avoir jusqu'à 3 mètres de visibilité, c'est vraiment exceptionnel",
commente l'archéologue sous-marin et scaphandrier professionnel, qui
est également conservateur en chef du Patrimoine au DRASSM (Département
des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines).
Les recherches se sont donc déroulées en deux étapes. Tout d'abord du côté de la Camargue et des Saintes-Maries de la Mer au mois de juillet. Puis dans le Rhône à partir de la fin du mois d'août. Pour des raisons financières, il n'a pas été possible cette année pour l'équipage de repartir sur son célèbre Brezehan. C'est donc sur le Liberty III, une goélette aux allures de galion des Caraïbes de 20 m de long, louée pour l'occasion, que s'est déroulée une partie de la navigation. "On passe par le cadre associatif et c'est donc beaucoup moins cher de louer ce type de navire", commente Luc Long. Seul problème, entre la fouille de Camargue et celle du Rhône, le bateau a coulé à pic, du côté de Marseille. "On l'a libéré quelques semaines, le capitaine a fait quelques sorties et il a touché un banc rocheux... Ce sont les épaves qui nous rattrapent", s'amuse ce dernier.
Privé de ce bateau, c'est donc avec des zodiaques que l'archéologue et son équipage ont dû travailler sur le Rhône.
Au Saintes, Luc Long (DRASSM) et son équipe (2ASM) repèrent et expertisent une dizaine d'épaves antiques nouvelles, parmi lesquelles des navires chargés de blocs de marbre situés par 20 m de fond, à plus de 3 km du rivage. Les recherches se sont ensuite poursuivies sur l'avant-port maritime d'Arles, une zone de rupture de charge à l'embouchure de l'ancien Rhône de Saint-Ferréol, au sein de laquelle s'effectuait le transbordement des marchandises entre les gros vaisseaux de mer et les chalands fluviomaritimes à fond plat, qui pouvaient remonter le fleuve. Découverte intéressante dans ce coin, celle de grandes roues métalliques. Concretionnées et d'environ 1m70 de diamètre, elles pourraient laisser penser aux fameuses "Roues de Métagénes", dont parle Vitruve dans son encyclopédie sur l'architecture. Un système, inventé à l'origine par l'architecte grec Métagénes, lors de la construction du temple d'Artémis d'Éphèse.
Autre découverte étonnante, et qui pose aujourd'hui beaucoup d'interrogations : celle d'un bois de renne ou de cerf percé. Luc Long prend beaucoup de précautions pour en parler. "L'étude est en cours, mais je peux vous dire qu'il mesure 34 centimètres de long et a été entaillé de manière régulière. Selon les spécialistes, mais il va falloir l'étudier très en détail, cela pourrait laisser penser à un objet très ancien. On se prend à rêver qu'on est sur les traces de Cro-Magnon, chose plutôt inhabituel sur Arles. Ce type d'objet, s'il se rapporte à un bâton percé, pourrait faire reculer l'histoire de l'Arlésien jusqu'au Magdalénien. Nous n'avons cependant à ce jour aucune certitude, ce sont juste des pistes de recherche."
Financées par le ministère de la culture, le service régional d'archéologie, mais aussi et surtout des entreprises privées, les fouilles de Luc Long et son équipage ont encore de beaux jours devant elles. "D'autant plus qu'un grand nombre de vestiges apparaissent dans des secteurs où nous sommes déjà passés du fait que le Rhône incise de plus en plus en lit..."
Parmi eux, une monumentale statue en marbre de Neptune (1,80 m) datée de la première décennie du IIIe siècle après Jésus-Christ. Cette dernière s'est reconstruite tel un puzzle, au fil des différents fragments retrouvés. Le corps de ce dieu, nu et barbu, souffre cependant encore de quelques lacunes. "Nous avons trouvé ce morceau de marbre lors de nos fouilles, explique Luc Long tout en présentant l'objet. Et il y a de fortes chances que ce soit le mollet de notre fameux Neptune qui est encore bancal aujourd'hui. Nous n'avons pas encore la certitude absolue que le mollet puisse coller à la statue puisque l'expérience n'a pas encore été tentée en réel au musée Arles Antique, mais les nombreuses simulations 3D ne laissent aucun doute quant à l'appartenance de ce mollet."
Il semblerait donc que Neptune retrouve un peu de stabilité dans les semaines à venir grâce au retour de sa jambe, dix-huit siècles plus tard. Et pour les parties manquantes de son corps telles que "les bras, le trident ou le sexe", il subsiste encore l'espoir de les retrouver dans les carrés qui n'ont pas été fouillés cette année.
Les recherches se sont donc déroulées en deux étapes. Tout d'abord du côté de la Camargue et des Saintes-Maries de la Mer au mois de juillet. Puis dans le Rhône à partir de la fin du mois d'août. Pour des raisons financières, il n'a pas été possible cette année pour l'équipage de repartir sur son célèbre Brezehan. C'est donc sur le Liberty III, une goélette aux allures de galion des Caraïbes de 20 m de long, louée pour l'occasion, que s'est déroulée une partie de la navigation. "On passe par le cadre associatif et c'est donc beaucoup moins cher de louer ce type de navire", commente Luc Long. Seul problème, entre la fouille de Camargue et celle du Rhône, le bateau a coulé à pic, du côté de Marseille. "On l'a libéré quelques semaines, le capitaine a fait quelques sorties et il a touché un banc rocheux... Ce sont les épaves qui nous rattrapent", s'amuse ce dernier.
Privé de ce bateau, c'est donc avec des zodiaques que l'archéologue et son équipage ont dû travailler sur le Rhône.
Au Saintes, Luc Long (DRASSM) et son équipe (2ASM) repèrent et expertisent une dizaine d'épaves antiques nouvelles, parmi lesquelles des navires chargés de blocs de marbre situés par 20 m de fond, à plus de 3 km du rivage. Les recherches se sont ensuite poursuivies sur l'avant-port maritime d'Arles, une zone de rupture de charge à l'embouchure de l'ancien Rhône de Saint-Ferréol, au sein de laquelle s'effectuait le transbordement des marchandises entre les gros vaisseaux de mer et les chalands fluviomaritimes à fond plat, qui pouvaient remonter le fleuve. Découverte intéressante dans ce coin, celle de grandes roues métalliques. Concretionnées et d'environ 1m70 de diamètre, elles pourraient laisser penser aux fameuses "Roues de Métagénes", dont parle Vitruve dans son encyclopédie sur l'architecture. Un système, inventé à l'origine par l'architecte grec Métagénes, lors de la construction du temple d'Artémis d'Éphèse.
Sur les traces de Croc-Magnon à Arles ?
Du côté du Rhône, la campagne a été qualifiée de "très rentable au niveau archéologique". Deux opérations étaient menées : une fouille programmée dans le secteur de la rive droite, où a été trouvé César, puis une cartographie des épaves qui concerne toute la traversée d'Arles sur les deux rives. Au rayon des découvertes, le mollet de Neptune est bien évidemment une pièce rare (voir ci-dessous). De nombreuses pièces retiennent également l'attention des plongeurs, mais seules celles nécessitant une étude approfondie sont remontées du Rhône. La découverte de nouveaux tuyaux de canalisations en plomb permet de développer de nouvelles théories concernant la consommation d'eau à l'époque antique. À côté de ces vestiges, toujours sur la rive droite, un autel votif (voir photo de droite) dédié à une divinité non répertoriée a été également été retrouvé.Autre découverte étonnante, et qui pose aujourd'hui beaucoup d'interrogations : celle d'un bois de renne ou de cerf percé. Luc Long prend beaucoup de précautions pour en parler. "L'étude est en cours, mais je peux vous dire qu'il mesure 34 centimètres de long et a été entaillé de manière régulière. Selon les spécialistes, mais il va falloir l'étudier très en détail, cela pourrait laisser penser à un objet très ancien. On se prend à rêver qu'on est sur les traces de Cro-Magnon, chose plutôt inhabituel sur Arles. Ce type d'objet, s'il se rapporte à un bâton percé, pourrait faire reculer l'histoire de l'Arlésien jusqu'au Magdalénien. Nous n'avons cependant à ce jour aucune certitude, ce sont juste des pistes de recherche."
Financées par le ministère de la culture, le service régional d'archéologie, mais aussi et surtout des entreprises privées, les fouilles de Luc Long et son équipage ont encore de beaux jours devant elles. "D'autant plus qu'un grand nombre de vestiges apparaissent dans des secteurs où nous sommes déjà passés du fait que le Rhône incise de plus en plus en lit..."
La statue de Neptune retrouve son mollet
Au cours de la même campagne que celle qui a permis de sortir le buste de Jules César, en 2007, d'autres objets rares ont également été remontés à la surface par Luc Long et son équipe.Parmi eux, une monumentale statue en marbre de Neptune (1,80 m) datée de la première décennie du IIIe siècle après Jésus-Christ. Cette dernière s'est reconstruite tel un puzzle, au fil des différents fragments retrouvés. Le corps de ce dieu, nu et barbu, souffre cependant encore de quelques lacunes. "Nous avons trouvé ce morceau de marbre lors de nos fouilles, explique Luc Long tout en présentant l'objet. Et il y a de fortes chances que ce soit le mollet de notre fameux Neptune qui est encore bancal aujourd'hui. Nous n'avons pas encore la certitude absolue que le mollet puisse coller à la statue puisque l'expérience n'a pas encore été tentée en réel au musée Arles Antique, mais les nombreuses simulations 3D ne laissent aucun doute quant à l'appartenance de ce mollet."
Il semblerait donc que Neptune retrouve un peu de stabilité dans les semaines à venir grâce au retour de sa jambe, dix-huit siècles plus tard. Et pour les parties manquantes de son corps telles que "les bras, le trident ou le sexe", il subsiste encore l'espoir de les retrouver dans les carrés qui n'ont pas été fouillés cette année.
Rémi Simonpietri
Est-ce un clin d'oeil du journaliste ou une erreur ? toujours est-il qu'il s'agit de Cro-Magnon
C'est peut-être le moment de l'entourer de ses compagnons de l'Olympe trouvés à Narbonne et que je ne vous ai pas encore montrés.
Il ne faut pas s'étonner, non plus, d'y trouver ce magnifique granit.
La conquête de l'Égypte par Alexandre le Grand en 332 avant notre ère, puis la victoire d'Octave sur Cléopâtre VII en 31 avant notre ère ont fait entrer l'Égypte dans des mondes nouveaux : le monde hellénistique, puis le monde romain. Par deux fois, ce pays dont la civilisation est pluriséculaire, va vivre une transition institutionnelle, socio-économique et culturelle avec l'arrivée de nouveaux souverains : les Ptolémées, des Macédoniens venus de Grèce du Nord, puis les empereurs de Rome.