jeudi 26 mai 2016

Transformer la pensée en image

 C'est le titre d'un long article que Roberta Valtorta consacre, le 6 mai 2011, à Paola De Pietri et dont je vais vous restituer la totalité.

Trouvée au Château d'Eau,


 :
 mes photos de ses photos sont loin de restituer la finesse du grain, le détail infime qui rend compte du bouleversement de la nature sous les coups des canons ou des mines.

Sur les montagnes, où le temps humain s'est arrêté et où seul le rythme de la nature a imprimé sa trace, les paysages naturels sont en fait le résultat de batailles livrées et de vies vécues tous les jours pendant des années par des centaines de miliers de soldats.
                                Paola De Pietri 

 To Face
    "Un charme silencieux, une vue quotidienne de la nature plutôt différente de l'image attendue, basée sur la magnificence et l'émerveillement, image acceptable des montagnes qui est si prégnante dans l'imagination des touristes, et que nous tous créons quand nous sommes en vacances.
 Ce sont des paysages de montagne, certes, mais Paola De Pietri évite judicieusement le risque et la tromperie de la beauté des paysages, des riches et vives couleurs et des lumières attrayantes et remarquables, optant plutôt pour un style de photographie subtilement et délicatement non spectaculaire.
Comme toujours dans le travail de cette artiste rigoureuse, dans "To Face" , une étude récente des zones de montagne qui ont été le théatre de la Première Guerre Mondiale, quelque chose se cache sous l'apparente simplicité ; quelque chose qui est apporté en fait consciemment par les douces couleurs de la beauté.
Car, comme presque tous les paysages contemporains, ce paysage n'est pas tout à fait naturel : il a été modifié par l'homme et façonné par l'action de l'histoire : la Première Guerre Mondiale, la "Grande Guerre" qui a produit le XXème siècle et y a laissé sa marque.

D'une part les hommes ont manipulé les montagnes, les transformant en un lieu équipé d'accessoires nécessaires à la guerre, comme les routes, les tranchées et les dépots d'armes  et de munitions.
D'autre part la guerre a elle-même infligé ses marques au paysage et a changé sa morphologie, la destruction et le remodelage de la substance de la montagne et provoquant des ruptures dans la continuité du paysage.
Mais si l'homo faber construit et détruit, au cours de l'histoire, la nature travaille à réabsorber  ce que l'homme transforme constamment.
En choisissant un endroit où les arbres, l'herbe, la terre et les pierres couvrent les marques laissées par la guerre, Paola de PIetri, comme sur un terrain montagneux, se déplace le long de la crête mince qui sépare la mémoire de l'obscurité de l'oubli.
Nous sommes habitués à penser que la photographie sert de support à la mémoire car elle fixe les informations, et ainsi les préserve.
 Cette pensée est devenue une sorte de certitude, elle nous tient compagnie.
Dans "To Face" , cependant, notre mémoire est stimulée non seulement par cet aspect de l'image qui est claire et visible, mais aussi par ce que nous percevons seulement comme des traces, des ruines, des éléments épars, et aussi par ce qui n'est pas visible et ne peut donc pas être enregistré".

  à suivre

lundi 23 mai 2016

D'autres feuilles

 Il ne s'agit pas de littérature,  éphémères mais sans cesse renouvelées  et sans doute pour longtemps, mortes et encore foulées,  jusqu'à ce qu'englouties dans l'humus, elles participent encore au renouveau de la nature,

                                  Feuilles de frênes
                                Frémissantes sous le vent,
                                 Ou bien de hêtres.


Crosses déployées,
Feu d'artifice de verts,
Coupe nature.


 Déjà les genêts
Mais encor les violettes
Touches de jaune.

Rien ne se ferait
Sans ces eaux ruisselantes, 
Sang de la terre.

Au bord du chemin
Sentinelles des forêts
Toujours aux aguets.


Quelques fois, blessés
Mais jamais mis à terre
Et toujours vivants.

Feuilles, pigments et bronze

                                    huiles et pigments sur toile 
 matière soyeuse  et généreuse qui laisse son empreinte sur le doigt, couleurs chaudes, hormis le noir qui n'est pas dénué de profondeur :

 
Pour le bronze :  petits et grands oiseaux stylisés mais combien expressifs

                                                       Feuilles fermées.

dimanche 22 mai 2016

Autres expressions artistiques






Pratiquement dans le même

 bâtiment,  une autre expo,

 plus en accord avec mes 

goûts ; le bois, le fer, le 

papier, le pastel, une 

représentation  concrète,

 où l'artiste exprime aussi 

sa sensivité, nous 

communique ses intentions,

 sans violence.













































 Voilà bien un poète, au fond, j'aime l'art quand il est poétique et me ramène à la nature lorsqu'elle aussi exprime sa poésie.
 C'était le cas hier, lorsque j'étais en montagne et je vous en montrerai   quelques exemples. Je garde donc les feuilles pour demain.

vendredi 20 mai 2016

encore du "blue"

 Laurent Pernel. Reflex blue, installation plurimedia..............................
 dont je n'ai qu'à peine apprécié la première approche, une Marianne transportée dans une voiture qui se superpose à celui d'une jeune femme: dédoublement chair-mi plâtre, dit l'artiste, le pire restant à venir, des fascicules de professions de foi d'hommes et femmes politiques pompeusement annonçés reliés fait main dont l'intérieur, (un simple fil) en double page sont des agrandissements de la peau .... et des poils de l'artiste...... (pas de photo de ma part à l'appui)


 pour la suite, un mur entier de cette  pièce cube bleue ; peut-être allez vous y percevoir des intentions, pour moi, obtus.

Plus explicite Elan et Elégie de Lorena Zilleruelo née au Chili et qui vit en France depuis l'âge de 18 ans.
Elle reprend ici l'idée de l'oeuvre de Giuseppe Pelizza da Volpedo, Il quarto stato dans la collection du Musée du Novecento à Milan qui est considérée comme un symbole artistique de l'engagement pour les luttes ouvrières. Sur cette gigantesque toile, la video nous propose une foule en marche qui nous entraîne dans le mouvement général :


 Rythm 10 de Marina Abramovic (Montenegro) née en 1946 à Belgrade vit et travaille à New-York

(on se demande .. quand elle va "déraper";  planter un couteau entre ses doigts de plus en plus vite." De la nécessité de dépasser la peur et du pari insensé qu'il faut engager ".
 Pas de restitution photo de ma part pour la video "Crysalide : ça tient à trois fils d'Adel Abdessemed artiste franco-algérien né en 1971 à Constantine qui vit et travaille à Londres.
Il  déshabille allégrement en tournant autour, dévidant le fil de laine de son niqab, une jeune femme qu'il a choisi aux formes généreuses : mise à nu double du corps et des mécanismes des pouvoirs religieux...

Je ne vous montrerai pas non plus la video Barbed Lula de Sigalit Landa, nue, elle pratique le Hula Hoop avec du fil barbelé, on a mal pour elle ; artiste israélienne, elle travaille à Jérusalem.
Non plus que  celle de Teresa Margolles née à Cullacan,, son éphèbe nu aussi est aspergé par des seaux d'eau contenant les fluides des corps autopsiés de la morgue de Mexico : une explication pour confronter" la grâce vivante du jeune homme et le rappel symbolique et physique de la mort".
 Plus à l'aise avec News from the Near Future de l'artiste indonésienne qui vit à Amsterdam, Fiona Tan, video qui propose alternativement des vues d'eaux calmes ou d'inondations.
 A mon sens bien en place dans ces moulins, au ras du Tarn, et qui nous confronte avec le pouvoir quelquefois dévastateur de l'eau.

 En retrait pour bénéficier de son reflet, cela manquait de lumière.

 La video suivante Deeparture, de Mircea Cantor filme la confrontation d'un loup et d'une biche dans une pièce vide, un cube blanc.
 Je souffrais pour ces bêtes qui haletaient, tournaient en rond et perdant tout repères, oubliaient qu'elles étaient prédateur et proie.

 Rappel d'une expérience similaire de Joseph Beuys qui s'était enfermé pendant plusieurs jours avec un coyotte.


















il y a encore 8 autres artistes



Et pour terminer "a joke"...

 d'Isarde, née à Toulouse qui vit en Ariège ;   elle cherche une issue à cet enfermement, un blues qui lui fait  souhaiter ardemment de  retrouver la lumière et l'air pur...................


 toutefois quelques barreaux la retiennent encore de se jeter à l'eau  !!!!!!!
 bain salutaire et purificateur.......................


jeudi 19 mai 2016

Souviens -toi du temps présent

Souviens-toi du temps présent, exposition-fleuve, déroule en trois chapitres des récits hétérogènes nourris d'images, de gestes, de corps, de paysages, d'expériences intimes et de références culturelles inscrites dans la mémoire collective.
 Passé proche et présent insistant conjuguent au futur l'horizontalité de fictions issues du réel, juxtaposées entre bruissement et fracas.
Revisitée et densifiée par les artistes, la clameur du présent s'amplifie et se déchire pour laisser apparaître les oscillations d'un monde en quête de transformation.
La beauté, l'empathie, la spiritualité, la violence, la mise à nu, l'ambiguité soulignent alternativement le caractère insondable du flux des événements dont l'impact dessine notre relation au monde.
L'exposition s'élabore au diapason de la société actuelle, de ses questionnements, de ses doutes, de ses peurs, de ses libertés et de ses promesses.
Les oeuvres en captent, en restituent et en conjuguent des temps forts tout en suggérant des permanences intemporelles.
Leur résonance faite de force sensible et de résistance poétique naît de l'ouverture à l'autre, à la diversité des formes et des idées.
Elles pratiquent le libre exercise  de la distance critique et de l'invention artistique ; elles alimentent la conscience éthique et politique, au coeur de l'esprit du temps.
L'exposition rassemble deux installations monographiques dans des espaces séparés ainsi qu'un ensemble de vidéos. Les installations, crées pour l'exposition et les oeuvres vidéos, issues de collections publiques, d'artistes de diverses cultures, qualifient le temps présent comme un moment critique, paradoxal, tendu et hétérogène.
Elles connectent le présent au passé et au futur, par des voies poétiques, elles transforment le contenu du réel en richesse sensible.
Les techniques utilisées jouent sur des registres variés. Documentaires, photographies, fictions, performances, peinture, sculpture, dispositif interactif, sont investis pour produire des images et des formes denses faisant signe et sens, à même de défier la mécanique de l'indifférenciation et de l'oubli charrié par le flux informatif quotidien.
L'exposition renouvelle le lieu dans lequel elle se déroule et annonce la proximité du lointain, dans le temps et l'espace. La mémoire et le sens sont revivifiés par la subjectivité des artistes alliée à celle des visiteurs.
L'exposition fait le pari d'une alliance entre la pensée et l'émotion, à l'image des oeuvres, espérant le désir pour ce qui n'est pas déjà cerné.
Par des images et des objets intenses et ouverts, les artistes offrent la possibilité d'un monde sensible partagé.
L'exposition relie des oeuvres singulières entre elles, de façon intuitive, en une compilation spatiale, pour renforcer la perception de leur puissance visuelle.
Elle dessine un parcours subjectif par des rapprochements inusités et suggère de l'appréhender dans l'ordre ou le désordre, de déambuler et de revenir sue ses pas, pour créer d'autres combinaisons mentales et les inscrire dans la mémoire du corps.
Il s'agit de favoriser l'acte créatif d'interprétation par une mise en espace inspirée des procédés de mémorisation de l'histoire culturelle d'Aby Warburg.
                                                                  Jackie-Ruth Meyer
                                                              Commissaire de l'exposition 
                                                    Centre d'Art Le Lait :  Moulins Albigeois

Oui, j'ai joué le jeu et me suis approprié en famille,  par mes photos participatives, les oeuvres vidéos proposées, toutefois je ne suis jamais revenue sur mes pas, saisie par la violence ou génée par la souffrance perçue ; pour moi ce n'est pas de l'art mais une provocation qui donne matière à réflexion, en cela le but est atteint, je m'en souviens encore.
Je vais donc vous faire participer à mon regard et vous communiquer ....quelquefois....., mes impressions, ou critiques.....

 Commençons par "The New green " de Maria Tsagjari née en 1981 qui vit et travaille à Athènes.
Pour que nos rêves ne soient pas perdus, il faudrait remplacer le vert par le bleu.
Albi et le pastel étaient tout trouvés, Lapérouse ayant ramené dans ses bagages ces plants qui ont fait, en leur temps, la richesse de notre région.

http://www.centredartlelait.com/IMG/pdf/cp-etac-2016-_maria-tsagkari.pdf

Elle nous plonge ici dans un univers de bleu :

et mon appropriation : Albi  et le Tarn au travers de la fenêtre de cette pièce en bleu :

mercredi 18 mai 2016

Colloque international


 http://www.christine-de-suede-europeenne.eu/l-association/

  A l'Académie des Jeux Floraux, tous les intervenants se sont succédés pour nous parler de la reine Christine de Suède (1626-1689) et des enjeux contemporains, des valeurs communes de l'Europe dans une diversité culturelle constitutive de son identité.
Si  elle a pu choquer ses contemporains,  elle apparaît à notre époque d'une modernité très actuelle, un modèle d'ouverture d'esprit, de curiosité pour toutes les sciences, tous les arts.

 http://www.dailymotion.com/video/xsotz3_reine-des-scandales-christine-de-suede-1ere-part_tech

 Sa masculinité ne m'a pas paru choquante,  élevée comme un garçon par son pére, Gustave II Adolphe, unique héritière de ce dernier qui transforme les lois pour lui permettre de régner à l'âge de 6 ans lorsqu'il décède  à la bataille de Lützen.

https://www.youtube.com/watch?v=LC5RusVOoZ8

De la dynastie des Vasa (vous aurez sans doute vu les reportages racontant le renflouement du Vasa ce gigantesque bâtiment qui a coulé le jour même de sa mise à l'eau ) Christine de Suède est une parfaite linguiste, italien, français, espagnol, latin, elle conversait sans  difficulté avec ses interlocuteurs.
J'ai appris qu'elle avait fait venir Descartes à sa cour et que celui-ci y était mort de froid........
En effet celle-ci avait coutume de travailler dès cinq heures du matin, et lorsqu'elle le convoquait à cette heure matinale, le froid était mordant.

 Elle repose au Vatican au milieu des dignitaires catholiques dont elle avait adopté la religion.

https://dossiersgrihl.revues.org/3965