Ses Domaines
"N'est-ce point un lecteur grincheux qui vient de murmurer : "Il faudrait tout de même s'entendre. Cet oiseau invisible, insaisissable, il est cependant quelque part.
On dit qu'il existe par légions. Or, des légions, ça doit se voir !".
Ce lecteur grincheux, j'espère l'apaiser à force de témoignages.
Un premier point, indiscutable, c'est comme le dit J.P Vaillant, dans Macajotte (p 142) que "la grive reste fidèle aux arbres".
En personne pratique, elle fréquente de préférence ceux qui ont des graines ou des fruits à lui offrir.
Ainsi du chêne :
Je marchais dans les buis, les houx et les genièvres ;
Pour seul bruit au lointain, les clochettes des chèvres
Et le cri de la grive entre les chênes verts,
Et le vent dans les pins semblable au bruit des mers.
Laprade. Invocation à la montagne
Je me suis assis au pied d'un chêne noir
Et j'ai laissé tomber ma pensée.Une grive
Se posait haut. C'est tout. Et la vie,
Dans ce silence, était magnifique, tendre et grave.
Jammes. Oeuvres, I,p.134
Le chêne vert où chante une grive parfois...
Lune du chêne vert où chantait une grive
Lebrau, Le cyprès et la cabane
Les cerisiers, les pommiers, les guigniers, les pommiers et les groseilliers sont à leur tour des reposoirs appréciés des grives.
La grive sur un cerisier, près de la vigne abandonnée,
Se pose et les sentiers ruissellent de feuilles de châtaignier.
Jammes Oeuvres, II p 225
Les feuilles des guigniers mêlent or et rubis
Et la grive goulue.
Lebau. Le ciel sous la garrigue p 89
Au pillage des raisins,
Des cerises et des prunes,
L'ivresse a taché leur sein
De couleurs blondes et brunes
Th. Renauld. En Ardenne. La grive
Pour les pommiers on connaît la poésie de Charles Frémine :
Les Pommiers
Les matinales tourterelles
Chantent dans leurs rameaux touffus
Et les geais font des querelle
Aux piverts logés dans des fûts ;
Les grives s'y montrent très dignes
Et tendres commes des ramiers ;
Elles se grisent dans les vignes
Et font leur nid dans les pommiers.
Pour le peuplier c'est encore à Lebrau que nous nous référons :
Soirée du dimanche avec des grives aux peupliers des ruisseaux
Images de l'aube p 107
sinon deux ouvrages de Delamain : Pourquoi les oiseaux... et les oiseaux s'installent... nous en offriraient des citations.
Concernant le bouleau, c'est l'arbre sur lequel gazouillait cette grive de Montvoisier que Chateaubriand évoque dans ses Mémoires d'outre-tombe.
Th Renauld a vu d'autres grives "gagner de leur vol oblique les saules et les bouleaux". ( En Ardenne )
Il y a aussi le hêtre sur lequel la grive se perche :
Lorsque la chasse est ouverte,
Sur un vieux hêtre, la grive,
Se perche, gourmand convive,
Pour en picorer le fruit.
Passim, 181
"Autour d'eux, c'était le ramage coutumier des clairs matins.
Les grives peureuses sifflaient, invisibles dans les hêtres précocement
défeuillés
Pergaud. La revanche du corbeau p 227
Le pin est un bien plaisant perchoir :
Sur les bastides et les pins,
Les écureuils et les lapins,
Les alouettes et les grives,
La tourterelle et le pigeon
Disent : Mon Dieu ! comme il fait bon !
Voilà le printemps qui arrive.
Henri Bosco, Les Amitiés de Magallon, p 86
"Les mauvis ses sont assemblés, immobiles et invisibles, sur les pins qui leur rappellent la forêt natale ".
Pourquoi les oiseaux p 18