Peut-être avez-vous plus l'envie de savoir ce que vous pouvez voir ou rencontrer à notre époque :
http://www.parc-pyrenees.com/espace_videos/
suivi d'un article plus spécifiquement concernant l'Ariège sur lequel j'ai mis la main en voulant vous parler du glacier d'Arcouzan.
http://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1938_num_9_1_4474
Mais ceci ne peut sans doute pas intéresser des lecteurs plus lointains; alors puisque nous avons parlé de chasse avec le grand Livre de Chasse de Gaston Phoebus, parlons un peu de cette activité Pyrénéenne.
Le pyrénéen ne se bornait pas à chasser les animaux nuisibles.
Il savait très bien tirer la bécasse, la perdrix, le lièvre ou le coq de bruyère, guetter l'isard ou capturer les palombes. Cette dernière chasse a fait de nos jours l'objet de manifestations, n'ayant pour but que de préserver l'espèce, lors des passages migratoires.
https://www.youtube.com/watch?v=wnnvU4PA1-o
A la fin du XVIIème siècle, les palombières de Mr Casamayor, à Licerats en Soule, permettaient la capture de 4000 à 5.000 palombes par an de septembre à fin novembre.
La technique n'a pas changé ni la mentalité non plus.
et Frisco la reconnaîtra, je la lui avait ramenée de Corse, en cadeau, mais il n'en a pas voulu:
Je fais bon ménage avec les tourterelles que je nourris, elles volent les graines de tournesol aux mésanges.
Que disait-donc Gaston Phoebus, en vieux français bien sûr, parlant des"'boucs ysarus" (les isards):
leur pel est moult chaude quand elle est bien conréiée en bonne sayson; quar nul froid ne pluye ne peut entrer dedans se le poil est dehors
Et, en mes montagnes, en sont vestuz les gens que ne sont d'escarlate et en sont aussi leurs chauces et leurs sollers; quar de cieux bestes il y a trop.
Et en une veue, j'ai vu l'iver que on en veoit plus de cinq cents.
Et tant pour la chair comme pour la pel, chescun paysan y est bon veneur de cela, quar il n'y a pas trop grant mestrise de les prendre..
Tout ceci m'amène à m'envoler à mon tour.
Ne manquez pas Octobre en Franche-Comté quand passent les palombes.
Plusieurs manifestaions m'attendent.
Je ne chasse pas et me borne à ramasser les plumes tombées sur mon chemin.
dimanche 14 février 2016
Hymne à l'amour
..........................................des Pyrénées !!
"Vers les écluses de l'exil, là-haut
brûlent les frontières sarrasines;
et nous, frêles passagers rêveurs,
errants de partances invisibles,
Pyrénées.
Sur l'orgue promontoire, des fumées vives
d'assonance volubile gris-métal, incrustent les lierres de l'oubli
le fleuve figé des neiges idéales,
Pyrénées
Aux automnes poitrinaires,
désolés de boues chrysanthème,
quand palpite le visage mannequin
de l'aube, oasis pamplemousse,
Pyrénées.
Greniers du rêve, escales fabuleuses,
sources-Graal des blancs chevaux du Roi
soleils vigies reptiles au bord du ciel
épiant nos jeunesses chevaliers
Pyrénées
Les roses de pierre des roches cathédrales
hérissées de vides vertigineux
ongles de ravines inaccessibles,
rites sur l'ultime jetée fauve et bleue
Pyrénées
Sur l'écorce des blocs équinoxe,
des entrailles, des vals engloutis,
un Sisyphe éternel crépusculaire
remonte les lourds vaisseaux de la nuit,
Pyrénées
Là, en-bas de ruines ennoblies,
somnolent les Dames d'Aquitaine
tordant leurs yeux de brumes
mourantes à la force des eaux,
Pyrénées.
D'où gronde la Garonne catapulte
éclaboussant de rumeurs d'orgueil
les pâles colonnes assourdies
des promenades consulaires,
Pyrénées
"Vers les écluses de l'exil, là-haut
brûlent les frontières sarrasines;
et nous, frêles passagers rêveurs,
errants de partances invisibles,
Pyrénées.
Sur l'orgue promontoire, des fumées vives
d'assonance volubile gris-métal, incrustent les lierres de l'oubli
le fleuve figé des neiges idéales,
Pyrénées
Aux automnes poitrinaires,
désolés de boues chrysanthème,
quand palpite le visage mannequin
de l'aube, oasis pamplemousse,
Pyrénées.
Greniers du rêve, escales fabuleuses,
sources-Graal des blancs chevaux du Roi
soleils vigies reptiles au bord du ciel
épiant nos jeunesses chevaliers
Pyrénées
Les roses de pierre des roches cathédrales
hérissées de vides vertigineux
ongles de ravines inaccessibles,
rites sur l'ultime jetée fauve et bleue
Pyrénées
Sur l'écorce des blocs équinoxe,
des entrailles, des vals engloutis,
un Sisyphe éternel crépusculaire
remonte les lourds vaisseaux de la nuit,
Pyrénées
Là, en-bas de ruines ennoblies,
somnolent les Dames d'Aquitaine
tordant leurs yeux de brumes
mourantes à la force des eaux,
Pyrénées.
D'où gronde la Garonne catapulte
éclaboussant de rumeurs d'orgueil
les pâles colonnes assourdies
des promenades consulaires,
Pyrénées
Royaume d'oc au Bois Dormant,
où s'exorcisent au carrefour des figuiers-tigres,
le cuir des cachettes mirobolantes
et les secrets escarbilles du chaudron de l'aïeule,
Pyrénées.
Aux captations ocres des gaves bourreaux
flotte un temps suspendu de déluge
tandis que sur le front d'étoiles, rougeoient
les stigmates de la couronne cathare,
Pyrénées
Gouttes de nuit, étincelles de ciel, gisants
de loin en loin l'or des troupeaux,
brouillard vigilant comme l'aigle d'Ossau,
qui scelle de plomb le silence,
Pyrénées
Nostalgie vestale d'avant ma vie,
dans cette course vampire du temps,
pays occidental tu poses
tes lèvres de fer sur mon épaule,
Pyrénées
C'est ainsi, par ce poème, que René Descazeaux achève son volumineux livre:
"Itinéraires Mystérieux § Magiques des espaces Pyrénéens".
Je pense qu'on ne peut pas être moins lyrique quand on s'est penché pendant 21 ans sur tous ces itinéraires .
C'est un livre que j'ai toujours à portée de main, car il est ainsi rédigé que l'on peut "voyager", choisir un itinéraire, selon l'humeur.
C'est un livre que j'ai beaucoup annoté, quand il est sorti en 1998.
22 entrées, gouvernées par la puissance symbolique des arcanes majeurs du tarot...dit-il.
Je suis actuellement moins "branchée" sur les aspects "magiques" de notre chaîne et j'hésite encore sur quel itinéraire vous embarquer.
Une petite idée quand même:
Itinéraires hérackléens
Itinéraires mythiques vers l'Atlantide
Itinéraires magdaléniens
Itinéraires des géants
Itinéraires-labyrinthes
Itinéraires dans l'astral
Itinéraires des animaux- totems
""""" spirales de Lug
des forgerons romains d'Occident, vers Compostelle, de neige de pierre et d'azur, de Mélusine, sataniques, du Château aventureux, de Notre-Dame, de l'horloge des jours, Itinéraires Zodiacaux des oratoires, de ma mère l'Oye, vers l'Age Milliesmee .
J'ai peut-être une solution... ouvrir le livre à l'aveugle...
http://france3-regions.francetvinfo.fr/aquitaine/emissions/cap-sud-ouest/le-bearn-un-territoire-une-histoire-une-ame-dimanche-10-janvier-12h50.html
et pour finir, l'histoire des mal-aimés
http://www.youscribe.com/catalogue/livres/litterature/romans-historiques/les-cagots-histoire-d-un-secret-2376213
et pour finir, l'histoire des mal-aimés
http://www.youscribe.com/catalogue/livres/litterature/romans-historiques/les-cagots-histoire-d-un-secret-2376213
samedi 13 février 2016
Quand les Pyrénées perdent pied
Quand les Pyrénées, à l'ouest, perdent pied dans l'Océan, les Labourdins, les Basques se tournent vers la mer et savent en retirer les bénéfices.
Bayonne, St Jean de Luz, Capbreton...
Dans "Us et coustumes de la mer" vous pouvez lire:
"les Basques de Biarris, Gatiari, Sainct Jean de Luz, Ciboure, les pescheurs de Capbreton du Pech ou Boucau Vielh, et autre pescheurs de Guyenne, lesquels vont hardiment et par grande adresse harponner et blesser à mort les baleines en pleine mer"
Etonnant ? non? et pourtant ce ne sont plus les pêcheurs de baleine qui se jettent dans leurs embarcations au premier signal du "souffle" de la baleine, mais les surfeurs qui guettent le pipe.
C'est même jusque dans les eaux de Terre-neuve qu'ils allaient pêcher la morue.
Deux siècles de "bonne fortune" XVI ème et XVII ème puis peu à peu du plus gros au plus petit, les Pyrénéens n'eurent plus à pêcher que la sardine......
Si l'on peut dire ! car nous allons toujours sur le port de Capbreton à l'arrivée des chaluts; les étals juste au-dessus des bateaux sur le quai proposent, colins, thons et bonites, chipirons, soles, baudroies, maquereaux etc.
Un épisode ne devait pas manquer de sel.....; les cascarotes, vendeuses de poisson réputées, d'origine bohémienne calaient leurs paniers sur la tête et partaient en courant vers Bayonne:
" Dés que les chaloupes sont à cent mètres du rivage, raconte Lomet en 1788
elles se mettent toutes nues, dansent et folâtrent puis se jettent ensemble à la nage, à la rencontre des bateaux.
Celle qui arrive la première s'assied sur le banc et fait le prix avec le patron pour toute la pêche du jour.
Dès que le prix est fait, le bateau aborde et le prix est payé.
Les femmes se distribuent le poisson, s'habillent et font la course pour aller le vendre"
Lorsque la raréfaction du poisson, ( déjà ) se fait sentir ces hommes ne manquent pas de ressources, ils arment et convertissent leurs navires en corsaires (autre forme de banditisme sur mer cette fois) ...
Le port de Bayonne Joseph Vernet 1760
Dès le Moyen Age, les ports basques étaient catalogués comme des nids de pirates, avec la bénédiction du pouvoir royal qui couvrait de son autorité tout arraisonnement de navire de commerce ennemi.
Soulet nous dit que les prises furent innombrables, tant pendant les guerres du règne de Louis XIV que durant celle de Sept ans et de l'Indépendance américaine.
Des noms basques ou gascons brillent au firmament des corsaires, à côté des Jean Bart, des Dugay-Trouin ou des Forbin.
Harismendy, Saint-Martin, Dolabaratz courent sus aux navires ennemis jusqu"au Groënland.
Johannes de Suhigaraychipi trouve la mort près de Terre-Neuve.
Duconte de St Jean de Luz, ramène onze prises en une seule sortie.
Jean Peritz de Haranader, autre Luzien qui servit de modèle à André Lichtenberger pour son Gorri le forban aurait amassé une fortune de 2.000000, de livres.
Même si l'essentiel des prises était monopolisé par les armateurs et les capitaines, il parait indubitable que la course et la pêche hauturière, qui, à l'époque de Louis XIV, intéressèrent peut-être la moitié de la population du Labourd, sauvèrent de la misère des milliers de Pyrénéens et empêchèrent ou retardèrent leur exode.
Que revoyait, ou voyait Maurice Ravel, natif de Ciboure, lorsqu'il composa ce Concerto en sol majeur ?
https://www.youtube.com/watch?v=Ro7ApxqouJ0
http://o-s-b.fr/IMG/pdf/Ravel_-_Concerto_pour_piano_no3.pdf
https://www.youtube.com/watch?v=LrVIEYPHfw4
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k959800.r=Les+us+et+coutumes+de+la+mer.langFR
Bayonne, St Jean de Luz, Capbreton...
Dans "Us et coustumes de la mer" vous pouvez lire:
"les Basques de Biarris, Gatiari, Sainct Jean de Luz, Ciboure, les pescheurs de Capbreton du Pech ou Boucau Vielh, et autre pescheurs de Guyenne, lesquels vont hardiment et par grande adresse harponner et blesser à mort les baleines en pleine mer"
Etonnant ? non? et pourtant ce ne sont plus les pêcheurs de baleine qui se jettent dans leurs embarcations au premier signal du "souffle" de la baleine, mais les surfeurs qui guettent le pipe.
C'est même jusque dans les eaux de Terre-neuve qu'ils allaient pêcher la morue.
Deux siècles de "bonne fortune" XVI ème et XVII ème puis peu à peu du plus gros au plus petit, les Pyrénéens n'eurent plus à pêcher que la sardine......
Si l'on peut dire ! car nous allons toujours sur le port de Capbreton à l'arrivée des chaluts; les étals juste au-dessus des bateaux sur le quai proposent, colins, thons et bonites, chipirons, soles, baudroies, maquereaux etc.
Un épisode ne devait pas manquer de sel.....; les cascarotes, vendeuses de poisson réputées, d'origine bohémienne calaient leurs paniers sur la tête et partaient en courant vers Bayonne:
" Dés que les chaloupes sont à cent mètres du rivage, raconte Lomet en 1788
elles se mettent toutes nues, dansent et folâtrent puis se jettent ensemble à la nage, à la rencontre des bateaux.
Celle qui arrive la première s'assied sur le banc et fait le prix avec le patron pour toute la pêche du jour.
Dès que le prix est fait, le bateau aborde et le prix est payé.
Les femmes se distribuent le poisson, s'habillent et font la course pour aller le vendre"
Lorsque la raréfaction du poisson, ( déjà ) se fait sentir ces hommes ne manquent pas de ressources, ils arment et convertissent leurs navires en corsaires (autre forme de banditisme sur mer cette fois) ...
Le port de Bayonne Joseph Vernet 1760
Dès le Moyen Age, les ports basques étaient catalogués comme des nids de pirates, avec la bénédiction du pouvoir royal qui couvrait de son autorité tout arraisonnement de navire de commerce ennemi.
Soulet nous dit que les prises furent innombrables, tant pendant les guerres du règne de Louis XIV que durant celle de Sept ans et de l'Indépendance américaine.
Des noms basques ou gascons brillent au firmament des corsaires, à côté des Jean Bart, des Dugay-Trouin ou des Forbin.
Harismendy, Saint-Martin, Dolabaratz courent sus aux navires ennemis jusqu"au Groënland.
Johannes de Suhigaraychipi trouve la mort près de Terre-Neuve.
Duconte de St Jean de Luz, ramène onze prises en une seule sortie.
Jean Peritz de Haranader, autre Luzien qui servit de modèle à André Lichtenberger pour son Gorri le forban aurait amassé une fortune de 2.000000, de livres.
Même si l'essentiel des prises était monopolisé par les armateurs et les capitaines, il parait indubitable que la course et la pêche hauturière, qui, à l'époque de Louis XIV, intéressèrent peut-être la moitié de la population du Labourd, sauvèrent de la misère des milliers de Pyrénéens et empêchèrent ou retardèrent leur exode.
Que revoyait, ou voyait Maurice Ravel, natif de Ciboure, lorsqu'il composa ce Concerto en sol majeur ?
https://www.youtube.com/watch?v=Ro7ApxqouJ0
http://o-s-b.fr/IMG/pdf/Ravel_-_Concerto_pour_piano_no3.pdf
https://www.youtube.com/watch?v=LrVIEYPHfw4
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k959800.r=Les+us+et+coutumes+de+la+mer.langFR
vendredi 12 février 2016
échanges trans-frontaliers
Je suis très hésitante ce matin sur la teneur de mon article.....poursuivre les investigations sur ces coutumes ou bien passer à autre chose ?
Les transgressions ayant toujours un petit côté attractif, pourquoi ne pas vous parler de cette contrebande trans-pyrénéenne, dont "j'ai eu vent" dans ma jeunesse, en Andorre.
On n'y montait pas sans jauger les dénivelés que l'on savait franchis de nuit par les contrebandiers.
Soulet nous dit que jusqu'au XIX ème la population fermait les yeux sur ces trafics et ne dénonçait jamais ces passeurs.
Lesquels passeurs du XX ème siècle ont mis à profit leur connaissance du terrain pour permettre les évasions de tous les individus fuyant la France de la guerre 39-45 et souvent au péril de leur vie.
Ce sont les fameux "Chemins de liberté" que j'ai déjà évoqué dans des articles précédents.
Vincent Chausenque en 1810 raconte qu'il a été témoin du passage nocturne de l'un de ces convois : cet épisode se situe dans la haute vallée d'Aspe.
"Vers le haut de la vallée, un large cordon de feux, souvent cachés dans les bois ou par les plis du terrain, descendait en serpentant.
Bientôt toute la caravane se déploya sur la route et vint défiler ...
En tête marchait un groupe d'hommes armés de carabines, et à leur suite les conducteurs de mulets, portant des torches, et en menant chacun six ou sept à la file. Un autre peloton faisait l'arrière-garde.
Nous comptâmes plus de trente torches, environ deux cents mulets, et une cinquantaine d'hommes d'escorte.
Une contre-bande ainsi armée se faisait respecter".
http://www.pyrenees-passion.info/vincent_chausenque.php
Endurance, souplesse, robustesse permettaient à ces montagnards de passer, armés de leur long coutelas à la ceinture, des charges de soixante livres sur le dos, appuyés sur leur gourdin de néflier, sur des distances qui les faisaient marcher toute la nuit.
le Contrebandier.
A. Pingret
D'autes franchissaient aussi les Pyrénées pour des travaux saisonniers et cet exil donnaient à tous ces montagnards jusqu'au Piémont la possibilité de subvenir aux besoins de leur famille; ils se louaient pour les moissons, les vendanges et en hiver pour le pressage des olives dans les provinces frontalières mais jusqu'à la plus lointaine Andalousie.
Ceci à grande échelle puisque le canton d'Aspet, dans une enquête de 1804, perdait mille cinq cents habitants, les vallées d'Ourle et du Louron trois mille personnes.
Louis de Froidour écrit:
"Ils vont travailler en Espagne à la culture des terres, des jardins et des vergers ; ils y fauchent les prez, font les récoltes des bleds, des vins et des huiles ; surtout ils sont excellens ouvriers pour bûcher et remuer la terre et ils s'y occupent aussi à faire ou à réparer les fossez que l'on fait ordinairement pour la clôture des terres.
La forge. Francisco Goya
Du pays de Foix partait vers novembre et jusqu'en mai, un nombre élevé de bûcherons, de charbonniers et de forgeurs. Le Pays Basque, à cette époque, fournissait d'excellents tuiliers, briquetiers et tanneurs ; le Comminges, des chaudronniers qui allaient jusqu'à Madrid ; le Saint-Gaudinois des raccommodeurs d'ustensiles, des affûteurs et le Rémouleur
Le Rémouleur Francisco Goya
Plus tard, le courant s'inversa, ce sont les saisonniers espagnols qui traversèrent les Pyrénées pour venir travailler en France.
Les transgressions ayant toujours un petit côté attractif, pourquoi ne pas vous parler de cette contrebande trans-pyrénéenne, dont "j'ai eu vent" dans ma jeunesse, en Andorre.
On n'y montait pas sans jauger les dénivelés que l'on savait franchis de nuit par les contrebandiers.
Soulet nous dit que jusqu'au XIX ème la population fermait les yeux sur ces trafics et ne dénonçait jamais ces passeurs.
Lesquels passeurs du XX ème siècle ont mis à profit leur connaissance du terrain pour permettre les évasions de tous les individus fuyant la France de la guerre 39-45 et souvent au péril de leur vie.
Ce sont les fameux "Chemins de liberté" que j'ai déjà évoqué dans des articles précédents.
Vincent Chausenque en 1810 raconte qu'il a été témoin du passage nocturne de l'un de ces convois : cet épisode se situe dans la haute vallée d'Aspe.
"Vers le haut de la vallée, un large cordon de feux, souvent cachés dans les bois ou par les plis du terrain, descendait en serpentant.
Bientôt toute la caravane se déploya sur la route et vint défiler ...
En tête marchait un groupe d'hommes armés de carabines, et à leur suite les conducteurs de mulets, portant des torches, et en menant chacun six ou sept à la file. Un autre peloton faisait l'arrière-garde.
Nous comptâmes plus de trente torches, environ deux cents mulets, et une cinquantaine d'hommes d'escorte.
Une contre-bande ainsi armée se faisait respecter".
http://www.pyrenees-passion.info/vincent_chausenque.php
Endurance, souplesse, robustesse permettaient à ces montagnards de passer, armés de leur long coutelas à la ceinture, des charges de soixante livres sur le dos, appuyés sur leur gourdin de néflier, sur des distances qui les faisaient marcher toute la nuit.
le Contrebandier.
A. Pingret
D'autes franchissaient aussi les Pyrénées pour des travaux saisonniers et cet exil donnaient à tous ces montagnards jusqu'au Piémont la possibilité de subvenir aux besoins de leur famille; ils se louaient pour les moissons, les vendanges et en hiver pour le pressage des olives dans les provinces frontalières mais jusqu'à la plus lointaine Andalousie.
Ceci à grande échelle puisque le canton d'Aspet, dans une enquête de 1804, perdait mille cinq cents habitants, les vallées d'Ourle et du Louron trois mille personnes.
Louis de Froidour écrit:
"Ils vont travailler en Espagne à la culture des terres, des jardins et des vergers ; ils y fauchent les prez, font les récoltes des bleds, des vins et des huiles ; surtout ils sont excellens ouvriers pour bûcher et remuer la terre et ils s'y occupent aussi à faire ou à réparer les fossez que l'on fait ordinairement pour la clôture des terres.
La forge. Francisco Goya
Du pays de Foix partait vers novembre et jusqu'en mai, un nombre élevé de bûcherons, de charbonniers et de forgeurs. Le Pays Basque, à cette époque, fournissait d'excellents tuiliers, briquetiers et tanneurs ; le Comminges, des chaudronniers qui allaient jusqu'à Madrid ; le Saint-Gaudinois des raccommodeurs d'ustensiles, des affûteurs et le Rémouleur
Le Rémouleur Francisco Goya
Plus tard, le courant s'inversa, ce sont les saisonniers espagnols qui traversèrent les Pyrénées pour venir travailler en France.
jeudi 11 février 2016
Western Pyrénéen
Il serait fallacieux de vous laisser imaginer que les Pyrénées n'étaient qu'un vaste lieu d'échanges paisibles; si cela vous intéresse je pourrais vous parler des "miquelets", "bandouliers" puis contrebandiers ?
Ce ne sont pas des attaques de diligences qui ne pouvaient emprunter des routes qui n'existaient pas mais des attaques de villages ou de voyageurs, à pied ou à cheval, muletiers aussi, tout ce qui transitait au travers de ces montagnes.
Attaque de voleurs. Francisco Goya
Ces brigands ou bandits de grand chemin se transformaient quelque fois en contrebandiers mais ils étaient alors considérés avec plus d'indulgence, la contrebande devenait un métier .....
Plusieurs chefs de bande s'illustrèrent, en majorité espagnols.
..................."Parmi les multiples personnages qui, hiver comme été, hantaient routes et sentiers, le brigand occupe une place de choix.
S'il attendit le XIX ème siècle pour devenir un héros de la grande et petite littérature pyrénéenne, il fut l'un des familiers de la montagne dés l'époque moderne.
Il fut le seul, en effet, à profiter du climat d'insécurité qu'engendrèrent les troubles religieux et les différends franco-espagnols, deux siècles durant.
Déjà "la passerie" d'Arrens dénonçait ces "vagabonds, coureurs de grands chemins et autres malfaiteurs" qui volaient les troupeaux, détroussaient les marchands, incendiaient, assassinaient, bref, semaient l'épouvante dans les vallées.
Le nom par lequel on les désignait alors, "les miquelets", emprunté à leur redoutable chef Miquelot de Prats, devint très vite synonyme de terreur.
(On appelle aussi miquelets,des miliciens, des mercenaires ou des soldats auxiliaires d'origine cévenole ou catalane).
Forts de la curieuse protection de Saint Michel, qui, disait-on assurait leur invulnérabilité, parfaitement au fait des méthodes de la guérilla, ils attaquaient en petites bandes et par surprise.
Ramassis d'irréguliers de toutes sortes, de déserteurs et de désoeuvrés, d'origine en grande partie espagnole, ila avaient leur base sur le versant sud, dans les vallées isolées de l'Aragon.
Revêtus d'une veste rouge et d'une culotte, chaussés d'espadrilles, bardés d'épées et de dagues, de mousquetons et de trois ou quatre pistolets, ils visitèrent, une fois ou l'autre, à peu près toutes les communautés des vallées et du piémont..
Dans l'espace de quatre ans entre 1708 et 1711, on relève leurs méfaits (vols, incendies,et meurtres dans les vallées de Luchon, de Barèges, d'Aure, d'Aspe et d'Ossau.
C'est dire combien leur champ d'activités était vaste.
Redoutable et insaisissable, le miquelet devait fixer toute l'hostilité que les Pyrénéens français n'avaient pas manqué d'accumuler, en raison de leur vie commune, à l'encontre des Espagnols.
Ainsi, éclipsa-t-il presque totalement l'autre figure du banditisme pyrénéen de cette époque que fut le "bandolier".
Voici en quels termes nuancés ce dernier nous est dépeint par le géographe Pierre Davity vers 1665:
"Les habitants de Foix sont adonnés au travail, supportent toutes sorte d'incommodités.
Ils sont aussi remplis de courage.
Mais il y a un mal en ce pays qui est que plusieurs ne pouvant vivre au plus mauvais pays, s'adonnent à demander la gracieuseté avec un poictrinal (pistolet) en bandolier.
Toutefois ils ont un bon naturel pour la plupart, que si vous les contentez volontairement, ils ne vous font nul mal et mesmes quelquefois les premiers que vous rencontrez vous mettent ou font mettre hors de tous dangers et de tous mauvais passages.
Quelquefois aussi, ces bandoliers vous laissent en blanc (dévalisé) ainsi que vous passez d'Espagne en France ou de France en Espagne"
Dans le premier quart du XVIII ème siècle, presque tous les habitants du Bosc "tenaient" la haute vallée de la Barguillère et faisaient preuve d'une étonnante solidarité.
( Lorsque nous allons passer par là prochainement avec Frisco, nous apprécierons la sécurité que nous y rencontrons ).
Si l'un d'entre eux était arrêté, les autres s'attroupaient et le délivraient.
Certains seigneurs ne dédaignaient pas ce genre d'activité et le château d'Urs (Les Cabannes) demeura longtemps le principal repaire des "bandoliers" de la région axoise.
Le terrain de prédilection de ces bandes était constitué par les zones les plus isolées.
Les vastes landes du plateau de Lannemezan n'étaient pas seulement le lieu de rendez-vous des sorciers de Gascogne, venus, selon la tradition, participer à d'extraordinaires sabbats.
Elles servaient aussi d'asile à des troupes de" gens sans aveu", aussi bien organisées qu'audacieuses.
Ne fallut-il pas en 1708, faire appel à trois régiments pour venir à bout de la bande de malfaiteurs commandée par le célèbre Loubayssin ? ( voir le lien, book, plus bas, chapitre, Dissidence et révolte dans une région frontière).
Pareille notoriété donna même l'idée à Daniel Defoe de situer le retour de Robinson Crusoé dans cette région où, parmi les voyageurs, les animaux les plus sauvages demeuraient, selon lui, les "bêtes à deux jambes" .
Malheur aussi au voyageur qui s'aventurait seul sur la route de Tarascon à Quillan (je peux vous dire que lorsque nous rentrons seules avec une de mes filles par cette route quand nous rentrons d'Andorre à la nuit tombée il n'y a pas "âme qui vive ou voiture qui roule" mais pas de bandit à l'horizon)
ou sur celle d'Ax au Puymorens ! il risquait fort, au passage du col de Marmare ou du territoire de Mérens, d'y laisser sa bourse, si ce n'est sa vie même."
photos isarde
https://books.google.fr/books?id=0iNXpKxdtFUC&pg=PA62&lpg=PA62&dq=bandit+Loubayssin&source=bl&ots=lPlxwyS-KU&sig=Tu_0379MESvejnLd8UXVHkpJlVY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiZmqHsnO_KAhUCtRoKHZc3CHYQ6AEIIzAA#v=onepage&q=bandit%20Loubayssin&f=false
http://donquijotedelamancha.free.fr/Bandolerismo.pdf
Asalto de coche. Francisco Goya
mercredi 10 février 2016
Promenade
Il faisait encore beau en fin de semaine dernière, occasion à ne pas manquer de se lancer sur les chemins.
Ma démarche est inverse ce matin, habituellement, je cherche à illustrer mes propos, aujourd'ui, ce sont mes photos que je veux habiller.
La température était anormalement élevée, une brise légère secouait à peine les châtons de noisetiers.
Aucun bruit non plus, hormis le beuglement d'un troupeau, en contre-bas qui répandait une forte odeur;
pratiquement chaque vache allaitait son veau; alertées par ma présence insistante, elles me fixaient pour évaluer un danger potentiel.
Ce sont de jeunes agriculteurs qui sont les propriétaires de ces animaux, ils ont planté leurs pénates dans l'Aude voisine mais ont conservé ces terrains..
Cela m'a remis en mémoire leurs difficultés actuelles et donné envie de rouvrir le livre encore à mes côtés de Jean --François Soulet. C'était l'Age d'Or des "passeries" Pyrénéennes, quand les accords transfrontaliers abolissaient les frontières pour donner libre cours aux pacages.
Je vous ai déjà fait part de ces coutumes dans un article de l'an passé sans doute sur la Pierre St Martin et la vallée de Roncal, où ces accords sont encore fêtés.
L'ethnologue autodidacte se double d'une géologue plus autodidacte encore !!, quand on est passionné par toutes ces matières................
Et pourquoi se tourner vers le passé ? le présent est incertain, pour beaucoup, et l'avenir très flou !!!.... alors ! revivons des périodes plus fastes .
...................Entre les Royaumes de France et d'Espagne
Un 22 juillet, au matin. Deux groupes d'hommes se font face sur la pelouse inondée de soleil de la "prade St Jean" au pied du Cirque de Gavarnie.
Parmi eux on reconnait sans peine, avec leurs vastes sombreros, leurs foulards et leurs vestes de velours, plusieurs Aragonais. Partis de nuit de la vallée de Broto, ils ont, chaussés de leurs seules "abarcas" marché des heures durant, grimpant jusqu'au col des Pierres-de-Saint Martin (aujourd'hui, Boucharo) , pour dévaler ensuite vers le vallon du Pouey-Aspé et y atteindre Gavarnie.
Les voilà face aux, "Toys" , autrement dit aux délégués de la ville de Barèges.
Que cache cette rencontre quelque peu insolite dans ce cadre austère et grandiose : un combat singulier ? un conciliabule ?
Pas le moins du monde.
Il s'agit seulement d'une de ces assemblées qui, périodiquement, d'un bout à l'autre de la chaîne, rassemblent les représentants des montagnards des deux versants.
Comme ceux de Broto et de Barèges, ils conviennent solennellement "de souffrir que leur bétailh ailhe depaistre réciproquement les uns chez les autres", confirment la paix qu'ils souhaitent voir régner entre eux et jugent souverainement toutes les questions intervenues depuis leur dernière réunion.
Sous l'Ancien Régime, le fédération, c'est-à-dire l'association entre deux vallées situées respectivement sur les versants français et espagnol, représente, après la communauté villageoise et la communauté de vallée, la troisième et ultime entité dans laquelle vit le Pyrénéen.
Dans l'organisation et la destination de ces trois aires de vie, aucune différence fondamentale. La fédération, nous le constaterons, obéit aux mêmes principes libéraux que la communauté et la vallée : délégation par vote, délibérations, justice directe et immédiate.
Elle répond aux mêmes besoins fondamentaux d'un peuple pasteur : assurer la survie économique du groupe par la mise en commun de certains biens indispensables.
Son originalité par rapport aux autres cadres tient essentiellement à son caractère international.
A cet égard, la fédération constitue un véritable défi aux structures politiques de l'époque.
En plein XVII ème encore, le Pyrénéen ignore ou feint d'ignorer la politique des gouvernements de Paris et de Madrid .
Il refuse leurs lois lorsqu'elles sont contraires à ses coutumes.
Il ne fait pas siennes leurs intrigues et leurs guerres.
Il rejette totalement leurs frontières.
En réalité, profitant du caractère excentrique et difficilement pénétrable de la chaîne, il a choisi de vivre en marge des deux Etats et tenté de bâtir son propre royaume.
Mais, dira-t-on aujourd'hui, la géographie et l'histoire ne rangeaient-elles pas d'emblée un tel projet au rayon des chimères ?
Rien n'est moins sûr.
La montagne, loin de représenter la barrière physique et humaine qu'elle est devenue de nos jours, formait au contraire un terrain de rencontre naturel entre les pasteurs des deux versants.
Il faut d'autre part, se souvenir que pendant des siècles, comtes et souverains régnèrent sur des Etats qui englobaient les deux versants.
Ce ne fut paradoxalement qu'à partir du moment où l'on déclara "Il n'y a plus de Pyrénées" que celles-ci se dressèrent comme barrière pour séparer des peuples profondément unis jusqu'alors.
En fait, bien avent le fameux traité de 1659, de premières menaces tendirent à rompre la longue habitude de vie commune des Pyrénéens des deux versants, mais n'eurent pour effet final que de resserer leurs liens.
Le traité de Corbeil (1258) qui, pour la première fois, fit des Pyrénées la limite entre les deux royaumes de France et d'Aragon eût pu sonner le glas des relations privilégiées qui unissaient les deux peuples.
Crainte d'autant plus justifiée que la nouvelle frontière politique ne tarda pas à se doubler d'une frontière économique ; à la suite des difficultés financières des monarchies, apparurent alors les premières "traites" ou douanes, à l'entrée et à la sortie des marchandises.
Non sans habileté, les Pyrénéens ripostèrent alors à ces différentes mesures...................
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(je m'aperçois qu'un lien donné sur " l'ours au carnaval " ne fonctionne pas, je le remplace par une video)
Ma démarche est inverse ce matin, habituellement, je cherche à illustrer mes propos, aujourd'ui, ce sont mes photos que je veux habiller.
La température était anormalement élevée, une brise légère secouait à peine les châtons de noisetiers.
Aucun bruit non plus, hormis le beuglement d'un troupeau, en contre-bas qui répandait une forte odeur;
pratiquement chaque vache allaitait son veau; alertées par ma présence insistante, elles me fixaient pour évaluer un danger potentiel.
Ce sont de jeunes agriculteurs qui sont les propriétaires de ces animaux, ils ont planté leurs pénates dans l'Aude voisine mais ont conservé ces terrains..
Cela m'a remis en mémoire leurs difficultés actuelles et donné envie de rouvrir le livre encore à mes côtés de Jean --François Soulet. C'était l'Age d'Or des "passeries" Pyrénéennes, quand les accords transfrontaliers abolissaient les frontières pour donner libre cours aux pacages.
Je vous ai déjà fait part de ces coutumes dans un article de l'an passé sans doute sur la Pierre St Martin et la vallée de Roncal, où ces accords sont encore fêtés.
L'ethnologue autodidacte se double d'une géologue plus autodidacte encore !!, quand on est passionné par toutes ces matières................
Et pourquoi se tourner vers le passé ? le présent est incertain, pour beaucoup, et l'avenir très flou !!!.... alors ! revivons des périodes plus fastes .
...................Entre les Royaumes de France et d'Espagne
Un 22 juillet, au matin. Deux groupes d'hommes se font face sur la pelouse inondée de soleil de la "prade St Jean" au pied du Cirque de Gavarnie.
Parmi eux on reconnait sans peine, avec leurs vastes sombreros, leurs foulards et leurs vestes de velours, plusieurs Aragonais. Partis de nuit de la vallée de Broto, ils ont, chaussés de leurs seules "abarcas" marché des heures durant, grimpant jusqu'au col des Pierres-de-Saint Martin (aujourd'hui, Boucharo) , pour dévaler ensuite vers le vallon du Pouey-Aspé et y atteindre Gavarnie.
Les voilà face aux, "Toys" , autrement dit aux délégués de la ville de Barèges.
Que cache cette rencontre quelque peu insolite dans ce cadre austère et grandiose : un combat singulier ? un conciliabule ?
Pas le moins du monde.
Il s'agit seulement d'une de ces assemblées qui, périodiquement, d'un bout à l'autre de la chaîne, rassemblent les représentants des montagnards des deux versants.
Comme ceux de Broto et de Barèges, ils conviennent solennellement "de souffrir que leur bétailh ailhe depaistre réciproquement les uns chez les autres", confirment la paix qu'ils souhaitent voir régner entre eux et jugent souverainement toutes les questions intervenues depuis leur dernière réunion.
Sous l'Ancien Régime, le fédération, c'est-à-dire l'association entre deux vallées situées respectivement sur les versants français et espagnol, représente, après la communauté villageoise et la communauté de vallée, la troisième et ultime entité dans laquelle vit le Pyrénéen.
Dans l'organisation et la destination de ces trois aires de vie, aucune différence fondamentale. La fédération, nous le constaterons, obéit aux mêmes principes libéraux que la communauté et la vallée : délégation par vote, délibérations, justice directe et immédiate.
Elle répond aux mêmes besoins fondamentaux d'un peuple pasteur : assurer la survie économique du groupe par la mise en commun de certains biens indispensables.
Son originalité par rapport aux autres cadres tient essentiellement à son caractère international.
A cet égard, la fédération constitue un véritable défi aux structures politiques de l'époque.
En plein XVII ème encore, le Pyrénéen ignore ou feint d'ignorer la politique des gouvernements de Paris et de Madrid .
Il refuse leurs lois lorsqu'elles sont contraires à ses coutumes.
Il ne fait pas siennes leurs intrigues et leurs guerres.
Il rejette totalement leurs frontières.
En réalité, profitant du caractère excentrique et difficilement pénétrable de la chaîne, il a choisi de vivre en marge des deux Etats et tenté de bâtir son propre royaume.
Mais, dira-t-on aujourd'hui, la géographie et l'histoire ne rangeaient-elles pas d'emblée un tel projet au rayon des chimères ?
Rien n'est moins sûr.
La montagne, loin de représenter la barrière physique et humaine qu'elle est devenue de nos jours, formait au contraire un terrain de rencontre naturel entre les pasteurs des deux versants.
Il faut d'autre part, se souvenir que pendant des siècles, comtes et souverains régnèrent sur des Etats qui englobaient les deux versants.
Ce ne fut paradoxalement qu'à partir du moment où l'on déclara "Il n'y a plus de Pyrénées" que celles-ci se dressèrent comme barrière pour séparer des peuples profondément unis jusqu'alors.
En fait, bien avent le fameux traité de 1659, de premières menaces tendirent à rompre la longue habitude de vie commune des Pyrénéens des deux versants, mais n'eurent pour effet final que de resserer leurs liens.
Le traité de Corbeil (1258) qui, pour la première fois, fit des Pyrénées la limite entre les deux royaumes de France et d'Aragon eût pu sonner le glas des relations privilégiées qui unissaient les deux peuples.
Crainte d'autant plus justifiée que la nouvelle frontière politique ne tarda pas à se doubler d'une frontière économique ; à la suite des difficultés financières des monarchies, apparurent alors les premières "traites" ou douanes, à l'entrée et à la sortie des marchandises.
Non sans habileté, les Pyrénéens ripostèrent alors à ces différentes mesures...................
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(je m'aperçois qu'un lien donné sur " l'ours au carnaval " ne fonctionne pas, je le remplace par une video)
mardi 9 février 2016
Mardi-Gras
En Ariège, les coutumes semblent axées sur la quête des oeufs et celle du "Charivari"; c'est beaucoup moins drolatique et quelque fois, tragique.
J'avais déjà pris connaissance de ce fait-divers à mon arrivée dans la région et l'avait inclus dans mon recueil sur la Vie au temps passé dans cette Haute Vallée de l'Hers.
Pour illustrer cet article, j'ai choisi les masques de James Ensor, peintre Belge .
Intrigue. 1890
Il semble que ces coutumes se soient perdues, peut-être très ponctuellement certains villages animent encore cette journée ? mais nous l'avons vu la jeunesse ayant déserté les villages pour trouver du travail en ville, les anciens ne s'amusent plus comme avant.
Lors ce cette quête des oeufs les "mascos" portaient un foulard surmonté d'un chapeau noir et ne parlaient pas, pour ne pas être reconnus.
S'ils courent après les jeunes filles, c'est pour les barbouiller d'azur, mais ils offrent aussi des crêpes.
En 1910 c'est un homme que l'on promène enfermé dans une armoire, pour gagner quelques sous et mettre en dérision les processions des saints.
Le chahut dirigé vers les filles que l'on cherche à embrasser et les costumes où sont accrochés des clochettes rappellent un peu d'autres carnavals.
Mais le plus symptomatique était la "Cour Cornuelle", composée de jeunes gens avec des juges et des avocats. Le groupe des jeunes recherchaient les maris malheureux et les mettaient en comparution, par contumace s'ils étaient absents; le tout accompagné de chansons, de sons de corne et on jurait de dire
"touto la bertat et res que la bertat"
Le jour de Mardi-gras, on exécutait la sentence le condamné était ligoté sur un âne, tourné vers l'arrière-train de l'animal et le parcours dans tout le village s'accompagnait de l'odeur pestilentielle de corne brûlée dans des chaudrons..
L'étonnement du masque Wouse. James Ensor
C'est ainsi qu'un habitant de Lavelanet en visite à Belesta le 6 février 1753, fût
saisi, ligoté mais comme il n'avait pas l'intention de se laisser faire, il s'échappa, prenant refuge dans une maison où il se cacha, ce qui rendit les pousuivants, furieux ; rué de coups on l'allonge sur le corps de l'animal, la tête au niveau de la queue.
Le cortège s'ébroue avec force tintammare, sonnettes, poêles et casseroles , huées et cris et sévères admonestations à l'encontre du condamné dont on arrache les cheveux, qu'on roue de coups et auquel on vole son mouchoir de soie et son argent.
Le consul du village et son acolyte interviennent, le font libérer mais celui-ci exaspéré, tellement mis à mal, s'en prend à ses libérateurs, qui, du coup l'abandonnent à ses agresseurs. Ses misères ne s'arrêtent pas là on le descend de sa monture et on l'oblige à boire du vin de force.
Recueilli par un villageois, ses tortionnaires le sortent du lit où il l'avait allongé et le traînent hors du village en le jetant dans un pré.
Ses exigences pour réparer l'outrage et les coups, ne furent que très modérément entendues par la juridiction seigneuriale de l'époque ................
Carnaval est tantôt brûlé tantôt noyé dans l'Ariège quelque fois même fusillé... à blanc !!
Précurseurs des chars modernes, les charrettes étaient décorées de fleurs ou feuillages.
Carnabal es un brabe home Carnaval est un brave homme
Que fa beure qualques cops Qui fait boire quelques coups
Fa fuma la chemineio Il fait fumer la cheminée
E rujeilha les carbous Et rougir les braises.
Adiu, paure, adiu paure Carnabal Adieu, pauvre, adieu pauvre Carnaval
Tu t'en bas, e jou demori Tu t'en vas et moi je reste
Adiu,paure Carnabal Adieu pauvre carnaval
Nous deicho per heritat Tu nous laisses pour héritage
Los patanos, las gras d'alh, Les pommes de terre, les grains d'ail,
S'en es anat, jou demori Il est parti, moi je reste
Per manja la soupo à l'oli Pour manger la soupe à l'huile .
Je préfère les crêpes !...............
J'avais déjà pris connaissance de ce fait-divers à mon arrivée dans la région et l'avait inclus dans mon recueil sur la Vie au temps passé dans cette Haute Vallée de l'Hers.
Pour illustrer cet article, j'ai choisi les masques de James Ensor, peintre Belge .
Intrigue. 1890
Il semble que ces coutumes se soient perdues, peut-être très ponctuellement certains villages animent encore cette journée ? mais nous l'avons vu la jeunesse ayant déserté les villages pour trouver du travail en ville, les anciens ne s'amusent plus comme avant.
Lors ce cette quête des oeufs les "mascos" portaient un foulard surmonté d'un chapeau noir et ne parlaient pas, pour ne pas être reconnus.
S'ils courent après les jeunes filles, c'est pour les barbouiller d'azur, mais ils offrent aussi des crêpes.
En 1910 c'est un homme que l'on promène enfermé dans une armoire, pour gagner quelques sous et mettre en dérision les processions des saints.
Le chahut dirigé vers les filles que l'on cherche à embrasser et les costumes où sont accrochés des clochettes rappellent un peu d'autres carnavals.
Mais le plus symptomatique était la "Cour Cornuelle", composée de jeunes gens avec des juges et des avocats. Le groupe des jeunes recherchaient les maris malheureux et les mettaient en comparution, par contumace s'ils étaient absents; le tout accompagné de chansons, de sons de corne et on jurait de dire
"touto la bertat et res que la bertat"
Le jour de Mardi-gras, on exécutait la sentence le condamné était ligoté sur un âne, tourné vers l'arrière-train de l'animal et le parcours dans tout le village s'accompagnait de l'odeur pestilentielle de corne brûlée dans des chaudrons..
L'étonnement du masque Wouse. James Ensor
C'est ainsi qu'un habitant de Lavelanet en visite à Belesta le 6 février 1753, fût
saisi, ligoté mais comme il n'avait pas l'intention de se laisser faire, il s'échappa, prenant refuge dans une maison où il se cacha, ce qui rendit les pousuivants, furieux ; rué de coups on l'allonge sur le corps de l'animal, la tête au niveau de la queue.
Le cortège s'ébroue avec force tintammare, sonnettes, poêles et casseroles , huées et cris et sévères admonestations à l'encontre du condamné dont on arrache les cheveux, qu'on roue de coups et auquel on vole son mouchoir de soie et son argent.
Le consul du village et son acolyte interviennent, le font libérer mais celui-ci exaspéré, tellement mis à mal, s'en prend à ses libérateurs, qui, du coup l'abandonnent à ses agresseurs. Ses misères ne s'arrêtent pas là on le descend de sa monture et on l'oblige à boire du vin de force.
Recueilli par un villageois, ses tortionnaires le sortent du lit où il l'avait allongé et le traînent hors du village en le jetant dans un pré.
Ses exigences pour réparer l'outrage et les coups, ne furent que très modérément entendues par la juridiction seigneuriale de l'époque ................
Carnaval est tantôt brûlé tantôt noyé dans l'Ariège quelque fois même fusillé... à blanc !!
Précurseurs des chars modernes, les charrettes étaient décorées de fleurs ou feuillages.
Carnabal es un brabe home Carnaval est un brave homme
Que fa beure qualques cops Qui fait boire quelques coups
Fa fuma la chemineio Il fait fumer la cheminée
E rujeilha les carbous Et rougir les braises.
Adiu, paure, adiu paure Carnabal Adieu, pauvre, adieu pauvre Carnaval
Tu t'en bas, e jou demori Tu t'en vas et moi je reste
Adiu,paure Carnabal Adieu pauvre carnaval
Nous deicho per heritat Tu nous laisses pour héritage
Los patanos, las gras d'alh, Les pommes de terre, les grains d'ail,
S'en es anat, jou demori Il est parti, moi je reste
Per manja la soupo à l'oli Pour manger la soupe à l'huile .
Je préfère les crêpes !...............
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