mercredi 23 décembre 2015

les cèdres de l'Atlas

 Je suis encore là aujourd'hui; évoquer les filles d' Atlas (les Hespérides) m'a renvoyé à un passé pas si lointain où je donnais justement naissance presque au pied de l'Atlas à mon fils cadet pour le solstice d'hiver, précisément.
Il avait pris un peu de retard et il aurait dû prendre place dans la crèche vivante du soir de Noël de cette paroisse de Casablanca.
A trois jours, il n'était pas possible de l'y placer et ses frère et soeurs s'en souviennent peut-être encore.

Alors, ces cèdres de l'Atlas... ils sont depuis, mal en point, paraît-il.

 http://geopolis.francetvinfo.fr/maroc-le-cedre-de-latlas-un-patrimoine-a-la-derive-71115

 IL n'est pas non plus question de vous quitter quelques jours sans vous avoir souhaité un Joyeux Noël.
 Quoi de mieux que quelques fleurs, la dernière éclose, la seule d'ailleurs dans une potée où elles devraient être plusieurs mais où j'identifie plutôt .... du persil.


un peu de musique aussi:
                                               https://www.youtube.com/watch?v=Op5FnHvDkIs


mardi 22 décembre 2015

suite et fin

https://www.youtube.com/watch?v=uiYLNwa3ogE

Petit survol au-dessus du Parc des Hautes Pyrénées ...... en espagnol

                                         Les Pyrénées vues de l'espace

               "Et de la forêt qui se dore à la forêt qui saigne par la naissance et la mort du soleil, pas une bête féroce ne poussa le cri de la faim: loups, hyènes, ours, tigres, lions ayant été sacrifiés à l'ombre de Pyrène..
A l'aube du huitième jour, Hercule pris dans l'étoupe du sommeil, perçut à peine le roulement des chars venus des Hespérides.
Réveillé, il entendit mieux les cahots des roues de bronze et les barrissements des mammouths.
Il courut à leur rencontre.
Les cent premiers chars portaient à leur timon d'ivoire, les cent têtes du dragon, serviteur des trois filles d'Atlas, gardien des pommes d'or, qu'Hercule avait tué pour franchir les murs des jardins fabuleux.
Il dirigea la colonne interminable vers la tombe de Pyréne.
Afin d'honorer la princesse, les chars formèrent des colliers d'or autour du mamelon, espèce d'ilot dans l'océan des feuilles.
Deux jours durant, Hercule, à genoux, invoqua les dieux, puis pour venger Pyrène il lança les pommes de métal.
Les énormes grêlons écrasèrent le roi, le palais, la ville des Bébryces, ravagèrent le royaume tel un cyclone un champ de seigle.
Ce devoir accompli, Hercule sanglota sur la tombe de la femme qu'il avait aimée.
Quelle forteresse, quel granit la préserveraient du linceul de la végétation, de la fiente des oiseaux et du viol de la foudre?
Comme il était perplexe, de petites nymphes à l'image de Pyrène surgirent du sol et dansèrent sur les roses du tertre.
Hercule reconnut le murmure des voix suaves.
Quand il comprit le désir des nymphes, son cri de triomphe fut si fort, que des ondulations sonores, répercutées à l'infini, repoussèrent au loin les eaux bleues de la mer, et les eaux vertes de l'Océan.
Alors il galopa vers le septentrion.
Devant ses pas, la steppe se boursouflait comme si, au-dessous un serpent eût creusé des labyrinthes au modèle des taupes.
A la crête des sillons, parcourus  d'éboulements, apparurent des rochers.
Hercule, un à un, les lança, vers la grande forêt.
Et ainsi, des jours et des jours, des nuits et des nuits.
Les arbres craquaient, couchés par l'avalanche.
Peu à peu, une immense muraille, de l'Est à l'Ouest, domina les deux mers.
Mais les marécages se formèrent à la place des rocs enlevés, et les eaux impures vinrent battre la grande muraille.
Hercule, avant de s'embourber, franchit l'obstacle d'un saut, retomba de l'autre côté.
Ici comme là-bas le même serpent invisible labourait l'écorce terrestre.
Le géant se baissait, prenait, jetait à longues trajectoires.
Fatigué, il arracha moins de rocs, et de loin en loin, à la terre du sud.
Les projectiles, déchirant les hauteurs de l'air, ensevelirent la forêt.
C'était maintenant une interminable falaise grise, uniforme barrant le ciel, quelque chose de morne, sans vie, sans âme, n'ayant d'autre expression que celle d'une mort de la matière.
Hercule, désolé, reconnut soudain la musique plaintive du serpent de Pyrène, et lui adressa cette prière :
- Toi, que je ne vois pas et que j'entends, serpent de feu, aide-moi encore pour donner à mon amante martyre un tombeau digne de sa beauté et de son sort cruel.
Aussitôt, du milieu de la falaise, sortit une nymphe traînant des voiles d'arc en ciel.
C'était l'âme de Pyrène unie à celle du feu.
Et d'un bout de la muraille à l'autre, les roches entrèrent en convulsion.
Elles montèrent en flammes, d'immenses flammes, une profusion de langues de dragons qui touchaient la voûte bleue.
Tout brûlait dans une grandiose blancheur ayant du lys le teint et le parfum.
Hercule cria d'admiration.
- Puisque tu es satisfait !... murmura le serpent.
Alors, tout s'arrêta, les flammes blanches, en plein envol se figèrent d'un bloc.
Et la grande muraille longue de 430 kilomètres, préfigura celle de nos jours, l'hiver, hérissée de pics coiffés de neige.

Ce sont les Pyrénées : le tombeau de Pyrène.

En outre, à cause de la grêle des pommes fabuleuses, écrasant le royaume des Bébryces, les torrents pyrénéens charrient  depuis des pailles d'or."

http://www.pyrenees-pireneus.com/Tourisme/orpaillage/Or-des-Pyrenees.html

http://www.ariegenews.com/news-1680.html

Je vous laisse rêver ou vous donner envie de venir parcourir nos montagnes.
Ce sont dans les lumières dorées de Noël que je vais me fondre dans les jours prochains.
                                                  A très bientôt

dimanche 20 décembre 2015

suite de la légende

  
                    "A l'aube, et à mi-distance des mers réunies par la masse d'Hercule, la bête s'arrêta.
D'une hauteur ils dominaient le moutonnement des feuillages ; et, là-bas, au levant, là-bas à l'occident, les eaux plates sertissaient les bois d'une frange d'écume et se perdaient dans les confins par le mariage du ciel et de la terre.
Sur la pointe de sa queue, le serpent se mit en giration.
La spire de feu monta jusqu'au Zénith. Cette espèce d'entonnoir spiroïdal tournait à une vitesse folle, couleur de soleil, diffusait des ondes musiciennes, douces et plaintives, comme celle d'une harpe éolienne touchée par le souffle d'un soupir amoureux.
La queue du serpent perçait le mamelon.
A mesure qu'elle s'enfonçait, les feuilles, croyant à l'automne, se détachaient des arbres.
Un maelström à gueule de four, creusait les terres et les roches.
Le cône tourbillonant vitrifiait ses parois.
Lorsque la tête du reptile fut à niveau du sol, ses anneaux dépliés fusèrent vers le ciel, puis disparurent verticalement, au centre de l'abîme.
Au bord du gouffre, maintenent refroidi, Hercule perçut les premières et les dernières paroles de son guide.
- Je vais dit-il, goûter le bon sommeil au fond du lac en fusion qui dort au sein de la terre, car le feu est l'âme des choses et des mondes.
Aussitôt le colossal cratère se combla de sables et de rocailles.
Un simple trou, tapissé de mousses et de roses indiquait sa place.
Hercule comprit : c'était la tombe de Pyrène.
Il l'y déposa.
Des gerbes de fleurs lui firent un linceul.
A la nuit, la lune inonda l'océan noir de la forêt de vagues bleuissantes.
Hercule pleurait.
Sa peine adoucie montait à l'adresse des dieux.
Soudain, le rugissement d'un fauve secoua les rayons de la lune.
Ainsi le vent des hauteurs gonfle et déploie au bord d'un nuage lointain, les rideaux de la pluie.
Alors Hercule, une rage aux dents, saisit sa massue de fer, et, fou, grand, énorme, le torse nu sous la peau du lion de Némée, partit en chasse.
De la mer bleue à la mer verte, les cranes des bêtes féroces éclataient sous les coups de massue.
Le blond colosse allait, couvert de sang, reprenant sans arrêt le même geste de vengeur.
Une averse rouge, partie du sol, jaillissait jusqu'aux cimes des arbres.
Des lambeaux de toisons, où luisaient des cassures d'os, flottaient parmi les branches.
Six fois la lune se leva sur ce carnage.
La septième apparition de l'astre nocturne enveloppa de sommeil la fatigue du fils de Jupiter."............................................................................................


Vous n'en avez pas fini avec le fantastique de ce récit, nous nous acheminons doucement vers l'apothéose ;  vous ne regarderez plus les Pyrénées sans avoir une pensée pour Pyrène.
 à suivre donc, pour le dernier acte.



suite de la légende de Pyrène

Nous entrons maintenant dans le tragique et le merveilleux de l'histoire d'Hercule et de Pyrène.
Une rapide re-lecture pour me permettre de savoir quelles illustrations je vais pouvoir y joindre et une remarque, la présence du serpent qui, souvenez-vous illustre maintes légendes du livre de Samivel.
 J'avais exactement la représentation sur un chapiteau roman   de cet épisode mais je ne la retrouve pour l'instant pas,  St Lizier  ? ? peut-être.....

mais, non, mes bons amis !! aux Augustins, je savais que je l'avais vue récemment.
         "Un soir, les olifants d'ivoire et les trompes d'airain annoncèrent dans tout le royaume la venue du maître de la  mer, futur époux de la princesse des Bébryces.
Pyrène ne put cacher son trouble et s'évanouit.
Lorsqu'elle revint à elle, sa vieille nourrice, tout en pleurs, lui dit qu'une savante matrone avait touché de son oreille le ventre de la princesse et que le roi, instruit de cette indiscrétion et de son résultat, avait cassé de fureur sa couronne d'or sur les marches du trône.
Au même instant des cliquetis d'armes s'entendirent à la porte de la chambre.
D'ordre de votre père, d'affreuses sentinelles nous emprisonnent, dit la nourrice, mais si ma fille de lait choisit de s'enfuir du cotê d'Hercule, je saurais la conduire au-delà des murailles par un dédale souterrain.
- Partons, cria Pyrène.
Au huitième jour de leur fuite, la nourrice mourut d'épuisement.
Pyrène marchait seule dans la forêt profonde. Ses pieds saignaient à l'image de la rose jetée sous les pas du cheval par le beau cavalier, celui qui devait conquérir les pommes d'or des Hespérides.
Initialement nommée "Le Jardin des Hespérides" toile de Botticelli aux Uffizi
mais qui, ne revenant pas avait réduit la jeune fille à cette course errante à travers les bois, au milieu de ce vert crépuscule, où luisaient des yeux féroces et où le rugissement du lion faisait grelotter l'écorce des arbres.
Une peur soudaine la saisit.
Un froid glacial bloqua son coeur.
Allait-elle mourir, là, sur cette mousse, dans cette clairière, où le petit isard, sauvé des serres de l'aigle, s'était échappé de ses bras pour monter dans le ciel, sous la forme d'une nymphe du feu qui ressemblait à Pyrène comme une goutte d'eau ressemble à l'autre goutte ?
Elle eut la force de crier.
Ses appels élargirent leur désespoir plus loin que les forêts.
- Hercule ! Hercule ! Or là-bas, le bruit d'une colonne de chars, le barrissement des mammouths, qui traînaient les pommes d'or rencontrèrent les appels de Pyrène, et Hercule entendit.
Trop tard.
Bien que la gigantesque monture du jeune dieu traçat un rayon rectiligne dans les bois, qu'au choc du poitrail tous les arbres tombassent, il était trop rard.
Les fauves déchiraient le corps de Pyrène.
Le visage de la morte resplendissait.
Une lumière intérieure divinisait la bouche prête au baiser d'amour, et l'on eût dit que le chant du bonheur y venait de fleurir.
Hercule pleurait.
Une bourrasque de douleur sortait de sa gorge.
Ses sanglots secouaient les chênes et les cédres.
Des branches volaient en éclats, une grêle invisible déchiquetait les frondaisons.
Soudain, une musique tendre, espèce de lait sonore coula dans la poitrine d'Hercule, les déchirures atroces de son coeur; et des seins de Pyrène sortit un serpent de feu.
Des sons étranges et plaintifs vibraient sur la lyre de sa langue à fourches nombreuses.
A la vue d'Hercule, le serpent déroula ses anneaux de braise, perça d'une dent l'écharpe de la jeune fille et se dirigea vers le sud.
Sur son passage, les arbres changeaient leurs racines de place, s'écartaient, formaient un couloir et pliaient à la façon des herbes.
L'écharpe flottait.
De fois à autre, le reptile musicien se retournait, et son oeil rouge, tel un aimant, guidait les pas du jeune dieu, lequel portait Pyrène dans ses bras.
Et toujours ce chant mélodieux plus attirant que celui des sirènes.
Ils allèrent longtemps......................................................................................

...................................................................................................................

à suivre..

samedi 19 décembre 2015

Conte ou légende?

Je m'interroge, quelle est la frange subtile qui sépare le conte de la légende?
 Qui peut y répondre ?  quand la légende relève du mythe ...
Voici aujourd'hui la partie  la plus dorée de la légende encore que... vous verrez, la chute de l'histoire l'est aussi  !... dorée.
 Et je sais maintenent après être" rentrée" dans ce texte que c'est l'auteur qui a su l'enjoliver, la rendre palpable tel un scénariste.

                                                                    Alors....
  ...........     "Hercule entouré d'admirateurs, habite le palais de Bébryx.
Les chants, la lutte et la chasse amusent la cour royale. Le fils de Zeus, séduit par la beauté de Pyrène, compose un sillage de soupir sur les pas de la jeune fille.
La cruelle accepte les hommages, abandonne des miettes de caresses et se rit des serments.
Un soir, loin de la ville, à travers champs, trop pressée par Hercule, elle le prie de cueillir une sphère blanche, hérissée de dardillons plus fins qu'un duvet.
C'étaient les graines d'une fleur.
Pyrène sourit, montra les horizons, au-delà desquels s'envolaient combien de promesses d'amour, et souffla sur les graines.

                                                                       photo de Frisco                
Elles disparurent emportées par la brise, suspendues à leur panache blanc.
Et, tout de suite après avoir donné la paume de sa main aux baisers d'Hercule, Pyrène souffla sur cette main.
- Les voyez-vous? dit-elle au colosse, ravi par ce gage de bonheur.
- Qui ? quoi ? interrogea Hercule.
- Vos baisers ! Ils partent sans retour, exhala Pyrène, la voix tremblante d'un indicible regret.
Mais les minuscules panaches de la fleur revinrent miraculeusement autour de Pyrène, se muèrent en nymphes souriantes, le front couronné de roses, et dansèrent comme des libellules avec ce bruit de lèvres amoureuses quand naissent les baisers.

Alors, vaincue par la complicité des germes volants qui formaient une ronde d'amour, la fille du roi Bébryx ne se défendit plus.

Elle regagnait le palais au bras d'Hercule, indolente et heureuse, lorsque, loin, là-bas, au-dessus des forêts, un serpent, tombé de l'azur, s'enroula en forme de spire dans l'espace, vrilla la terre, y disparut. Une vapeur de soufre grilla le parfum des herbes.
La jeune princesse effrayée, se blottit contre son amant.

Le roi Bébryx nourrissait parmi tous ses projets celui d'unir sa fille au roi des plaines du levant, là, où une mer bleue creuse des golfes de sable.
De ce dessein, il informa la princesse.
Ce roi très riche, possesseur d'une multitude de galères, ne résisterait pas à la beauté de Pyrène. Celle-ci affolée, confia ses craintes à Hercule.
- Mon père est avare, si tu ne peux lui offrir des trésors plus enviables que ceux du roi de la mer, je suis perdue.
Et, à l'oreille de Jupiter, la jeune princesse murmura que ses flancs frémissaient d'espérance. (comme c'est bien dit)
Hercule sourit d'orgueil,  baisa le front de sa future femme.
- J'apporterai au roi des Bébrices les plus belles richesses du monde, une suite de chars, interminables comme la voie lactée.
- Et dans les chars que mettras-tu, Hercule ?
- Les pommes d'or des Hespérides.
Pyréne toute ensoleillée de bonheur, remercia le ciel et poussa son ami dans la direction des jardins merveilleux.
- Hâtes-toi mon amour, reviens plus vite encore, j'attendrai le jour, j'attendrai la nuit.... nous t'attendrons.
Hercule prit flèches et massue, excita sa gigantesque monture, s'enfonça dans le mystère des forêts.
Et le temps, sur le royaume des Bébrices, égrena le chapelet des lunes et des soleils, cependant que le roi des mers chaudes adressait à Pyrène, perles et diamants, précurseurs de la visite prochaine, au terme de laquelle la fille de Bébryx partagerait la couche royale............................................................
 ...................................................................................à suivre.................................
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.http://www.petitpalais.paris.fr/fr/collections/cratere-en-calice-heracles-au-jardin-des-hesperides




jeudi 17 décembre 2015

Solstice d'hiver

Ce n'est pas moi qui vous en parle; ci-joint une tranche de "nature".

http://www.arte.tv/guide/fr/047817-017/au-gre-des-saisons-hiver
 (40 mn).
Ce sera pour nous un Noël sans neige, au balcon et suivant la coutume ce sera Pâques aux tisons.
Rémy Cabanac va pouvoir observer ses constellations, en toute quiétude.

Je vais devoir passer sur les pages où les dieux observent l'évolution de l'homme tout en y participant .
Je ne sais si ces pages font partie de la légende de Pyrène ou bien si  Louis-Henry y développe son imaginaire poétique; toujours est-il que je raccorde ce récit au moment où:

 Je crois qu'il est temps d'envoyer Hercule sur la terre, dit Jupiter, à la déesse Junon.
De grands travaux l'y attendent.
Allez mon fils.
N'oubliez pas que les hommes ont besoin de glaives et d'amour, de bien et de mal, de haine et d'espérance, comme les mers de flux et de reflux.

(oh !! tellement  !  comme me disait une fratrie de Couserannais )
................................................................................................................................
.............................................................. Sous une voute de platanes, Bébryx et Pyrène rencontrèrent  une monture énorme conduite par un géant, blond, mince de taille, les épaules larges comme deux armures.Il portait un arc, un carquois, une massue en bandoulière et une rose aux dents.
Il salua, sans les connaître, le roi et la princesse; et devant le cheval de Pyrène, il lança la rose.
Ecrasée par les sabots, la fleur laissa sur la mousse une trainée de sang.
Les trois personnages pâlirent.
Le géant, pris de remords, ramassa les restes de la rose
 Aussitôt, les traces de sang  et les pétales meurtris se volatilisèrent en une flamme d'or à travers la voute feuillue : fugace envol d'une nymphe habillée de feu.
Quel prodige ! s'exclama le jeune cavalier

Puis s'adressant aux deux promeneurs.
- Etrangers, je vous assure de ma cordialité, et mes respects vous font escorte.
Je suis Hercule. De ce pas, je vais de l'autre côté de la mer, châtier Antée, fils de la terre et coupable...
- Hercule ! s'écria Pyrène, le vainqueur du lion de Némée et de l'hydre de Lerne.
- Pyrène, ma fille, moi-même, Bébryx, roi des Bébrices, présenta le roi.

Hercule s'inclinant, sollicita la permission d'accompagner l'heureux père de cette jeune fille que ses yeux de jeune homme qualifiaient d'éblouissante.
En chemin il narra d'autres exploits.
- Je viens de l'île d'Erythye, nourricière des grands boeufs rouges, que je voulais.
Le géant Euryton, au service de Géryon, l'homme à trois têtes et le plus fort du monde, s'opposa à mon dessein.
D'abord, je tuai le gardien des boeufs rouges, ensuite, Géryon, le maître du gardien.
- En sorte que, maintenant, murmura Pyrène, l'homme plus fort du monde, c'est vous.
- Etre le plus fort, Princesse, quelle maigre fortune, bonne pour un amoureux du vent à travrs les arbres et l'écume des flots ! De plus...
Le père de Pyrène coupa l'athlète poétisant.

- Certes, exploits ne passent point fortune, mais les premiers suffisent pour que le roi Bébryx vous accueille à sa cour.
- J'accepte, ô Roi ! et si mon bras vous est utile, cette massue, cet arc...
Il disait, lorsqu'un aigle s'éleva d'une clairière, porteur d'un jeune isard.
- L'aile droite, annonça Hercule, et, belle jeune fille, je vous donnerai le chevreau, peut-être vivant.
 La flèche brisa l'aile du rapace, qui chuta avec sa proie.
Le géant écrasa l'oiseau du talon, ramassa l'isard étourdi.
Des gouttes de sang tachaient son pelage fauve. L'archer l'offrit à Pyrène.
Aussitôt, le gracieux animal fusa vers le ciel changé en nymphe de feu.
Pyrène pâlit, serra son coeur de ses mains folles.
- Quel prodige ! s'exclama Hercule, seriez-vous, Roi et Princesse, de grands magiciens ? "...............................................................................................
                                                                         à suivre
Je suppose que vous savez déjà que cette histoire va mal finir mais patience.
Destel la  développe  avec tant de poésie !!
 Quelques représentations et une étude universitaire pour en savoir plus.

http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/hercule-et-omphale

http://www.louvre.fr/routes/heracles

http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=775

http://www.via-neolatina.fr/mbFiles/documents/historica/symbolae/les-origines-mythiques-des-pyrenees.pdf


mercredi 16 décembre 2015

Histoire et Géographie de la Légende


A défaut de Conte de Noël, je vous propose une légende du Couserans.
Vous verrez comment Hercule, Héraclès, si vous préférez, est responsable de la naissance des Pyrénées.
Au préalable,  quelques lignes de la préface de Louis Henry Destel, pour ce livre édité en 1960 à Niort par le Maître-Imprimeur Nicolas.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/11/25/1497891-saint-girons-son-petit-fils-raconte-louis-henry-destel.html.

    "  L'Homme" né à genoux" se prosterne devant l'idéal qu'il se crée.
La forme de cet idéal ne résiste pas aux millénaires, change toujours, n'est plus qu'une parure mortelle. Le fond reste le même.
La légende, elle, constitue l'enveloppe d'un idéal. Elle est changeante et immuable. Tous les peuples de la terre lui ont consacré des livres; les siècles de la Raison, de la machine, de la télévision, de la bombe atomique, des expéditions sidérales (je rajouterai, du numérique), ne l'ont pas abolie.
Avec la musique, elle partage ce pouvoir d'être le véhicule interchangeable des rêves et des aspirations. Si bien que le génie de chaque race s'est penché sur elle pour s'entendre communier avec les dieux.
La religion et l'histoire ayant des règles strictes, l'âme et le fait ne peuvent les fuir.
A rebours, la légende détient le privilège des évasions où l'âme et le fait caracolent dans le pays du fabuleux.
La légende n'eut jamais de limites. L'homme, en la rêvant, reconstruit le monde, modelait, avec la glaise des prodiges, les héros, les géants, les fées, les démons, les bêtes horrifiques, nécessaires à son désir du merveilleux.
Mais l'essor de l'homme dans le prisme de l'irréel ne lui fit pas oublier le côté dynamique de la légende.
Il sut la plier à des fins de morale et de conquête. Elle servit d'exemple, de moteur, magnifia le courage, l'adresse, la ruse, l'esprit. Elle remuait les foules, déployait, dans l'or et le sang, des drapeaux si prodigieux que les Terres promises ne vivaient qu'à leur ombre.
Quand l'histoire manquait de panache pour accueillir un fait digne de survivre avec éclat, l'homme l'arrachait à la plume servante de la Vérité.
Il le lançait à plein galop dans le ciel de la légende où chacun le voyait, mieux que les Mages, leur étoile .
Exaltatrice, la légende haussait les faibles à la taille des forts, musclait les vouloirs débiles, d'un troupeau vagissant faisait des croisés. Elle glanait dans les cabanes, les masures et les châteaux, pénétrait dans tous les domaines, soumettait à sa loi de douceur ou de violence les êtres et les choses.
Les joies de ses paradis étaient plus suaves que celles des religions : les supplices de ses enfers, autrement redoutables.
Contés par elle, les péchés prenaient des teintes plus noires, et les actions louables des apparences séraphiques.
Par son ordre, les dieux se mélaient aux mortels, punissaient les vainqueurs et les rois, soutenaient les humbles et les grabataires. Meme la vierge des chrétiens savait abandonner son voile bleu pour essuyer les pleurs des misérables.
Au vrai, n'est-ce-point la légende, épaulée par le mythe, qui inventa l'Olympe et le peupla de dieux ?..."..............................................................................................
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                                                      Hercule
                                             père des Pyrénées

                 "Les dieux de l'Olympe connaissaient la rouille de l'ennui. Elle les enrobait de lourdeur et plus rien n'amusait leurs loisirs.
Ils étaient las de leur vide. Seule pouvait s'y contempler l'écharpe d'un lait maternel : celui de Junon.
Pour donner aux hommes d'en bas un peu de lumière, les dieux s'efforçaient à un travail obscur. Ils produisaient une foudre silencieuse qui diffusait une lueur blafarde. Molle était la lumière. Sa soeur, l'ombre, s'ignorait. Les rayons en charpie divaguaient sur la terre ; les hommes y rampaient : larves couleur de suif. Leurs muscles tremblaient comme des gélatines, et l'effort de brouter la steppe faisait monter à leur joue un sang décoloré.
Point de bêtes familières, point d'oiseau ni de jungle. Aucun arbre.
Point de nuages, d'orages et de pluis.
Les gouttes d'eau ne tombaient pas ; elles sortaient de l'invisible, flottaient par intervalles, ressemblaient au fantôme de la lumière, naissaient  nulle part, n'avaient point de direction"...........................................................................
                                                                                à suivre
(Cette desciption des temps obscurs jusqu'au moment magique  où tout se  transforme et se crée, m'attriste, vivement le lever du soleil !!!



légendes des photos: Roses de Noêl décembre 2015
                                  sortie Chioula février 2015
                                 lever de soleil sur la Cité de l'Espace décembre 2015