lundi 23 novembre 2015
"Ceci n'est pas un portrait"
Mais, non, ce ne sont que des portraits, mais l'intention des commissaires de cette exposition est de nous montrer au travers des figures peintes plus que des portraits, des situations, des sentiments, des postures, d'ailleurs ils vous l'expliquent très bien.
http://www.augustins.org/-/ceci-n-est-pas-un-portrait-presse
https://enfilade18thc.files.wordpress.com/2015/10/cp_figures_fantaisie.pdf
Ce soir, je ne fais que vous faire entrer au musée, le cadre merveilleux des Augustins où je ne manque jamais d'aller saluer cette ravissante et très connue vierge à l'enfant.
sur des calcaires malheureusement décapités, un dragon.
un autre, celui que St Michel terrasse
puis un "miraculeux" rayon de soleil qui
vient éclairer le visage de cette Marie-Madeleine ( XV ème)
J'ai bien "touné autour" de ce gracieux Mercure ( copie très réussie du XVI ème
d'un Jean de Bologne)
qui s'élance vers les voutes des Augustins
Demain, quelques "figures" choisies , je l'avoue, quelque fois pour la notoriété du peintre;
mais on ne résiste pas à un Murillo, un Fragonard ou un Tiepolo.
jeudi 19 novembre 2015
Le Tatzelwurm
Mes enfants adorent que je leur raconte des événements survenus dans mon existence, alors, avant d'aborder ce chapitre du "Tatzelwurm ":
une petite anecdote qui ne date pas d'hier, mais dont je me souviens comme si c'était d'hier !!..
C'était un temps où j'étais provençale, où l'autoroute n'existait pas encore et où relier Marseille ou Aix-en-Provence à Toulouse prenait beaucoup de temps, surtout en Land-Rover, il fallait donc prévoir une petite halte pour les "nécessités".
C'était à peu près à la hauteur des grandes sculptures qui dominent maintenant l'autoroute, "les chevaliers cathares" après Narbonne; je m'enfonce dans la garrigue et au moment du rhabillage arrive un énorme lézard, ( les 50 à 60 cm il les faisait bien) presque aussi gros qu'un petit crocodile, un peu vert, si je me souviens bien, moins courageuse que maintenant, j'ai pris mes jambes à mon cou, et je cours encore !!!
Je vous assure que ce n'est pas une histoire "marseillaise"
"En 1789, un nommé Dorfeuille publie, à Saint-Maixent, une brochure concluant à l'existence réelle des Dragons, mais il pense que l'espèce a été détruite.
En 1820, Eugène Salverte consacre un savant ouvrage aux "dragons et serpents monstrueux qui figurent dans un grand nombre de récits fabuleux ou historiques".
Car aussi étonnant qu'il y paraisse, les chroniques draconiennes ne s'arrêtent pas au XVIII ème siècle. Depuis cette époque, des rumeurs n'ont jamais cessé de faire état d'un petit monstre inconnu, très rare, très véloce, agressif, qui survivrait dans des zones isolées, rocailleuses, désertiques des Alpes, et particulièrement dans les Tyroliennes.
A vrai dire, les dimensions de la bête n'auraient aucun rapport avec celles que lui prête la légende, mais, quand à son existence, B. Heuvelmans estime qu'il est difficile de la mettre en doute, attendu qu'à" une enquête menée dans les années 30, par des journaux locaux et des magazines scientifiques, a permis de rassembler une soixantaines de témoignages.
Tous s'accordent pour dire que l'animal mesure entre 60 et 90 cms, qu'il est dans l'esemble de forme cylindrique, la partie postérieure de son corps se terminant assez brusquement.
Sa teinte est brunâtre sur le dos et plus claire sur le ventre.
Il a la queue courte et ramassée, son cou n'est pas marqué par un étranglement, sa tête est épaisse et garnie de gros yeux globuleux. Ses pattes sont si grêles et si petites que d'aucuns sont allés jusqu'à prétendre qu'il n'a pas de membres postérieurs.
On lui prête aussi des écailles, mais cela n'est pas toujours confirmé. En tout cas il siffle comme un serpent.
En 1908 un chasseur professionnel rencontra la bête en Haute-Styrie vers 1500 mètres d'altitude.
" Elle avait l'air d'un ver monstueux de 50 cm de long et de 8 cm d'épaisseur, mais qui aurait quatre pattes minuscules.
Connaissant la réputation du reptile, le chasseur dégaina son couteau avant de s'en approcher.
Dès qu'il fut assez près, l'animal lui sauta au visage. L'homme lui porta quelques violents coups de couteau, mais la lame pénétrait avec peine la peau coriace"
Finalement la "Chose" disparut dans un trou .
En avril 1929, un instituteur autrichien, non loin de la grotte du Tempelmauer, aperçut tout à coup
"un animal serpentiforme étendu sur l'humus pourrissant.
Sa peau était presque blanche, non couverte d'écailles mais lisse.
Sa tête était aplatie et l'on voyait deux pattes très courtes à la partie antérieure du corps.
Il ne faisait pas un mouvement mais ne cessait de me fixer dans les yeux remarquablements grands; sa longueur n'excédait pas 40 à 45 cm de long"
Cet être, apparemment cavernicole, s'éclipsa peu après dans un pertuis.
Bref le Tatzelwurm, dénommé aussi suivant les vallées ; Beiss, Bisam, Schneckender, Daazl, Praatzel, Stoll, Wurm (reptile en vieil allemand) etc, paraît exister réellement.
S'agit-il d'un ophisaure (sorte d'orvet géant) d'un seps ou d'une espèce d'héloderme encore inconnu en Europe ?
La question reste pendante, comme celle de savoir si le Tatzelwurm a jamais pu être confondu avec un dragon.
Car il y a vraiment de la différence."
Grandes et inestimables Chroniques des Dragons
"Nous en arrivons à présent au représentant le plus redoutable et assurément le plus pittoresque de la faune fantastique des montagnes : le Dragon, avec majuscule obligatoire.
"Pas de montanes sans dragons" assurait
J. Grand-Carteret qui songeait surtout en l'occurence à celles de la Suisse.
J. Grand-Carteret qui songeait surtout en l'occurence à celles de la Suisse.
Mais l'observation est valable en beaucoup d'autres points de la planète puisqu'on relève la piste du monstre aussi bien dans les chaînes chinoises ou japonaises que dans l'Himalaya, les Rocheuses, le Caucase, les montagnes de Perse ou d'Indonésie, ou d'Australie, ou de Patagonie, les Pyrénées etc.
Tandis que chronologiquement, l'une des premières allusions date du Paléolithique supérieur, avec le grand reptile ailé de la Baume latrone; et les plus récentes, du XX ème siècle, avec les histoires de 'tatzelwurm"
(renvoi à l'Annexe VI que je n'omettrai pas d'adjoindre un peu plus tard).
Qu'est-ce au juste qu'un dragon?
Un serpent qui a justement cessé de serpenter, étant désormais muni de pattes, ou d'ailes, ou des deux; ou bien encore de nageoires s'il est aquatique.
(Ces morphologies fabuleuses font immédiatement penser aux reptiles de l'Ere secondaire dont la présence ne coïncide pas, en principe, avec celle de l'Homo sapiens.
Toutefois l'opinion de certains scientifiques modernes est beaucoup plus nuancée qu'à la fin du XIX ème siècle.
Ils estiment non seulement qu'une telle rencontre n'est pas une impossibilité biologique, mais encore que certains représentants de cette faune hallucinante pourraient avoir vécu jusqu'à notre ère.
Il en résulte que la légende des dragons a pu elle aussi se fonder sur des apparitions réelles; ce qui n'exlut pas l'existence des sources purement mythiques.)
L'adjonction d'éléments permettant au corps reptilien de s'arracher à l'étreinte de la pesanteur, de ne plus"marcher sur son ventre" modifie singulièrement la nature de l'animal fabuleux.
Il s'agit désormais d'une forme composite qui additionne parfois les valeurs du reptile, du mammifère (taureau, lion) et de l'oiseau.
Il est cuirassé et crache le feu.
Si le serpent est d'abord "celui d'en-bas" le dragon, lui, se présente non moins essentiellement comme une incarnation dynamique, un symbole d'énergie, quel qu'en soit par ailleurs le sens, positif ou négatif, maléfique ou bénéficient.
Il est vrai qu'en Occident la qualification, à cause du revêtement satanique, est péjorative.
mercredi 18 novembre 2015
Les Sataniques
mais à qui fais-je allusion ?, aux Ecailleux, pensez-vous?
J'avais l'intention de passer quelques instants avec vous ce matin mais actualités nationales et climatiques ont retardé ce projet.
J'espère au terme du week-end vous ramener quelques heureux reportages.
C'est donc mon thé que je déguste en votre compagnie, et c'est dans les Alpes que nous allons suivre quelques "écailleux" qui ont fait la une des siècles passés.
" Il y a dans les Alpes et ailleurs beaucoup de traditions qui parlent de régions, de vallées : jadis infestées par les serpents: le Valais suisse par exemple, et "jusqu'à l'épouvante".
Nous devons l'éloignement de ce fléau, évoquant hier encore les monstres et les plaies des premiers jours du monde, au pieux et savant personnage apparu dans les commencements de notre histoire, qu'on nommait l'Etudiant voyageur.
Des désinfections analogues, à l'aide d'une flûte, ou d'un "livre magique", sont contées à Saas et dans le Fiescherthal.
On précise que les reines des serpents sont toutes blanches.
Ces récits orphiques où l'on voit un sorcier joueur de flûte capable de manier les animaux ou les gens, viennent de loin, mais n'ont aucun caractère rustique.
Ils ne sont pas dans la tradition chrétienne et locale qui confère aux seuls saints le pouvoir de chasser les serpents pour la raison majeure que ceux-ci primitivement furent plus ou moins vomis lar l'enfer. Il est d'ailleurs difficile de distinguer la version réaliste de la pure métaphore car les païens obstinés devenaient des serpents aux yeux des apôtres de la vraie foi.
C'est ainsi qu'après que la Tarentaise eut été occupée par les Sarrasins, saint Colomban monta prêcher ses brebis égarées dans la montagne, et la plupart se sauvèrent à son approche.
Celles qu'il put rattraper furent changées par lui en serpents.
Note E Canziani 26 p 56.
Cet évènement serait à l'origine de la tresse serpentine en demi-cercle portée par les femmes du pays.
Mais en général, et fort heureusement, l'intervention des évangélisateurs a des résultats inverses.
En basse Maurienne, un ermite entraîne lui aussi tous les serpents de la région dans un antre.
La chapelle de Notre-Dame de Briançon aurait été élevée en souvenir de ce miracle, étant entendu que Notre-Dame est la dompteuse numéro Un.
"Celui d'en-bas", qu'elle foule aux pieds dans toute l'iconographie.
J'avais l'intention de passer quelques instants avec vous ce matin mais actualités nationales et climatiques ont retardé ce projet.
J'espère au terme du week-end vous ramener quelques heureux reportages.
C'est donc mon thé que je déguste en votre compagnie, et c'est dans les Alpes que nous allons suivre quelques "écailleux" qui ont fait la une des siècles passés.
" Il y a dans les Alpes et ailleurs beaucoup de traditions qui parlent de régions, de vallées : jadis infestées par les serpents: le Valais suisse par exemple, et "jusqu'à l'épouvante".
Nous devons l'éloignement de ce fléau, évoquant hier encore les monstres et les plaies des premiers jours du monde, au pieux et savant personnage apparu dans les commencements de notre histoire, qu'on nommait l'Etudiant voyageur.
" Un jour en effet, que les habitants de Zermatt, dit-on, encore ignorants de la musique, écoutaient l'un d'entre eux jouer merveilleusement de la flûte, combien furent-ils stupéfaits de voir tous les serpents du voisinage sortir ensemble de leurs trous et suivre impétueusement le charmeur.
Etonné lui-aussi, notre nouvel Orphée a l'idée là-dessus de s'élever lentement vers la montagne, jouant toujours; les reptiles resserrent les rangs, comme enchantés, et l'accompagnent, paraissant ne pouvoir se rassasier de son chant.
Il n'y en eut qu'un : la Reine des serpents, venue de Gorner, reconnaissable à la couronne et à ses beaux colliers d'or, qu'il crut devoir mettre en laisse.
De sorte qu'à un endroit plus abrupt de la pente, il n'eut aussi qu'à la diriger vers l'entrée d'un grand trou, à l'y faire glisser avec les groupes qui la suivaient, et puis à recouvrir pour jamais la troupe sifflante d'une grosse pierre.
Le trou qui se voit encore aujourd'hui porte le nom de Combe-au-Serpent"
Des désinfections analogues, à l'aide d'une flûte, ou d'un "livre magique", sont contées à Saas et dans le Fiescherthal.
On précise que les reines des serpents sont toutes blanches.
Ces récits orphiques où l'on voit un sorcier joueur de flûte capable de manier les animaux ou les gens, viennent de loin, mais n'ont aucun caractère rustique.
Ils ne sont pas dans la tradition chrétienne et locale qui confère aux seuls saints le pouvoir de chasser les serpents pour la raison majeure que ceux-ci primitivement furent plus ou moins vomis lar l'enfer. Il est d'ailleurs difficile de distinguer la version réaliste de la pure métaphore car les païens obstinés devenaient des serpents aux yeux des apôtres de la vraie foi.
C'est ainsi qu'après que la Tarentaise eut été occupée par les Sarrasins, saint Colomban monta prêcher ses brebis égarées dans la montagne, et la plupart se sauvèrent à son approche.
Celles qu'il put rattraper furent changées par lui en serpents.
Note E Canziani 26 p 56.
Cet évènement serait à l'origine de la tresse serpentine en demi-cercle portée par les femmes du pays.
Mais en général, et fort heureusement, l'intervention des évangélisateurs a des résultats inverses.
En basse Maurienne, un ermite entraîne lui aussi tous les serpents de la région dans un antre.
La chapelle de Notre-Dame de Briançon aurait été élevée en souvenir de ce miracle, étant entendu que Notre-Dame est la dompteuse numéro Un.
"Celui d'en-bas", qu'elle foule aux pieds dans toute l'iconographie.
- En Valtourmanche, le fameux saint Théodule, premier évêque de Sion entra dans un chalet où un enfant venait d'être mordu par une vipère.
Il commença par le guérir, puis élevant la main, il bénit ce coin de terre, et ordonna aus serpents et autres bêtes venimeuses de s'enfuir sur la rive opposée du torrent.
Alors un grand sifflement passa dans l'air, et l'on vit des serpents, des scorpions, des crapauds et des salamandres qui émigraient sur l'autre rive; et plusieurs se noyaient en passant l'eau.
Depuis ce jour, tout le versant de la montagne où se trouve Breuil est pur et délivré de ces sortes d'animaux nuisibles"
https://www.youtube.com/watch?v=wAzfJDydZ9s
mardi 17 novembre 2015
A la France
Ode à la France. André Chénier
France ! ô belle contrée, ô terre généreuse
Que les dieux complaisants formaient pour être heureuse,
Tu ne sens point du Nord les glaçantes horreurs ;
Le Midi de ses feux t'épargne les fureurs ;
Tes arbres innocents n'ont point d'ombres mortelles ;
Ni des poisons épars dans tes herbes nouvelles
Ne trompent une main crédule ; ni tes bois
Des tigres frémissants ne redoutent la voix ;
Ni les vastes serpents ne traînent sur tes plantes
En longs cercles hideux leurs écailles sonnantes.
Les chênes, les sapins et les ormes épais
En utiles rameaux ombragent tes sommets ;
Et de Beaune et d'Aï les rives fortunées,
Et la riche Aquitaine, et les hauts Pyrénées,
Sous leurs bruyants pressoirs font couler en ruisseaux
Des vins délicieux mûris sur leurs coteaux.
La Provence odorante, et de Zéphyre aimée,
Respire sur les mers une haleine embaumée,
Au bord des flots couvrant, délicieux trésor,
L'orange et le citron de leur tunique d'or ;
Et plus loin, au penchant des collines pierreuses,
Forme la grasse olive aux liqueurs savoureuses,
Et ces réseaux légers, diaphanes habits,
Où la fraîche grenade enferme ses rubis.
Sur tes rochers touffus la chèvre se hérisse,
Tes prés enflent de lait la féconde génisse,
Et tu vois tes brebis, sur le jeune gazon,
Épaissir le tissu de leur blanche toison.
Dans les fertiles champs voisins de la Touraine,
Dans ceux où l'Océan boit l'urne de la Seine,
S'élèvent pour le frein des coursiers belliqueux.
Ajoutez cet amas de fleuves tortueux :
L'indomptable Garonne aux vagues insensées,
Le Rhône impétueux, fils des Alpes glacées,
La Seine au flot royal, la Loire dans son sein
Incertaine, et la Saône, et mille autres enfin
Qui nourrissent partout, sur tes nobles rivages,
Fleurs, moissons et vergers, et bois et pâturages,
Rampent aux pieds des murs d'opulentes cités,
Sous les arches de pierre à grand bruit emportés.
Dirai-je ces travaux, source de l'abondance,
Ces ports, où des deux mers l'active bienfaisance
Amène les tributs du rivage lointain
Que visite Phoebus le soir ou le matin ?
Dirai-je ces canaux, ces montagnes percées,
De bassins en bassins ces ondes amassées
Pour joindre au pied des monts l'une et l'autre Téthys ?
Et ces vastes chemins en tous lieux départis,
Où l'étranger, à l'aise achevant son voyage,
Pense au nom des Trudaine et bénit leur ouvrage ?
Ton peuple industrieux est né pour les combats.
Le glaive, le mousquet n'accablent point ses bras.
Il s'élance aux assauts, et son fer intrépide
Chassa l'impie Anglais, usurpateur avide.
Le ciel les fit humains, hospitaliers et bons,
Amis des doux plaisirs, des festins, des chansons ;
Mais, faibles opprimés, la tristesse inquiète
Glace ces chants joyeux sur leur bouche muette,
Pour les jeux, pour la danse appesantit leurs pas,
Renverse devant eux les tables des repas,
Flétrit de longs soucis, empreinte douloureuse,
Et leur front et leur âme. Ô France ! trop heureuse,
Si tu voyais tes biens, si tu profitais mieux
Des dons que tu reçus de la bonté des cieux !
Vois le superbe Anglais, l'Anglais dont le courage
Ne s'est soumis qu'aux lois d'un sénat libre et sage,
Qui t'épie, et, dans l'Inde éclipsant ta splendeur,
Sur tes fautes sans nombre élève sa grandeur.
Il triomphe, il t'insulte. Oh ! combien tes collines
Tressailliraient de voir réparer tes ruines,
Et pour la liberté donneraient sans regrets,
Et leur vin, et leur huile, et leurs belles forêts !
J'ai vu dans tes hameaux la plaintive misère,
La mendicité blême et la douleur amère.
Je t'ai vu dans tes biens, indigent laboureur,
D'un fisc avare et dur maudissant la rigueur,
Versant aux pieds des grands des larmes inutiles,
Tout trempé de sueurs pour toi-même infertiles,
Découragé de vivre, et plein d'un juste effroi
De mettre au jour des fils malheureux comme toi.
Tu vois sous les soldats les villes gémissantes ;
Corvée, impôts rongeurs, tributs, taxes pesantes,
Le sel, fils de la terre, ou même l'eau des mers,
Sources d'oppression et de fléaux divers ;
Vingt brigands, revêtus du nom sacré de prince,
S'unir à déchirer une triste province,
Et courir à l'envi, de son sang altérés,
Se partager entre eux ses membres déchirés.
Ô sainte Égalité ! dissipe nos ténèbres,
Renverse les verrous, les bastilles funèbres.
Le riche indifférent, dans un char promené,
De ces gouffres secrets partout environné,
Rit avec les bourreaux, s'il n'est bourreau lui-même ;
Près de ces noirs réduits de la misère extrême,
D'une maîtresse impure achète les transports,
Chante sur des tombeaux, et boit parmi des morts.
Malesherbes, Turgot, ô vous en qui la France
Vit luire, hélas ! en vain sa dernière espérance,
Ministres dont le coeur a connu la pitié,
Ministres dont le nom ne s'est point oublié ;
Ah ! si de telles mains, justement souveraines,
Toujours de cet empire avaient tenu les rênes,
L'équité clairvoyante aurait régné sur nous ;
Le faible aurait osé respirer près de vous ;
L'oppresseur, évitant d'armer d'injustes plaintes,
Sinon quelque pudeur aurait eu quelques craintes ;
Le délateur impie, opprimé par la faim,
Serait mort dans l'opprobre, et tant d'hommes enfin,
A l'insu de nos lois, à l'insu du vulgaire,
Foudroyés sous les coups d'un pouvoir arbitraire,
De cris non entendus, de funèbres sanglots,
Ne feraient point gémir les voûtes des cachots.
Non, je ne veux plus vivre en ce séjour servile ;
J'irai, j'irai bien loin me chercher un asile,
Un asile à ma vie en son paisible cours,
Une tombe à ma cendre à la fin de mes jours,
Où d'un grand au coeur dur l'opulence homicide
Du sang d'un peuple entier ne sera point avide,
Et ne me dira point, avec un rire affreux,
Qu'ils se plaignent sans cesse et qu'ils sont trop heureux ;
Où, loin des ravisseurs, la main cultivatrice
Recueillera les dons d'une terre propice ;
Où mon coeur, respirant sous un ciel étranger,
Ne verra plus des maux qu'il ne peut soulager ;
Où mes yeux, éloignés des publiques misères,
Ne verront plus partout les larmes de mes frères,
Et la pâle indigence à la mourante voix,
Et les crimes puissants qui font trembler les lois.
Toi donc, Équité sainte, ô toi, vierge adorée,
De nos tristes climats pour longtemps ignorée,
Daigne du haut des cieux goûter le libre encens
D'une lyre au coeur chaste, aux transports innocents,
Qui ne saura jamais, par des voeux mercenaires,
Flatter à prix d'argent des faveurs arbitraires,
Mais qui rendra toujours, par amour et par choix,
Un noble et pur hommage aux appuis de tes lois.
De voeux pour les humains tous ses chants retentissent ;
La vérité l'enflamme, et ses cordes frémissent
Quand l'air qui l'environne auprès d'elle a porté
Le doux nom des vertus et de la liberté.
Que les dieux complaisants formaient pour être heureuse,
Tu ne sens point du Nord les glaçantes horreurs ;
Le Midi de ses feux t'épargne les fureurs ;
Tes arbres innocents n'ont point d'ombres mortelles ;
Ni des poisons épars dans tes herbes nouvelles
Ne trompent une main crédule ; ni tes bois
Des tigres frémissants ne redoutent la voix ;
Ni les vastes serpents ne traînent sur tes plantes
En longs cercles hideux leurs écailles sonnantes.
Les chênes, les sapins et les ormes épais
En utiles rameaux ombragent tes sommets ;
Et de Beaune et d'Aï les rives fortunées,
Et la riche Aquitaine, et les hauts Pyrénées,
Sous leurs bruyants pressoirs font couler en ruisseaux
Des vins délicieux mûris sur leurs coteaux.
La Provence odorante, et de Zéphyre aimée,
Respire sur les mers une haleine embaumée,
Au bord des flots couvrant, délicieux trésor,
L'orange et le citron de leur tunique d'or ;
Et plus loin, au penchant des collines pierreuses,
Forme la grasse olive aux liqueurs savoureuses,
Et ces réseaux légers, diaphanes habits,
Où la fraîche grenade enferme ses rubis.
Sur tes rochers touffus la chèvre se hérisse,
Tes prés enflent de lait la féconde génisse,
Et tu vois tes brebis, sur le jeune gazon,
Épaissir le tissu de leur blanche toison.
Dans les fertiles champs voisins de la Touraine,
Dans ceux où l'Océan boit l'urne de la Seine,
S'élèvent pour le frein des coursiers belliqueux.
Ajoutez cet amas de fleuves tortueux :
L'indomptable Garonne aux vagues insensées,
Le Rhône impétueux, fils des Alpes glacées,
La Seine au flot royal, la Loire dans son sein
Incertaine, et la Saône, et mille autres enfin
Qui nourrissent partout, sur tes nobles rivages,
Fleurs, moissons et vergers, et bois et pâturages,
Rampent aux pieds des murs d'opulentes cités,
Sous les arches de pierre à grand bruit emportés.
Dirai-je ces travaux, source de l'abondance,
Ces ports, où des deux mers l'active bienfaisance
Amène les tributs du rivage lointain
Que visite Phoebus le soir ou le matin ?
Dirai-je ces canaux, ces montagnes percées,
De bassins en bassins ces ondes amassées
Pour joindre au pied des monts l'une et l'autre Téthys ?
Et ces vastes chemins en tous lieux départis,
Où l'étranger, à l'aise achevant son voyage,
Pense au nom des Trudaine et bénit leur ouvrage ?
Ton peuple industrieux est né pour les combats.
Le glaive, le mousquet n'accablent point ses bras.
Il s'élance aux assauts, et son fer intrépide
Chassa l'impie Anglais, usurpateur avide.
Le ciel les fit humains, hospitaliers et bons,
Amis des doux plaisirs, des festins, des chansons ;
Mais, faibles opprimés, la tristesse inquiète
Glace ces chants joyeux sur leur bouche muette,
Pour les jeux, pour la danse appesantit leurs pas,
Renverse devant eux les tables des repas,
Flétrit de longs soucis, empreinte douloureuse,
Et leur front et leur âme. Ô France ! trop heureuse,
Si tu voyais tes biens, si tu profitais mieux
Des dons que tu reçus de la bonté des cieux !
Vois le superbe Anglais, l'Anglais dont le courage
Ne s'est soumis qu'aux lois d'un sénat libre et sage,
Qui t'épie, et, dans l'Inde éclipsant ta splendeur,
Sur tes fautes sans nombre élève sa grandeur.
Il triomphe, il t'insulte. Oh ! combien tes collines
Tressailliraient de voir réparer tes ruines,
Et pour la liberté donneraient sans regrets,
Et leur vin, et leur huile, et leurs belles forêts !
J'ai vu dans tes hameaux la plaintive misère,
La mendicité blême et la douleur amère.
Je t'ai vu dans tes biens, indigent laboureur,
D'un fisc avare et dur maudissant la rigueur,
Versant aux pieds des grands des larmes inutiles,
Tout trempé de sueurs pour toi-même infertiles,
Découragé de vivre, et plein d'un juste effroi
De mettre au jour des fils malheureux comme toi.
Tu vois sous les soldats les villes gémissantes ;
Corvée, impôts rongeurs, tributs, taxes pesantes,
Le sel, fils de la terre, ou même l'eau des mers,
Sources d'oppression et de fléaux divers ;
Vingt brigands, revêtus du nom sacré de prince,
S'unir à déchirer une triste province,
Et courir à l'envi, de son sang altérés,
Se partager entre eux ses membres déchirés.
Ô sainte Égalité ! dissipe nos ténèbres,
Renverse les verrous, les bastilles funèbres.
Le riche indifférent, dans un char promené,
De ces gouffres secrets partout environné,
Rit avec les bourreaux, s'il n'est bourreau lui-même ;
Près de ces noirs réduits de la misère extrême,
D'une maîtresse impure achète les transports,
Chante sur des tombeaux, et boit parmi des morts.
Malesherbes, Turgot, ô vous en qui la France
Vit luire, hélas ! en vain sa dernière espérance,
Ministres dont le coeur a connu la pitié,
Ministres dont le nom ne s'est point oublié ;
Ah ! si de telles mains, justement souveraines,
Toujours de cet empire avaient tenu les rênes,
L'équité clairvoyante aurait régné sur nous ;
Le faible aurait osé respirer près de vous ;
L'oppresseur, évitant d'armer d'injustes plaintes,
Sinon quelque pudeur aurait eu quelques craintes ;
Le délateur impie, opprimé par la faim,
Serait mort dans l'opprobre, et tant d'hommes enfin,
A l'insu de nos lois, à l'insu du vulgaire,
Foudroyés sous les coups d'un pouvoir arbitraire,
De cris non entendus, de funèbres sanglots,
Ne feraient point gémir les voûtes des cachots.
Non, je ne veux plus vivre en ce séjour servile ;
J'irai, j'irai bien loin me chercher un asile,
Un asile à ma vie en son paisible cours,
Une tombe à ma cendre à la fin de mes jours,
Où d'un grand au coeur dur l'opulence homicide
Du sang d'un peuple entier ne sera point avide,
Et ne me dira point, avec un rire affreux,
Qu'ils se plaignent sans cesse et qu'ils sont trop heureux ;
Où, loin des ravisseurs, la main cultivatrice
Recueillera les dons d'une terre propice ;
Où mon coeur, respirant sous un ciel étranger,
Ne verra plus des maux qu'il ne peut soulager ;
Où mes yeux, éloignés des publiques misères,
Ne verront plus partout les larmes de mes frères,
Et la pâle indigence à la mourante voix,
Et les crimes puissants qui font trembler les lois.
Toi donc, Équité sainte, ô toi, vierge adorée,
De nos tristes climats pour longtemps ignorée,
Daigne du haut des cieux goûter le libre encens
D'une lyre au coeur chaste, aux transports innocents,
Qui ne saura jamais, par des voeux mercenaires,
Flatter à prix d'argent des faveurs arbitraires,
Mais qui rendra toujours, par amour et par choix,
Un noble et pur hommage aux appuis de tes lois.
De voeux pour les humains tous ses chants retentissent ;
La vérité l'enflamme, et ses cordes frémissent
Quand l'air qui l'environne auprès d'elle a porté
Le doux nom des vertus et de la liberté.
lundi 16 novembre 2015
Au lendemain
Je ne vous dirai pas que je suis en état de "sidération" comme je l'ai entendu à plusieurs reprises sur les ondes, terme qui n'existe pas sur mon vieux Larousse de 1972 mais je dois vous dire que je suis encore "sidérée", et incapable de me pencher sur quelconque lecture.
D'autant plus secouée que j'assistais toute la journée de Samedi à un week-end dédié à l'étude de ce phénomène et j'en suis sortie atterrée par l'ampleur de la menace.
Alors ne comptez pas sur moi pour me lancer dans des discours, je me réfugie dans le silence et la musique.................... mais n'en pense pas moins.
Et la France est encore "en deuil"
Que pourrais-je vous offrir ce matin ? les dernières fleurs du jardin, le ballet des mésanges, des petites choses qui meublent le chagrin, car il est réel.
Et quelque fois c'est la colère qui prend le dessus !
La liberté guidant le peuple
Eugène Delacroix
Musée du Louvre
Et après tout les fleurs !!! une autre fois!
Rouget de l'Isle composant la Marseillaise
Auguste Pinelli
La télévision nous a montré plusieurs fois les capitales de par le monde qui s'étaient colorées en bleu blanc rouge.
Merci !!!
https://www.youtube.com/watch?v=bVj4KrBE26Q
D'autant plus secouée que j'assistais toute la journée de Samedi à un week-end dédié à l'étude de ce phénomène et j'en suis sortie atterrée par l'ampleur de la menace.
Alors ne comptez pas sur moi pour me lancer dans des discours, je me réfugie dans le silence et la musique.................... mais n'en pense pas moins.
Et la France est encore "en deuil"
Que pourrais-je vous offrir ce matin ? les dernières fleurs du jardin, le ballet des mésanges, des petites choses qui meublent le chagrin, car il est réel.
Et quelque fois c'est la colère qui prend le dessus !
La liberté guidant le peuple
Eugène Delacroix
Musée du Louvre
Et après tout les fleurs !!! une autre fois!
Rouget de l'Isle composant la Marseillaise
Auguste Pinelli
La télévision nous a montré plusieurs fois les capitales de par le monde qui s'étaient colorées en bleu blanc rouge.
Merci !!!
https://www.youtube.com/watch?v=bVj4KrBE26Q
samedi 14 novembre 2015
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