Je m'interrogeais pour assurer une transition avec Bosch et trouver une
continuité par logique plutôt que par goût, Pieter Brueghel me parait une
évidence, encore faut-il "rentrer" dans son oeuvre.
dessin à la plume vers 1565 "Le Peintre et le Connaisseur. 25 X 21,6 cm
Pour l'époque, c'est sensiblement la même que celle de Bosch pour son
inspiration, c'est précisément celle de Jérôme Bosch. Admis à la Guilde des
peintres d'Anvers en 1551 le marchand qui le suit, Hans Franckert, l'accompagne
aussi hors de la ville pour aller à la rencontre des paysans observer leurs
attitudes lors des kermesses ou des noces,
Aussi doué à la détrempe qu'à l'huile, il excelle dans le dessin et c'est par là, je
crois, que je vais commencer.
Comme pour Bosch dont bon nombre d'oeuvres ont disparu, c'est lui-même qui
les détruit les jugeant parfois trop mordantes et satyriques.
Ce sont les archives de la Guilde de Saint Luc à Anvers qui nous donnent le plus
de renseignements sur son parcours.
A 25 ans il quitte Anvers pour la France, passe par Lyon et s'embarque pour
l'Italie à Marseille. C'est grâce à son dessin de l'incendie de Reggio de Calabre
provoqué par les Turcs en 1552 que l'on peut l'y situer à cette date.
Un autre dessin de Messine, nous laisse entrevoir son cheminement jusqu'à
Naples en 1553.
Parvenu à Rome il se lie d'amitié avec Giulio Clovio auquel il offrira d'ailleurs la
vue de Lyon; il découvre l'oeuvre de Michel-Ange et de Raphaël.
C'est à Bologne qu'il fait la connaissance du géographe Scipio Fabius qui plus tard
prie son homologue anversois Abraham Ortels, dans deux lettres datant de 1561
et 1565 de saluer son ami Brueghel.
C'est un carnet de route qu'il dessine en quelque sorte, immortalisant ainsi ses
étapes, dont le Saint-Gothard ; le voyage se poursuit par la Suisse et la vallée du
Rhin. Pas de date précise pour son retour à Anvers, 1554 ou 1556. Il travaille
alors pour Jérôme Cock où il commercialise des gravures tirées de ses dessins
dans la boutique " A l'Enseigne des quatre vents". Il décède le 5 septembre 1569.
S'il emprunte à Bosch une certaine imagerie, on ne peut y voir qu'une certaine
similitude, les visions de Brughel sont burlesques et cocasses, les monstres y
apparaissent rationalisés et ironisés.
Dans la série des "Vices" paraphée d'inscriptions en latin et en flamand
probablement de Coornhert, lui-même graveur et ami d'Ortels et de
Brueghel, c'est une pensée libérale et tolérante qui s'exprime, une pensée
religieuse humaniste, loin des châtiments évoqués par l'oeuvre de Bosch selon la
vision médiévale.
Nous retrouvons ainsi une "Tentation de Saint Antoine" de 2,61 X 32,6
dessin à la plume conservé à Oxford à l'Ashmolean Museum.
Le saint auréolé est penché sur son livre et aucun diable ne vient perturber cette
lecture.
" Les gros poissons mangent les petits" d'après un proverbe flamand dessin à la
plume de 1556 édité par C Cock conservé à l'Albertina de Vienne. (mêmes
dimensions)
" La kermesse d'Hoboken" 1559 Institut Courtauld. Londres
"Elck" dessin à la plume de 1558 au British Museum de Londres
L'Alchimiste" est une gravure sur cuivre de van der Heyden d'après le dessin de
Brueghel (1558- 1559)
"La chute de l'alchimiste" 1564 dessin à la plume
Prentenkabinett Tijksmuseum Amsterdam
" L'âne à l'école" 1556. 23,6 X 30,7 Staatliche de Berlin
dans" l'Ane à l'école" la fessée est d'actualité et les écoliers ont des têtes
d'adultes, critique rabelaisienne de l'enseignement à l'ancienne mode.
L'inscription latine nous apprend que "On pourra toujours l'envoyer à Paris,
mais s'il est un âne ici, ce n'est pas là-bas qu'il devindra un cheval".
conservé à Berlin au Kupferstichkabinett, Staatliche Museen
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