jeudi 24 avril 2014

Départ pour un retour

 Je me demande bien comment je vais réagir à ce retour Provençal, probablement avec de l'émotion, se retourner sur sa vie passée fait jaillir des sources de souvenirs.
J'ai déjà hier voulu retrouver  ces livres qui dorment dans ma bibliothèque, tous les" Giono" dont un que j'ai descendu pour vous "Les vrais Richesses", annoté au crayon et j'ai pu constater que je n'ai pas changé...
Puis, je l'ai à demi-étage remonté, un livre d'une autre époque, d'hommes disparus, de valeurs déchues et puis, non  j'ai pensé que vous n'en trouveriez pas d'extraits sur le Net, alors ... au travail !!

http://pages.infinit.net/poibru/giono/gionobio.htm

 http://www.luberon-en-provence.com/villages/manosque.php

"C'est pourquoi je ne crois pas que ta comparaison soit bonne, père Couache, quand tu dis que nous sommes sauvés des eaux, et quand tu parles de l'arche de Noè. Je suis toujours là à côté de toi, sous l'auvent du four; la brume étincelante me brûle les yeux comme un nuage de sel, si bien que je ne vois plus le monde mais les images de mon désir. Toutes ces luttes, toutes ces fêtes, tous ces soucis, je les imagine dans tous les villages. Ma raison d'être, j'entends qu'elle est la raison d'être de tous. Alors, moi je crois que nous sommes une immense forêt en marche.
Il faut dire que nous sommes des paysans pauvres. Nous n'avons pas des champs immenses, nous ne sommes pas venus à cette conception moderne de la spécialisation. Nous n'avons pas des spécialités de plantes: rien que des vignes, rien que du blé, rien que des pommes de terre. Non, nous cultivons un peu de tout.  Nous n'avons jamais dit : "Notre exploitation agricole". Nous disons:" "Notre ferme". C'est une maison des champs qui tire toute sa vie de la terre. Nous sommes, nous, des hommes, qui tirons toute notre vie de la terre, et ainsi nous pouvons dire que nous sommes comme des arbres, plus spirituels si l'on veut, mais de même nature. IL nous arrive quelquefois de planter des plantes inutiles; de consacrer la matinée du dimanche à arranger le cyprès qui est devant notre maison. Parfois, nous tressons avec de l'osier de petits bols de vannerie que nous plaçons dans le feuillage noir de nos haies de thuyas pour y servir de nids à fauvettes. Nous élevons les colombes blanches qui ne sont pas bonnes à manger. Nous sommes orgueilleux de nos géraniums et nous avons vainement essayé d'acclimater des arbousiers. Les terres que nous cultivons sont encerclées de forêts et portent dans l'ondulation rousse des labours des bosquets de pins et de bouleaux comme des îles. Certains chênes nous servent de bornes. Les actes de vente et  d'achat que nous passons devant notaire emplissent les papiers timbrés de noms d'arbres, de noms de lieux grassement terriens. Les itinéraires de notre vie paysanne passent par des routes champêtres......"

Pas d'épilogue ni de polémiques de ma part sur ce sujet; dans ces sentiers champêtres qui sont devenus de vieilles pistes bordées de pierres, je pense toujours à ceux qui les ont soulevées, alignées, et ce sont surtout ceux qui sont partis la fleur au fusil. Giono en était et les pages de son "Le grand troupeau" me soulèvent le coeur.


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