vendredi 9 décembre 2022

Le temps de Noël (4)

 Cette " Adoration des rois mages" si elle n'est pas signée, appartient  aux 

constantes artistiques des primitifs flamands où les thèmes religieux tiennent la

 place centrale dans des paysages et des  éléments symboliques caractéristiques 

du quotidien.

C'est l'élément central d'un triptyque conservé au MUBA de Badajoz.

 Les caractères  iconographiques ont permis aux spécialistes de l'attribuer à l'école

 de Hans Memling ou de Quinten Massys.


 Hans Memling, perçu comme un primitif flamand est pourtant d'origine rhénane

 puisqu'il naît dans les années 1453 à Seligenstadt. Il admire profondément Roger

 van der Weyden, auprès duquel il a sans doute travaillé. Installé à Bruges il est

 parmi les bourgeois de la ville où il possède jusqu'à trois maisons : il y meurt en 

1494.


Quinten Massis, lui, est considéré comme le fondateur de l'école de peinture

 d'Anvers.   Dirk Bouts ( 1445-1475), peintre officiel de la ville de Louvain, fut

  sans doute son  maître ; il n'était pourtant pas destiné à devenir un peintre

 renommé puisqu'il exerça dans sa prime jeunesse le métier de forgeron.

 

 

ou bien aussi




jeudi 8 décembre 2022

Le temps de Noël (3)

  Quelle magnifique "Annonciation" que celle de Claudio Coello,  dans les années

 1680, une huile sur toile de 198 X 226, toujours à Serradilla.

C'est une composition d'une richesse inégalée où le divin côtoie les activités de 

cette jeune Marie, le livre, la boite à couture : les tissus sont somptueux, mais c'est 

ici l'ange Gabriel qui déploie toute sa beauté: le centre de la toile, est consacré à

l'Esprit Saint, envoyé par le Père, chérubins et séraphins peuplent ce rayon de

 lumière divine, accueillis par cette jeune fille qui n'en est pas effarouchée.

  Claudio Coello naît à Madrid en 1642. 

 Fils d’un bronzier d’origine portugaise, il est disciple de Francisco Ricci. Auprès de 

celui-ci, il apprend à réaliser des compositions rythmiques, dynamiques et 

spectaculaires, ainsi que des effets scénographiques, présents dans des œuvres 

telles que « Le Triomphe de saint Augustin » (1660). Les toiles « L’Annonciation » 

et« La Vierge à l’Enfant avec les Vertus théologales, entourée de saints » ont 

également été influencées par les fonds architectoniques de Véronèse.

 Son œuvre montre une connaissance profonde de l’art italien du fait d’un voyage 

réalisé en Italie entre 1656 et 1664. De retour à Madrid, il peint une série de

 tableaux et retables pour des églises et des couvents de Madrid et de ses environs.

  En 1685, il est nommé peintre du roi et réalise « La Sagrada Forma » pour le 

monastère de San Lorenzo de l’Escurial. Il effectue également une galerie complète

 de portraits de la cour de Charles II. Juan Carreño de Miranda lui demande de 

concevoir les ornements et arcs de triomphe pour l’arrivée de Marie Louise

 d’Orléans, épouse de Charles II.

 Il meurt à Madrid en 1693.

 


          

 

            Vous retrouvez cette exubérance dans son Saint Michel 


Je préfère de beaucoup  celle-ci à celle du Couvent de Saint Placide à

 Madrid


    Il est aussi l'auteur de cette toile : St Louis aux pieds de l'Enfant Jésus


 


 



mercredi 7 décembre 2022

Le temps de Noêl (2)

 Et si nous commencions par le commencement  !!!

Retrouvons Luis de Morales pour cette Annonciation. Il devait alors avoir une 

quarantaine d'années puisqu'il l'a peinte dans les années 1553 -1554 à Badajoz où il

 résidait, ville alors prospère. Cette toile  de 115 x 97, sur bois, est conservée dans

 le musée de la cathédrale de cette ville. La peinture de Morales a subi plusieurs

 influences, germanique, flamande ou italienne mais cette toile  relève plutôt de 

cette dernière, avec quelques interventions de la main de ses élèves. 

 L'ange tient son doigt levé vers le Saint Esprit et le geste de Marie traduit 

bien son assentiment.

.

Poursuivons avec l' "Annonciation",  visite de Marie à sa cousine Elizabeth.

C'est une oeuvre d'Anton de Madrid de 1515 à 1530 inscrite dans le retable majeur

 de l'église paroissiale de  Calzadilla de los Barros.( province de Badajoz )

Anton de Madrid, peintre et doreur,( d'où les auréoles dorées des personnages au 

style plus archaïque) résidait à Zafra, mais s'acquittait d'autres commandes du

 prieur de la province de Léon. Les drapés du costume d'Elizabeth trahissent une 

influence hispano-flamande.

 https://www.vivirextremadura.es/un-gordo-de-navidad-muy-extremeno/

 http://www.realacademiabellasartessevilla.com/wp-content/uploads/2018/06/Carmelo-Sol%C3%ADs-Rodr%C3%ADguez-La-Pintura-Del-Siglo-XVI-En-Los-Pueblos-Bajoextreme%C3%B1os-De-La-Orden-De-Santiago..pdf

 


mardi 6 décembre 2022

Le temps de Noël (1)

 En suivant l'année liturgique si l'Espagne a favorisé les représentations du

 Christ, elle a aussi donné une grande place aux peintures retraçant la vie

 de la Vierge,de l'Annonciation  à l'Assomption , (comme nous l'avons déjà

 vue). Transitus a su réunir des oeuvres sans doute moins vues que les

 Nativités italiennes.

 Nous allons nous intéresser aujourd'hui  à Daniel Seghers, qui fut l'élève de  Jan 

Brueghel de Velours, le meilleur peintre de fleurs de son temps.

 Comme dans les toiles de Franz Snyders les fleurs et les oiseaux exotiques 

abondent. 

Il est  né à Anvers en  1590 et reçoit à Utrecht une éducation calviniste et c'est

d'ailleurs Jan Brueghel qui le convertit à la foi catholique, à son retour à Anvers ; il 

entre dans la Compagnie de Jésus en 1614. Il va travailler avec Pierre-Paul Rubens

 pour l'église de Saint Charles -Borromée à Anvers et poursuit sa formation à Rome.

 De nouveau à Anvers en 1627 il ouvre son atelier et peint gratuitement plus d'une

 centaine de tableaux, où règnent toujours fleurs, papillons, fruits comme sur cette

 toile conservée au Monastère  del Santissimo Cristo de la Victoria à Serradilla. 



 Brueghel lui-même a entouré sa "Nativité" de fleurs .



 de même qu'un autre flamand Franz Francken, qui a collaboré avec Brueghel pour une Adoration des mages , entourée elle aussi d'une guirlande de fleurs



Il ne faut pas le confondre avec son cousin Gérard, plus versé dans la peinture

 religieuse ou historique (sans fleurs) avec les influences du Caravage et de 

Manfredi, puis, peu  après son retour à Anvers, celle de Rubens.

 

Je ne vois rien d'érotique dans l'allaitement de Jésus

                            http://www.historia-del-arte-erotico.com/cleopatra/

mercredi 23 novembre 2022

Coffret en argent

 La production artistique ne se limite pas à la peinture, la sculpture et autres

 arts, l'orfèvrerie en est une autre. Les artistes mexicains ont parfaitement

 maîtrisé cet art, comme nous pouvons le voir sur ce coffret en argent , ciselé entre

 1673 et 1690. Estampillé et poinçons fiscaux permettent de le dater. 

 Il s'agit de  Juan de la Fuente  maître orfèvre à Mexico, à ces dates, les marques

 fiscales se reconnaissent à l'aigle perché sur un figuier de barbarie. 

La décoration de la façade comme celle des côtés est façonnée à l'aide de la 

technique du repoussé.

Au XVIe siècle apparaissent la recingle. La recingle est une sorte de 

petite enclume légère dont une des pointes se prolonge, se recourbe. On introduit 

cette dernière dans le creux de l'objet à orner de reliefs. Les coups de marteau 

frappés sur la recingle entre le point où elle est fixée et l'extrémité de son 

prolongement produisent des ressauts, des contre-coups qui travaillent et 

repoussent le métal par dedans à l'endroit donné.

 Ce façonnage était déjà pratiqué  par les anciens Aztèques  qui travaillaient divers

 métaux : le cuivre, le zinc, l'argent et  l'or.

 Les métaux étaient travaillés par martelage et par fusion, les métaux précieux

 considérés comme doués d'une puissance mystérieuse et auxquels on attachait un

 respect quasi-religieux étaient travaillés par des artistes qui formaient un corps 

privilégié : les  " teocuitlahuaquê"

Ceux-ci travaillaient l'or et l'argent par martelage, à l'aide de marteaux de pierre et 

au repoussé, en bosselant le métal avec des pointes également en pierre. Les 

fondeurs fabriquaient les objets les plus délicats, destinés au culte.

 Ces objets étaient fourrés et exécutés à cire perdue : l'orfèvre faisait d'abord un 

mélange d'argile et de charbon de bois finement pulvérisé, qu'il laissait sécher et 

durcir au soleil; lorsque le mélange était sec, il était sculpté suivant la forme voulue,

 puis on trempait la sculpture dans un bain de cire fondue, de façon que toute sa 

surface fût couverte d'une couche de cire mince et égale. Autour de l'objet, on

faisait un moule, également de terre et de charbon. L'or, ou l'argent, fondus dans un 

creuset, étaient versés dans le moule avec une cuiller de terre; la cire fondait et le 

noyau se recouvrait d'une couche de métal précieux; il suffisait de casser le moule 

pour retirer l'objet. 

 Les spécimens de l'orfèvrerie mexicaine sont très rares. Les conquistadores ont

 fondu la plupart des pièces qui tombèrent entre leurs mains. Toutefois, il existe 

quelques-uns de ces objets dans les musées d'Europe et du Mexique. Aujourd'hui 

encore, les Mexicains sont d'habiles orfèvres, et l'on conserve en France une 

grande plaque d'or et d'argent, exécutée par des artistes indigènes, qui fut envoyée 

par la république du Mexique à l'exposition universelle de Paris, en 1880.

Ce coffret eucharistique est à secret,  les anges des huit côtés ayant les ailles

 articulées pour procéder à l'ouverture. Il a une histoire : Saènz de Lezcano par

 l'intermédiaire du duc de Guastar avait demandé de recommander la vie de sa fille 

  par l'intermédiaire de Soeur Bernarda de Aguila, laquelle voyante, lui avait précisé

 qu'elle aurait un fils.

Celui-ci en effet naquit en mer lors d'un voyage de  Virreina à Mexico. Le grand-père

 fit don de ce coffret en reconnaissance à la communauté de la soeur Bernada.

 Vous dire comment il se trouve au couvent de Santa Ana de Plasencia ??


 

mardi 22 novembre 2022

Ivoire anonyme

 L'Image de Saint Michel terrassant le dragon est largement diffusée  en Europe,

  dans les terres de mission Hispanoaméricaines comme dans les Philippines.

 C'est l'origine de cet ivoire d'un anonyme  philippin du  XVII ème siècle conservé

 au musée de la cathédrale de Badajoz.

 Les expéditions lointaines, très lointaines pour l'époque ! que je viens d'évoquer 

avaient pour but la découverte de mondes nouveaux, synonymes de richesses et 

surtout une mission évangélisatrice.


La présence de saint François Xavier en Asie  explique  la diffusion de la

  représentation, dans les terres de mission, de cet archange pour lequel il avait 

une dévotion particulière. Les Jésuites promouvaient  cette dévotion  et un décret.

 royal en 1645 le déclare  patron de ces îles. Toutes les matières, peintures, bois, 

ivoires  le représentent  vêtu en guerrier  d'inspiration romaine sans doute mais

 surtout des oeuvres de Martin de Vos (1584) ou des napolitains Nicolo Fumo ou

   Giacomo Colombo au XVII ème.   La gueule du dragon  est très asiatique et porte 

des traces de polychromie.; ce qui n'est pas le cas des ombreuses oeuvres 

conservées en Espagne qui ont un visage plus humain.

 https://www.jesuites.com/saint-francois-xavier-sj/

 https://www.bohol-philippines.com/saint-michael.html

L'iconographie de saint Michel archange dans les peintures ...

de C Denèle2014Cité 3 foisCette thèse est une enquête sur les peintures murales et sur panneaux ... par Clémentine Denèle. Thèse de doctorat en Histoire de l'art.

lundi 21 novembre 2022

Jooris van der Straten et Jan Floris

 Tous ces visages barbus des apôtres sauf celui de St Jean, sont tournés vers

  l'ascension de la Vierge, grande toile de 346 X 226 cm : peinte en1561, 

commanditée par Hernando de Loaysa marquis de Santa Cruz et pour laquelle

  deux artistes flamands hispanisés en Jorge de la Ruà et Juan Flores se mettent 

d'accord pour la réaliser.

Plasencia : chapelle des Loysa
 

 De la Rua né à Gand se dirigea vers la cour française comme portraitiste tandis que

 Juan Flores privilégiait la cour espagnole, prenant en charge le grand azulejos de

 Philippe II et plusieurs travaux  au Pardo ou à l'Alcazar de Madrid maintenant

 disparu. Entre 1551 et 1562 il réside à Plasencia pour diverses oeuvres peintes ou

 céramiques.


 

 Cette grande toile est la seule conservée du triptyque d'un retable de l'église de 

Saint Nicolas. Cette représentation d'origine bysantine de l'Ascension de Marie  en

 présence de tous les apôtres s'appuie sur des textes dont l'origine remonte au VII 

ème siècle. On peut y relever la signature de Flores en même temps que la touche

  de, de la Ruà, dans les visages de St Jean, imberbe et celui de la Vierge entourée

 de chérubins et d'anges musiciens. L'azulejos de Saint Pierre  par Jean de Flores

 permet d'identifier ce saint sur cette toile, étant de sa main .

 

dans l'église paroissiale de Garrovillas de Alconétar (Càceres)


https://fr.wikipedia.org/wiki/Jooris_van_der_Straeten

http://lamejortierradecastilla.com/tag/juan-flores/