Sous Constantin Ier (306-337) la paix et la prospérité donnent lieu à la
construction de villae toutes plus luxueuses les unes que les autres et parmi celles-
là, Séviac. Les domaines agricoles dépendant de ces villae n'étaient pas
immenses, 500 hectares au plus, mais les grandes familles gallo-romaines
d'Aquitaine cumulaient des propriétés dans d'autres provinces , en Italie et
jusqu'en Espagne.
On pourrait appeler cela des résidences secondaires !!!...
Les marbres des Pyrénées produisaient colonnades, chapiteaux, placage des bas
de murs, mais à Séviac le décor s'enrichit encore de porphyre vert d'Orient.
On peut souligner qu'il est possible d'apprécier la délicatesse des mosaïques, mais
ceux qui ont bâti ces décors ne laissaient pas de signature et la qualité des
tesselles selon leur agencement pouvaient créer des tapis très fins ou plus
grossiers
(je pense à la Olmeda en Espagne)
Mais que de destructions désastreuses dans les années 1850 lorsque les
domaines souhaitent s'agrandir et ne tiennent pas compte de la valeur des
vestiges de cette période : heureusement et c'est relativement récent des érudits
locaux et des notables font preuve d'engouement pour leur passé gallo-romain,
mais le mal est fait, de nombreuses oeuvres disparaissent à peine découvertes
comme l'orteil en bronze d'une statue colossale d'un dieu en bronze. En 1867
l'abbé Monnier curé de Labarrére sollicite de Napoléon III les fonds nécessaires
pour transporter une de ses mosaïques sur le sol de son église . Heureusement,
réponse négative. Les premières fouilles extensives datent de 1911 mais il faudra
attendre 1959 pour assister à des travaux de recherche qui se succéderont
jusqu'au moment où la villa sera classée "monument Historique" en 1978 et
propriété de la commune de Montréal du Gers en 2003 .
Le site n'avait pas été choisi au hasard, 12 km au nord-est d'Eauze (Elusa)qui à la
fin du IIIème siècle était la capitale de la province nouvelle de Novempopulanie.
Le propriétaire des lieux peut aisément faire l'aller et retour dans la journée en
rejoignant à 2 km la voie de la Ténaréze dont nous avons déjà parlé (axe nord-
sud basse vallée du Lot via les Pyrén"es faisant étape à Eauze) .
Cette villa deviendra un siècle plus tard un fastueux palais de campagne tel que le
définit le poète bordelais Ausone lorsqu'il évoquait le palais paternel non loin de
Bazas (Domestica XII, 2).
"Ma terre n'est située ni loin de la ville ni près de la ville ; ainsi j'échappe aux
foules et je profite de mes biens. Et quand l'ennui m'entraîne à changer de lieu, je
passe alternativement de la jouissance de la campagne à celle de la ville "
Sur un petit plateau avec une légère déclivité mise à profit pour évacuer les eaux
pluviales et thermales de la source située à 800 mètres au sud, tous les
préceptes des agronomes romains parfaitement respectés.
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01939605/document
Mais avant de rentrer plus en détail dans le plan de Séviac, je tiens à citer les
autres villae non moins belles du Gers comme celle du Glézia du Mian à Valence
sur Baïse. Elle a été, en partie fouillée en 1984. Elle a révélé la plus grande
mosaïque découverte en Aquitaine, soixante mètres carrés, et représentant un
luxurieux décor de vignes, d'arbres fruitiers et d'oiseaux. Actuellement les
archéologues travaillent à Eauze pour mettre à jour un nouveau site.
https://aquitania.u-bordeaux-montaigne.fr/_jumi/pdf/618.pdf
Je pense que ce sont les mêmes artistes que ce soit à Glézia ou à Seviac
comparez les oiseaux de la première avec l'oiseau de Séviac .
Mais aussi la Tasque près de Saint Clar
ou Saint Cricq, il ne reste que le dessin du XIX ème !!!
En 1868, M. Faberes, propriétaire de parcelles qui entourent le bourg actuel, découvrit par hasard les vestiges d'une villa gallo-romaine au lieu-dit Glézia voisine peut-être d'un établissement militaire de l'époque. D'après les nombreux spécialistes qui ont étudié ces vestiges, il s'agirait d’une villa proconsulaire élevée sur un territoire occupé par les romains pendant la conquête de la Gaulle. Etablie sur la rive gauche du Midou, c’était une grande villa du Bas-Empire qui daterait au plus tôt du IVe siècle et qui se composait d’un ensemble de pièces et de galeries entourant une cour intérieure, notamment à l'est et à l'ouest. La partie nord a été totalement détruite. Au nord-est, en contrebas, une petite construction annexe était destinée à des thermes. À côté des divers vestiges découverts - dallage, plinthe, revêtement mural et morceaux de colonnes en marbre blanc, tuiles à rebord et tuiles creuses, débris de verre et de céramique - ce sont les mosaïques qui constituaient la richesse majeure de la villa et les divers comptes rendus de fouilles se sont principalement portés sur elles. Une scène se compose de plusieurs personnages entourant un Dionysos nimbé, couronné de pampres, les jambes croisées et tenant à la main un thyrse orné de grappes et de feuilles de vigne. Une autre mosaïque présente dans une piscine à six pans, un décor de faune marine avec au centre un cheval et un taureau marins affrontés. Autour figurent des dauphins, anguilles, murènes, pieuvres, etc. Sur une troisième apparaissent un tigre, une chèvre et une tête d'enfant. Une autre enfin est ornée de méandres, entrelacs et torsades avec une croix grecque évidée. Lors des premières fouilles de 1868, on constata que certaines mosaïques avaient été mutilées légèrement, vraisemblablement par les Wisigoths, plus chastes que les Novempopulaniens. Ils pratiquaient l’Arianisme, une doctrine chrétienne qui fut taxée d’hérésie par la suite. La Villae a pu être un temps occupée par ceux-ci, car ils citèrent une villa des bords du Midou dans la topographie d’Eladabald résumée par l’anonyme de Ravenne
La disparition de la villa vers le VIIIe siècle
est, peut-être, liée aux attaques menées par les Vascons, mais aussi
les Maures ou les Normands qui firent des incursions dans la région.
Une fouille de sauvetage sera réalisée en 1976, sous la direction
d'Hervé Rivière et Elisabeth Monturet, par des bénévoles de la Base
Aérienne 118 de Mont de Marsan, permettant de retrouver des traces d’un
pavement de grande dimension, d’une mosaïque polychrome et de localiser
les traces de l'établissement des thermes en contrebas.
Cependant, rien ne subsistait des mosaïques si bien décrites au XIXe siècle ;
elles avaient été pillées ou dispersées. Pourtant, par l'intérêt
qu’elles représentaient, les mosaïques découvertes dans cette villa
gallo-romaine étaient parmi les plus remarquables de la région.
Plusieurs articles ont été publiés, en particulier sous la plume du Dr Sorbets, de J. Quicherat, du R.P. Labat, de E Dufourcet C.Lacoste, A.S Lugat, E. Monturet et H. Rivière...
Mais je veux citer encore celles de Cassan à Ordan- Larroque, d'Empélaujo à
Auterive, du Pastissé à Cassaigne, du Léna à Pergain-Taillac, de Cachelardit à
Cassaigne, des Arribères à Puységur, du Carbon à Larressingle, de las Bruches à
Lussan du Herc à Orbessan etc en reste-t-il encore à découvrir ?
https://archive.org/stream/inventairedesmos01acaduoft/inventairedesmos01acaduoft_djvu.txt
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00822777/document
du pain sur la planche pour ceux qui veulent aller plus loin !!!