mardi 23 mars 2021

Renouveau ou tatonnements dans l'art de la tapisserie

 Modernisation des mobiliers  dans cet entre-guerre, accueil des artistes

 contemporains avec des hésitations sur le chemin à prendre, voilà à quoi l'on 

assiste dans les années 1920 : et pour le résoudre le nouveau directeur  de la 

manufacture de Beauvais, lance une "Enquête" à la fin de 1922 grâce au Bulletin 

de la vie artistique dont le rédacteur est Guillaume Janneau. Il souhaite accélérer

la production pour obtenir ainsi une addition moins lourde mais accélérer c'est 

simplifier ou réduire les dimensions. Jean Allabert décide de lancer une collection 

de sacs à main ... 

 


               20 exemplaires de ce modèle de Jean Poiret entre 1927 et 1932

......rationaliser la production  et responsabiliser davantage le licier.

 et pour cela utiliser le calque, entre autre. ( Janneau qui deviendra directeur de 

cette manufacture en 1935 faisant alors appel à jean Lurçat). Cet écran de

 tapisserie d'après  "l'Odalisque" de ce dernier tissé entre le 1er avril et le 6 juillet

 1932 exprime bien la simplification à laquelle veulent parvenir ces directeurs.

                                                                        Paris . Mobilier National.

 Dans cette" enquête" les avis sont partagés, à qui faut-il faire appel Maurice 

Denis, Puvis de Chavannes, Jules Flandrin ,Vlaminck, Braque?   le colorisme exalté

 de Matisse semblait bien approprié, mais la majorité opte pour le cubisme, celui-

 ci se rattachant  à l'ordre architectural et décoratif de l'Art Déco. 

 Et pourquoi pas Raoul Dufy  ?  mais celui-ci semble trouver un malin plaisir  à

 répondre à cette invite en prenant le contre-pied de cette  esthétique nouvelle,

 il va créer une merveille sise aussi au Mobilier National qui prendra 9 années de

 tissage du 9 septembre 1924 au 17 juin 1933 . tant de dégradés de tons pour  10

 centimètres carrés par an !! contre  un mètre carré par an pour Aubusson.



 J'aurais bien voulu connaître le nombre de fauteuils mais je n'ai pas eu la patience d'aller jusqu'au bout de ma recherche..

https://collection.mobiliernational.culture.gouv.fr/recherche

 https://collection.mobiliernational.culture.gouv.fr/objet/BV-473-000

  Bien que m'étant baladée au Civil War  Museum de Philadelphie  je n'ai pas

réussi à trouver  la tapisserie de Gustave Jaulmes tissée en 1923 et offerte à cette 

institution

... peut-être en France

 https://www.wto.org/french/res_f/booksp_f/cwr11-3_f.pdf

et bien si !! la voilà 

https://www.photo.rmn.fr/archive/12-546839-2C6NU08744XX.html

                                                                                    à suivre

lundi 22 mars 2021

L' Art Nouveau en tapisserie

  Ne dites pas  "Ah ! l'art nouveau, je n'aime pas", assez "typé" je l'avoue,

 reconnaissable au premier coup d'oeil !

La manufacture de Beauvais a tissé de bien belles choses.  et suivi le fil des

 époques  avec de nouveaux peintres et cartonniers.

 C'est aux Gobelins que voit le jour" la Sirène et le poète" d'après la composition

de Gustave Moreau présentée à l'Exposition Universelle de 1900, 

un exploit des liciers tant l'oeuvre était difficile à restituer dans ses détails.

 Consevée au Mobilier National, tissée de décembre 1895 à avril 1899. C'est une 

haute lisse  de 3 mètres 49 de haut et 2 m 50 de large. On voit enfin apparaître le

 nom des liciers...  Pour celle-ci il s'agit de Justin Cochery en chef de pièce, 9 fils

de chaîne au cm carré, l'emploi d'un point rarement utilisé, le point "crapaud" en

 laine,  soie et or.

                            https://www.youtube.com/watch?v=nGPeEOCwVXI

https://books.openedition.org/mnhn/532?lang=fr

 Dans la période de l'entre- deux guerres, le fils de Camille Pissaro, Georges

 Manzana-Pissarro (nom de sa mère) crée de nombreux objets, tapisseries, tapis

 meubles ou verreries, ainsi que des peintures, gravures ou lithographies dans le

 style Art Nouveau et Art Déco (1925-1930), exposés en 1914 au Musée des Arts

 Décoratifs de Paris. Cette tapisserie de basse lisse, laine et soie 6 fils au cm vers

 1910-1912 s'y trouve d'ailleurs, son titre "Nativité".


 Une autre artiste, Blanche Ory-Robin emploie des matériaux divers : de 1909, 

   la tapisserie "Fontaines jaillantes " est aussi au Musée des Arts décoratifs.

Un peu "précurseur"  dans l'utilisation  de matéraux divers, chanvre, soie verre 

argent ou or ; il faudra cependant attendre les Biennales de  Lausanne pour

 laisser  toute latitude aux liciers de faire de la matière tissée une oeuvre 

tridimensionnelle.

 

Elle est,  avec son feuillage, très "Art Nouveau".

 https://www.letemps.ch/culture/biennales-lausanne-une-histoire-coeur

         https://core.ac.uk/download/pdf/237323972.pdf

 Blanche Ory'Robin (1862-1942) s'exprime dans une revue 'La Douce France" dans

 un article d'octobre 1919 : elle travaillait encore dans son propre atelier à 

Fontenay-aux-Roses "Chaîne et Trame" en 1935.

" C'est le fil qui donne sa valeur à la tapisserie, bien plus que la couleur dont il est 

imprégné. Toute étoffe accroche la lumière par chacun de ses fils ; une texture de 

soie dont les traits sont lancés en des sens différents, une texture de chanvre dont

 les fils forment relief, peuvent, dans la même couleur, donner naissance à des

 nuances infiniment plus variées que le peintre n'en obtient, avec toute la 

virtuosité de ses touches, dans un seul ton de peinture.

 D'où vient cela ?  de ce que la laine, le chanvre, le lin, l'or et l'argent lamé 

possèdent, grâce à leur propre volume, des valeurs qui leur sont propres.

C'est avec l'intelligence de ces valeurs que nous pourrons revivifier l'art de la

 tapisserie" 

      On verra demain une conception plus classique de la tapisserie .

https://sites.google.com/a/du.books-now.com/en59/9782904187308-78norsupGEcenvi45

https://digital.library.unt.edu/ark:/67531/metadc798443/m2/1/high_res_d/1002782295-Taylor.pdf

                        https://www.youtube.com/watch?v=CR88SjtToII


dimanche 21 mars 2021

Le Printemps

 A changement de saison,  changement de siècle  mais pas forcément de matière

juste le temps d'affiner mes recherches.

Pour vous faire patienter, les fleurs de mon jardin, et un petit tour en forêt bien

 d'actualité encore que, à chaque jour qui passe, les fleurs suivent le temps de

leur  floraison.

 C'est déjà la fin des jacinthes,  des jonquilles et les tulipes sont déjà en bouton

 avec le petit coup d'arrêt d'une belle neige ce week-end.

                https://www.youtube.com/watch?v=BYUASTjanyQ


Les butineuses sont de sortie, et s'empressent de cueillir le nectar des muscaris


 























           Mes parterres d'hellébores ont été somptueux



            Le couple de geais ne s'y est pas  trompé, enfin le temps de sortir de la

 forêt pour venir par vagues successives cueillir les cacahuètes mises à leur 

disposition


Les mésanges bleues ou charbonnières trouvent ici leur becquées  en toutes 

saisons et, ont réapparues les mésanges à longue queue, un peu frigorifiées...



 Au bord du sentier de montagne ce petit papillon a dû mettre le coup 

                                                                    d'accélérateur pour éclore


  les violettes aussi peuvent être escaladeuses, en profitant d'un filet du ru qui 

                s'échappe en cascades.





















Les pics ont déjà testé le tronc du vieil arbre


 

Il en aura bientôt d'autres !



perchoir idéal pour des

 rapaces


Pervenches et anémones

 

 sauvages et  timides 

 

s'empressent de tapisser le 

 

sol .










 Plus vives à la maison,  les primevères !




vendredi 19 mars 2021

Les marbres de Coysevox

 Ne quittons pas trop vite le règne de Louis XIV,  entrons dans ce Louvre encore

 clos pour quatre semaines de plus .... en retrouverons-nous un jour l'entrée ?

Antoine Coysevox est le maître incontesté de cette deuxième partie du règne du 

Roi-Soleil surnommé le "Rigaud de la sculpture" il faut dire que cette période a

été riche d'artistes talentueux.

 Hommage à celui qui grâce à la cassette royale a su mettre en oeuvre l'éclosion

 des académies de tous les arts, Colbert. 

                                 Priant de Colbert à l'Eglise St Eustache Paris

                      marbre d'Antoine Coysevox .1685-1687

 On peut déjà admirer la maîtrise de son ciseau. Il avait débuté sa carrière à 

Saverne auprès du cardinal de Furstemberg  entre 1667 et 1671, sans aller jusqu'à

 Rome. Il revient ensuite dans sa ville natale à la fin de ce séjour et n'entame la

 réalisation des décors de l'escalier des Ambassadeurs de Versailles qu'en 1678 :

 l'Académie royale de peinture et de sculpture l'avait déjà admis en son sein 

comme professeur en 1677 il y gravit les échelons pour en devenir chancelier 

perpétuel en 1716. Il vit aux Gobelins possède un atelier à Versailles un 

appartement au Louvre et toute l'attention du roi qui vient lui rendre visite

lorsqu'il travaille à Marly. Ses émoluments se chiffrant en millier de livres lui 

permettent d'acheter une maison à Paris en 1709. Il n'obtint cependant jamais le

 titre de "sculpteur du roi": il faut souligner qu'il travaille avec nombre de

 collaborateurs. C'est le cas de ce priant de Colbert dont il partage l'exécution avec

 Tuby sur un dessin de Charles Le Brun, l'aide de ses élèves n'est pas négligeable, 

il s'agit  de Nicolas et Guillaume Coustou, Jean Joly ou René Frémin, de François 

Coudray, Jean-Louis Lemoyne, Jean Thierry; mais n'est-ce pas aussi le cas des 

grands peintres?

 On le sait affable,  bienveillant  et accommodant avec ses commanditaires 

contrairement à certains de ses contemporains qui refusent une commande, se

 jugeant insuffisamment rétribués,  je pense à Pierre Pujet ou Pierre II Legros qui 

préfère retourner à Rome. Son autoportrait  en marbre de 1702 révèle cette

 "bonhomie" 


On peut y remarquer aussi la dextérité avec laquelle il a restitué les boucles de sa

 perruque.  Il travaille beaucoup, monuments, bustes (une soixantaine) portraits

 du roi, à tous les âges, destinés à la France entière où l'on reconnaît cette

 propension qu'avaient les empereurs romains à diffuser leurs bustes en marbre 

dans tout l'Empire.

 

 

                            Louis XIV marbre Paris Musée Carnavalet

                                                                      1687-1689

 

 Statues équestres, aussi, pour lesquelles il prend soin de faire venir les 

plus beaux chevaux des écuries royales. Son rapport aux oeuvres des Antiques  est

 très personnel, exemple en est donné  avec sa "Vénus accroupie" du musée du

 Louvre  (1686) est-ce parce qu'elle siégeait dans les jardins de Versailles qu'il l'a

 assise sur une tortue.

 


 

 Il perpétue ainsi l'art des sculpteurs de l'Antiquité et nous pouvons  admirer au 

musée du Louvre ses deux chefs-d'oeuvre,

 Mercure sur son cheval ailé,  entre 1698 et 1702, une prouesse tant pour la

 finesse du caducée que la vérité anatomique du cheval, l'expression de noblesse

 et de grâce propres aux Dieux !  comme l'envolée de la queue du cheval saisie en

 plein vol !


                                                                                                                                           et sa non-moins superbe "Renommée"     3,26 de hauteur sur 

2métres 91 de large et 1m 28 de profondeur , au Louvre aussi pour ne citer que

 celles-là .


             La prouesse ici est la finesse de la trompette.

 Vous aurez déjà reconnu le ciseau de Coysevox 

                                      https://www.youtube.com/watch?v=KVEQBcpywJ0                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/amphitrite-et-neptune                                                                                                                                                               




mercredi 17 mars 2021

Manufacture de la Savonnerie

  Il ne s'agit pas de savon ... mais de tapis d'exception 

             un privilège des lieux de pouvoir

                        https://www.youtube.com/watch?v=PdqephQ0Ea4

 Les tapis anciens de la manufacture  ont été tissés avec les cartons de Charles le

 Brun aux commandes des Gobelins comme nous l'avons déjà vu.

En 1628 la première manufacture royale de tapis est fondée en France, la 
 
Savonnerie tire son nom d’une ancienne maison de savonnerie à Chaillot, dans
 
 laquelle elle est transférée en 1631. Elle est alors spécialisée dans la fabrication
 
des  tapis veloutés auxquels on adjoignit par la suite des tapis copiés de l’Orient.
 
  Pierre Dupont (1560 1640)  et Simon Lourdet 1590-1667) en sont les deux 
 
premiers associés suivis par leur descendants  et en 1826, elle est rattachée aux
 
 Gobelins. 
 
 Il est admirable que ce savoir-faire soit encore d'actualité

                https://www.youtube.com/watch?v=TCT5xG9zO_U
 
  Exemple parfait !


consécration pour le lot phare de la vente du 22 octobre à la Galerie Charpentier, quand le représentant de l'Etat a préempté (1), sur l'enchère de 2.200.000.€ ce magnifique tapis aux armes de France. Sorti des métiers de la Savonnerie sous le règne de Louis XV, il ira compléter le décor fraîchement restauré des appartements privés du Roi à Versailles.
À un peu plus de deux millions et demi d'euros frais compris, l'acquisition est aussi une bonne affaire pour l'état qui a laissé passer deux fois l'occasion chez Christie's: une fois à Londres en 1994 où le tapis s'était adjugé 1
.321.500.£ l'équivalent de 2 M€, une autre fois à New York en 2000, lors de la vente Riahi où il avait été poussé à 4.406.000.USD, soit cinq millions d'euros. au taux du dollar à l'époque.Ça valait donc la peine d'attendre, d'autant plus qu'à Paris, l'Etat peut user de son droit de préemption, ce qui n'est pas le cas à Londres et à New-York.
Juste retour aux sources ? Si les armes de France (d'azur à trois fleurs de lis d'or) au centre de la composition attestent une commande royale, le tapis n'était pas forcément destiné à Versailles.

Tout magnifique qu'il est, il n'est d'ailleurs pas unique. On en connaît au moins six, existant ou ayant existé, du même modèle créé par l'ornemaniste Pierre Josse Perrot, auteur de la plupart des modèles créés à la Savonnerie entre 1725 et 1750.
L'un se trouve toujours dans la chapelle de Fontainebleau à laquelle il était destiné. Un autre est à Chambord, un troisième au musée Camondo et un quatrième au musée de Cleveland. Un autre encore, assez usé, est passé aux enchères à Monaco, en 2000, dans la collection Lagerfeld, adjugé 6
.100.000.F (environ un million d'euros).Le Journal du Garde meuble de la Couronne répertorie en outre sous le n°318, à la date "dudit jour 28 février 1735" …. pour servir sous la table de la salle à manger du Roy dans le Salon du château de La Muette… un tapis d'ouvrage de laine de Savonnerie…" dont la description minutieuse et les dimensions correspondent exactement à celui qui vient d'entrer à Versailles.
Cinq ans plus tard, le 6 février 1740, un tapis identique est livré à la Couronne (n°325) pour la salle à manger du château de Choisy, que l'on retrouve dans l'inventaire de 1789
"avec des couleurs passées"
Il ne peut donc s'agir de celui de la vente du 22 octobre, qui nous est parvenu au contraire dans une fraîcheur étonnante : l'éclat des rouges, la vivacité des bleus, l'intensité des jaunes, la vigueur des contrastes…. montrent qu'il a été le plus souvent préservé de la lumière, peu ou pas utilisé.
En dehors de son exceptionnel état de conservation et de sa provenance royale, l'intérêt de ce tapis réside surtout dans la qualité de son décor rocaille où s'entremêlent rinceaux, feuillages, coquilles et guirlandes. Qui en font
"un des plus beaux tissés en France" précise le commentaire de Sotheby's où Brice Foisil, directeur du département mobilier se réjouit: "que l'un des plus beaux témoignages de la décoration intérieure au XVIIIe siècle puisse être prochainement admiré au château de Versailles."

Françoise Deflassieux



 A lire" 'Notices historiques sur les manufactures impériales de tapisserie des
 
 Gobelins et de tapis de la savonnerie"

            https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k206106m/f3.item

mardi 16 mars 2021

L' Art de la tapisserie : suite

 Je pourrais revenir sur la gestion de Colbert tant dans le domaine des 

manufactures des Gobelins, de la Savonnerie et de Beauvais qu'aussi  dans  la 

création de l"Académie de France à Rome en1666 ( qui a vu passer tant 

d'artistes) 

 en même temps que celle des Sciences et celle d'Architecture, une année plus

 tard. Et l'on dit pourtant que celle de Louvois est un "âge d'or". Celui-ci donne la 

prééminence à Mignard et à Hardouin-Mansart un autre de ses protégés et au 

contraire de ses prédécesseurs  privilégie des peintres  italiens Raphaêl et Giulio

Romano pour la série des "Sujets de la Fable" en 1686.

 Il fallait donc agréer les dessins pour passer ensuite aux cartons .

                  Amour et Psyché au bain d'après une toile de Giulo Romano

 troisième tenture des Sujets de la Fable 1700-1705.     5,04 X 5,58 mètres 

                                              Paris Musée du Louvre

 Après avoir beaucoup critiqué Colbert, Louvois lorsqu'il disparait en1691 en 

   paraît le parfait continuateur. Les manufactures sont alors confiées à la gestion

  du Contrôleur général des finances, sauf celles des Gobelins et de la Savonnerie.

 petits changements aux directions de l'Académie de France à Rome dirigée 

dorénavant par La Teulière, La Hire passe à l'Académie d'archictecture et Pierre 

Mignard à la direction de la peinture, de la sculpture et de la manufacture des

 Gobelins : changement aussi de stratégie de Louis XIV qui met un terme au

 binôme formé par le surintendant et le premier peintre. 

Aux périodes sombres succèdent d'autres plus fastes, les hommes passent et l'Art 

reste. 

Philippe Behagle dont l'enseigne se situe à Paris était originaire d'Audenarde, il 

avait une grande expérience comme marchand de tapisseriees mais aussi comme 

tapissier et chef d'atelier, Louvois lui avait donné toute sa confiance mais les

 difficultés financières  voyant les budgets dramatiquement à la baisse, il va 

retourner en 1672 dans sa ville natale et ensuite s'associer avec Jan Baert pour 

créer un atelier à Tournai.

 En 1688, Louvois avait enrichi le catalogue des cartons des Gobelins d'une

 dizaine de séries, scènes de chasse  compositions à  arabesques scènes

 mythologiques et sa stratégie de redressement des Gobelins s'assorti d'une

 recherche de qualité des matériaux faisant vnir d'Angleterre de la laine de la plus

 haute qualité. 

Voilà donc les Gobelins concurrencés par " la Beauvais" de Béhagle qui, lui ,se 

fournit en laine et soies teintées à Lille. Plus ouvert sur l'extérieur il remporte le

 succés avec "les Ports de mer" les Conquêtes de Louis XIV ou l'Histoire de

 l'Empereur de Chine 


                           L'Histoire de l'Empereur de Chine. La Collation

          Philippe Behagle. Beauvais. Laine et soie 423 X 310 cm. 1697-1706 

 https://www.getty.edu/art/collection/objects/5806/beauvais-manufactory-woven-under-the-direction-of-philippe-behagle-after-cartoons-by-guy-louis-vernansal-et-al-tapestry-les-astronomes-from-l%27histoire-de-l%27empereur-de-la-chine-series-french-about-1697-1705/

                     https://www.youtube.com/watch?v=Kd8HDVszYWk



lundi 15 mars 2021

Basse lisse et Haute lisse

 C'est un art qui grâce au Ciel a encore cours  et qui a eu ses heures de gloire 

comme nous allons le voir. Pour donner du travail à un lissier, il faut d'abord un

 cartonnier autant dire un peintre.

Je n'aborderai pas la production moderne pour me consacrer  à celle qui sous 

l'égide de Colbert bénéficia du soutien royal faisant des manufactures des Gobelins

 et de Beauvais la fleur de ces tapisseries  qui en vinrent à concurrencer les 

Flandres. L'art de la tapisserie ne date pourtant pas de cette époque et au long de

 mes voyages j'ai pu en contempler de plus anciennes. Il suffit d'évoquer celle de 

Bayeux ou celles qui couvraient les murs des châteaux du Moyen Age, ou celle de

 la Dame à la Licorne, par exemple.

https://www.musee-moyenage.fr/media/documents-pdf/dossiers-enseignents/dossier-enseignants-musee-de-cluny-tapisserie-2012.pdf

 

 L'Automne ( La galerie de Saint- Cloud d'après Mignard ) Gobelins 1892-1699 

                         laine, soie et fils de métal. Paris. Mobilier national.

 La tapisserie c'est aussi un livre d'histoire au même titre que les vitraux ou les

 fresques et un sujet très vaste que vous aurez peut-être envie d'explorer. Pour ne

 parler que de l'Europe sans traverser la Méditerranée et retrouver les "trames" 

orientales et une époque seulement.

 Nous savons tous que Colbert (1619 -1683 ( et ce Comité existe toujours ) eut à 

coeur de favoriser les industries de luxe françaises : Charles Le Brun était à la

 manette et ne souhaitait pas laisser aux seules académies de peinture ou de

 sculpture, le prestige de diffuser  la gloire de Louis XIV. Pour cela des" Lettres

 patentes pour l'établissement d'une manufacture royale de tapisseries de haute et

 basse lice en la ville de Beauvais" vont être promulguées bientôt suivies par celles

 d'Aubusson, la manufacture  des Gobelins étant plus précisément "royale".

La période qui suivit la disparition de Colbert fut défavorable à cette production

 mais pour peu de temps puisqu'elle resurgira avec d'autres innovations dés 1730.

 Charles Le Brun va donc s'attacher à faire tisser" L'histoire du Roi"  mais les

 choses évoluent et  ce sont des cartons de Poussin et de Raphaël dont  "l'Histoire 

de Moïse"  que l'on va prendre pour modèle sous la direction du nouveau

 surintendant des Bâtiments du Roi en l'occurence  le marquis de Louvois qui prend

 donc la succession de Colbert.

 


 Les Arabesques de Raphaël ou "Les Triomphes des Dieux Gobelins 1702-1705      

               laine, soie et fils de métal 482 X 672 cm Mobilier national Paris

 Les caisses royales sont au plus bas et les Garde- Meubles un peu saturés,

 Louvois ordonne de tirer  des tentures de la Renaissance italienne des collections 

royales et ordonne aux peintres-cartonniers des Gobelins de copier trois séries du 

XVI ème issues d'ateliers bruxellois :" les Arabesques autrement dit les "Triomphes

 Trimphes des Dieux" cartons réalisés par Bernard van Orley (vers 1488-1541) et

 qui ont fait le bonheur des papes des Rois ou des Empereurs.

 Il ne s'en tient pas à cela, dans le même temps il engage Philippe Béhagle en

 mars 1684 qui, lui, s'emploie à donner naissance aux "Grotesques" inspirées de

 l'oeuvre de Jean Bérain (que l'on retrouve en faïence) sujet distractif issu de la

 Commedia dell'arte 

 Les dromadaires. Série les Grotesques  Philippe Behagle vers 1695 laine et soie

  https://www.youtube.com/watch?v=Dkk6RZfQctE

 https://blog.willyarn.com/2016/12/28/metier-de-haute-lisse-metier-de-basse-lisse/

 

 


 Acis et Galatée découverts par Polyphème (Les Métamorphoses d'Ovide vers 1680

                       Paris. Jean II Jans. laine et soie 320 X 260 cm

 https://www.cairn.info/revue-studia-bruxellae-2019-1-page-11.htm

 



             La Mort de Decius Mus, laine, soie et fils d’or, 275 x 455 cm ;

 appartient à une suite de cinq tapisseries de Bruxelles et de deux portières

 attribuée à l’atelier de Jan II Raes, début du XVIIe siècle, d’après des cartons de 

Pierre-Paul Rubens. 

 

  et à Aubusson...https://www.youtube.com/watch?v=zpEEuDLe6I4