Ne quittons pas trop vite le règne de Louis XIV, entrons dans ce Louvre encore
clos pour quatre semaines de plus .... en retrouverons-nous un jour l'entrée ?
Antoine Coysevox est le maître incontesté de cette deuxième partie du règne du
Roi-Soleil surnommé le "Rigaud de la sculpture" il faut dire que cette période a
été riche d'artistes talentueux.
Hommage à celui qui grâce à la cassette royale a su mettre en oeuvre l'éclosion
des académies de tous les arts, Colbert.
Priant de Colbert à l'Eglise St Eustache Parismarbre d'Antoine Coysevox .1685-1687
On peut déjà admirer la maîtrise de son ciseau. Il avait débuté sa carrière à
Saverne auprès du cardinal de Furstemberg entre 1667 et 1671, sans aller jusqu'à
Rome. Il revient ensuite dans sa ville natale à la fin de ce séjour et n'entame la
réalisation des décors de l'escalier des Ambassadeurs de Versailles qu'en 1678 :
l'Académie royale de peinture et de sculpture l'avait déjà admis en son sein
comme professeur en 1677 il y gravit les échelons pour en devenir chancelier
perpétuel en 1716. Il vit aux Gobelins possède un atelier à Versailles un
appartement au Louvre et toute l'attention du roi qui vient lui rendre visite
lorsqu'il travaille à Marly. Ses émoluments se chiffrant en millier de livres lui
permettent d'acheter une maison à Paris en 1709. Il n'obtint cependant jamais le
titre de "sculpteur du roi": il faut souligner qu'il travaille avec nombre de
collaborateurs. C'est le cas de ce priant de Colbert dont il partage l'exécution avec
Tuby sur un dessin de Charles Le Brun, l'aide de ses élèves n'est pas négligeable,
il s'agit de Nicolas et Guillaume Coustou, Jean Joly ou René Frémin, de François
Coudray, Jean-Louis Lemoyne, Jean Thierry; mais n'est-ce pas aussi le cas des
grands peintres?
On le sait affable, bienveillant et accommodant avec ses commanditaires
contrairement à certains de ses contemporains qui refusent une commande, se
jugeant insuffisamment rétribués, je pense à Pierre Pujet ou Pierre II Legros qui
préfère retourner à Rome. Son autoportrait en marbre de 1702 révèle cette
"bonhomie"
On peut y remarquer aussi la dextérité avec laquelle il a restitué les boucles de sa
perruque. Il travaille beaucoup, monuments, bustes (une soixantaine) portraits
du roi, à tous les âges, destinés à la France entière où l'on reconnaît cette
propension qu'avaient les empereurs romains à diffuser leurs bustes en marbre
dans tout l'Empire.
Louis XIV marbre Paris Musée Carnavalet
1687-1689
Statues équestres, aussi, pour lesquelles il prend soin de faire venir les
plus beaux chevaux des écuries royales. Son rapport aux oeuvres des Antiques est
très personnel, exemple en est donné avec sa "Vénus accroupie" du musée du
Louvre (1686) est-ce parce qu'elle siégeait dans les jardins de Versailles qu'il l'a
assise sur une tortue.
Il perpétue ainsi l'art des sculpteurs de l'Antiquité et nous pouvons admirer au
musée du Louvre ses deux chefs-d'oeuvre,
Mercure sur son cheval ailé, entre 1698 et 1702, une prouesse tant pour la
finesse du caducée que la vérité anatomique du cheval, l'expression de noblesse
et de grâce propres aux Dieux ! comme l'envolée de la queue du cheval saisie en
plein vol !
et sa non-moins superbe "Renommée" 3,26 de hauteur sur
2métres 91 de large et 1m 28 de profondeur , au Louvre aussi pour ne citer que
celles-là .
La prouesse ici est la finesse de la trompette.
Vous aurez déjà reconnu le ciseau de Coysevox
https://www.youtube.com/watch?v=KVEQBcpywJ0 https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/amphitrite-et-neptune