vendredi 19 mars 2021

Les marbres de Coysevox

 Ne quittons pas trop vite le règne de Louis XIV,  entrons dans ce Louvre encore

 clos pour quatre semaines de plus .... en retrouverons-nous un jour l'entrée ?

Antoine Coysevox est le maître incontesté de cette deuxième partie du règne du 

Roi-Soleil surnommé le "Rigaud de la sculpture" il faut dire que cette période a

été riche d'artistes talentueux.

 Hommage à celui qui grâce à la cassette royale a su mettre en oeuvre l'éclosion

 des académies de tous les arts, Colbert. 

                                 Priant de Colbert à l'Eglise St Eustache Paris

                      marbre d'Antoine Coysevox .1685-1687

 On peut déjà admirer la maîtrise de son ciseau. Il avait débuté sa carrière à 

Saverne auprès du cardinal de Furstemberg  entre 1667 et 1671, sans aller jusqu'à

 Rome. Il revient ensuite dans sa ville natale à la fin de ce séjour et n'entame la

 réalisation des décors de l'escalier des Ambassadeurs de Versailles qu'en 1678 :

 l'Académie royale de peinture et de sculpture l'avait déjà admis en son sein 

comme professeur en 1677 il y gravit les échelons pour en devenir chancelier 

perpétuel en 1716. Il vit aux Gobelins possède un atelier à Versailles un 

appartement au Louvre et toute l'attention du roi qui vient lui rendre visite

lorsqu'il travaille à Marly. Ses émoluments se chiffrant en millier de livres lui 

permettent d'acheter une maison à Paris en 1709. Il n'obtint cependant jamais le

 titre de "sculpteur du roi": il faut souligner qu'il travaille avec nombre de

 collaborateurs. C'est le cas de ce priant de Colbert dont il partage l'exécution avec

 Tuby sur un dessin de Charles Le Brun, l'aide de ses élèves n'est pas négligeable, 

il s'agit  de Nicolas et Guillaume Coustou, Jean Joly ou René Frémin, de François 

Coudray, Jean-Louis Lemoyne, Jean Thierry; mais n'est-ce pas aussi le cas des 

grands peintres?

 On le sait affable,  bienveillant  et accommodant avec ses commanditaires 

contrairement à certains de ses contemporains qui refusent une commande, se

 jugeant insuffisamment rétribués,  je pense à Pierre Pujet ou Pierre II Legros qui 

préfère retourner à Rome. Son autoportrait  en marbre de 1702 révèle cette

 "bonhomie" 


On peut y remarquer aussi la dextérité avec laquelle il a restitué les boucles de sa

 perruque.  Il travaille beaucoup, monuments, bustes (une soixantaine) portraits

 du roi, à tous les âges, destinés à la France entière où l'on reconnaît cette

 propension qu'avaient les empereurs romains à diffuser leurs bustes en marbre 

dans tout l'Empire.

 

 

                            Louis XIV marbre Paris Musée Carnavalet

                                                                      1687-1689

 

 Statues équestres, aussi, pour lesquelles il prend soin de faire venir les 

plus beaux chevaux des écuries royales. Son rapport aux oeuvres des Antiques  est

 très personnel, exemple en est donné  avec sa "Vénus accroupie" du musée du

 Louvre  (1686) est-ce parce qu'elle siégeait dans les jardins de Versailles qu'il l'a

 assise sur une tortue.

 


 

 Il perpétue ainsi l'art des sculpteurs de l'Antiquité et nous pouvons  admirer au 

musée du Louvre ses deux chefs-d'oeuvre,

 Mercure sur son cheval ailé,  entre 1698 et 1702, une prouesse tant pour la

 finesse du caducée que la vérité anatomique du cheval, l'expression de noblesse

 et de grâce propres aux Dieux !  comme l'envolée de la queue du cheval saisie en

 plein vol !


                                                                                                                                           et sa non-moins superbe "Renommée"     3,26 de hauteur sur 

2métres 91 de large et 1m 28 de profondeur , au Louvre aussi pour ne citer que

 celles-là .


             La prouesse ici est la finesse de la trompette.

 Vous aurez déjà reconnu le ciseau de Coysevox 

                                      https://www.youtube.com/watch?v=KVEQBcpywJ0                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/amphitrite-et-neptune                                                                                                                                                               




mercredi 17 mars 2021

Manufacture de la Savonnerie

  Il ne s'agit pas de savon ... mais de tapis d'exception 

             un privilège des lieux de pouvoir

                        https://www.youtube.com/watch?v=PdqephQ0Ea4

 Les tapis anciens de la manufacture  ont été tissés avec les cartons de Charles le

 Brun aux commandes des Gobelins comme nous l'avons déjà vu.

En 1628 la première manufacture royale de tapis est fondée en France, la 
 
Savonnerie tire son nom d’une ancienne maison de savonnerie à Chaillot, dans
 
 laquelle elle est transférée en 1631. Elle est alors spécialisée dans la fabrication
 
des  tapis veloutés auxquels on adjoignit par la suite des tapis copiés de l’Orient.
 
  Pierre Dupont (1560 1640)  et Simon Lourdet 1590-1667) en sont les deux 
 
premiers associés suivis par leur descendants  et en 1826, elle est rattachée aux
 
 Gobelins. 
 
 Il est admirable que ce savoir-faire soit encore d'actualité

                https://www.youtube.com/watch?v=TCT5xG9zO_U
 
  Exemple parfait !


consécration pour le lot phare de la vente du 22 octobre à la Galerie Charpentier, quand le représentant de l'Etat a préempté (1), sur l'enchère de 2.200.000.€ ce magnifique tapis aux armes de France. Sorti des métiers de la Savonnerie sous le règne de Louis XV, il ira compléter le décor fraîchement restauré des appartements privés du Roi à Versailles.
À un peu plus de deux millions et demi d'euros frais compris, l'acquisition est aussi une bonne affaire pour l'état qui a laissé passer deux fois l'occasion chez Christie's: une fois à Londres en 1994 où le tapis s'était adjugé 1
.321.500.£ l'équivalent de 2 M€, une autre fois à New York en 2000, lors de la vente Riahi où il avait été poussé à 4.406.000.USD, soit cinq millions d'euros. au taux du dollar à l'époque.Ça valait donc la peine d'attendre, d'autant plus qu'à Paris, l'Etat peut user de son droit de préemption, ce qui n'est pas le cas à Londres et à New-York.
Juste retour aux sources ? Si les armes de France (d'azur à trois fleurs de lis d'or) au centre de la composition attestent une commande royale, le tapis n'était pas forcément destiné à Versailles.

Tout magnifique qu'il est, il n'est d'ailleurs pas unique. On en connaît au moins six, existant ou ayant existé, du même modèle créé par l'ornemaniste Pierre Josse Perrot, auteur de la plupart des modèles créés à la Savonnerie entre 1725 et 1750.
L'un se trouve toujours dans la chapelle de Fontainebleau à laquelle il était destiné. Un autre est à Chambord, un troisième au musée Camondo et un quatrième au musée de Cleveland. Un autre encore, assez usé, est passé aux enchères à Monaco, en 2000, dans la collection Lagerfeld, adjugé 6
.100.000.F (environ un million d'euros).Le Journal du Garde meuble de la Couronne répertorie en outre sous le n°318, à la date "dudit jour 28 février 1735" …. pour servir sous la table de la salle à manger du Roy dans le Salon du château de La Muette… un tapis d'ouvrage de laine de Savonnerie…" dont la description minutieuse et les dimensions correspondent exactement à celui qui vient d'entrer à Versailles.
Cinq ans plus tard, le 6 février 1740, un tapis identique est livré à la Couronne (n°325) pour la salle à manger du château de Choisy, que l'on retrouve dans l'inventaire de 1789
"avec des couleurs passées"
Il ne peut donc s'agir de celui de la vente du 22 octobre, qui nous est parvenu au contraire dans une fraîcheur étonnante : l'éclat des rouges, la vivacité des bleus, l'intensité des jaunes, la vigueur des contrastes…. montrent qu'il a été le plus souvent préservé de la lumière, peu ou pas utilisé.
En dehors de son exceptionnel état de conservation et de sa provenance royale, l'intérêt de ce tapis réside surtout dans la qualité de son décor rocaille où s'entremêlent rinceaux, feuillages, coquilles et guirlandes. Qui en font
"un des plus beaux tissés en France" précise le commentaire de Sotheby's où Brice Foisil, directeur du département mobilier se réjouit: "que l'un des plus beaux témoignages de la décoration intérieure au XVIIIe siècle puisse être prochainement admiré au château de Versailles."

Françoise Deflassieux



 A lire" 'Notices historiques sur les manufactures impériales de tapisserie des
 
 Gobelins et de tapis de la savonnerie"

            https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k206106m/f3.item

mardi 16 mars 2021

L' Art de la tapisserie : suite

 Je pourrais revenir sur la gestion de Colbert tant dans le domaine des 

manufactures des Gobelins, de la Savonnerie et de Beauvais qu'aussi  dans  la 

création de l"Académie de France à Rome en1666 ( qui a vu passer tant 

d'artistes) 

 en même temps que celle des Sciences et celle d'Architecture, une année plus

 tard. Et l'on dit pourtant que celle de Louvois est un "âge d'or". Celui-ci donne la 

prééminence à Mignard et à Hardouin-Mansart un autre de ses protégés et au 

contraire de ses prédécesseurs  privilégie des peintres  italiens Raphaêl et Giulio

Romano pour la série des "Sujets de la Fable" en 1686.

 Il fallait donc agréer les dessins pour passer ensuite aux cartons .

                  Amour et Psyché au bain d'après une toile de Giulo Romano

 troisième tenture des Sujets de la Fable 1700-1705.     5,04 X 5,58 mètres 

                                              Paris Musée du Louvre

 Après avoir beaucoup critiqué Colbert, Louvois lorsqu'il disparait en1691 en 

   paraît le parfait continuateur. Les manufactures sont alors confiées à la gestion

  du Contrôleur général des finances, sauf celles des Gobelins et de la Savonnerie.

 petits changements aux directions de l'Académie de France à Rome dirigée 

dorénavant par La Teulière, La Hire passe à l'Académie d'archictecture et Pierre 

Mignard à la direction de la peinture, de la sculpture et de la manufacture des

 Gobelins : changement aussi de stratégie de Louis XIV qui met un terme au

 binôme formé par le surintendant et le premier peintre. 

Aux périodes sombres succèdent d'autres plus fastes, les hommes passent et l'Art 

reste. 

Philippe Behagle dont l'enseigne se situe à Paris était originaire d'Audenarde, il 

avait une grande expérience comme marchand de tapisseriees mais aussi comme 

tapissier et chef d'atelier, Louvois lui avait donné toute sa confiance mais les

 difficultés financières  voyant les budgets dramatiquement à la baisse, il va 

retourner en 1672 dans sa ville natale et ensuite s'associer avec Jan Baert pour 

créer un atelier à Tournai.

 En 1688, Louvois avait enrichi le catalogue des cartons des Gobelins d'une

 dizaine de séries, scènes de chasse  compositions à  arabesques scènes

 mythologiques et sa stratégie de redressement des Gobelins s'assorti d'une

 recherche de qualité des matériaux faisant vnir d'Angleterre de la laine de la plus

 haute qualité. 

Voilà donc les Gobelins concurrencés par " la Beauvais" de Béhagle qui, lui ,se 

fournit en laine et soies teintées à Lille. Plus ouvert sur l'extérieur il remporte le

 succés avec "les Ports de mer" les Conquêtes de Louis XIV ou l'Histoire de

 l'Empereur de Chine 


                           L'Histoire de l'Empereur de Chine. La Collation

          Philippe Behagle. Beauvais. Laine et soie 423 X 310 cm. 1697-1706 

 https://www.getty.edu/art/collection/objects/5806/beauvais-manufactory-woven-under-the-direction-of-philippe-behagle-after-cartoons-by-guy-louis-vernansal-et-al-tapestry-les-astronomes-from-l%27histoire-de-l%27empereur-de-la-chine-series-french-about-1697-1705/

                     https://www.youtube.com/watch?v=Kd8HDVszYWk



lundi 15 mars 2021

Basse lisse et Haute lisse

 C'est un art qui grâce au Ciel a encore cours  et qui a eu ses heures de gloire 

comme nous allons le voir. Pour donner du travail à un lissier, il faut d'abord un

 cartonnier autant dire un peintre.

Je n'aborderai pas la production moderne pour me consacrer  à celle qui sous 

l'égide de Colbert bénéficia du soutien royal faisant des manufactures des Gobelins

 et de Beauvais la fleur de ces tapisseries  qui en vinrent à concurrencer les 

Flandres. L'art de la tapisserie ne date pourtant pas de cette époque et au long de

 mes voyages j'ai pu en contempler de plus anciennes. Il suffit d'évoquer celle de 

Bayeux ou celles qui couvraient les murs des châteaux du Moyen Age, ou celle de

 la Dame à la Licorne, par exemple.

https://www.musee-moyenage.fr/media/documents-pdf/dossiers-enseignents/dossier-enseignants-musee-de-cluny-tapisserie-2012.pdf

 

 L'Automne ( La galerie de Saint- Cloud d'après Mignard ) Gobelins 1892-1699 

                         laine, soie et fils de métal. Paris. Mobilier national.

 La tapisserie c'est aussi un livre d'histoire au même titre que les vitraux ou les

 fresques et un sujet très vaste que vous aurez peut-être envie d'explorer. Pour ne

 parler que de l'Europe sans traverser la Méditerranée et retrouver les "trames" 

orientales et une époque seulement.

 Nous savons tous que Colbert (1619 -1683 ( et ce Comité existe toujours ) eut à 

coeur de favoriser les industries de luxe françaises : Charles Le Brun était à la

 manette et ne souhaitait pas laisser aux seules académies de peinture ou de

 sculpture, le prestige de diffuser  la gloire de Louis XIV. Pour cela des" Lettres

 patentes pour l'établissement d'une manufacture royale de tapisseries de haute et

 basse lice en la ville de Beauvais" vont être promulguées bientôt suivies par celles

 d'Aubusson, la manufacture  des Gobelins étant plus précisément "royale".

La période qui suivit la disparition de Colbert fut défavorable à cette production

 mais pour peu de temps puisqu'elle resurgira avec d'autres innovations dés 1730.

 Charles Le Brun va donc s'attacher à faire tisser" L'histoire du Roi"  mais les

 choses évoluent et  ce sont des cartons de Poussin et de Raphaël dont  "l'Histoire 

de Moïse"  que l'on va prendre pour modèle sous la direction du nouveau

 surintendant des Bâtiments du Roi en l'occurence  le marquis de Louvois qui prend

 donc la succession de Colbert.

 


 Les Arabesques de Raphaël ou "Les Triomphes des Dieux Gobelins 1702-1705      

               laine, soie et fils de métal 482 X 672 cm Mobilier national Paris

 Les caisses royales sont au plus bas et les Garde- Meubles un peu saturés,

 Louvois ordonne de tirer  des tentures de la Renaissance italienne des collections 

royales et ordonne aux peintres-cartonniers des Gobelins de copier trois séries du 

XVI ème issues d'ateliers bruxellois :" les Arabesques autrement dit les "Triomphes

 Trimphes des Dieux" cartons réalisés par Bernard van Orley (vers 1488-1541) et

 qui ont fait le bonheur des papes des Rois ou des Empereurs.

 Il ne s'en tient pas à cela, dans le même temps il engage Philippe Béhagle en

 mars 1684 qui, lui, s'emploie à donner naissance aux "Grotesques" inspirées de

 l'oeuvre de Jean Bérain (que l'on retrouve en faïence) sujet distractif issu de la

 Commedia dell'arte 

 Les dromadaires. Série les Grotesques  Philippe Behagle vers 1695 laine et soie

  https://www.youtube.com/watch?v=Dkk6RZfQctE

 https://blog.willyarn.com/2016/12/28/metier-de-haute-lisse-metier-de-basse-lisse/

 

 


 Acis et Galatée découverts par Polyphème (Les Métamorphoses d'Ovide vers 1680

                       Paris. Jean II Jans. laine et soie 320 X 260 cm

 https://www.cairn.info/revue-studia-bruxellae-2019-1-page-11.htm

 



             La Mort de Decius Mus, laine, soie et fils d’or, 275 x 455 cm ;

 appartient à une suite de cinq tapisseries de Bruxelles et de deux portières

 attribuée à l’atelier de Jan II Raes, début du XVIIe siècle, d’après des cartons de 

Pierre-Paul Rubens. 

 

  et à Aubusson...https://www.youtube.com/watch?v=zpEEuDLe6I4

 

 

 

 

dimanche 14 mars 2021

Incrustations d'ivoire

 Ne quittons pas encore l'Italie et plus précisément Rome et le palais Farnèse

              https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-4874_1909_num_29_1_6997

où ont résidé plusieurs cardinaux, Alessandro, Ranuccio et Odoardo de 1573 à 

1626. Le mobilier qui nous intéresse aujourd'hui étant probablement celui de ce 

dernier, encore que les armes figurant sur  le buffetto (nom donné aux tables 

pliantes) prêtent à confusion entre Alessandro et Odoardo, la présence de 

griffons généralement absents dans la hiérardique consacrée et plus courante

dans les armes des empereurs, sème le trouble.

 

 le piètement en forme de tréteaux est pliant


décor géométrique parsemé de petites fleurs, médaillons d'ivoire toujours de face

 en tournant autour de la table.

 Toujours est-il que cette table pliante vendue plus tard est remarquable pour (on

 dirait aujourd'hui son design) sa composition d'ébène incrustée de médaillons 

d'ivoire,  les "favole" représentant les épisodes des  Métamorphoses d'Ovide. Les 

archives nous en signalent trois du même type et c'est grâce à l'une d'entre elle 

que nous pouvons situer les dates de leur fabrication (1599) leur commanditaire ,

 le duc d'Orbino à l'occasion de son mariage avec Livia della Rovere et son

attribution au maître Giorgo Tedesco.


 Mais pourquoi ce raffinement suprême de médaillons d'ivoire ; il faut partir à 

Naples pour essayer de comprendre ... Naples est à cette époque sous domination

 espagnole, laquelle reçoit de sa Nouvelle Espagne bois précieux et ivoires. Ce 

meubles n'est pas le seul, il faut aller au musée de Philadelphie pour remonter la 

filière  de ces "intaglatiore d'avolio " ; Giovanni Battista de Curtis est l'un d'eux et 

pourrait bien avoir été l'auteur de cette ébénisterie.  Une autre piste est le cabinet

 qui est au musée de Hambourg daté de 1597 mais qui, lui, porte la signature de

 Gennaro Picicato. En 1594, Jacobus Manganiello de Neapoli, intagliatore , 

d'avolio reçoit une commande de Jacobo Fiamengo scrittorista et Petrus pax

 alemanus en reçoit une autre en 1596.

 

                                                        Métmorphoses d'Ovide "Mios et Scylla
 

 Ces ouvriers étaient des ouvriers d'origine flamande ou allemande. Il est certain 

que sous les fresques d'Annibale Carrache on ne pouvait se permettre  n'importe

 quel mobilier, d'autant plus que c'était la mode, aussi bien en Allemagne qu'à

 Naples. Toujours est-il que graver des plaques d'ivoire n'est pas à la portée de

 n'importe quel artiste.

                 et ces tables se trouvaient présicément dans le "camerino"


https://www.treccani.it/enciclopedia/de-curtis-giovanni-battista_(Dizionario-Biografico)/

                                           une autre

 https://www.sothebys.com/fr/auctions/ecatalogue/lot.4.html/2010/treasures-aristocratic-heirlooms-l10307

 https://www.anticstore.com/cabinet-dapparat-ebene-ivoire-grave-naples-debut-xviie-siecle-67573P

vendredi 12 mars 2021

Trésors de marqueterie

 Nous voilà partis pour Vérone, non pas à la rencontre de ses fameux amants mais 

des "intarsia" de Santa Maria in Organo, ancienne abbaye de l'ordre des Olivétains

 où Fra Giovanni da Verona exerça son art entre 1493 et 1499. Il va là, illustrer

les stalles de tout un bestiaire où les symboles chrétiens vont pouvoir prendre

forme avec les animaux  représentatifs  de leur fonction. L'art véronais en est la

 spécialité,  et Fra Giovanni va y exceller.

 



  L' intarsia est un art consistant à incruster des pièces de bois sur un

 support de même matériau afin de créer des images par la juxtaposition des

 teintes de bois. Le mot intarsia vient du mot latin interserere qui signifie insérer.

 Cette technique apparaît en Europe au XVe siècle pour la décoration des édifices

 religieux où le marbre était également utilisé. La ville de Sienne était réputée

 pour cette technique, notamment grâce au travail de Domenico di Niccolo  et de

 son élève Mattia di Nanni. Le maître qui enseigna cette technique à Fra Giovanni 

était Sébastiano da Rovigno

 Du petit lapin du lutrin, que l'on peut transposer en une image du moine et par

 extension du bon chrétien, ou de l'âme contemplative  et de la cavité rocheuse qui

 l'abrite on peut comprendre que ce petit animal sans défense représente  le 

chrétien qui  trouve refuge dans la protection du Très Haut  : Fra Giovanni attribue

à ce petit mammifère vigilance et solitude contemplative, comme la sienne, yeux

 grands ouverts, état nécessaire à l'élévation de l'esprit humain. C'est la place

 centrale du lutrin qu'il choisit pour le mettre en évidence. Tous les panneaux qui

 illustrent le haut des stalles , se faisant face étaient une source de méditation ou 

de... distraction pour les moines en prière.

 


 

 A la chouette associée, elle, au savant solitaire plongé dans la lecture des Saintes 

Ecritures

 


 et aux Chouettes ou hibou, auxquels il adjoindra d'autres oiseaux, pinson ou

 chardonneret, rouge-gorge aussi  qu'il n'a pas manqué de signaler comme

 éléments traditionnels de l'iconographie chrétienne. Fra Giovanni invitait ainsi ses 

frères à  la nécessité de faire quotidiennement de la Passion (le chardonneret) 

l'objet de leur méditation solitaire (la chouette). Ces passereaux étant d'après les

 légendes paysannes ceux qui s'étaient apitoyés sur les souffrances du Christ et en

 avaient reçu les stigmates..

 


 

 Il nous faut aussi signaler  une autre face du lutrin  sans doute une petite belette

 synonyme  d'agent prophylactique  qui par son odeur écarte les êtres immondes, 

mais d'autres y voient un petit écureuil synonyme de prudence


Vous l'avez compris les marqueteries de Santa maria in Organo  sont un livre

 d'images naturalistes mais avec une lecture chrétienne.


 Bien que d'une culture plus complexe, on peut encore voir un héritier des frères 

de Lendinara, inventeurs de la technique des bois teints, auteurs des 

marqueteries du chœur de la cathédrale de Modène, dans Fra Giovanni da 

Verona, qui, durant son noviciat (1474-1478), put connaître la tradition lombardo-

émilienne. Il dut cependant apprendre son art avec Fra Sebastiano da Rovigno en

 collaborant à des travaux de marqueterie, perdus, à l'église S. Elena à Venise 

(1489-90). Entre 1491 et 1499, il exécute le fameux chœur de S. Maria in Organo 

à Vérone et s'impose avec cette œuvre importante dans le groupe des habiles 

marqueteurs de l'époque.

 Fra Giovanni da Verona ne se contente plus de la gamme chromatique naturelle

 fournie par les bois et, voulant rivaliser avec la peinture, il teint les bois dans le 

coloris désiré. Ses déplacements continus d'une abbaye bénédictine à l'autre font 

connaître partout son habileté, et, en 1503, il reçoit la commande du chœur de 

Monteoliveto, près de Sienne. L'œuvre, terminée en 1505, n'occupe plus sa place 

originelle, mais peut être admirée maintenant au dôme de Sienne ; Monteoliveto 

Maggiore a, au contraire, récupéré le chœur exécuté par Fra Giovanni da Verona 

pour le couvent de S. Benedetto fuori Porta Tufi, près de Sienne (1511-1516). De 

1506 à 1511, Fra Giovanni travaille aux marqueteries du couvent de Monteoliveto

 à Naples (passées maintenant à l'église S. Anna dei Lombardi) et, sitôt après, il 

atteint le sommet de sa carrière avec l'exécution des dossiers marquetés de la 

Sala della Segnatura au Vatican (1511-12), très vite remplacés malheureusement 

par une autre décoration. Ses dernières œuvres sont de nouveau réalisées en

 Italie septentrionale (à Vérone et Lodi), mais, en Italie centrale, il a laissé ses 

élèves ou des maîtres marqueteurs influencés par sa manière, comme Giovanni 

Francesco d'Arezzo, auteur du chœur des Convers de la Certosa di S. Martino 

à Naples (av. 1524), ou les frères Bencivenni, qui, de 1521 à 1530, travaillent a

u chœur de la cathédrale de Todi.

jeudi 11 mars 2021

Jacques-Louis David : peintre

 Un grand maître de la peinture dont nous ne verrons ce matin que les 

"Académies" d'hommes en cinq peintures pour lesquelles il m'a fallu aller jusqu'à 

Québec !! Marseille et Montpellier, plus à l'ouest à Cherbourg, pour le reste il

faut aller au Louvre si vous restez en France.

 Non non  ! les musées n'ont pas rouvert en France !!

           https://www.napoleon-empire.net/personnages/david.php

Premiers exercices romains sous la direction de  Vien en 1775, l'Hector de 

Montpellier et le Saint Jérôme du Musée de la Civilisation de Québec sont 

expédiés à Paris  en 1778. mais les études poussées des biographes pensent que 

cette oeuvre magistrale du "Patrocle" semble avoir fit partie de ses bagages quand

 il quitte Rome. 

 Il est séduit par les oeuvres de l'Antiquité lors de son voyage à Pompéi, organisé

 pour remédier à son "spleen".

 Vendu en 1835 c'est ainsi qu'il atterrit au musée de Cherbourg mais auparavant 

 cette oeuvre qui servait de modèle aux élèves de ce grand peintre avait une autre

 appellation: 

"Philoctète abandonné dans l'île de Lemnos".

 

 Un souffle marin entraîne sa chevelure  il semble aussi que l'inspiration en soit

 venue des nus de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine., précisément (ignudi de

 droite au-dessus de la Sybille persique) Mais l'on pense surtout

 que la statue du "Galate mourant" du musée du Capitole à Rome ait été son 

modèle idéal à copier, réussissant l'accord recherché entre l'étude d'après nature

 et la sculpture de l'Antiquité.

Il fait preuve dans tous ces tableaux préliminaires de novateur, inspirateur lui-

même de tous les artistes du XIX ème siècle.

 Quand est -il d'Hector (le modèle n'est probablement pas le même que celui des

autres  "académies") , il fait partie des envois de Rome  en 1778 et 1779 où les 

spécialistes relèvent de forts accents luministes.

 David résidera à Rome de novembre 1775 à juillet 1780 mais n'a pas souhaité 

"rempiler" une année de plus.

                                                                                   Musée Fabre Montpellier

 Pour cette "académie" du musée d'art moderne de St Etienne il s'agit d'une huile

 sur papier marouflé de 1776 (27 X 38 cm 

              étude de nu, certes, mais facture nettement différente



Je crois qu'il a compris qu'il sait maintenant tout faire,  son St jérôme de 1779 est 

encore une autre composition.

 Musée de la Civilisation Québec

 et ne serait-ce pas lui qui a inspiré le tableau d'Ingres à Montauban (le voeu de

 Louis XIII ) avec ce Saint Roch?

 

 Musée des Beaux-Arts de Marseille

Et comme tout peintre qui se respecte, il a préparé ses peintures avec des études

 au crayon, pierre noire, estompe et rehauts de blanc sur papier beige,  que vous

 pourrez voir  au musée de la Chartreuse à Douai  (sans doute en 1780)) ou

http://arts-graphiques.louvre.fr/detail/oeuvres/0/623926-Etude-pour-Leonidas-aux-Thermopyles-tete-de-guerrier-grec-lesyeux-bandes