Eloge de l'architecture XV 1996
Extrait de "le Cosmos du fer "de Gaston Bachelard
Le cosmos du fer n'st pas un univers immédiat. Pour l'aborder il faut aimer le
feu, la matière dure, la force. On ne le connaît que par des actes créateurs
courageusement éduqués. Avant d'entrer dans la force créative, Eduardo
Chillida a tenté des destins beaucoup plus simples. Il voulait être sculpteur. On
lui mit, suivant le classique apprentissage, les mains dans la glaise. mais,
raconte-t-il, ses mains tout de suite se révoltèrent. Plutôt que de mouler il
voulait dégrossir. Puisqu'il fallait apprendre à travailler les espaces solides, il
mania d'abord le ciseau contre des blocs de plâtre. Mais le plâtre ne lui
donnait que des délicatesses à bon marché !
La lutte des mains, il la veut fine et forte. La pierre calcaire et le granit font de
Chillida un sculpteur accompli.
De telles rêveries de la dureté progressive peuvent-elles s'arrêter là ? Le
ciseau n'est-il pas le vainqueur quotidien de la pierre ? Le fer est plus dur que
le granit. A l'extrèmité de la rêverie dure règne le fer.
Au surplus ce grand lutteur des matières dures trouve que la masse interne
des statues garde une résistance inattaquée. Il rêve d'une sculpture qui
provoquerait la matière en son intimité.
Edité par Maeght
Collage dessin 1956
Arco de la Libertad 1993
Et puisque nous sommes à Hernani pourquoi ne pas poursuivre la promenade
avec la Légende des siècles (Victor Hugo)
https://www.fabula.org/colloques/document1127.php
Le jardin était grand, profond, mystérieux,
Fermé par de hauts murs aux regards curieux,
Semé de fleurs s'ouvrant ainsi que des paupières,
Et d'insectes vermeils qui couraient sur les pierres,
Plein de bourdonnements et de confuses voix,
Au milieu, presque un champ, dans le fond, presque un bois.
(Les rayons et les ombres)