samedi 12 novembre 2016

et la suite

Avant de partir il y avait un bel éclairage sur mes cyclamens, je suis souvent déçue de mes photos de cette élégante plante ; mais la pluie de la veille les habillait encore de goutelettes.


De part et d'autre de l'escalier qui descend au jardin, leur couleur diffère.

  Je m'y suis reprise à plusieurs fois pour les dernières roses jaunes, sans arriver toutefois à être vraiment satisfaite du résultat.


               Mais nous ne sommes pas partis pour une visite du jardin ; admirons plutôt les fleurs toutes simples dans la nature:

Elles se font rares et sont remplacées par quelques baies ... qui ne sont pas comestibles

                        non plus que cette amanite naissante.

                              ce pauvre papillon étai bien "mité"
                                       c'était bien le seul insecte rencontré.


 
              Vaste perspective qui me laisse toute latitude de choisir mon trajet,


 et de croquer quelques contre - jours où le soleil donne quelques reliefs à des banalités, comme ces feuilles de ronce.


        ou bien ces lierres toujours prêts à se servir des autres comme support...



Malgré, hier soir, un superbe lever de lune,  le beau temps ne sera pas au rendez-vous aujourd'hui  et je crains bien de ne pouvoir admirer la "super lune" de lundi soir, demain...

 
               encore un roussillous qui est le nom local du lactaire délicieux.


 

La balade du jour

Un peu oubliée la neige, il faisait presque chaud aujourd'hui; j'ai failli ne pas partir en réalisant tout à coup que c'était jour de chasse.
Après avoir enfilé un beau pull jaune,  je me suis décidée ; à une croisée de chemin une jeune femme tout de kaki vêtue m'a rassurée et assuré que la chasse était finie au prix... de quelques chevreuils.
Je pouvais me fondre tranquille dans le paysage.



 Un paysage que je connaissais comme ma poche ; après toutes les coupes d'épiceas, il faut me le réapproprier ; ce qui me réjouis quand je retrouve l'inclinaison d'un talus, un arbre particulier bien repéré autrefois.
 J'ai fui les tires pour ne pas me retrouver avec autant de boue sous les semelles.

           Par-ci , par-là quelques baies rouges colorent ce paysage,

                     J'ai fait de multiples fois ces photos de fûts dénudés.


           Je vais bientôt rentrer dans la forêt, suivre la lisière, moussue et bien m'en a valu car j'ai fait la cueillette du jour;  il y en avait tant que je ne les ai pas tous ramassés...








roussillous mais aussi amanites.






                   J'ai préféré quelques nèfles sauvages pour me désaltérer.


                          D'autre photos demain, mon omelette m'attend !!!!!


Orfévreries célèbres, suite

La recherche de ces biens précieux,  m'entraîne toujours un peu plus  en arrière  mais  quand je veux faire l'économie de ces descriptions,  j'y renonce, me devant à plus d'intégrité dans le rendu de cette lecture.
 Je voulais vous parler de deux joyaux, en premier lieu celui qui se trouve encore à Altoetting en Bavière le Rossel d'or et la Rose de Bâle au Musée de Cluny ..... mais pour cela je reprend ma lecture plus en amont car il y est fait mention de nombre d'orfèvres et je veux en arriver là, vous parler de cette corporation.
Ce que j'avais prévu pour aujourd'hui, le vestiaire somptueux de tous ces rois et reines viendra pour demain ou plus car entre-temps il y a la balade du week-end avec des surprises.


" On trouvera peut-être que nous nous sommes longuement étendu sur ces orfévreries offertes aux souverains, à leur entrée solennelle ; nous l'avons fait pour deux motifs ; le premier, c'est qu'il nous a semblé que les oeuvres présentées aux princes dans des occasions aussi particulières devaient marquer le point de perfection auquel étaient parvenus l'art et l'industrie locale ; le second, c'est que le désir de plaire au monarque, le besin de se concilier la haute bienveillance, devaient porter les magistrats aussi bien que les artistes à se conformer aux idées en faveur, à s'inspirer de ce qu' alors l'on considérait comme le bon goût  et que ces ouvrages par conséquent, nous fournissent un indice certain des évolutions subies par ce bon goût, un spécimen exact des tendances dominantes, au moment où ils furent exécutés.
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Il nous faut donc faire un long retour en arrière et étudier autrement que dans les présents royaux, la production de ce bel art, durant ces deux cent années.
Nous avons dit que les calamités dont furent marqués les commencements du XV ème siècle devinrent finalement funestes aux grandes réunions de chefs-d'oeuvre doublement précieux, dont nous avons passé une rapide revue.
Le trésor de Louis d'Anjou, que nous avons pris pour type d'une collection princière d'orfévrerie, à cette époque, fut absorbé par la conquête du royaume de Sicile.
Celui de Charles V fut entamé par les prêts consentis à l'aventureux Louis d'Anjou, et plus tard mis au pillage par ceux qui s'étaient attribués le gouvernement du royaume.
Il est encore facile de retrouver dans les Inventaires du Louvre , du château de Vincennes, de l'Hotel Saint Pol et de la Bastille St Antoine, dressés de 1418 à 1420, un certain nombre d'objets ayant figuré dans le merveilleux récolement opéré au lendemain de la mort de Charles V.
Mais dès que le malheureux fils de ce prince fut passé de vie à trépas, les Anglais, au nom de Henri VI, n'hésitèrent pas à s'emparer, non seulement de la Couronne mais encore de tous les trésors   qui en étaient l'apanage et c'est ainsi que tous les ingénieux et remarquables ouvrages de Jehan de Lille, de Jehan le Braalier, de Guillaume Vandethar, de Jehan de Montreux, de Claux de Fribourg, de Hennequin du Vivier, de Jehan de Fleury, de Pierre Chapelu, de Guillaume Gargoulle, de Jehan de Picquigny, de Pierre des Barres, de vingt autres grands orfèvres et grands artistes de cette période, fournisseurs attitrés deu roi Jean, de Charles V et de Charles VI, furent dérobés dispersés, ou détruits.
De tout cet amas invraisemblable de pièces hors ligne, c'est à peine s'il nous est  demeuré quatre ou cinq spécimens.
Une statuette de la Vierge ayant appartenu à Jeanne d'Evreux et que possède le Musée du Louvre

 http://aart.online.fr/Jeanne.htm


 peut donner une faible idée des merveilles de l'orfévreris française, en ces temps lointains.
La Rose d'or envoyée par le pape Clément V au prince évêque de Bâle aujourd'hui au Musée de Cluny et dont nous donnons ici une reproduction, ainsi qu'une troisième oeuvre plus intéressante encore au dire de M.Labarte (Histoire des Arts industriels au Moyen Age t. II p 53), le Rossel d'or conservé dans l'église d'Altoetting en Bavière sont à peu près tout ce qui nous reste de ce capital.

 Le Rossel d'or, ce dernier monument car c'en est un de 58 cm de haut, mérite d'être décrit.
Son étage inférieur, fait en argent doré, représente un portique à jour porté par quatre colonnes, soutenant une plate -forme à laquelle aboutissent deux escaliers latéraux.
Sous le portique, un jeune écuyer tient par la bride un cheval richement harnaché.
Sur la plate-forme, se dresse l'étage supérieur tout en or et qui consiste en une estrade surmontée d'un berceau fait de feuillages et de fleurs.
Ce berceau abrite la Vierge assise entre St Jean Baptiste et saint Jean l'Evangéliste, avec le petit Jésus sur ses genoux.
Le divin enfant offre un anneau à Sainte Catherine ; et au pied de l'estrade, on voit le roi Charles VI à genoux, armé de toute pièces et portant par-dessus ses armes un surcot fleurdelisé.
En face et de l'autre côté de la Vierge un écuyer à genoux tient le haume du roi.

Tous les personnages de cette belle pièce sont exécutés en ronde bosse.
Sa description figure dans un Inventaire manuscrit des joyaux de Charles VI, dressé à la fin de 1405 et appartenant à la Bibliothèque nationale.
Elle fut offerte à ce roi  par Isabeau de Bavière, pour le jour de l'an de 1404.
En 1413, elle fut enlevée au trésor Royal par Louis de Bavière, frère de la reine Isabeau et emportée en Allemagne.
Et c'est ainsi qu'après avoir été légué à l'église d'Ingolstadt, le Rossel d'or, passa en 1509 dans l'église d'Altoetting à laquelle il fut cédé.


                                                                                       à suivre

vendredi 11 novembre 2016

Orfèvreries célèbres

Pour enchaîner avec les oeuvres remarquables encore " de ce monde" je vais évoquer deux oeuvres sublimes.
 La première, l'autel d'or "antependium" de l'empereur Henri II de Bavière au Musée de Cluny ;



http://www.panoramadelart.com/devant-d-autel-de-la-cathedrale-de-bale

et le second le reliquaire de St Foy à Conques.


http://www.tourisme-conques.fr/fr/histoire-patrimoine/tresor/orfevrerie.php


Malheureusement, ce sont plutôt des histoires de pillage que je vais vous conter; aujourd'hui, en cette fête de Saint Martin, il y a lieu de se remémorer que le trésor de St Martin de Tours était l'objectif d'une razzia d'Abd el Rahman.

https://www.herodote.net/25_octobre_732-evenement-7321025.php

  https://www.cairn.info/revue-le-moyen-age-2008-1-page-37.htm


 "Ajoutons que Suger ne fut pas le seul prélat de ces temps lointains, qui donna un puissant  essor à l'orfévrerie.
Maurice de Sully, évêque de Paris ; Gervais abbé de St Germain, d'Auxerre ; Samson, archevêque de Reims ; Simon abbé élu du monastère de Saint Bertin ; Guillaume, abbé d'Andernès, dans le diocése de Boulogne, et nombre d'autres ecclésiastiques s'inspirèrent de son exemple et firent exécuter de grands travaux d'argenterie, disparus, hélas ! mais dont le souvenir nous a été conservé.
 Vers le même temps, un centre considérable d'émaillerie et d'orfévrerie religieuse s'établissait à Limoges, et lorsque Henri le Jeune, roi d'Angleterre et duc d'Aquitaine, prit possession de cette laborieuse contrée, il put enrichir la plupart des sanctuaires d'Angleterre avec celles  des dépouilles de l'abbaye Saint Martial de Limoges et de l'église de St Front, à Périgueux, qui ne furent pas implacablement détruites par ses compagnons avides de pillage.
Un des témoins de ces déprédations sacrilèges, Geoffroy de Vigeois, dans sa Chronique  du monastère de St Martial, donne la description de plusieurs de ces ouvrages anéantis, et, dans le nombre, il en est qui semblent avoir été de véritables oeuvres d'art.
Ce fait n'est pas, au reste, pour surprndre.
Parmi les pièces de ces siècles lointains, parvenues jusqu'à nous, plusieurs attestent une main-d'oeuvre déjà singulièrement perfectionnée.
L'autel d'or de l'empereur Henri II, que possède le Musée de Cluny ; l'autel portatif et les deux reliquaires du trésor de Conques, qui ont été décrits avec tant d'autorité par M. Darcel, suffisent à prouver l'habileté déjà grande des orfèvres du XI ème et du XII ème siècle.

Malheureusement, les spécimens de l'orfévrerie de ce temps sont aujourd'hui extrèmement rares.
L'aventure d'Henri le Jeune, que nous citions à l'instant, n'est pas un fait isolé.
Les Grandes chroniques de France  fourmillent de récits du même genre.

Nous y lisons, à l'année 1276 que les soldats de Robert d'Artois "prenoient à force les veuves et les pucelles et se couchièrent avec elles et puis les despoillèrent et tollirent quanqu'il avoient ; et n'espargnièrent né églyse né moustier, ains s'en vindrent à la tombe du roy Henry qui gisoit en l'églyse Nostre-Dame, et cuidèrent  qu'elle fust d'or et d'argent, si la despecièrent toute et esrachièrent par pièces et morceaux."

 s'ensuit une longue liste de déprédations ou  de vols largement commentés toujours en vieux français dans diverses chroniques ; je m'arrête sur celle où il est fait mention des dons  du roy de Cecille pillés à St Denis parce que ce roy de Cécille est  sans doute Chales II d'Anjou roi de Sicile dont le fils est St Louis d'Anjou évêque de Toulouse.

 Et on reste dans notre Sud-Ouest :
 Parmi les donations pieuses;
" celles -ci furent particulièrement nombreuses, et parfois prirent, elles aussi, les proportions d'un désastre.
En 1349, Jeanne de Navarre, reine de France abandonnait, par testament, tous ses joyaux et son orfévrerie à "l'oeuvre du Moustier de Nostre-Dame du couvent des Carmélites de Paris" pour bâtir une église.
Dans cet acte curieux, il était stipulé que ce trésor serait conservé dans un coffre"mis en seur et certain lieu de ladite église, dont iceulx religieux auront une clef et nous ou personne qui à ce soit establie de par nous
 ou nos exécuteurs, une autre, jusques à tant que les dits joyaux puissent être profitablement venduz"
(Félibien Pièces justificatives t. I ; p, 222)

 http://video.lefigaro.fr/tvmag/video/les-rois-maudits-robert-d-artois-(jean-piat)-annonce-a-mahaut-d-artois-(helene-duc)-l-arrestation-de-ses-filles-ordonnee-par-philippe-le-bel-maurice-druon-claude-barma-marcel-jullian/2537021845001/



















jeudi 10 novembre 2016

Un orfèvre célèbre

 Toujours avec le même souci  de ne pas rendre ce sujet rébarbatif, je pioche, je lis en tranversale, finalement toujours le même défaut entre les pages qu'entre les salles mais je reviens toujours à l'essentiel ou bien  ce qui m'intéresse le plus, j'ouvre d'ailleurs toujours un magazine par la fin..... on ne se refait pas !!!
 Alors pour ce soir:  que pensez vous que faisait le bon St Eloi à part suggérer à Dagobert de remettre sa culotte à l'endroit ?

" Il va sans dire que l'orfévrerie dans ces provinces éloignées n'affectait pas ce caractère d'art recherché et raffiné qu'on trouvait encore en Grèce et qui florissait à Rome.
De ce côté des Alpes toutefois, le travail des métaux précieux était depuis longtemps en honneur et pratiqué avec un indiscutable mérite.
Les premières armées gauloises auxquelles se heurtèrent les légions romaines portaient des enseignes brillantes, représentant un cheval libre, une laie un sanglier.
Les plaques, les agrafes, les torques, les umbos de bouclier, retrouvés aux environs d'Alise, et contemporains du siège de cette valeureuse cité, montrent une ornementation fine, des proportions heureuses, une exécution délicate, pleine à la fois d'habileté, de savoir et de goût.
Les adversaires de César possédaient déjà des orfèvres expérimentés.

 Ne soyons pas surpris qu'au moment où commencent nos études, les orfèvres d'Occident, sans atteindre à cette perfection  technique des orfèvres de Rome et de la Grèce, se trouvent, au point de vue métier, en possession de tous les procédés courants de fabrication.
Ils savaient depuis plus de mille ans, fondre les divers métaux.
Les grands travaux même leur étaient familiers.
Saint Ouen nous apprend (Vita St Eligii, lib Ier, chap XXXII et lib II chap VI), que Saint Eloi, héritier du talent de ces fondeurs gallo-Romains  qui coulaient de si admirables statues, fit d'or et d'argent les tombes de plusieurs bienheureux.




Ce même écrivain rapporte, en outre, qu'Eloi était aussi bon joailler qu'orfèvre et que la fine exécution de ses chatons, ainsi que la façon dont il montait les pierres précieuses, lui valurent l'admiration de ses contemporains.
Une gondole enrichie de saphirs, de grenats et de perles orientales, exécutée par le saint, gondole dont Suger nous a conservé la description ( Hist franc, script, t,IV p, 349) et diverses pièces longuement détaillées dans l'Inventaire du Trésor de St Denis, confirment ce que dit à son sujet l'auteur de la Vie du patron des orfèvres.
Enfin M. Labarte pense que les économies réalisées par St Eloi dans la confection de ce fameux trône qui lui valut la confiance absolue de Dagobert, résultaient surtout d'un alliage savant, fait dans des proportions si justes, que la solidité du métal s'en trouvait augmentée et qu'n éprouvant l'or à la pierre de touche on ne pouvait s'apercevoir de la présence d'un élément étranger.
"C'est ainsi que St Eloi, écrit l'auteur de l'Histoire des arts industriels
(T Ier p 244), put retirer de la masse totale de  l'or qu'on lui avait livrée une certaine quantité de ce métal, sans rien diminuer du poida attribué d'avance à l'objet exécuté".
 Mais pour qui sait combien ces procédés d'alliage sont délicats, il résulte du subterfuge même, employé par le saint orfèvre, que le traitement des métaux par la fusion était poussé, de son temps, à une perfection remarquable.


et comme les plus anciens portraits qui nous ont été conservés de lui le représentent presque tous avec un marteau à la main, si les preuves venaient à faire défaut, on trouverait dans ce fait la certitude que leq travaux de repoussé, de coquillé et de martelage de l'or et de l'argent étaient également familiers aux orfèvres de son époque.
Eloi obtint de Dagobert des faveurs sans nombre.
Le roi lui donna notamment le domaine de Solignac près de Limoges.
Il y fit construire un monastère et réunit dans son enceinte des moines habiles dans tous les arts.
Thillo, son élève, fut le second abbé de ce monastère et sous son administration, une quantité considérable de beaux ouvrages d'or et d'argent furent exécutés pour les églises et les abbayes de tout le royaume.
Quelle était la valeur artistique de ces divers morceaux ?
 Il est assez difficile de l'établir.
Les documents précis et surtout les représentations graphiques font défaut.
Cependant on peut avoir une idée de la magnificence un peu primitive de l'orfévrerie de ces temps lointains par quelques descriptions parvenues jusqu'à nous, et surtout par le trésor de Guarrazar, que conserve le Musée de Cluny et qui remonte au VII ème siècle.
 Les préceptes et les exemples laissés par saint Eloi et par ses élèves ne furent pas perdus.
La période carolingienne fut presque aussi fertile en pièces d'orfèvrerie  que celle à laquelle elle succédait, et cette passion des beaux vases d'or et d'argent, des monuments en métal précieux prit un redoublement d'intensité, lorsqu'après la longue nuit de l'an 1000 et ses appréhensions terribles, le monde recommença à vivre.
Parmi les grands personnages contemporains de cette renaissance, qui encouragèrent les orfèvres et propagèrent leus travaux, une place doit être faite à Suger qui, de1022 à 1152 fut abbé de Saint Denis.
Ministre de Louis le Gros, Suger fut chargé plus tard, sous Louis VII de la régence du royaume.
Partant du principe que "plus les objets ont de prix, plus ils sont dignes d'être consacrés au service du Seigneur", cet abbé-ministre s'occupa d'enrichir le trésor de son église abbatiale, qu'il venait de réédifier et il s'efforça de doter ce sanctuaire d'un mobilier à la fois précieux et magnifique

            Vase en porphyre monté en vermeil par ordre de l'abbé Suger

      http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/vase-de-porphyre-aigle-de-suger
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Les oeuvres les plus considérables que Suger fit fabriquer ont été détruites en effet , et parmi elles, la plus grande, la plus belle qu'aient produite, à cette époque, les disciples de Saint Eloi, le tombeau de Saint Denis et la chasse qui l'enveloppait, véritable monument dont la desrciption n'occupait pas moins de douze folios dans l'Inventaire de l'abbaye de Saint Denis, dressé au XV ème siècle, époque où ces chefs-d'oeuvre existaient encore.
 
https://www.herodote.net/Dagobert_1er_603_639_-synthese-625.php

 https://www.youtube.com/watch?v=kJhq8i0x0DQ

http://www.armae.com/blog/le-carnyx-trompette-de-guerre-celte.html

mardi 8 novembre 2016

Histoires de nefs

 Avant que les orfèvres ne soient séduits par les formes élégantes de ces nefs et ne les cisèlent pour les profanes,  elles trônaient sur les autels  comme des ex-votos et voici l'histoire de l'une d'elle.

" Dans les dangereuses tempêtes, quand tout espoir semblait perdu, et que la bienveillance céleste devenait le dernier refuge des voyageurs terrifiés, on promettait au saint le plus accessible une nef d'argent, si l'on parvenait à aborder saint et sauf.
De là ces jolis navires en métal précieux qui ornaient au XIV ème et au XV ème siècle, les autels des saints particulièrement vénérés ; fastueux ex-voto, précurseurs de ces embarcations plus modestes, que nous voyons encore aujourd'hui suspendues aux voûtes des chapelles de nos côtes.
 Joinville raconte qu'au retour de la Terre Sainte, une tempête effroyable assaillit la flotte de Saint Louis, dans le voisinage de Chypre.
La reine malade se désespérait, quand Joinville lui conseilla de promettre un pélerinage à Saint Nicolas de Varengeville, et, comme la princesse hésitait, objectant qu'elle craignait que le roi ne lui permit pas d'accompir ce voeu ;
"Au moins, Madame, lui dit Joinville,  promectez luy que si Dieu vous rend en France sauvement, que vous luy donnerez une nef de cinq marcs d'argent pour le roy, pour vous et voz enfans. Et si ainsy le faictes, je vous promect et asseure que, à la prière de Saint Nicolas, Dieu vous rendra en France."
Et Joinville ajoute;
" Lors elle promist à Saint Nicolas de luy donner la nef d'argent ; et me requist que je luy en fusse pleige.
Ce que je voulu.
 Et tantoust, elle retourna à nous et nous vint dire que Dieu, à la supplication de St Nicolas, nous avoit garentiz de ce péril.
Quand la royne fust revenue en France, elle fist faire la nef qu'elle avoit promise à Monseigneur Nicolas et y fist enlever (c'est-à- dire représenter en relief) le roy, elle et leurs trois enfans, les mariniers, le mast, les cordaiges et les gouvernailz, tout d'argent et cousuz à fil d'argent.
Laquelle nef elle m'envoya, et me manda que je la conduisisse à monseigneur Saint Nicolas: et ainsi le fis. Et encores depuis long-temps aprèz la y vy-je, quant nous menasmes la seur du roy au roy d'Almaigne."
Mémoires, t. II p, 129


 Le cérémonial des soupers du roi Louis XIV, dans les Ordonnances de 1665 et 1681  montre que beau meuble avait encore gagné en prestige.
Je ne trouve pas trace de son existence à notre époque ni même de sa représentation .
Seule la nef de Louis XV et son dessin par Meissonnier nous sont parvenus :

 L'entrée de la nef de Louis XIV dans la salle des repas était presque triomphale et le cérémonial qui l'accompagnait avait quelque chose de particulièrement solennel.
Quelques instants avant que le roi se mît à table, la nef faisait son apparition, portée par le chef du Gobelet avec tout le respect imaginable.
Un huissier de salle, baguette en main, et un garde du corps armé, marchaient devant ce meuble précieux et lui faisaient faire place.
 Le soir, le même huissier, outre sa baguette, tenait un flambeau, et c'est ainsi que processionnellement en quelque sorte, la nef venait prendre sa place sur le buffet ou sur la table du roi.
Pendant tout le repas, elle avait pour gardien un des gentilshommes servants, qui ne la quittait pas du regard, et, quand on avait besoin de quelqu'un des objets qu'elle renfermait, c'était l'aumonier seul qui avait mission d'en enlever le couvercle.
Enfin, chaque fois que, pour les actes de son  service, le maître d'hôtel passait devant la nef, il lui faisait la révérence....................................
 Cette nef était gardée par deux ou trois gardes du corps sous les armes raconte le duc de Luynes, toutes les dames se rendant au grand souper faisaient une profonde révérence..................................
 Remarquone en finissant que le grand panetier avait comme support de ses armoiries, une nef d'or et que celle-ci comptait parmi les attributs de sa charge.

Ci-dessous


De tous les descriptifs très détaillés de ces coupes  et pour justifier,(si cela était nécessaire) .... une telle adoration, je vous rapporte la nature de cette nef de Louis XIV:
L'Etat du mobilier de la Couronne dressé le 20 février1673 en donne la desciption suivante :
" Une grande nef d'or avec  son couvercle émaillé en quelques endroits, soustenue par deux tritons et deux sirènes sur une base portée par six tortues, enrichies à l'entour de dix chattons de diamans et de douze rubis, par les bouts, de deux couronnes de diamans, au-dessus, des armes esmaillées, et au-dessus du couvercle, d'une grande couronne de diamans et rubis, portée par un petit amour au milieu de deux dauphins, hault de 22 pouces environ, sur autant de largeur, pesant 106m7°0g".
Le modèle de ce véritable chef-d'oeuvre avit été exécuté par le sculpteur Laurent Magnier, qui reçut 450 livres pour son travail.
La confection en fut confiée à l'orfèvre Jean Gravet qui consacra près de six ans à ce difficile et délicat ouvrage et reçut 13.000 livres rien que pour la façon.
 Pour clore ce sujet, le dessin de la nef de Charles-Quint; argent repoussé ciselé et doré 



 que l'on peut admirer au Musée de Cluny
                                              
 une autre nef de table :

et la dernière :

Je passe sous silence la description de "moultes" autres nefs de Charles le Téméraire à  Richelieu ou Catherine de Médicis ou le Roi de Navarre et bien d'autres .

lundi 7 novembre 2016

Les nefs en orfévrerie

 Il est important de préciser en "orfévrerie" puisque je pourrais aussi bien désigner la nef, vaisseau central des églises ou un véritable navire.
Nous en avons eu un aperçu dans la belle collection Oetker mais sans en connaître les destinataires.



Ces objets  d'orfévrerie ont une origine très ancienne puisque  Froissard (biographe de Phoebus)  raconte déjà dans ses chroniques t, IV p 301
" Pierre le cruel ne se croyant pas en sûreté à Séville fit trousser et mettre en nefs et en coffres son trésor ". (1334-1369)
Olivier de la Marche décrit en ses mémoires (1453) un entremets ayant la forme d'une nef à voile levée," moult bien faicte, en laquelle avoit un chevalier tout droict armé, qui le corps avait vestu d'une cotte d'armes des plaines armes de Clèves; et Jean de Troye dans le récit qu'il nous a laissé de l'entrée de Louis XI à Paris (1460) nous apprend que ce prince trouva à la Porte St Denis
"une moult belle nef en figure d'argent, portée par haut contre la maçonnerie de la dite porte......................................................
Ces nefs , nous allons le voir, étaient disposées sur les tables devant les rois ou les reines et utilisées pour y serrer les ustensiles indispensables au repas
"Et y met-on dedans quand le Roy est à table, son essay, sa cuiller son coutelet et sa fourcette "... (Inventaire de Charles V).
Elles pouvaient aussi contenir les assaisonnements et les épices et aussi les épreuves, c'est-à-dire des fragments de licorne ou des langues de serpent permettant de faire" l'Essai."
Non seulement elle jouait un rôle considérable dans l'ornementation de la table royale, mais elle concourait à la sécurité du prince et à sa tranquillité .
Elle éloignait cette préoccupation de l'empoisonnement, fantôme terrible qui fit trembler tout le Moyen Age.
Le site ci-dessous vous donnera le descriptif de la nef d'Anne de Bretagne.

 En tout cas cet objet de prestige vaut la peine que je poursuive ce récit en détail.
Ces nefs nous font voyager dans les cours princières de toute l'Europe au cours des siècles, elles ne manquent pas d'être décrites minutieusement lors de banquets de mariage comme celui de Charles le Téméraire avec Marguerite d'York (1468).
Les souverains voyageaient avec leur nef ;  c'était au tour d'autres artisans de façonner les étuis en cuir mais aussi les tissus qui entourent et protégent la nef, aussi somptueux que la nef qu'ils devaient transporter.
 Il me faut un peu de temps devant moi pour recopier tous ces descriptifs et photographier les dessins.

 Cette tradition perdura jusqu'à la fin de la royauté. Mais Napoléon 1er ne voulut pas être en reste et renoua avec cette tradition, sa nef est conservée à la Malmaison.

http://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/objets/nef-de-lempereur/

Un mot encore ce matin sur la nef de Charles Quint.

 Nous aurions aussi pu parler de celle de François 1er mais elle a été fondue après la défaite de Pavie; sans doute pour payer sa rançon et le libérer de Charles Quint.
rappel historique :  les notables Toulousains riches pasteliers furent récompensés de leur participation à cette rançon par une visite de François 1er à Toulouse,( 1533).

http://www.khm.at/en/visit/collections/kunstkammer-wien/


http://academie-de-touraine.com/Tome_25_files/145-152.pdf