vendredi 9 janvier 2015

sous le choc

Je téléchargeais il y a un instant une des caricatures qui m'ont été envoyée et en donnant le titre à ce téléchargement les yeux embués de larmes j'ai écrit

"caricatuer", sans le vouloir et cela dit tout.

J'ai mis beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps à m'endormir hier soir:

Je revivais mon anxiété en 1986 lorsque à Washington au moment des attentats de Paris, Salinger disait "Paris c'est Beyrouth". J'avais recommandé à mes enfants de ne pas quitter la banlieue où nous habitions.

Je revivais l'attentat du Capitole où j'ai perdu mon amie Miquette.

Je revivais l'attentat de Mehra où, à Toulouse ce jour-là, à une encablure de l'assaut des forces de l'ordre, je n'oublierai pas le bruit des armes,

la journée du 11 septembre où j'ai passé la journée scotchée devant la télé comme hier.

Je n'ai pas le courage de vous en dire plus aujourd'hui.

Le dessin envoyé fait partie d'un dossier de caricatures qui ne passe pas ici.


La galette de la convivialité

   
              "Quelle qu'elle soit, pré-chrétienne ou chrétienne, la fonction des Rois a été "oubliée": elle est réduite en Haute Gascogne, à la concrétisation de la relation familliale et de celle de voisinage par la confection, l'offre ou l'échange mutuel de la galeta.
La confection rituélique de la galeta pour le 5 janvier est sans doute un vestige de l'originelle journée de bombance. La désignation du gâteau varie.
 D'est en ouest, on parle de:
- coqueta dans l'Aspétois, les Sauveterre, le Haut-Salat;
- torteth  dans le Clot del Tou, au pied du Cagire;
- arroseth dans le Nistos
.Et partout on emploie conjointement le terme de galeta, néologisme issu de français.
Il semble que la fève soit empruntée à la coutume "française," vers la fin des années trente.
 Car on précise souvent que "au temps des vieux, il n'y avait pas la fève"
(François Verbizier né en 1933, Sausset-Nistos).

                                                   Pic du Cagire

La couronne viendra plus tard, quand ce seront les boulangeries qui feront les galettes des Rois et que l'on achètera celles-ci au lieu de les faire à la maison.
Le gâteau des Rois était utilisé comme vecteur amical dans les relations de voisinage. Mais ceci n'avait rien d'original ni d'exceptionnel puisque les galettes se faisaient et s'échangeaient régulièrement tout au long de l'année, ce qui banalise quelque peu la galette des Rois. L'échange des galettes a duré autant que la fabrication individuelle du pain, car la chaleur du four était utilisée pour leur cuisson."

 J'espère retrouver d'ici demain une photo de ces maisons où l'on trouve trace de ce four à pain qui dépasse des façades.
 Ce qui est déjà fait !!!
vous le trouverez dans ce reportage sur Balaguères, je n'ai jamais vu un village avec une architecture aussi harmonieuse et respectée, le four à pain est dans le défilé des photos :

http://www.photosariege.com/article-15296262.html

mercredi 7 janvier 2015

Méditation pour un jour de deuil

https://www.youtube.com/watch?v=AYw8c55Xam4

Les Rois démythifiés

                             enluminure du Psautier de St Albans (XIIème)

                    "Le 5 janvier clôture les Douze Jours, les Calendrous, (sur lesquels nous nous sommes penchés toute la fin d'année dernière)
cette astuce calendaire qui permet de raccorder l'année solaire et l'année lunaire.
 Cette position symétrique de celle de la Noël qui, elle, ouvre les Douze Jours, fait que les Rois ont souvent été considérés comme un doublet du 25 décembre: le dernier des Douze Jours est, comme le premier, bien que dans une moindre mesure, jour de fête et de bombance.
L'ensemble des témoignages, en effet, révèle un 5 janvier vécu comme fin des Calendrous, et donc d'un découpage luni-solaire, plutôt que du système grégorien et de la culture franque.


 Très riches heures du Duc de Berry: enluminure "Rencontre des Rois mages"

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"Dans la tradition populaire occidentale, les Rois du 5 janvier sont rois démythifiés, voire caricaturés, qui ne sont plus dignes ni respectés, mais que l'on banalise pour un jour en les faisant boire, boire et boire encore.
Le plus pauvre parmi les pauvres peut être roi si c'est lui qui trouve la fève et le "droit divin" est remplaçé par celui des hommes.
Le 5 janvier semble bien être, en effet, un reliquat de la fonction contestataire et iconoclaste de ces Douze Jours où l'on renversait les valeurs habituelles et où, du moins dans les milieux urbains du Moyen Agen se déchaînaient la négation par le rire et les inversions en tout genre..
Si tel est le cas, on conçoit que la fête soit peu célébrée dans les hautes vallées de la Gascogne montagnarde où l'on n'avait pas besoin de jeter bas ce qui n'était pas haut plaçé; dans les communautés valléennes éloignées du pouvoir central, et où les terres seigneuriales étaient réduites, une relative autonomie de gestion faisait que les monarques étaient moins craints et moins respectés qu'en Ile- de -France ou en Vendée.
Les enquêtes de terrain, en effet, montrent que les Rois sont peu célébrés en Haute Gascogne. Et ce malgré les tentatives de "récupération" par l'Eglise qui, en une démarche habituelle, a tenté de neutraliser une coutume"païenne" en y stratifiant, ici les bibliques Gaspar, Melchior et Balthazar, et en transformant le 5 janvier en Epiphanie.

                         Très riches heures du Duc de Berry enluminure ( l'Hiver)

Mais l'histoire des traditions religieuses occidentales montre que l'adoption des fêtes chrétiennes par le peuple n'est effective que lorsque celles-ci sont plaquées sur des célébrations rituelles antérieures qui furent moments cultuels importants: les solstices par exemple.

Dans la profonde vallée du Haut-Biros, en Couserans, la négation frise l'indignation. Léontine Pélissé (née en 1895)  s'emporte presque:

"Non! On fêtait pas le jour des Rois, eh, parce qu'on les z'haïssait, parce que les rois ne nous aimaient pas, à nous autres. Ils nous plumaient, alors, eh ! c'était pas les rois qui nous empressaient!"

                 Rites, coutumes et croyances dans la tradition orale en Comminges      et   Couserans
                                                                            Isaure Gratacos

                                              Haut Biros : Antras

mardi 6 janvier 2015

Premier soleil


                                                        
                                           Le soleil levant
                                      Emerge de la brume
                                         Au premier de l'an.

                                           Aube vermeille
                                    Que nous réserve-t-elle?
                                         Quelles merveilles?

                                      Vains espoirs déçus ?
                                     Des désirs inassouvis,
                                        Quêtes anciennes?

                                    Non! pour tous du bon!
                         Tous mes souhaits et meilleurs voeux
                                    Du beau, du nouveau!

                                                      HaÏ- Kaï              d' Isarde

                           Que l'année tisse pour vous des jours heureux


mardi 30 décembre 2014

L'éternel recommencement

 Je m'apprête à vous quitter pour quelques jours: je n'ai nulle intention de donner un coup de volant ni à droite ni à gauche me souhaitant seulement de rester sur la route !!!
Je vais vous souhaiter un heureux réveillon et mes voeux vous arriveront à mon retour. Une suggestion toutefois... partager avec moi l'écoute du concert de Noël à Vienne; celui de 2015 promet d'égaler les précédents et commencer l'année avec les valses de Vienne est toujours pour moi une recette de bonheur.

https://www.youtube.com/watch?v=G0lRlainLZ8

Restons encore un peu  dans nos chères montagnes:


                                       L'éternel recommencement

                           "Les utilisateurs d'une culture qui ne se transmet que par le dit, ont difficilement conscience d'une évolution: leur connaissance expérimentale du passé ne remonte pas au-delà de deux générations, et toute démarche comparative est pour eux nécessairement limitée.
Ainsi on entend encore fréquemment de nos jours les phrases rituelles qui disent le mythe de l'éternel recommencement: lorsque dans les premiers jour de janvier je souhaite une bonne année acompanhada de força autras (accompagnée de beaucoup d'autres) à mes vieux informateurs du Sour, du Val d'Aran ou de la vallée de l'Oueil, on m'embrasse et on me remercie en n'oubliant surtout jamais de répondre par le rituel, propritiatoire et fataliste: Oc que son totas parelhas !
 (Oc, elles sont toutes pareilles!...)
Ce qui n'est d'ailleurs pas l'avis de tout le monde: il y a des années qui sont pires....
E, 1988, plusieurs informateurs ont émis la même opinion que Jeanne Pène (née en 1908) qui, après m'avoir fort courtoisement retourné mes voeux a ajouté, l'air sombre et le sourcil froncé:
"C'est une année bissestile (sic). Et les années bissestiles n'ont jamais été bonnes..." (Générest)"


Les quêtes du Nouvel An

                                           Les quêtes des enfants

                " Les quêtes collectives du groupe des enfants, sont évoquées pour l'amont des vallées où elles ont cessé en 1870.
Par contre, les quêtes individuelles adressées par ces mêmes enfants à chaque maison du village semblent avoir perduré assez tard.
A l'orée du Val d'Aran, à Bézins-Garraux:

                                                         Val d'Aran
"On passait par les maisons aller souhaiter la bonne année. On disait:"
La vos vengui sohetar bona e urosa ( je viens vous la souhaiter bonne et heureuse). Alors l'on vous donnait deux sous, l'autre trois sous, à l'époque, eh, eh" (Jean Dat, qui est né en 1909, parle des années 1910-1930).

Le sou, le sucre d'orge, le bonbon, ou l'orange n'apparaissent dans les étrennes qu'au début du siècle "en dernier temps, de notre âge" dit Baptistine Fourquet, née en 1900.
 Jusque là, en Barousse comme partout ailleurs dans le domaine montagnard, l'étrenne est uniquement alimentaire et provient nécessairement

                                              Mauléon -Barousse
de la production locale:
" des noix, des prunes, on donnait et ouais! "(Marius Sost, né en 1900).
Ou bien comme dans l'Aspétois:
"Les enfants faisaient le tour du village. Et pour étrennes on donnait des châtaignes, on donnait des noix, des pommes, enfin, un geste " (Marie Labat née en 1900)
                                                       l'Aspétois
Un "geste"...... Tout le monde est unanime: l'étrenne était forcément modeste dans ce monde de pauvreté. A Girosp "Il fallait être filleule pour se faire donner cinquante centimes. On marquait le passage.
" à Chein-Dessus dans l'Arbas:" Per aquel, iuna ménina balhava... un sous"(pour celui-là une grand-mère donnait .... un sou. Mais pas plus eh!
Les témoignages montrent que c'est seulement les " petitous qui allaient galoper dans toutes les maisons"

                                                          l'Arbas
Mais dans les villages des premières hauteurs et a fortiori dans ceux de la bordure du Pièmont, pas de quête systématique de porte en porte. S'il y eut autrefois quête collective (semble-t-il avant la Convention, éclatement des communautés de vallées) puis, au XIX ème siècle, quêtes individuelles sans toutes les maisons des villages, les récits montrent que la quête s'est limitée à une communauté rétrécie, celle qui entoure la "maison-souche" au moins depuis le
Second Empire. Dès cette époque, nombreuses sont les "maisons" qui ne laissent pas sortir les enfants pour aller quêter dans le village où, au XIX ème siècle s'accentue l'inégalité économique, une quête était assimilée à la mendicité, et la pratiquer aurait pu signifier que la maison était dans le besoin............................

"A nos autis, nos han cap jamès dishar her aco! Nosatis nani.
(A nous autres on ne nous a jamais laissé faire ça! Nous autres non. On allait chez les parents, voilà."
                                            Isaure

 Je rajoute quelques repères historiques:
 la Convention, nom donné à l'Assemblée constituante de 1792 à 1795, à laquelle  succéda la Première République.

Le Second Empire: 1852-1870.

Je trouve assez extraordinaire qu'en allant choisir dans mon importante bibliothèque relative aux Pyrénées  ce Calendrier Pyrénéen, je trouve précisément des textes qui intéressent particulièrement Nistosien, en allant le quérir, je ne m'en doutais absolument pas! .............le fil ténu des choses !!!!!
Merci pour ces voeux ! auxquels je suis très sensible!