On est loin de la traditionnelle dinde anglo-saxonne!!
"Les récits s'étendent tous avec complaisance sur le réveillon de Noël qui a laissé le souvenir d'un moment agréable, car, en tant que repas de fête, il s'élevait quelque peu au-dessus de la modestie alimentaire quotidienne.
D'abord, quelle que soit sa composition, il était un repas de plus. Cette seule caractéristique suffit à le faire regretter. Ensuite, il comprenait de la viande, denrée peu présente dans le menu quotidien de ces vallées où, jusque dans les années trente, on s'est nourri de céréales et de laitages.
La composition du réveillon évolue avec le temps, à partir du siècle la nourriture se diversifie, et varie avec l'économie des vallées et, dans celles-ci, des maisons .
En Comminges, on évoque souvent la daube que l'on mettait à mijoter devant le feu où rougeoyait le "souquet" et dont on se régalerait en rentrant de la messe de minuit
:"Le soir de Noël, quand on avait mangé, on allumait le "lutornau" (bûche de Noël, dans le Nistos) avec la daube qui cuisait devant.
(Je reviendrai plus tard sur cette bûche qui évoque pour nous les bûches patissières à la crème au beurre !!!
Si on l'appelle lutornau à Nistos c'est ailleurs le soqueth ou la soca et c'est une souche d'arbre dont la combustion peut durer tout le temps de Noël)
Cette daube rituelle, qui est l'exception, le luxe alimentaire, est pourtant faite avec la viande du pauvre: les bas morceaux du boeuf...................................
Voici, pour les franges du Nistos et de la Haute-Garonne, celle de Rose Bertin (nèe en 1923):
"La veille, il faut mettre à macérer les carottes, l'oignon, l'aïl, et puis les herbes, le laurier,le thym et tout ça pour donner du goût, quoi, dans du vin.
Le vin bon, quand même, eh. Et puis le lendemain il faut vider l'oule, vous le jetez pas, le vin, eh!
et puis vous passez à la poêle, à roussir, les carottes, l'oignon, mais dans la graisse d'oie, eh ! et puis vous l'enlevez, vous vous le mettez de côté et le vin, eh !
vous lui faites perdre l'alcool.
A bouillir. Et puis tout, vous le mettez dans l'oule.
Et la viande vous la coupez en petits morceaux; et la passer à la poêle, mais pas trop, quoi. Et du lard, aussi.
Et y en a, ils y mettent le pied de cochon, aussi.
Et puis tout à cuire, mais doucement, eh ! Devant le feu. Oooh! trois ou quatre heures, même, que c'est bon quand c'est cuit en y mettant le temps...
Et puis un quart d'heure avant de manger, prendre un peu de sauce pour épaissir avec la farine.
On la fait plus depuis quelque temps.
Oh, j'y avais la main, oui!"
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La daube, c'est l'opulence, relative de la polyculture : c'était au-dessous de Labroquère dit Pierre Barrère ( né en 1912, Cier de Luchon), parfaitement renseigné, pour le Haut Comminges, sur la géographie de ce plat dont il dit avoir rêvé quand il était jeune.
A Luret, :"Nous autres, la pauvre maman, pour Noêl, en rentrant, elle faisait des pescajous (crèpes). Et on buvait du cidre... Y avait un poirier, en face, qui avait beaucoup de poires et on faisait du cidre (Joséphine Barrère née en 1903)
Je ne sais s'il y a encore sur le web ce livre que j'avais écrit il y a quelques années qui montre bien la pauvreté de ces montagnes.
Eh ! bien si! il y est encore
http://www.annemariedambies.com/
Mon Dieu! j'étais bien jeune dans le maniement de l'ordinateur j'avais même oublié de justifier !!! soyez indulgents !!!