Je ne vous dirai pas où je l'ai trouvé, ce pourrait être au Kamchatka, ou en
Gaspésie, mais il manquerait les élans, ou ailleurs....
tous les ingrédients sont là, le Dieu cerf, la pomme et le serpent...
la pomme sauvage que le cerf grignotait, et le serpent qui faisait le mort....
Silence, écoute, les chasseurs de sensation sont en marche, tous les muscles bandés pour éviter le moindre craquement de branche.
Toujours un peu d'anxiété au rappel des consignes, s'il charge, rester couché en faisant aussi le mort,..c'est la bonne technique !..... mais je m'imagine déjà lardée de coups d'andouillers.
Concert, symphonie, oratorio de raires puissants, profonds, intimidants: casse-graine à flanc de montagne, celle d'en face coiffée à l'africaine,
chaud, très chaud !... à peine quelques feuilles de bouleau dorées à l'or fin; les
deux gros qui surveillent leur harpail ne cessent de bramer, dans le creux,
là-bas,
une chenille, déjà en boule à mon arrivée,
quelques champignons avant l'état de grâce.........
soudain un coup de raire nous immobilise, Frisco me fait signe de m'accroupir,
je reste immobile comme un tronc d'arbre, et il vient voir, il nous a entendu,
il est là face à moi, à 10 mêtres, nous nous regardons, une de ses oreilles
chasse une mouche... l'immortaliser, autrement que dans ma mémoire.. mais le
moindre geste vers l'appareil de photo va le faire fuir, alors je savoure sans
bouger.
Plus tard, dans la lente remontée qui m'épuise, dans les fougères plus hautes que
moi, les troncs de genêts qui me font des croche-pieds, un pin saigne encore de
la blessure de bois vengeurs ou dépités.
Eve est rentrée .......................et plonge au bain.