samedi 22 mars 2014

Récit



                                                   photo Frisco

Ce fut une très dure et très belle journée,  8 heures de marche et quelques soucis

 mécaniques pour un retour très aventureux, il faudrait que ce soit Frisco qui

vous le raconte lui-même, car en ce qui me concerne, je n'assure que mes

jambes; quelques soucis pour elles, dans des descentes de pente trop raides ou

 bien pour mon déjeuner car j'ai pensé un instant ne pas le retrouver.

Finalement j'ai compris hier que c'est toujours lui qui me retrouve, à moi de ne

pas me livrer à quelque fantaisie et comme un papillon en voletant m'éloigner de

 la trajectoire  envisagée.

Seuls mes yeux papillonnent: taille forestière pour ce houx, artistes, cervidés,

                                            

ou bien anastomose torturée pour ce hêtre

                                        


Je me suis demandée comment cela pouvait-il se faire que l'écorce de ce bouleau

 à terre soit ainsi irisée:

                                    


Mauvais temps en perspective pour ces châtons, la neige est à nouveau

 annoncée.

                                                            

Nous aurons en tout cas partagé une belle balade, merci Frisco, je ne me

résoud toujours pas à me lancer seule dans ce style de "crapahute".



jeudi 20 mars 2014

à l'aube

 à 6 heures elle perce déjà, j'ai l'impression de préparer le goûter des enfants en réunissant  quelques ingrédients dans le sac à dos.

"Madame Cerf"(voir le commentaire sur Ah ! cerf  passion)) est sur le départ pour un bain de nature sur les traces des "fumées", coulées, arbres frottés et autres, en silence avec Frisco: nous communiquons par gestes nous donnant quelques indications d'orientation et bizarrement nous retombons toujours l'un sur l'autre ... heureusement car ce sont là des hectares et des hectares de forêt.

"La sauvage" est dans son élément, la météo moyenne sans trop de chaleur car les montagnes russes sont dures à franchir, on verra ce que la nature nous aura donné en cadeau ce soir.

Il faudra bientôt compter avec les tiques, ce fléau.

La chevrette de la dernière sortie, gambadant avec sa soeur, s'interrompant  à peine de cueillir du bout du museau quelques  jeunes pousses, inconscientes d'un danger qu'elles ne connaissent pas encore...... photo  ce soir.



mercredi 19 mars 2014

Passage



Le sillage de ce jet que le couchant a rosi, illustre bien mon état d'esprit.

 J'aurais pu aussi bien vous dire, fin du voyage, mais je préfère ce

 "passage d'un rivage à l'autre".

 Avec beaucoup de différences et le contraste est frappant: je cours autour de cette grande bleue enchassée dans ses rivages et je vois l'eau verte qui court au rivage de mon jardin.
Sérénité de la première situation , sensation de hâte pour la deuxième.
 Il va falloir patienter avant d'autres départs.
 Sillage, passage, rivage................voyage..

Et voici le jardin



Las golondrinas
Sont arrivées avant moi
Le printemps est là.
I.

Je n'ai pu saisir le vol de ces premières hirondelles mais j'ai déjà joué avec le couple de canard sauvages qui, lui, joue avec le courant.




Et je reprends le titre du poème d'Henry Bataille, ce contemporain  et ami de mon oncle Druart: Et voici le jardin..

Et voici le jardin charmant..Ombre, parais!
 Tremble, amour! Chantez, nuits! Eveille toi, forêt!
Le voici l'ineffable, odorant, portes closes,
 Bleu de feuillées et lourd de ciel, bourré de roses..
Jardin, jardin, voici ton pâle jardinier!
 Jardin fou, vierge encor, jamais remanié:
Où j'ai mis mon printemps avec mon univers
 Pour ouvrir à mes bras ton trésor toujours vert.
D'où vient cette incicible et forte exhalaison,
Léves-toi, léves-toi odorante foison,
Aliscamps parfumés, ombres ressuscitées.

Les forsythias se rafraîchissent au bouillonnement de la chaussée.

  Oui, odorant de toutes ses jacinthes disséminées dans le jardin.



J'ai tout planté dans un grand pot, les muscaris, les anémones, les jacinthes et bientôt les tulipes et ce que je crois être les narcisses, je surveille chaque matin leur éclosion.




Castello d'Empuries





Peu d'éléments sur place et une recherche décalée dont je ne retiens pour cette ville comtale que le règne d'Hugues IV, (1170-1230) l'accueil qu'il fit à nos Cathares, excommunié de ce fait et participant à notre Bataille de Muret qui, pour ceux qui ne connaissent pas notre histoire vit la défaite du Comte de Toulouse et de ses alliés devant Simon de Montfort.

 (un petit détour par Toulouse qui n'est jamais bien loin)

Créée plus à l'intérieur des terres au détriment de Sant Marti qui était trop exposée aux attaques des pirates.

C'est en Catalan que je vous propose une petite "revista" de son passé.

http://ca.wikipedia.org/wiki/Comtat_d%27Emp%C3%BArie

Hormis sa Basilique romane avant d'être somptueusement gothique, qui trône en son centre, peu de vestiges marquants;



un ancien  palais dont la cour était curieusement ornée de selles et  de harnais



 Celui de l'ancien pont levis,


 un coup d'oeil sur la campagne environnante


sculptures dans les murs sans indication de leur auteur ou de leur époque









mardi 18 mars 2014

Aiguamolls de l'Empordà

 Lente remontée, comme à regret de quitter cette terre bénie des Dieux.

Quelques pas au ras de l'eau sur les rivages du Parc naturel  d'Aiguamolls après le village de Sant Pere  Pescador.
 Nous n'avons aperçu qu'un photographe animalier avec son matériel de pointe et plusieurs pêcheurs avec leurs cannes non moins de pointe.

                     Castello d'Empuries au menu du jour


Il n'était pas question de faire l'impasse sur sa basilique......mais elle était fermée, fermée le matin, fermée après le déjeuner: les gargouilles se moquaient de mon insistance...


Je n'étais pas pendue à la sonnette du beau bâtiment que les "autochtones"
( ce qui ne correspondrait pas à ma bonne éducation), m'avaient indiqué, mais j'ai beaucoup insisté, jusqu'à ce que apparaisse probablement le secrétaire du Curé.



Après un coup de fil sans doute "aux autorités", c'est avec soulagement que par la porte laissée entr'ouverte  je l'ai vu prendre les clés de la Basilique.


Il était en pantoufles et ..... j'étais dans mes petits souliers...

Il m'a fait les honneurs des éclairages du magnifique retable en albatre du XV ème, puis éjecté deux touristes allemandes qui voulaient profiter de l'aubaine.
 Ce fut autant dire une visite privée.



 Je ne me suis pas attardée, vous le comprendrez  ! .. me suis confondue en remerciements et allumé deux lampions en offrande à la Vierge de la Chandeleur.



Je n'ai pas pris de photos l'après midi, ni sur le Chemin de ronde R6 vers Montjoi ni sur la  Plage de Canyelles Petites à l'est de Roses, toute au miroitement de la baie de Roses mais déjà trop peuplée pour moi.




lundi 17 mars 2014

Les habaneras

Voici d'autres chants que les Sardanes, les habaneras:

http://www.youtube.com/watch?v=czRC89y5gSc

http://www.costabravarentalboats.com/habaneras-de-calella-celebres-chants-marins/?lang=fr

 Ce sont probablement les indianos qui ont amené la habanera de Cuba.

  les nuits d'été à Calella de Palafrugell.

"Au milieu du 19ème siècle, la Habanera s'est répandue en Europe et en Amérique où, étrangement, elle eut un succès plus important qu'à Cuba.
Voici comment elle est arrivée en Europe : elle a été ramenée par les marins en Espagne où elle devint très populaire. Le compositeur Sebastián Iradier composa alors l'une des plus célèbres Habaneras intitulée La Paloma vers 1860. Titre qui fit en partie le grand succès de la Habanera. Elle est alors dansée par toutes les classes de la société. Jules Massenet l'inclut même dans son ballet dans Le Cid (1885). Elle est également très appréciée dans les salons français et anglais. La Habanera se retrouve alors dans beaucoup de compositions de musique classique comme, par exemple, dans Carmen de Georges Bizet (1875), dans Havanaise de Camille Saint-Saëns (1887), dans Vocalise-Étude en forme de Habanera de Maurice Ravel (1907) ou dans Habanera for orchestra d'Emmanuel Chabrier. Des musiciens espagnols comme Manuel de Falla ou Isaac Albeniz ont également composé des Habaneras.
Pour ce qui est de son expansion en Amérique, c'est à partir de 1840 qu'elle commence à se retrouver au Mexique, au Vénézuela, à Puerto Rico. En Argentine, le rythme de la Habanera donnera naissance plus tard au Tango (il est joué avec une accentuation de tous les temps). Les premiers Tangos comme El Choclo (1903) ou La Morocha (1904) contiennent déjà ce rythme."

ne manquez pas le final

http://youtu.be/ZCArm0G7jYs


et la coutume des "castellers" pyramides humaines

http://www.catalunya-tradiciones.com/paginas/castellers.php


J'ai enfin retrouvé ma photo d'Altafulla, les Castellers




suite du voyage

Je me demande quel est l'artiste catalan qui pourrait accompagner la présentation de cette fin de voyage, beaucoup de noms me viennent à l'esprit:

petit port de Llançà où l'on peut déguster le "cremat", l'irish coffee catalan..
sans la crème....rhum à la place du whisky..


vous pouvez ouvrir un "you tube" et écouter en lisant quelque morceau d'Albeniz, de Pablo Cazals ou de Jordi Savall ou bien encore les chansons engagées contre la dictature de Lluis Llach ou une grande symphonie dirigée par Jean-Claude Casadesus.

phare de Sant Sébastià, le plus haut de la côte Catalane.



mais pour moi, à l'instant,  le grand Miquel Marti i Pol, ami de Lluis Llach.

À cet instant même (Ara mateix)

À cet instant même, j'enfile cette aiguille
avec le fil d'un propos que je tais et je me mets à ravauder.
Aucun des miracles qu'annonçaient les très éminents prophètes
n’est advenu et les années défilent vite.
Du néant à si peu, toujours face au vent, quel long chemin d'angoisse et de silences.


Et nous en sommes là: mieux vaut le savoir et le dire,
les pieds bien sur terre et nous proclamer les héritiers d’un temps de doutes
et de renoncements où les bruits étouffent les paroles
et la vie en miroirs déformés.

Plaintes et complaintes ne servent à rien,
pas plus que cette touche d'indifférente mélancolie,
qui nous servent de gilet ou de cravate pour sortir.
Nous avons si peu et nous n'avons rien d’autre :
un espace concret d'histoire qui nous est octroyé,
et un minuscule territoire pour la vivre.


Redressons-nous encore une fois et faisons tous entendre
notre voix, solennelle et claire.
Crions qui nous sommes et tous l'entendrons.
Après tout que chacun s'habille comme bon lui semble, et en avant !
Car tout reste à faire et tout est possible.


Que cette sérénité soit claire en nous
qui fait résonner tant d’échos jusqu’alors impossibles.
Saisissons-la clairement et volontairement afin que nous emplisse
tout l’espace réel de cet instant même,
l’espace où le hasard ne doit pas être
où tout est vieux, et triste et nécessaire
Nous avons tourné la page depuis si longtemps,
et pourtant certains s'obstinent encore
à relire toujours le même passage.


Le secret c'est peut-être qu'il n'y a pas de secret
et que nous avons parcouru ce chemin tant de fois
qu'il ne saurait plus surprendre personne;
peut-être faudrait-il casser l’habitude en faisant un geste fou,
quelque action extraordinaire qui
renverserait le cours de l'histoire.
Peut-être aussi que nous ne savons pas su profiter
du peu que nous avons ici-bas: qui sait?


Qui donc à part nous - et chacun à notre tour -
pourrait créer à partir des limites d'aujourd'hui
ce domaine de lumière où tout vent s'exalte,
l'espace de vent où toute voix résonne?
Notre vie nous engage donc publiquement;
publiquement et avec toutes les indices.


Nous serons ce que nous voudrons être.
En vain fuyons-nous le feu même puisquei le feu nous justifie.


Très lentement la noria pivote sans fin,
et passent les années et passent les siècles, l'eau monte
jusqu’au plus haut sommet et, glorieusement, diffuse la clarté partout.
Très lentement alors et sans fin descendent les godets pour recueillir davantage d'eau.


L'histoire ainsi s'écrit. De le savoir
ne peut étonner ou décevoir personne.


Trop souvent nous regardons en arrière
et ce geste trahit notre angoisse et nos défaillances.
La nostalgie, vorace, trouble notre regard et glace au plus profond nos sentiments.
Entre toutes les solitudes, voilà bien la plus noire, la plus féroce, persistante et amère.


Il convient de le savoir comme il convient aussi
de penser à un avenir lumineux et possible.


Pas de levant éblouissant, pas de couchant solennel.
Mieux vaut savoir qu'il n'y a pas de grand mystère,
pas plus que d'oiseau aux ailes immenses pour nous sauver;
rien de tout ce que si souvent ont prophétisé
d'une voix insensible tant de noirs devins.


Posons une main sur l'autre, les années renforceront chacun de nos gestes.


Nous partagerons noblement,  les mystères et les désirs secrètement enfouis en nous
dans l'espace de temps où l'on nous permettra de vivre.
Nous partagerons les projets et les soucis, les heurs et les malheurs,
et l'eau et la soif, avec grande dignité, et  l'amour et le désamour.


C'est tout cela, et plus encore, que doit nous donner
la certitude secrète, la clarté désirée.


Ni lieu, ni noms, ni d'espace suffisant pour replanter la futaie,
pas plus que de fleuve qui remonte son cours et redresse notre corps au-delà de l'oubli.
Nous savons tous bien qu'il n'y a de champ libre
pour aucun retour ni sillon dans la mer à l'heure du danger.


Posons des jalons de pierre tout le long des chemins,
jalons concrets, de profond accomplissement.


Avec la clef du temps et une grande souffrance,
voilà commenous pourrions gagner le combat
que nous livrons depuis si longtemps, intrépides.
Avec la clef du temps et peut-être seuls,
accumulant en chacun la force de tous et la projetant au-dehors.


Sillon après sillon sur la mer sans cesse recommencée,
pas après pas avec une volonté d'aurore.


Nous préservons du vent et de l'oubli.
l'intégrité de ces quelques espaces, ces
ambitions où nous nous sommes vus croître et lutter.
Et maintenant, quel sombre refus, quelle lâcheté
éteint l'ardeur d'une énergie renouvelée
qui nous faisait presque désirer la lutte?


Du fond des ans nous hèle, turbulente,
la lumière d'un temps d'espoir et de vigueur.


Nous changerons tous les silences en or et tous les mots en feu.
Dans la peau de ce retour s’accumule la pluie, et les efforts
effacent certains privilèges.
Lentement nous émergeons du grand puits sur les lierres,
et à l'abri d'un désastre.

Nous changeons la vieille douleur en amour
et, solennels, nous le léguons à l'histoire.


Le domaine de tous les domaines, adaptation libre à partir du texte révisé pour Lluis Llach, Ara mateix.