Automne toute relative d'ailleurs, la tempête, les inondations, les chutes de
neige abondantes, veulent nous faire croire que nous sommes déjà en hiver.
La nature agressée ne s'y trompe pas, elle suit son bonhomme de chemin.
Voici le paysage qui m'entoure, suivant leurs essences, les arbres arborent leurs
plus belles couleurs, surtout quand les perturbations laissent entrevoir un soleil
encore chaud.
Celle-ci vers le levant et la suivante au sud
Vous apercevez les ruines du château de l'ancien gouverneur du Languedoc
grand ami d'Henri de Navarre (Henri IV ), quand, protestant comme lui, il dévastait les places fortes catholiques du Sud-Ouest.
Les vendanges sont finies depuis belle lurette mais je ne résiste pas à vous
montrer quelques miniatures. On ne quittera donc jamais ce Musée Condé de
Chantilly ! ! .....
cette vendange illustrée dans les "Très Riches Heures du duc de Berry au XIV
ème siècle
Pour voir celle-là il vous faudra aller à la Bibliothèque Nationale à Paris
et demander les "Heures d'Anne de Bretagne" du XV ème siècle
Ne cherchez pas ce texte de notre "écrivaine" Colette.
mais si !!! de son temps aussi les vendanges pouvaient être précoces !!!
"Le feu, le vin, les ciels rouges et venteux, la chair des fruits, les capiteux gibiers, les tonneaux, les sphères pulpeuses, roulent devant lui. Bogues des châtaignes, nèfles blettes, cormes roses, alises aigrelettes _ l'automne chasse devant ses pas une profusion de fruits modestes que l'on ne cueille pas, mais qui tombent dans la main, qui attendent avec patience que l'homme daigne les ramasser. celui-ci n'a d'yeux que pour son dernier regain et sa vendange.
Au-dessus de la Loire, il a d'ailleurs la vendange assez austère, ce pauvre homme de la glèbe, à tout moment dans son oeuvre grêlée, noyée, transie, attaquée par l'invisible. Le jour même de la récolte est un jour déjà raccourci, un labeur poursuivi par la mauvaise humeur d'octobre, une tache pour laquelle la vigneronne noue son fichu, le vigneron boutonne sa veste de laine. Seul le Midi connaît pendant qu'il vendange, l'expression d'une joie qui participe du climat, de la saison intacte, de la prompte et parfaite maturité du raisin, parfois si caressé du soleil qu'il appelle dans les vignes, fin août, ses milices bavardes. Il y a quelques années, tout le département du Var _ et je pense, ses voisins _ dut dépouiller, à partir du 26 août, les ceps chargés, sauver les grappes longues et lourdes qui traînaient sur la terre et s'y brûlaient. Que de sucre et de flamme, quel bleu de pruine sur ces raisins pansus, quel mauve de violette sur l'épiderme du grain ovale qu'on nomme olivette !...La clairette est rosée et ronde, le picardan luxueux pèse au cep, le muscat blanc doré et un petit pineau tout noir, si l'on tarde, crèvent leur peau fine et se vident de leur richesse.
Là-bas les vendangeuses blanches à cheveux noirs, se couvrent de grands chapeaux, rabattent leurs manches jusqu'aux poignets, et font les peureuses par coquetterie : "Vé, la tarente ! Bonne Mère, un serpent !" Par coquetterie aussi les hommes "tombent" la veste et la chemise. Où l'homme est beau et demi-nu, les femmes rient volontiers et chantent dans les layons. Fines et et hautes voix, que le vent de ponant porte d'un golfe à l'autre.... Les guêpes, ivres et sans défense, se collent aux comportes poisseuses : le soleil de septembre vaut celui d'août...Le vieux pressoir à bras visite encore Saint Tropez, s'arrête de seuil en seuil, entouré de ses essaims d'enfants et de mouches blondes. De ses sangles pourpre, de son bois teint d'un violet indélébile coule, engorgé de caillots, le vin neuf à qui chacun peut tendre son verre."
Ah ! la vendange.. et la chasse !! il me faudra monter chercher mon livre de
Genevoix pour accompagner d'autres miniatures ; à mon retour, je m'échappe
encore retrouver la civilisation !....
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